D'une vie à une autre, Récit d'un exilé par Asclepior

Plusieurs mois plus tard...

Dans la bibliothèque du manoir, un vieil érudit débile se baladait à travers les rangées d'étagères remplies d'ouvrages plus anciens que lui. Il cherchait un manuscrit sur l'observation des astres et de leur interprétation, quand son regard fut attiré par une enluminure brillante sur une tranche de livre, presque caché parmi cette abondance d'oeuvre de littérature qui ferai le bonheur de tout assoiffé de connaissance. Il s'en empara puis se dirigea vers un fauteuil de cuir aménagé pour la lecture et s'y assied afin de soulager son dos fragile et vieilli par les effets du temps. Il s'arrêta net sur le titre et fut d'autant plus surpris par son auteur, pris par l'excitation il ouvrit en toute hâte l'ouvrage puis commença à se plonger dans la lecture...
Voici un résumé concis et claire de ce que l'on aurait put lire d'intéressant en passant outre les évènements courants de la vie d'Asclépior :

"D'une vie à une autre, Récit d'un exilé" Par Asclepior de Brangancie

De l'aube à l'obscurité :

Je suis né en 400 durant la saison des pluies sur une ancienne île perdu au milieu de l'immensité de l'océan. On l'appelait l'île Dacre. Ma famille dirigeait à l'époque un petit comté, celui de Bragancie pour être plus précis. Je suis le fils unique de Nortimer Comte de Bragancie et de Malvina Comtesse de Brangancie [...]
Notre île se situerai, d'après les cartes que j'ai pu consulter, à plusieurs lieux des côtes Kandrasiennes. Nous avons toujours vécu en dehors du continent en totale autonomie, nous ne nous occupions guère de ce qui pouvais se passer à l'extérieur de notre généreuse île. A vrai dire, même si nous soupçonnions l'existence de terres extérieures nous n'en avions pas l'intime conviction, cela restait quelque chose d'impalpable et après tout d'inintéressant aux yeux de simples insulaires comme nous. Notre monde s'étendait aux collines du Nord de l'île du Duché de Calidor jusqu'aux falaises du Sud du Comté de Bragancie rien ne valait plus que l'endroit où nous vivions. Nos deux territoires vivaient en parfaite entente, nos deux familles respectives restant constamment en bon terme [...]

A l'âge de 6 ans Père fit rentrer un précepteur, de grande renommé à cette époque, à la cour du château chargé de mon éducation." De la meilleure éducation possible dans le respect des valeurs de la famille" avait l'habitude de dire mon Père.
Ce précepteur du nom de Marlingus, devint rapidement mon mentor du fait de son érudition et de ses compétences exceptionnelles dans des domaines multiples et variés : sciences, histoire, philosophie, médecine, stratégie militaire, diplomatie, etc. Il était pour moi un modèle tout comme mon père [...]

A 8 ans, des inconnus débarquèrent sur notre espace clos, nous les accueillîmes avec toute la générosité qui leur était due. Ils étaient une dizaine d'hommes habillés tels des femmes avec de longues robes de bure capuchonnées. Ils venaient de terres lointaines : Retrahant; et se disaient porteur d'une vérité et de valeurs universelles, d'un modèle de société plus fort et de la seule vraie religion du monde : Le Gaedisme. Bizaremment il parlait une langue quasiment similaire à la notre, ils avaient cependant un accent et des expressions assez comiques à entendre, même s'ils contestaient cette opinion déclarant que nous étions les seuls possesseurs d'un accent, peu importe... Au début nous n'avions aucun sentiment belliqueux à leur égard, ils avaient même offert des ouvrages de leur continent à mon père et à Marlingus. Ce dernier reçu des grimoires des Lougevelles, une famille influente d'Empersiste d'après les moines, Marlingus ne se fit pas prier pour les parcourir et il entreprit une correspondance avec cette famille quelques années plus tard.
Mais au fil du temps mon père se méfia de ces précheurs et de leur façon de vouloir convertir son peuple. Sous les conseils de Marlingus il les fit chasser de nos Terres. Plus tard on appris qu'ils étaient allés rendre une petite visite au Duché de Calidor, les conséquences se firent vite ressentir...

