Du haut des murs de pierre noire, un sergent envoya l'un de ses hommes avertir l'Intendant que les Aevenspeers étaient arrivés. Quelques minutes plus tard, la grande porte de fer s'ouvrit dans un bruit sourd et grinçant, laissant sortir une centaine d'épéistes qui se hâtèrent d'encercler la troupe d'étrangers. Les archers se mirent en place sur les murs.
Les précautions de sécurité ayant été prises, un prêtre, drapé dans sa toge noir et pourpre, sortit et se dirigea vers l'homme qui semblait être à la tête du groupe. Il le jaugea, le regardant de la tête aux pieds puis repensa à sa mission et lui dit :
"Mon maître, l'Intendant Haenan m'a chargé de l'organisation de cet échange. Votre Karsper va être amené ici, hors des murs ainsi que vous l'avez demandé. Il sera enchaîné et baillonné, ainsi vous pourrez l'identifier mais vous ne devrez pas vous en approcher ni lui parler. Vous ne devrez pas non plus faire de gestes hostiles ou qui pourraient être mal interprétés. Si vous ne respectez pas ces quelques mesures, je pense que vous savez ce qui pourrait vous arriver."
Le prêtre s'écarta et fit un geste. Une troupe de soldats passa la porte, entourant un homme entravé par d'épaisses chaînes aux chevilles, aux poignets et au cou. L'homme était affublé d'une tunique grisâtre, sale et déchirée par endroits, les trous laissant parfois apercevoir de grandes cicatrices dûes aux mauvais traitements subis dans les marais. L'esclave avait été bien traité ces huit derniers jours mais la fatigue et l'anémie, accumulées depuis des années, n'avaient pas encore quitté son visage.
La troupe d'approcha des émissaires Aevenspeers mais resta à plus de dix mètres de la délégation. On pouvait distinctement voir son visage, malgré le baillon, et il faudrait peu de temps pour que les Aevenspeers puissent reconnaître leur Karsper.
Le prêtre reprit : "Voici l'homme. Est-il celui que vous vouliez voir ?"