Première réunion

Les hautes murailles de pierre noire s’élevaient moins haut dans le ciel cette année. La neige tombait sur les remparts détruits par endroits, et un pan entier de la première enceinte s’était affaissé dans la cour principale du fort. Les soldats du Kawsr patrouillaient néanmoins, bravant le vent froid du début de l’hiver Aevenspeer. C’était un froid sec et venteux, qui n’avait rien à voir avec celui, plus insidieux, du continent gelé. De ci et de là flottaient au gré du vent des bannières aux couleurs de la famille Kawsr. Devant l’immense porte de bois renforcé siégeaient quatre hommes en armes. Ils avaient les désormais et très caractéristiques fourrures du pays Sher ainsi que de lourds marteaux disposant d’une extrémité pointue. Une fois la cour du fort traversée – et étant parsemées d’outils de travail, servant principalement à la rénovation de l’antique muraille, on pénétrait par une porte de pierre taillée – qui s’ouvrait grâce à un ingénieux système d’engrenages et de poulies dans l’intérieur du Fort, creusé à même la montagne. L’intérieur n’avait que peu souffert des affres du temps et de l’occupation Kandrasienne. En effet, il restait toujours difficile aux Kandrasiens de rayer de la carte une cité creusée à même la montagne, malgré leur excellent sens de l’ingéniosité visant à détruire les constructions Aevenspeers…

Au centre de la cité troglodyte s’élevait un large bâtiment, celui du chef, bâtisse ancestrale des régnants de la famille du Kawsr. Plus l’on monte, plus l’on entre dans les quartiers seigneuriaux. Au sommet se trouve les appartements de Komenor, habités avant lui Owkars, Kasterian et bien d’autres. La grande salle de réunion jouxte ces appartements. Un imposant balcon débouchant à l’air libre permet d’avoir une vue d’ensemble sur la ligne montagneuse Aevenspeer et les grandes plaines Kandrasiennes. La salle, autrefois richement décorée, ne dispose maintenant qu’une d’une grande table de pierre taillée, ainsi que des chaises en bois exotique ramenées de Sher. A regarder de plus près, la majeure partie de la décoration était faite à partir de tapisseries de et peaux d’animaux, posées de ci de là. Une seule porte permet l’accès à cette pièce, et elle est en permanence gardée par deux des plus fidèles soldats de Komenor. Lourdement armés, il s’agit là de guerriers aguerris.

Komenor, lui, attend patiemment l’arrivée de ses invités, assit dans une chaise près de l’âtre brûlant d’une immense cheminée de pierre. Il contemple les flammes, pensif. Ses invités ne devraient plus tarder, l’ambassadeur Akdar Merzawn et sa sœur, Fowskel Nils, Zoak d'Ahkmar et dame Mélissandre sont des personnes ponctuelles.

A peine annoncée, voilà une première invitée qui pénètre les lieux de quelques grandes enjambées gracieuses, encore en tenue de voyage et accompagnée de son loup, ainsi que de ce qui doit être une demoiselle d'honneur.
Sans doute le reste de sa suite est il resté là ou les convenances l'exigent, et dans le même esprit, la demoiselle défait la ceinture qui retenait une épée courte et fine à ses cotés, qui n'a visiblement rien d'ornemental, avant de la confier avec son lourd manteau à sa compagne.
Saluant d'un signe de tête courtois et discret celui qui semble être le maître des lieux, elle attend patiemment de savoir si une place particulière lui a été réservée avant de s'y installer.

Puisqu'il semblerait bien que non, elle choisit un siège proche de la cheminée et de sa chaleur bienvenue, ayant prit soin de laisser une chaise de libre entre elle et l'autre occupant des lieux.
Après tout, première arrivée, première servie, et au moins les flammes dansantes confèrent elles quelque couleur à ses traits par ailleurs un peu trop pâles. Seul son visage est exempt de vêtements et autres tissus, puisque même les mains fines flattant la fourrure de la bête allongée à ses pieds sont gantées de cuir brun.
A présent, ils sont deux à attendre en compagnie du crépitement du bois lentement dévoré par les flammes et la respiration lourde et régulière du loup blanc.

Le second à entrer fut l'Ambassadeur lui-même. Akdar Merzawn était venu à fort Kawsr accompagné d'une vingtaine de soldats, et si ces derniers ne l'accompagnèrent pas jusqu'au palais des De Kawsr, lui-même entra l'arme toujours à la ceinture. Il portait l'uniforme d'un général d'Aevenspir et semblait de ce fait moins couvert que les autres, mais il était de toute manière encore plus réputé pour sa capacité à ignorer le froid que pour ses talents de militaire. S'approchant de Komenor, il le salua respectueusement avant de le saisir par les épaules en riant.