A l'âge de 9 ans, je me souvint du départ de mon père pour la Guerre qui faisait rage entre notre peuple et celui du Duché voisin . Le Calidor s'était fait endoctriné par ces prêcheurs, ce brave peuple s'était converti et allait combattre les impies, nous autres peuple libre. Les relations au sein de notre île n'avaient jamais été aussi catastrophiques depuis l'arrivée de ces étrangers venus du continent. Je ne sais toujours pas à l'heure actuelle quelles promesses leur ont ils fait miroiter pour que nos anciens amis puissent se vendre ainsi. Nous étions en 409 et mon père revint gravement blessé après plus d'1 an de combat.
Il décéda quelques jours plus tard à l'âge de 40 ans des suites de ses blessures, moi, ma Mère, Marlingus et 2 servantes assient à son chevet. On ne put rien faire pour le sauver. J'en fut gravement atteint et cet évènement conditionna ma vie à jamais puisque depuis ce jour je décidais de me dévouer corps et âme à la médecine et à la science afin que telle tragédie ne se réalise plus. Et je gardais au fond de moi une rancoeur vis à vis de toutes les Religions et de tout ses principes qui avait détruit mon père, anéantit ma famille et l'harmonie de notre île [...] Trois mois après la mort du Comte et un vrai bain de sang, un traité de paix commun fut signé entre nos deux territoires, mais trop tard pour mon père... La Comtesse ma Mère pris les rênes du pouvoir en l'absence de mon Père, elle eut la lourde tache de protéger notre territoire de nos voisins désormais ennemis à jamais [...]

Le vieil érudit s'arrêta un moment de lire pour bien assimiler tout ce qu'il avait lu depuis le début afin de mieux apprécier l'histoire, il continua :

Déchéance et Trahison :

En l'An 412, Mère se remaria avec un parvenu qui n'avait de Noble que le titre, Proditar. Malgré mes efforts je n'ai jamais pu me résoudre à le considérer de la famille. Cet homme intéressé et cupide avait un fils fidèle aux valeurs de son père, Nasgar.
Malgré cette sombre page de ma vie, je trouvais réconfort auprès de mon mentor et désormais ami, Marlingus. Il m'enseigna, la botanique, le soin par les plantes, la médecine anatomique et clinique, l'astronomie, les mathématiques, la poésie, la littérature [...] Cependant il y avait chez lui un principe fondateur et récurrent, l'agnosticisme. Il se refusait à donner quelconque enseignement religieux et dénonçait les dogmes proposés par tous les cultes existants ce qui avait été prouvé avec l'arrivée des Gaediens . En tant que véritable disciple j'ai suivi son sage enseignement. C'est en autre grâce à cela que je suis désormais un farouche opposant à l'accession au pouvoir d'un organisme religieux quel qu'il soit, véritable danger du fait de cette dévotion aveugle en leur doctrine [...]

Les relations avec mon Beau-Père vil qui n'avait aucun respect pour moi et ma mère se détérioraient davantage, il en était de même avec mon demi-frère, un paresseux stupide et dépensier. Proditar n'avait cependant pas le contrôle du Comté, seule la Comtesse Malvina vivante pouvait gouverner sur les Terres familiales après la mort du Comte Nortimer. Et cela jusqu'à ma majorité tel était la règle inscrite dans le protocole. Je mis toute mes forces pour protéger ma mère affaibli par la mort de mon père et soumise impunément à mon Beau-Père.

