Les voyages extraordinaires de Fraigoulet

Seigneur! Seigneur! Seigneuuuheuuur!

Quentin poussa un soupir mi-amusé mi-surpris, et leva la tête des cartes et plans qui retenaient son attention.
Ainsi Fraigoulet était rentré.
La quiétude d'Astalgan appartenait au passé.
Déjà le trot saccadé du nain dans les escaliers se rapprochait, brusquement devenu un pas cérémonieux à son entrée dans la salle du Conseil.
L'étiquette observée en Empersiste ne s'était pas évaporée de son crâne difforme.

- Quel sont tes nouvelles, petit ambassadeur?
- Mon Seigneur, j'ai bravé mille dangers, survécu aux plus violentes tempêtes, apercu le bord du monde et les plus cruelles créations du Chaos, ait manqué d'être foudroyé par le terrible dra..
- Suffit!
**Quentin réprima le sourire qui lui venait aux lèvres en entendantles hauts faits d'armes qu'avait accompli son ambassadeur**
- Je sais quelles grandes prouesses tu peux réaliser. Laisses donc quelques Chimères et catastrophes pour tes prochains voyages.
- Qu'as tu appris de la Gramée?

**Fraigoulet se rengorgea en se juchant sur le tabouret qui lui permettait de regarder sur la table, et déroula un parchemin d'un air important**

- J'ai rejoint d'abord le fief de Sire Bencandas de Liancourt. Sa ville est dynamique, et j'ai remarqué la bas qu'on accordait grande place à l'artisanat.
Les simples gens y semblent heureux, et je vous dois justice, Monseigneur, ils ne sont point cannibales comme je le craignais.
Néanmoins, de terribles rumeurs circulent avec insistance sur la contrée, qui s'y prête fort bien. Ce pays est rude, et sans doute cette rudesse rassemble t elle les hommes, car désunis aucun espoir de survie ne leur serait permis.
J'ai été reçu cordialement par le Maître des lieux, que certains de ses sujets surnomment "double pas", en regard de son extraordinaire aptitude à couvrir de longues distances lestement, quelqu'en soient les difficultés.
Il m'a offert gite et couvert, et m'a renvoyé vers vous muni de cette lettre, et approvisionné pour la longue et dangereuse route qui...
**Quentin posa un regard dur sur son conseiller**
Bref, pour le voyage.
Il semble que les gens de la bas aient solide appétit, car si je ne m'étais pourvu en victuailles d'Astalgan, j'aurais eu suffisament de vivres pour six mois de voyage.
Je n'ai que peu gouté les victuailles offertes, qui sont maintenant entre les mains de votre échanson, mais je vous recommande la confiture de ragondin, qui est ma foi fort gouteuse.

**Quentin avait fini de lire la missive en entendant le rapport du nabot qui étanchait sa soif**

- Que pense t on d'Empersiste en ces lointaines terres?
- Seigneur, je n'y suis pas assez resté pour avoir claire idée, mais je n'ai vu aucun préparatifs de guerre tournés vers nos murailles.
J'ai poursuivi ce périple vers la Kandrasie, comme vous me l'aviez stipulé.
- Et?
- ...... Je n'ai pas pu présenter, comme vous me l'aviez demandé, vos hommages au couple Princier.
- Quel motif a pu te pousser à me désobeir?
demanda posément Quentin, dont le calme inquiéta immédiatement le bouffon.
- Seigneur, c'est à dire.... Ma méconnaissance de la langue a probablement été source de quiproquo, car le Chambellan qui m'a reçu a cru que j'étais le cadeau, et je me suis trouvé fort prestement conduit dans une étable à côté de quelque monstre dont j'ai supporté l'odeur et les cris horribles pendant de longues heures, jusqu'à ce que la situation soit éclaircie.
J'ai moult fois entendu les valets nommer le "Homme à D'air". Peut être une créature volante?
**Quentin était surpris en entendant son conseiller évoquer une bête myhtique, car, visiblement, Fraigoulet ne mentait pas**
-Qu'as tu fait ensuite?
- Seigneur, avec l'échec de ma mission, j'ai pris la liberté de rester en ville, sans plus me séparer de l'escorte dont vous m'aviez doté.
- Et?
- Et j'ai appris de bien curieuses nouvelles, Seigneur.
Il semble que le mariage n'ait pas été qu'une joyeuse union...

