Rituel de passage ...

Zefak avait appris à connaître Maglen durant toutes ces années qu'ils avaient passés ensemble ... Maglen lui avait enseigné les techniques de combat kandrasiennes et l'avait aidé de nombreuses fois en situation de crise. Zefak quand à lui avait appris à Maglen à connaître la nature et à déchiffrer les signes du mouvement des arbres, de l'eau et du vent ...
A présent, les deux hommes étaient devenus amis et leurs connaissances par rapport au combat et à la vie avaient nettement évoluées depuis leur rencontre ...

C'est pourquoi le commandeur Zefak pensa qu'il était temps pour Maglen Erasten de devenir un vrai Fironkois. Mais la volonté seule du commandeur ne suffisait pas à cela ... Maglen, pour se faire accepter comme un fironkois, devrait prouver sa valeur auprès des forces de la nature et du mouvement, démontrer qu'il serait un bon combattant de l'immobilité.

Lors d'une assemblée à Börm, le commandeur Zefak prit la parole en place publique pour annoncer cet évènement :

"Peuple de Fironk !
Le seigneur Maglen Erasten réside en nos terres depuis maintenant de nombreuses années ... Sa science du combat et sa loyauté envers le commandeur font de lui un bon commandant ! Seulement, il ne suffit pas d'être un bon commandant pour être un bon fironkois ... Il faut que le mouvement vive en nous, il faut que l'immobilité se tienne le plus éloigné possible de notre âme !
Le seigneur Maglen, s'il veut devenir fironkois dans sa chair et dans son âme, devra se plier aux épreuves des trois lunes ..."

On entendit alors dans la foule un brouhaha monter comme si l'on avait annoncé une nouvelle très importante. En effet, les épreuves des trois lunes étaient un rituel fironkois très ancien qui ne s'était plus fait depuis des décennies ... Personne ne savait exactement en quoi il consistait, seuls les sages et le commandeur du territoire savaient de quoi ils parlaient ce qui se résumait à peu de personnes ! La seule chose que tout le monde savait était que ce rituel n'était pas aisé et que peu de gens en sortait vainqueurs ou vivants ...

Mais le commandeur ne pouvait pas expliquer à Maglen en quoi cela consistait tant que celui-ci n'avait pas donné son accord pour y participer ...
Il se tourna donc vers lui pour lui poser la question cruciale :

"Seigneur Maglen Erasten, fils de Dalicnec,
acceptez-vous de risquer votre chair et votre âme dans ces épreuves des trois lunes pour honorer les arbres, l'eau et le mouvement, les essences de la vie de Fironk ?"

Tout le monde se tourna alors vers Maglen pour écouter sa réponse

Maglen resta silencieux un instant. Il avait appris au fil des années à accepter les coutumes Fironkoises, et le chemin étrange que prenaient parfois leurs pensées. Tout cela avait été troublant pour le Kandrasien froid et calculateur qu'il avait été autrefois.

Mais à présent, même s'il n'était pas à proprement parler un Fironkois, il évoluait parmi eux en toute tranquillité. La requête du Commandeur l'avait cependant pris au dépourvu.

Quand sa réflexion fut achevée, Maglen déclara:

"Je suis honoré de la confiance que vous me portez Commandeur Zefak, que le mouvement toujours garde votre Maison.

Ces terres sont désormais ma patrie, et être reconnu comme un vrai fils de Fironk fait courir le mouvement dans mes veines.

J'accepte votre offre Comandeur, je relèverai les défis des épreuves des Trois Lunes."

Il se tut, ferma les yeux un instant, puis fixa Zefak, en attente de la suite.

Zefak invita Maglen à se retirer de la foule. Lorsqu'ils furent seuls, le commandeur dit au seigneur Erasten de rentrer chez lui afin de préparer son absence des quatre prochains jours et de bien se reposer. Il lui donna rendez-vous le lendemain matin au lever du soleil au nord-ouest de Börm. Bien sûr Maglen ne devrait pas être accompagné ...
Les deux hommes se séparèrent et regagnèrent leurs demeures respectives.

Le lendemain matin, lorsque Maglen arriva au point de rendez-vous, il retrouva le commandeur Zefak accompagné d'un homme et d'une femme. Ils montaient trois Yiota blancs, marqués au fer, de l'insigne du commandeur.
Maglen reconnu l'homme qui n'était autre que Valdryhin, le porte-parole de Zefak dans les assemblées de Retrahant. Comme à son habitude, Valdryhin était vêtu de peaux de bêtes et portait à son côté une arme à double tranchant. La femme quand à elle était inconnue du kandrasien. Elle était vêtue d'une grande cape et un capuchon recouvrait son visage. Elle portait en bandoulière un arc à double courbure et une dague était suspendue à sa ceinture.