"Alors te voilà donc définitivement de retour de ces terres désolées du grand nord ? Quelles raisons te font préférer ta demeure familliale à cet enfer oublié des Scirjiis ? Le mal d'un pays que tu ne connaissais que par les contes de ton père ? L'envie de gouter à un autre sang que celui des barbares Shers ? Pas une femme, quand même ?"

L'Aevenspeer eut un regard en direction de Mélissandre, puis s'inclina légèrement face à elle.

"Dame Mélissandre, je suppose ? On m'a quelque peu parlé de vous, mais j'ai enfin l'honneur de vous rencontrer. Sans mentir, vous êtes plus belle encore que les descriptions les plus flatteuses qu'on m'ait fait de vous. Mais..."

Il se retourna à nouveau vers le maitre des lieux et se dirigea vers le balcon fouetté par des vents glacés.

"...Je suppose que notre hôte ne nous as pas fait venir ici pour de simples mondanités. Ah, Komenor, j'allais oublier, ma soeur ne devrait pas tarder. Tu connais Ezelia, elle a voulu faire le trajet par elle-même, avec sa propre garde. Garce effrontée."

Quelques instants plus tard, la porte s'ouvrit de nouveau, révélant aux regards un homme à la carrure imposante et aux traits marqués par ses récentes campagnes dans le nord. A l'image de l'ambassadeur, on pouvait voir sous ses fourrures l'uniforme désignant les généraux de l'armée Aevenspir. Une épée à la longueur impressionnante battait son flanc et l'individu pouvait vaguement faire penser à un ours, avec sa barbe naissante et ses cheveux longs en bataille.

Parcourant la salle du regard, il poussa un grognement de satisfaction à la vue de l'âtre. Détachant son épée, il posa celle-ci contre un mur et se dirigea d'un pas rapide vers leur hôte. Serrant vivement la main du seigneur Komenor, il se permit un sourire complice avec lui. Face aux récents ordres d'Eskadner, les Seigneurs combattant au nord, dans les terres Sher, avaient été rappellés, Fowskel était du nombre. Au cours de leur campagne militaire, les deux hommes avaient maintes fois combattu côte à côte...

Saluant d'un signe de tête l'ambassadeur, il se tourna vers la jeune femme assise près du feu. Se penchant pour lui faire un baise main, il dit d'une voix rauque :

Bonjour belle Dame, je ne crois pas que nous ayons été présentés, mais je me permet de vous dire combien il est agréable de se retrouver en si plaisante compagnie. Je remercie encore la décision d'Eskadner de nous rappeller des terres Sher, sans quoi je n'aurais pu faire votre connaissance.

Voyant le loup aux cotés de la femme, Fowskel haussa un sourcil et prit place face au seigneur de Kawsr.

Alors Komenor, vous souhaitiez nous parler ? je suis venu aussi vite que possible, et je suis impatient d'entendre ce que vous avez à dire.

Cherchant des yeux une éventuelle bouteille de vin, le seigneur Nils fut déçut de ne rien voir sur la table. Poussant un nouveau grognement, il repporta son attention sur son hôte.

A l'arrivée de dame Mélissandre, Komenor quitta son siège et vint à sa rencontre. Il s'inclina pour la saluer et la laissa s'installer. Les pensées qu'il ruminait se promenaient encore allégrement dans sa tête, et il ne remarqua même pas le loup. Néanmoins, il manda un serviteur pour que les affaires de la dame soient rangées là où ils devaient l'être, et pour que la dame de compagnie ne se sente pas seule. La séance allait être à huis clos, et le serviteur avait donc pour mission de lui faire visiter la ville, et si besoin, de lui conter les exploits de la famille au Kawsr. Il finit par reposer son attention sur sa première invitée.

"Dame Mélissandre, je suis heureux de vous rencontrer enfin. Permettez-moi de taire le flot de compliments que je m'apprêtait à vous donner, mais, connaissant mes autres invités, je pense que vous en serez assez couverte."

Puis, regardant ses gants.

"Ho, et si vous avez froid, je puis mander votre manteau, ou demander à ce que l'on augmente le feu dans la cheminée."