Fraigoulet parla jusque tard dans la nuit, et toutes les chandelles furent changées plusieurs fois.
Avec l'aube, Quentin sentit la fatigue le gagner.

- Il est temps de prendre repos et forces, compagnon. J'ai besoin de réfléchir posément à tes nouvelles.

**Le nain, fourbu comme son Seigneur, se dirigea tranquillement vers la double porte de chêne**

- Fraigoulet?
- Sire?
- Il est bon d'avoir à ses côtés quelqu'un qui sache me rappeler que dans la vie, même quand on est Roy, on a souvent besoin d'un plus petit que soit
**Quentin sourit**
- Merci

- Hmmmmmm?????
- Debout messire! Le Seigneur vous mande immédiatement!

Fraigoulet se redressa péniblement sur la couche, repoussa la courtepointe, et se gratta le crâne au travers de son bonnet de nuit à pompon.
Il enfila ses fines pantoufles de cuir, souvenir de Gramée, le garde qui l'avait tiré de son sommeil lui tendait son écritoire en silence.

- Mouaaaaaaaaaaaaarf!

Il se dirigea prestement vers la salle du Conseil, avide de connaître les raisons qui avaient nécéssité un réveil au milieu de la nuit.
Quentin était assis, concentré sur la vapeur du bol ou macéraient quelques feuilles.
L'infusion était presque à point, et le Seigneur y adjoint deux larges cuillérées de miel.

- Te voilà enfin, coquin?!? Nous avons du travail.
- Grmrmrmrmrmbl
- Prends tes meilleurs vélins, et traces ceci

- Seigneur.... La nuit vous a t elle ainsi porté conseil?!?

Fraigoulet se frotta les yeux lorsque son Seigneur lui indiqua l'écritoire.

- Il y a un autre message

- Ma tâche est elle terminée, Seigneur?
- Pas tout à fait...

Fraigoulet regarda les deux paires de sabots enveloppés à côté des boucliers.
Il entendit sa mule braire dans le matin naissant, et le sifflotement du garçon d'écurie en train de l'harnacher.
Il se dirigea lentement vers la double porte après avoir ramassé précautionneusement les cadeaux.

- Ah! Et essaies d'en savoir plus sur cet "Homme à d'air"

Missive en réponse :

"Bien le bonjour, seigneur Quentin d'Astalgan,

Nous vous remercions de vos présents et regrettons que vous n'ayez pu vous rendre au mariage princier ; nous avions demandé à votre intendant de nous faire part des grandes familles empersoises mais hélas, il semble juger qu'il n'y en a point. Apparemment il se serait trompé, nous vous laissons discuter de cela avec lui.

Nous souhaiterions connaitre, de plus, de quelle manière vous acceptez que votre représentant se rendre à une cérémonie de mariage ivre, avec l'impolitesse de l'absence de réponse à notre invitation et se borne de plus à insulter d'une part ses hôtes et leurs terres et d'autre part, ce qui est plus grave, notre déesse Xiones.

Nous précisons qu'il n'y a point fusion des biens de chaque famille et que d'une part Dame Enimia n'a aucune prétention sur nos terres de Kandrasie et que d'autre part le Prince Aectelion Mepeim ne bénéficie d'aucuns droits sur la Baronnie Sidh.

Enfin la famille régente de Kandrasie ne se sent pas le moins du monde concernée par les propos de Svold Katirisis. Adressez vos plaintes au principal concerné. Si vous ne parvenez pas à le joindre, la princessse Enimia se fera un plaisir de lui faire joindre votre missive mais je ne vois vraiment pas comment les Mepeim d'Istria Arkspel sont impliqués dans l'insulte globale de votre territoire.

N'hésitez pas à nous signifier quel honneur nous garderions envers nos ancêtres en ne répondant pas aux insultes le plus beau jour de notre vie d'un individu ivre. Notre conduite s'est cependant révélée à mon avis exemplaire, et j'espère pour sa paix intérieure et son honneur que vorte intendant ne se rappellera pas ses propos après avoir décuvé.