Le commandeur s'approcha du sieur Erasten et lui dit :

"- J'espère que votre âme est aujourd'hui remplit d'un grand mouvement car c'est une rude épreuve qui vous attend, j'espère que vous en êtes conscient ... Veuillez nous suivre maintenant"

Puis n'attendant pas de réponse, Zefak lança son Yiota au galop et prit la direction des forêts fironkoises.
Ils parcoururent une assez grande distance tout les quatre avant de s'enfoncer dans la profondeur de la forêt. Les arbres étaient très calmes en ce matin de printemps. Une légère brise caressait les visages et les chants des oiseaux retentissaient. Cependant, plus ils s'enfonçaient dans la forêt, moins l'ambiance environnante était joyeuse. L'air se faisait plus lourd et des bruits lugubres remplaçaient les chants des oiseaux.
Ils marchèrent ainsi toute la journée dans les sous-bois jusqu'a arriver dans une clairière. Zefak fit alors signe à la petite troupe qu'il était temps de s'arrêter. Tous mirent pied à terre. Zefak dit alors :

"- C'est ici que nous installerons notre campement. Valdryhin, Elhdelivia, préparez de quoi passer la nuit. Je dois parler à Maglen."

Les deux hommes s'éloignèrent alors et s'assirent près d'une fontaine d'où jaillisait une eau qui semblait très pure. Le cercle de la lune se reflétait dans l'eau calme et le vent faisait bouger les branches des arbres alentours ce qui engendrait une douce mélodie.
Zefak se tourna alors vers Maglen pour lui expliquer le déroulement des épreuves :

"- Les épreuves que vous allez devoir subir se dérouleront sur trois jours et évalueront vos capacités sur plusieurs points : tout d'abord, nous commencerons par une épreuve physique. Celle-ci sera suivie par une épreuve portant sur votre courage et votre capacité à vous débrouiller tout seul. Enfin la dernière épreuve portera sur le mouvement de votre esprit ..."

Le commandeur resta volontairement très vague sur la dernière épreuve qui ne serait pas des moindres ... Après avoir laissé un temps de silence, Zefak reprit la parole :

"- Si vous avez des questions, il est temps de les poser ... Sinon, rentrons au campement, une rude journée nous attends demain, enfin, surtout vous ..."

Le petit matin se levait à peine lorsque Zefak réveilla Maglen qui avait eu un sommeil agité cette nuit là ... Sans dire un mot, Zefak fit signe au kandrasien de le suivre. Ils passèrent à côté de Valdryhin qui dormait encore et quittèrent le campement. En partant, ils croisèrent Elhdelivia qui revenait de son tour de nuit. Elle adressa à Maglen un regard furtif avant de rejoindre son frère d'arme au campement. Zefak et Maglen marchèrent environ une heure avant d'arriver sur une colline qui surplombait toute la forêt. Le soleil pointait à l'horizon lorsque Zefak ouvrit enfin la bouche pour annoncer sa première épreuve au seigneur kandrasien :

"- Seigneur Maglen Erasten, nous voici arrivés à l'endroit qui sera le point de départ de votre première épreuve ... Et voici le point d'arrivée de celle-ci" dit-il en tendant le bras.

Maglen regarda la direction indiquée par le commandeur. Mais il ne vit pas grand chose, la brume épaisse du petit matin n'arrangeant pas les choses. Il s'interrogea alors :

"- Commandeur, pouvez vous être un peu plus explicite à propos de cette épreuve ?
- Comme je vous l'ai dit hier soir, l'épreuve d'aujourd'hui est une épreuve physique visant à prouver votre force. Le but de cet épreuve est très simple, vous devez relier deux points avant que le soleil ne se couche.
Plusieurs de vos capacités seront sollicitées aujourd'hui. Vous aurez à traverser de nombreux obstacles tels que rivières, labyrinthe naturel et passages dangereux. Vous êtes libre d'emprunter le chemin que vous désirez. Valdryhin, Elhdelivia et moi-même vous attendrons au point de rendez-vous."

La brume se leva alors et Maglen put voir ce que lui montrait le commandeur. Il s'agissait d'une grande colline, qui dominait toute la forêt et qui lui semblait assez loin de là où ils se trouvaient. Il pensa à ce moment que s'il voulait remporter l'épreuve, il lui faudrait se dépêcher et surtout partir le plus rapidement possible. Avant qu'il ne parte, le commandeur ajouta :

"- Maglen, je sais que vous avez le courage et le mouvement pour y arriver. Que le vent qui lisse la grande Gâ anime votre âme d'un souffle éternel ... Hâtez-vous !"

Maglen sans l'ombre d'une hésitation s'enfonça en courant dans la forêt ...