Les Kandrasiens pénètrent dans la ville basse, boueuse, sale et pleine de pauvres qui se collent aux chevaux en espérant avoir une aumône. Les maisons s'entassent les unes sur les autres, dans un mélange de torchis, de bois, de paille. Elles sont à l'extérieur des enceintes, de sorte que les vols et les meurtres ne sont pas rares la nuit, la milice ne gardant que la ville intérieure.
Les quelques gardes, déjà intrigués par la si grande tenue d'un cortège, ont vite fait de disperser la population ephynoise. S'ensuit une protection contre les manants qui voudraient approcher.
L'escorte franchit la première enceinte, qui entoure la ville d'un rideau protecteur contre les loups qui l'hiver se montrent agressifs, contre les bandits, et contre les possibles malades qui apporteraient le Châtiment qu'on redoute tant.
La délégation arrive alors dans la ville haute, dans laquelle les maisons ne sont plus en torchis mais en pierre, des fois à deux étages. Les rues sont pavées, de sorte que les chevaux y avancent plus librement. C'est une population de bourg qu'on rencontre maintenant. Des marchands ambulants, des négociants, des étrangers, tous convergent vers la place du marché. La foule est immense, à croire qu'une éxécution va avoir lieu. Se frayer un chemin est difficile, surtout si l'on est à pied. Les voleurs et autres détrousseurs coupent les bourses pleines d'or assez habilement pour en vivre.
Au milieu de la place, un ours enchaîné, debout, tient entre ses griffes son dresseur qui ne craint rien. La foule apeurée et attirée n'ose pas approcher.
C'est à coup de plat d'épée que les gardes ephynois frayent un passage au cortège qui arrive enfin sous les murailles. Les douves séparent la ville du château, les eaux sont sales, pleines des immondices qu'on ne sait où jeter. Les murailles s'élèvent, froides, sinistres, comme inébranlables.
En entrant dans la cour du château, on sent une animation réfléchie, les gens vaquent à leurs occupations, transportent, réparent, nettoient...
Les Kandrasiens sont laissés ici, déboussolés, mais en face de la porte qui doit mener aux appartements de l'Intendant.