Nous passerons pour cette fois outre l'insulte déplacée réalisée à l'encontre de la famille régente de Kandrasie (hrp : voir les règles de sang adoptées dans ma signature pour savoir qui en fait partie) mais vos remarques concernant les valeurs de la Kandrasie non respectées nous semblent, de par la réponse précédente, érronées et blasphématoires. Nous vous conseillons vivement de vous confesser auprès du prêtre de Kara le plus proche de votre domicile pour éviter d'avoir à expier dans l'au-delà un crime qui serait facilement réparable dans cette vie.

Bien à vous et à votre dame
Prince servant de la famille régente de Kandrasie Aectelion Mepeim d'Istria Arkspel, Baron du Delta."

Trois cavaliers se présentèrent devant la cité d'Astalgan, qu'ils eurent bien du mal à trouver, car il semblait qu'elle venait juste d'être fondée.

Deux des cavaliers portaient des armures sur lesquelles étaient représentées une Ankh bleue se dressant sur un bout de terre entouré d’eau. Le troisième vêtu comme un bourgeois demanda aux hommes de garde de la cité de remettre un message au Seigneur des lieux.

"Seigneur Quentin d’Astalgan,

Je vous remercie pour vos présents. J’en ai bien compris le sens. Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que le message, que vous avez voulu me faire comprendre, serait plus utile à votre intendant.

Je suis désolée du sort qui a été réservé à votre envoyé en Kandrasie.

Si vous voulez des explications concernant les propos à l’égard de l’Empersiste que mon conseiller Svold Kastriss aurait tenu, vous pouvez les demander au porteur de ce message. Quant à moi, je vous avoue que je n’apprécie guère la personnalité et le comportement du Seigneur Intendant Dertyl.

Cordialement,

Enimia Sidh, épouse Mepeim d'Istria Arkspel
Baronne du Delta, Princesse de Kandrasie"

Les éclaireurs dispersés sur les avant postes de la Passe d'Astalgan avaient reçu consigne de laisser passer toute délégation franchissant la fronière, et de leur faciliter l'accès à la ville.

Il reçu en mains propres les messages délivrés par les charismatiques cavaliers, et les posa dans un coffret qu'il referma lentement.

- Messires, je suis flatté de votre ambassade, et ai besoin de regarder cela avec une tête plus reposée que ne l'est la mienne aujourd'hui.
Je serais honoré que vous acceptiez de rester les quelques jours qui me permettraient de mûrir ma réponse d'une part, et de reposer vos montures, tandis que vous pourriez profiter de la visite d'Astalgan, qui bien que modeste pourrait vous réserver des surprises.
Fraigoulet veillera personnellement à votre bien être.

Trois jours plus tard, -les usages furent en cela respecté-, le Seigneur dîna en compagnie de ses invités, et, apprenant qu'ils souhaitaient s'en retourner dès le lendemain en leur contrée, il saisit l'occasion élégamment offerte pour reposer la large tartine de pain qui avait servi d'assiette.

- Messires, je vous suis fort obligé d'avoir patienté.
Et si mes voeux accompagnent votre chemin, j'aimerais vous confier les réponses aux messages dont vous étiez porteurs. Elles sont ici.

Fraigoulet venait d'apporter le coffret de chêne et de bronze, et le tendit cérémonieusement vers Quentin.

Brève missive en réponse :

"Messire empersois,

Je suis au regret de vous informer que ma conception sur votre territoire se détériore progressivement au fur et à mesure de nos contacts.

Concernant le prestige de votre famille, nous n'attachons pas la même importance que vous au lignage. Grandes familles signifie pour nous noblesse de ses représentants actuels. Ici nulle preuve de puissance n'est nécessaire seul le sang, les paroles et les actes font de vous un homme noble.

Pour répondre à votre reproche que nous n'ayons pas tenté de mettre les choses au point et de mettre en place une rencontre je tiens tout de même à vous préciser que nous suivons ce genre de discussions avec de très nombreux autres seigneurs que vous et que hélas il n'y a que quatre saisons dans une année. Trop peu pour pouvoir se déplacer dans le monde entier pour rencontrer des seigneurs ne cherchant qu'à nous provoquer. Notre territoire n'est pas non plus assez peuplé pour pouvoir permettre d'envoyer des émissaires jusqu'au fin fond de l'Empersiste chez un seigneur qui visiblement ne cherche qu'à nous provoquer comme les trop nombreux équivalents auquels je réponds patiemment et avec le respect qui incombe à ma tâche, chaque jour.

