Où s'éteint la salamandre, s'embrasent les cieux

Nombre de messages : 28 Date d'inscription : 16/01/2007

L'été touchait à sa fin et si la vie reprenait lentement son cours à Fironk, les cicatrices de la guerre étaient encore visibles et dans le cœur de chaque fironkois brulait une flamme haineuse envers les kandrasiens. Cet été avait été différent, sec et très chaud, les herbes brulaient et le sol se fissurait, le ciel quand à lui semblait prêt à se déchirer, pourtant aucune goutte ne tombait.

Malbhram ne s'inquiétait pas pour le peuple, le temps ferait son œuvre et les plaies guériraient d’elle même, il s'inquiétait davantage pour le culte, quel serait après lui le destin des salamandres? Beaucoup avait péri, des frères, des fils, des amis, tous de braves guerriers morts pour Lihg, sans hésitations, sans regrets. Mais parmi les rares salamandres encore vivantes, y en avait il une capable de lui succéder? Il y avait réfléchi longuement mais aucune ne semblait à la hauteur ou du moins pas encore.

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C’est en milieu de journée qu’arriva un messager kandrasien, quelle nouvelle apportait-il peu s’en souciait, certainement de nouveaux mensonges si doux pour les oreilles, mais qu’à Fironk on prenait désormais en horreur ; Le messager n’était pas souhaité, l’aide de la kandrasie avait été refusé mais encore une fois ils faisaient preuve de persévérance. Si, irritant…

Le messager ne pénétra pas dans l’enceinte de la ville, le commandeur avait laissé des directives à cet effet, ainsi on conserverait l’image de Börm in souillée par les ennemis.
C'est Valom, fraichement revenu d’Ephyne, qui se chargea de l'accueil, cela ne l’enchantait guère, il était d’avis qu’on abatte tout kandrasiens à vue, mais Malbhram avait donné des ordres et ceux-ci serait respectés.

Valom ne prit pas la peine de lire l’intégralité de la missive, il froissa celle ci et la jeta par terre, l’instant suivant l’escorte se saisissait de l’émissaire. Il fut emmené à l’orée du bois pour y subir un traitement digne de ceux que reservait Grabonweek le chêne.

En premiers lieu sa langue lui fût arrachée, ainsi il ne répandrait plus de mensonges éhontés.
A l‘aide d’un fer chauffé à blanc, ses yeux furent brulés, ainsi il ne convoiterait plus les possessions de ses frères ni ne souillerait à nouveau Fironk de son regard.
Ses mains furent sectionnées et on posa sur les moignons une torche pour la cicatrisation, ainsi il ne prendrait plus les armes par seule ambition.
On épargna ses oreilles pour qu’il puisse entendre ses complaintes et les moqueries de ceux qui l’appelaient « ami ».
Enfin, à l’aide d’une lame brulante, le message des fironkois fut inscrit dans son dos, à jamais, comme preuve impérissable de leur détermination :

« Nous, fironkois, renions à jamais l’existence de kandrasie et de son peuple. ».

Valom soupira, il comprenait maintenant ou voulait en venir son maitre, la kandrasie était un monstre agonisant, ce n’était pas par orgueil ni par colère qu’il avait refusé leur aide mais tous simplement parce qu’il n’attendait rien de ce qui est déjà mort.
On s’assura de la survie du messager, après tout il avait encore une tache à accomplir. Quelques jours plus tard il fut reconduit à la frontière.

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C’est une semaine après ces événements qu’un incident curieux se produisit, pendant une soirée de ce sinistre été, Malbhram quitta Börm, seul, sous couvert de la nuit mais ce n’est que le surlendemain que la nouvelle parvint au peuple selon les directives qu’il avait laissé.

Le jour de son départ les dernières grandes salamandres furent réunies autour du commandeur, il était temps pour lui de se retirer, de rejoindre Lihg.
La réunion fut longue et particulièrement agité, tous attendait l’annonce du successeur, mais celle-ci ne vint jamais. Au lieu de cela Malbhram leur raconta, une histoire, un rêve, une prophétie que Lihg en personne lui avait inspirée. L’avenir des salamandres lui avait été révélé, une ultime épreuve qui s’achèverait par la destruction ou la résurrection du culte. Les fils de Lihg, en l’absence d’un dirigeant, devraient se disperser dans tout Fironk et établir à l’échelle des cités des guildes visant au maintien du culte et à la surveillance de la population car Lihg l’avait annoncé, le jour viendrait ou une salamandre, à l’égal des plus grands de l’ordre s’élèverait pour réunir le culte, ce jour là, Börm serait de nouveau aux fils de Lihg. D’ici là, la capitale ne serait pas une priorité…

On parla longtemps de la disparition de celui que l’on considérait comme la dernière vraie salamandre. On dit qu’il entreprit, au crépuscule de sa vie, l’ascension du glacier sans sommet, lieu qu'on disait mener à la demeure de Lihg. Nul ne retrouva jamais son corps, mais à l’annonce de sa disparition, les bois qui recouvraient une partie de la montagne s’embrasèrent. Jamais, de mémoires de fironkois, on avait vu un tel brasiers et, dit on, à travers les colonnes de fumées et le ciel empourpré on pouvait entrevoir Lihg venu chercher son enfant.

Ce soir là le ciel se déchira enfin, et le fil des saisons, à Fironk, put enfin reprendre son cours...

Nombre de messages : 147 Date d'inscription : 23/12/2006

Reprendre son cours était un bien grand mot. Après la mort de Malbhram et la disparition de la première génération de prophètes de Lihg, un phénomène se produisit. La guerre avait fait de nombreux dégâts, et les populations fironkoises en subirent la majeure partie. Tant et si bien qu'après la victoire du Commandeur, et une fois que ce dernier ne fit plus régner sa loi, les Fironkois de tout le pays se rassemblèrent devant les communautés kandrasiennes qui, quelques deux siècles plus tôt, étaient venues chercher refuge à Fironk pour ne pas vivre sous les jougs des Graméens puis, plus tard, des Arkspels d'Istria.

A présent, les temps avaient changé, et la place de choix dont jouissait la Kandrasie à Fironk avait été détruite par Elderine. Malgré la victoire surprenante des Salamandres, beaucoup voulaient encore assouvir leur désir de vengeance et rendre la pareille aux frères de ceux qui avaient osé les envahir. Ainsi, sous l'impulsion de nombreuses Salamandres, les Fironkois assiégèrent toutes les demeures kandrasiennes du pays. L'une après l'autre, elles tombèrent.

Les Kandrasiens de Fironk, ayant conclu des accords de commerce avec les Salamandres, s'étaient élevés sur l'échelle et avait amassé beaucoup d'influence et d'argent. Aussi les maisons qui furent pillées excitèrent encore plus les Fironkois, qui voyaient sous leur yeux or et argent étalés dans toutes les pièces des manoirs. Jaloux et haineux, ils violèrent les filles, les femmes (et les bestiaux ?), réduirent en esclavage les hommes et les enfants assez grands pour s'échiner dans une mine de fer. Prenant exemple sur l'émissaire kandrasien sacrifié, beaucoup d'hommes des familles kandrasiennes périrent la langue en moins, les orbites vides et les poignets délestés de leurs mains. Moins correct que les Salamandres, la populace castra souvent les hommes, et l'intimité des femmes subirent la torture du fer blanc. Ce fut une grand hécatombe, et à cet instant de l'histoire de Fironk, on pouvait dire qu'ils étaient tous des barbares sans pitié, tant le carnage fut brutal et ardent.