L'Empire, et notamment Ephyne, n'avait pas à se plaindre au niveau de la pénurie de ses soldats. Serlon, qui était devenu d'un naturel prudent voire suspicieux, avait gardé quelques lances dans la capitale, au cas où sa campagne dans le comté de Sanilve ne provoque de nouvelles velléités auprès des hauts barons de l'Empire, lesquels n'hésiteraient pas à les renverser, lui et sa maison, s'ils voyaient les garnisons éphynoises vides. Plusieurs de ces princes avaient déjà profité de l'occasion, pensant sûrement Ephyne exsangue. La défaite d'Amaray avait certes porté un sérieux coup aux armées impériales, mais Serlon n'avait pas dit son dernier mot.
Cependant, à l'enlèvement de sa femme, ça, il ne s'y attendait pas. Et la nouvelle le laissa sans voix. Bien avant qu'on ne lui fasse parvenir le message de Sévignac quant à la capture de l'impératrice, ce dernier avait déjà rassemblé une armée pour écraser ce félon et ses sbires du nord. Le combat avait été douloureux, mais ses vassaux en étaient sortis victorieux, protégeant une nouvelle fois Ephyne. Cette attaque, bien que mal préparée car sûrement lancée sur un coup de tête, sur quelques rumeurs à propos des combats lointains qui se déroulait à Sanilve. Mais la capture de l'impératrice, par contre, avait frappé au coeur le vieil empereur, qui craignait, à présent, pour la vie de la mère de ses enfants, les princes et la princesse. Voilà qu'on s'en prenait même à sa famille !
D'abord, il ne crut pas à la nouvelle, pensant que l'impératrice d'Empersiste était déjà loin, accompagnée par les hommes de Nagor pour assister à la communion de son neveu. Pourtant, une centaine de cadavres retrouvés dans le charnier de feu le champ de bataille portaient les couleurs de la vicomtesse de Srytie, et d'après leur allure, c'étaient bien les chevaliers qui avaient pour charge la protection de l'impératrice jusqu'au duché d'Aquilon. Furieux, ensuite nerveux, l'Empereur rugit à ses hommes d'envoyer tous les messagers possible jusqu'à sa belle-soeur, pour savoir si son impériale épouse se trouvait au près d'elle.