Votre intendant s'est vu invité à notre mariage, se révèle le seul personnage de Retrahant excepté le représentant d'Aevenspir à ne pas s'être donné la peine de nous répondre et finalement nous rejoint pour insulter notre MARIAGE, XIONES, notre FAMILLE et notre TERRITOIRE. Vous semblez comprendre ces données aux vues du discours que vous nous fournissez et je ne comprends guère pourquoi vous auriez souhaité que nous léchions les bottes de cet individu.

Nous l'avons traité avec un respect évident. Répondant mot pour mot à ses paroles et ne démarrant aucune insulte qui ne serait pas une répartie. Nos érudits sont unanimement en accord sur le fait que notre position était celle de défenseurs qui ont choisi délibérément de ne pas contre-attaquer à des manoeuvres intendantielles jugées honteuses. Quel devoir n'avons nous pas accompli en territoire beilanais ? Nous avons respecté nos devoirs sans percevoir nos droits et vous souhaiteriez nous juger pour cela ? Allons, ne troublez pas nos relations dans ce débat stérile qui fait honneur à votre allégeance, ce que nous respectons.

La notion de Maître de Journée me semble floue ; est-ce une manière de dire que notre couple se devait de courber l'échine pour se faire fouetter ? Hélas nous n'avons réellement pas la même conception de l'honneur dans ce cas. Chaque civilisation semble posséder ses particularités et Elderine la cité Blanche a depuis quelques décennies dû porter le poids des responsabilités qui incombaient jusqu'ici à Ephyne à savoir le respect de la multiculturalité retrane. L'irrespect n'est pas venu des plaines, du désert ou des marais. Il est venu de votre intendant que vous l'acceptiez ou non. Vous aimez votre peuple, votre religion, votre Chevalerie et votre intendant et nous aimons cela en vous. Nous aimons aussi votre soif de préserver la dignité de ce en quoi vous croyez mais nous réalisons le même combat ; nous souhaitons nous aussi voir Ephyne briller à nouveau et affecter de son rayonnement ceux qui ont besoin d'adopter les valeurs que nous prônons tous à travers nos dieux plus ou moins rapprochés. Ma famille n'a jamais insulté votre territoire et s'est bornée à défaire les insultes de votre maître et à les retourner contre lui. Vous n'êtes pas l'incarnation de Gaëd sur cette terre et je ne suis pas celle de Kara alors pourquoi persister vos piques et atatques qui troublent la paix sur notre monde ?

Nous continuerons de défendre nos valeurs et notre peuple et apparemment vous souhaiter continuer de nous attaquer, remettant en cause ce en quoi vous croyez vous-mêmes.

Restez en paix et que le Dieu qui a vos prières vous garde.

Bien à vous
Prine Servant"

Les envoyés de l'îlot de la Perfidie repartirent sans qu'ils aient été questionnés sur les propos de Svold Kastriss. Le Seigneur de la cité d’Astalgan semblait préférer polémiquer par missive. Enimia envoya donc un simple messager pour répondre à la dernière lettre de l'Empersois.

"Seigneur Quentin,

Il me semble que je perds mon temps à correspondre avec vous.

Tout d'abord, vous fantasmez en prétendant que la vie de l'intendant empersois a été menacée à Elderine.

Ensuite, dans ma première lettre, je n'ai aucunement écris ce que vous semblez avoir lu. En fait, je n'ai pas abordé ni le fond ni la forme du problème que vous souleviez, vous demandant juste de questionner mes envoyés.

D'autre part, vous m'exposez votre déontologie. Je n'ai que faire de belles paroles, j'attends de juger vos actes.

J'ai également pris connaissance des courriers envoyés à mon époux. Leur contenu m'a fortement déplu. Je n'y vois qu'agressivité. Je trouve également très vulgaire la façon dont vous parlez de mon ventre.

Enfin, pour finir, le fait que vous souligniez les points qui vous semblent importants dans vos messages m'exaspèrent.

Enimia Sidh, épouse Mepeim d'Istria Arkspel
Baronne du Delta, Princesse de Kandrasie"

- FRAIGOULET!

Le nain arriva en trombe dans la salle du Conseil. Quentin semblait de bonne humeur.

- Seigneur, je suis tout ouïe

Fraigoulet releva la tête, et rentra la large langue qui pendait à chaque fois qu'il écrivait.