Puis, un deuxième arriva. Il s'agissait de ce vieux pirate de Merzawn. Il avait servi sous les ordres de Komenor sur le continent Sher, et avait montré qu'il était un tacticien de génie, doublé d'un excellent orateur. Lorsqu'il avait été rappelé en Aevenspir, Komenor s'était privé d'un bon appui à Sher. L'empoignant à son tour, Komenor se permit une réponse.

"Tu sais comment sont les Arkspel ! Toujours à chercher des conflits même parmi les Maakan ! Le mal du pays me semble être la bonne raison ; je rêvais du fief familial depuis déjà trop d'années."

Puis, amusé.

"Ne pouvais-tu pas l'enchaîner à ta garde ? Elle serait capable de se perdre."

Et enfin, Fowskel entra. Il était Nils et le portait bien. Toujours direct et prompt au combat, il était le digne successeur de ses ancêtres, qui, tout comme les Kawsr, avaient servi sous le règne d'Iëren Arkspel. Son entrée lui fit remarquer qu'il avait oublié un détail de poids : l'alcool.

Komenor manda sans attendre des serviteurs pour que l'on apporte de la liqueur, du vin, et de quoi manger. Car lorsqu'un Nils boit, peut de temps après, il a souvent très faim.

Ceci fait, il profita de la présence de ces trois invités pour répondre à Akdar.

"Je vous ai en effet réunis ici pour que nous parlions de l'Aevenspir. Mais attendons Zoak, il ne devrait plus tarder."

Peu de temps après, enfin, arriva le dernier invité. Les quelques hommes qui l'escortait avait déjà reçu l'ordre de faire respecter leur réputation dans la taverne la plus proche. Il entra donc seul, souriant, sans se séparer de sa fétiche et inséparable épée batarde.

"J'arrive enfin ! J'ose espérer que vous m'avez attendu pour commencer la ripaille ! Figurez vous que... "

Du coin de l'œil, il aperçu la dame, assise près du feu. Saluant très brièvement au passage les autres invités, il s'en rapprocha, et donna un air plus grave à sa voix.

"Bien le bonjour belle Demoiselle. Permettez moi de me présenter, je suis Zoak d'Akhmar, maître de la cité renaissante de Frelaya. Puis-je vous demander d'où vous nous venez ?"

Une brève discussion s'engagea, mais Zoak s'excusa pour aller rejoindre son hôte, qu'il n'avait pas encore salué, et qui semblait perdre patience en voyant ses invités s'éparpiller.

"Je vous remercie, seigneur de Kawsr, mais je n'ai pas besoin d'être enchainée à un quelconque garde pour trouver mon chemin."

Ezelia venait d'entrer dans la pièce d'un pas vif, après avoir fait un signe de tête aux gardes. Elle portait sur un gilet de laine finement brodé une cotte de mailles finement ajustée. Deux fourreaux pendaient à sa ceinture et, si elle était d'une carrure mince, elle dégageait une impression plus énergique et athlétique que son frère, lequel levait les yeux au ciel. Ezelia eut un sourire carnassier.

"...Mais peut-être que mon cher frère voulait vraiment me perdre."

Ezelia s'arrêta devant la cheminée, faisant glisser son regard sur les différents invités. Elle passa en vitesse sur le Nils, un rustre qu'elle connaissait déjà en réputation et des quelques rapports qu'elle avait eu de son frère, qui l'avait fréquenté sur Sher, puis s'attarda en observant Mélissandre et Zoak. Deux individus intéressants qui n'étaient encore que peu connus. Elle les salua tour à tour.

"Messeigneurs, le fait que je connaisse la moitié d'entre vous me fait oublier de me présenter aux autres. Je suis Ezelia Merzawn, soeur d'Akdar Merzawn ici présent, Ambassadeur d'Aevenspir. Enchantée."

Ceci dit, elle se dirigea vers la cheminée et s'adossa contre le mur, à proximité du feu.

Komenor se passa de répondre à la jeune Merzawn et fit signe à tous de prendre une chaise. Il attendit quelques instants, le temps que tous prennent place puis les regarda tous un par un et commença.

"Je suis de retour en Aevenspir depuis quelques temps déjà, et j'ai déjà soumis de nombreuses choses à Hertmin II. Je ne comprend pas comment un peuple comme le notre a pu connaître une telle décrépitude, alors que nous avons eu la puissance de conquérir un continent ennemi et d'y maintenir nos positions malgré le climat et la guerre perpétuelle."

Il marque une pause.