L'avidité du pouvoir mène parfois à des méfaits bien sordides. Vers le milieu de l'An 418 afin de placer son fils Nasgar, véritable pantin, à la tête du comté il élimina ma malheureuse Mère durant le souper par empoisonnement et me fit passer aux yeux de tous pour coupable en laissant les preuves de son crime dans mon laboratoire. Marlingus ne fut pas épargné par ces accusations.
Grâce à son plan machiavélique Proditar et son fils réussirent à duper le monde entier et à me faire passer pour un matricide [...]
Marlingus et moi considérés dorénavant comme hérétique et sorcier, entendez par là guérisseur médecin et philosophe, notre réputation et notre honneur salient nous avions le choix entre la décapitation ou l'exil. Le choix fut simple mais terrible...

Au début de l'An 419, Marlingus, moi même et une dizaine de fidèles à notre cause quittâmes sans sous et presque sans bagages notre Comté bien aimé désormais gouverné par un usurpateur et son idiot de fils.
Un bateau marchand en partance pour Retrahant accepta de nous emmener sur ces lointaines Terres avec la condition de faire les corvées pour payer le voyage.
C'est avec une tristesse immense que je vis pour la dernière fois sans doute les côtes de Bragancie. Je ne put retenir mes larmes en repensant à tous les malheurs qui s'étaient abattues sur ma famille et à sa déchéance insoupçonnée. Je vis peu à peu disparaître les rivages du Comté comme tout mes espoirs en l'avenir lorsque le bateau mis voile pour Retrahant, ces nouvelles Terres seraient elles aussi clémentes qu'on le disait, accepterait on des exilés, des maudits ?[...]

Le vieil homme assis dans son fauteuil, affligé par ce qu'il venait de lire s'arrêta un moment pour reprendre ses esprits et reprit la lecture :

Un nouveau départ :

Nous débarquâmes en Kandrasie fin de l'an 419, dans un ancien port autrefois majestueux du Royaume qui n'est dorénavant plus qu'un simple port de pêche et de plaisance, Ambrasia. Malheureusement les habitants ne virent pas notre arrivée soudaine d'un très bon oeil, sans doute la peur de l'inconnu ou du nouveau.
Marlingus qui connaissait un ami en Empersiste nous incita à nous y installer. ainsi avec l'aide de tout mes compagnons nous nous sommes dirigés vers ces fameuses Terres. Quelle ne fut pas notre surprise en découvrant que la religion Gaedienne fut aussi répandue sur ces terres, cette religion qui nous avait oppressée, nous essaierons de rester discret [...] Nous baptisâmes notre nouvelle cité: Bragancie en mémoire à ma famille.
De l'avis de tout mes camarades, je suis leur seigneur et Marlingus mon fidèle ami de toujours est mon bras droit et mon plus grand conseiller. J'espère un jour peut être récupérer mes Terres familiales qui me sont dues, en attendant je souhaite prospérer, ici, sur ses terres et continuer à faire vivre la famille De Bragancie par ma personne. J'espère sincèrement ne pas décevoir mes ancêtres et mes fidèles sujets. L'île Dacre et ces Gaediens m'ont tout enlevé mais je me battrai pour reprendre ma dignité et mon honneur perdu, j'en fait le serment [...]
J'ai d'ores et déjà contacté l'Intendant du territoire, un certain Dylan Selden, je lui ai fait part de mon allégeance pour essayer d'entretenir des liens plus ou moins amicaux. Malheureusement son implication dans la religion en tant qu'Archevêque me donne le sentiment absolu de vivre dans une Théocratie, tout ceci me laisse perplexe pour l'avenir des Empersois et des territoires rattachés. J'essaierai de m'entretenir avec lui pour en parler si celui ci le désire [...]


"Cet ouvrage est probablement le Tome1 d'une série de Tomes à suivre qui sont apparentés à un journal intime."

Marlingus passa devant le vieux barbu grisonnant qui lisait, il le fit ramener à la réalité. Ce dernier claqua le bouquin et le déposa sur l'une des tables de la pièce. Il interpella Marlingus puis le rejoint en se tenant ses lombaires douloureuses, on les vit bavarder en s'éloignant de la pièce.
Le livre d'Aclepior resta sur la table, sans doute attendait il que d'autre curieux viennent découvrir quelles histoires il avait à raconter...