- Je préviens le Maître des Equipages d'armer deux messager?
- Nenni! Tu iras en personne. Ne t'attardes pas en délivrant les messages.
Par contre, vas en Beilan sur le chemin du retour. Il nous faut en apprendre plus sur leurs coutumes, car le soufflet mis à la face du Prince n'est pas commun, mais surement très réfléchi.
Ah, aussi. Prends une large escorte, et ne te sépare jamais d'elle.

"Vous avez réussi, vous nous avez attiré dans un piège. Nous sommes les seuls à payer vos pitreries car nous vous avons répondu par politesse. Nous allons arrêter de satisfaire votre ego à vous répondre et nous verrons ce que vous adviendrez. J’espère que d’autres seront aussi patients que nous. Votre aura en dépend.

Vous êtes tel votre valet, un bouffon. Je reconnais que vos tournures de phrase sont alléchantes. Nous avons voulu répondre à un Seigneur qui savait manier l’empersois à un bon escient. Nous avons espérer un dialogue constructif, mais vous avez choisi la provocation.

Vous êtes insignifiant. Maître d’une ville non défrichée perdue dans le centre de Retrahant, territoire anarchique avec ces famines à répétition. Heureusement, votre intendant est remarquable, enfin, tel est le fondement de votre pensée…

Je vais juste vous donnez un conseil quand vous défricherez votre ville, assurez-vous que votre ville soit bien protégée, avec enceinte et archers, car sachez bien que les insultes envers mon époux ne portent pas à conséquence car il est guidé par un code qui ne permet pas d’anéantir le faible, les miens sont autres.

Vous mettez en avant le rôle de la femme qui porte les enfants pour notre dieu Gaëd, sachez que ma mère m’a toujours guidé dans mes actes. Vous êtes loin de soupçonner mon héritage. Vous saurez l’apprécier…

Enimia Sidh, épouse Mepeim d'Istria Arkspel
Baronne du Delta, Princesse de Kandrasie"

"Chère Dame,

Je rends grâce à votre impétuosité, et à votre ville, que vous dirigez d'une main qu'on prendrait pour celle d'un homme.
Malheuresement pour vous, certains de mes informateurs m'ont prévenu qu'une de vos lettres était emplie de menaces destinées à un seigneur Empersois.
Sachez, Princesse, que la présence de troupes étrangères sur le territoire Empersois n'est pas permise. Sachez aussi que quelque soit le seigneur Empersois que vous prendrez comme cible de votre frustration, il sera mon protégé, et cela, jusqu'à ce qu'Ephyne ne soit plus mienne.

Je ne pense pas laisser à Sire Quentin le temps d'apprécier votre Héritage, que je me ferais une joie d'expédier dans un monastère Empersois où il sera élever sans l'apprentissage du maniement martial.

C'est ainsi, ma Dame, que je jure de voir votre ville brulée, souillée par mes soldats, et vos terres redistribuées aux Beilans.

Amicalement,
Dertil de Crykas, Intendant d'Empersiste."

"Seigneur Intendant,

Comment pouvez-vous même supposer que mes armées iraient en terre empersoise sans votre permission ? Vous savez tout le respect que j’ai pour vous.

J’ignorais que vous lisiez les courriers privés des Seigneurs empersois, vous êtes un vrai père pour eux. Mais, vous m’accorderez que des menaces sont parfois de précieux conseils, le Seigneur en question ferait mieux de me remercier.

Je ne doute pas que vous souhaitiez voir ma ville brulée. J’espère ne jamais vous donner ce plaisir.

Enimia Sidh, épouse Mepeim d'Istria Arkspel
Baronne du Delta, Princesse de Kandrasie"

"Faites parvenir à ce Quentin une copie de nos précédentes lettres ; apparemment il ne les lit pas, se bornant à ressasser des idées noires et à se sentir mal-aimé. Il en déduira probablement que nous nous sommes trompés ou que notre intelligence déraille mais peut-être, si Serul lui vient en aide, comprendra-t'il qu'il faut lire ce qu'on lui envoie et cesser de répéter les mêmes arguments que nous avons déjà réfutés de trop nombreuses manières. Apparemment il ne veut pas que nous évitions la guerre et continue de nous provoquer et bien tant pis, il aura tout de même la paix.

Je n'ai de toute manière guère le temps de m'attarder à ses romans d'aventure."