"Je pense que l'Aevenspir mérite mieux. Elle mérite quelqu'un capable de manier la plume mais aussi l'épée, quelqu'un capable de prendre des décisions, même difficile, et de mener les hommes à la bataille. Mes ancêtres l'ont fait, je me sens capable de le faire. J'ai déjà prévenu Hertmin de mes prétentions, et m'a assuré qu'Eskadner me serait remise si je lui prouvais ma valeur. Je pense qu'il s'agit d’un homme d'honneur et je suis certain qu'il tiendra parole. Mais j'ai besoin de vous pour lui prouver ce qu'il recherche.

Qui suivrez-vous si une guerre doit éclater ? Je rechigne à prendre les armes contre mes frères et je pense Hertmin assez sage pour éviter cela. Malgré tout, je préfère prendre mes précautions. L'aide extérieure serait envisageable si elle n'entraînerait pas une dépendance de l'Aevenspir envers un autre royaume. Je m'en remets donc à vous. Me suivriez-vous, moi, Komenor de Kawsr, héritier direct de la prestigieuse lignée du Kawsr, Ewsper d'Aevenspir ? Ou Hertmin II, actuel Karsper du royaume ?

Je ne pourrai promettre l'impossible, mais je peux promettre de grands changements internes et externes. Des changements que j'ai déjà communiqué à Hertmin mais que je ne pense pas capable de mettre en place."

Il se tait un instant.

"Alors, qui suivrez-vous ?"

La dernière question de Komenor laissa sa place à un silence lourd et pesant sur l'assistance. Ce qui, pour certains, n'aurait du être qu'un banal banquet amical venait de se transformer en une proposition de révolte.

Zoak, homme simple et impulsif qu'il était, fut le premier à briser cette froide ambiance. Posant la main sur l'épaule de Komenor, il lui répondit :

"Les moments les plus marquants de ma famille se sont écrits en parallèle à celle de ta "prestigieuse" lignée. Il lui fit un sourire narquois. Pour rien au monde je ne raterai ça. Tu peux compter sur moi, je te soutiendrai."

Grattant pensivement sa barbe, Fowskel secoua la tête comme pour retrouver ses esprits. Se levant à son tour, il plongea son regard dans celui de Komenor, et sourit.

Ta famille a toujours fait honneur à notre pays, et tes prouesses en terres Sher témoignent de ton habileté à commander. La famille Nils répond donc présente à ton appel. L'Aevenspir est restée dans l'ombre trop longtemps sous l'autorité du Kasper actuel. Je ne puis que remarquer qu'en notre abscence, le pays n'a pas fait honneur à son passé. Il ne tient qu'à nous de réparer celà. Mon épée est à ton service Komenor.

J'espère simplement que le Kasper actuel est aussi.... disposé à abandonner le trône que tu le laisses entendre. L'idée d'une révolte ne me plait pas. Le pays a déjà suffisament souffert de la guerre. Selben devrait être tenu informé, son soutien serait des plus utile...

Akdar haussa les épaules, toujours sur son balcon. La déclaration de Komenor avait eu le mérite de faire oublier aux seigneurs présents la rudesse de sa soeur... C'était déjà ça de pris.

"Wast spzerak kam graiene*, Komenor. Avant de nous demander si nous t'épaulerions en cas de conflit armé, ne veux-tu pas nous expliquer en quoi nous pouvons t'aider à faire tes preuves aux yeux d'Hertmin ? Je suis ton ami, mais ne me demande pas de lever l'épée contre mon peuple, alors que tu pourrais me demander dans le même but de lui faire grand bien."

Akdar s'approcha de la table et se servit à boire.

"...Non pas que je t'accuses de vouloir la guerre, remarque-le bien, mais je pense que tu t'es un peu trop emporté dans ton discours, et que tu nous emmène là trop loin des routes que nous devrions suivre. Me trompe-je ?"

L'ambassadeur buvait tranquillement, à petites gorgées, un air satisfait sur le visage, fixant un à un les seigneurs réunis - tout en évitant le regard de sa soeur.


*Le sang est un puissant poison.

Komenor joingit les mains et reprit.

"Peut-être me suis-je mal exprimé en effet. En aucun cas je ne souhaite la guerre avec Hertmin. Je ne veux pas me battre contre mon propre peuple. Hertmin m'a clairement stipulé, lorsque je l'ai mis au courant de mes ambitions, que la Karsperie reviendrait à celui qui sera soutenu par le plus de seigneurs Aevenspeers.

Je pense ne pas me tromper en effectuant un calcul simple qui, en vous comptant, me propulse largement en tête de ce petite condition. Je suppose qu'Hertmin ne me pensait pas capable d'un tel rassemblement... Bref, là n'est pas la question.

Je le pense homme de parole et apte à respecter sa parole donnée. Mais, dans le cas contaire, je me verrai obligé de réclamer ce qui m'a été du, selon ses propres lois."

Komenor marque une pause.

"Me suivez-vous dans mon raisonnement ?"

Jetant un regard à Akdar, Fowskel ne pu qu'émettre un grognement approbateur en l'entendant s'opposer à l'idée d'une guerre civile. Saisissant une bouteille de vin sur la table il se rempli un verre qu'il vida en quelques secondes. Relevant les yeux vers leur hôte, il parla à son tour :

Le Kasper est un homme bienveillant qui n'a pas commis de fautes graves, même si on peut lui reprocher son inactivité et sa tendance à isoler le territoire du reste de retrahant. Dame Melissandre a soulevé une question interessante en demandant ce que tu comptes apporter à notre peuple Komenor... La courtoisie voudrait que tu commences par lui répondre.

Je ne suis pas opposé à ton accesion au trône, bien au contraîre mon ami ! Mais je pense que tu devrais justifier ce désir et exposer ton point de vue avant de nous demander de t'épauler. Hertmin est un homme de parole et te cédera le trône. Mais dans le cas contraire, je refuse de tirer l'épée pour t'aider à "réclamer ton du"...

"Ai-je jeté la pierre à Hertmin ? Je pense juste qu'il n'est pas capable de nous faire prétendre à plus que ce que nous avons actuellement, et ce peu ne me suffit pas."

Il rebondit sur les mots de Fowskel.

"Ce que je propose ? C'est pourtant simple, tout ce qui n'est pas actuellement. J'ai mis en place des projets économiques et politiques, qui n'attendent qu'à etre appliqués. J'ai soumis ces projets à Hertmin, mais je pense qu'ils n'iront pas plus loin que le papier sur lequel je les ai soumis. Quels sont-ils ?

J'ai établis des plans visant à mettre à dispositions de nos armées des armes d'une qualité exceptionnelle rapidement, de façon à armer nos soldats et permettre une défense efficace de nos terres.

J'ai pensé un système d'agriculture permettant à chacun de disposer de réserves de blés conséquentes en ses murs pour faire face aux crises, tels les famines et les guerres.

J'ai enfin pensé des lois commerciales permettant un développement optimal de chacun de nos frères sur le plan économique."

Komenor regarde désormais Akdar.

"Pour ce qui est de la politique retrane, j'ai mes idées propres, qui sont assez proches de celles de notre ambassadeur, ici présent. Je désire une Aevenspir sans attache et dont la parole peut être digne d'intéret. Or, cela n'est pas le cas actuellement. Ou si peu. Je dispose actuellement de plusieurs contacts pour de possibles contrats mercenariaux. N'est ce pas le comble de voir que notre moyen de survie n'est plus exercé par les notres, mais par des graméens ?"

La demoiselle au loup fut tirée de son immobilisme méditatif par l'entrée d'un nouveau convive.
Quelque peu surprise, visiblement, sa première réaction est de se lever et de se servir un verre de vin. La seconde est de le détailler sans grande retenue tout en portant la coupe à ses lèvres, sirotant deux gorgées du liquide foncé.
Certains ont le sens de la convivialité, d'autres moins. Ou pas du tout.

Mais puisqu'on ne peut pas être éternellement sans voix lors d'une réunion ou chacun est encouragé à faire part de son avis et de ses choix, la brune décide quand à elle de rester discrète et, se déplaçant sans plus de bruits que le froufrou de ses robes autour de ses jambes, elle rejoint l'ambitieux seigneur initiateur de cette pseudo conspiration, profitant de la diversion causée par la question du blond qui n'aura manqué d'attirer l'attention.

Lui frôlant le bras du bout de ses doigts encore gantés malgré la température à présent agréable de la pièce, elle lui fait comprendre d'un bref signe de tête qu'elle désire s'entretenir avec lui de façon un peu plus privée.
Que peut elle bien avoir à dire qu'elle ne lui ait déjà dit lors des précédentes minutes?
Pour le savoir, il faudrait pousser l'indiscrétion, à moins que leur hôte ne refuse l'invitation?