Les joueurs, ces gens formidables

Ce qui est merveilleux dans les jeux de rôle, lorsqu'on est un maître de jeu, ce ne sont pas spécialement les histoires pleines de rêves que l'on peut raconter, ni même le récit épique et plein d'action d'une bande d'aventuriers ou encore la satisfaction d'avoir pondu un scénario capable de tenir en haleine une harde de sangliers baveux.

Non, ce qui est fantastique lorsqu'on dirige tel un dieu caché derrière son écran de carton, c'est de voir à quel point nos joueurs chéris sont capables d'atteindre les affres abyssaux de la bêtise humaine (01). En effet, ces personnes réellement adorables en temps normal ont tendance à se croire quelque peu invincibles et invulnérables, ou plus simplement ne prennent pas au sérieux la gravité de la terrible situation qui s'abat sur leurs malheureux avatars imaginaires.

Encore que, parfois, cela peut être imagé de manière bien plus représentative à l'aide d'une jolie figurine et d'un fortuit lâcher de tasse à moitié vide. (02)

L'exemple le plus classique survient lors d'un moment qui apparaît comme important par les personnages (03), comme l'assaut d'un repaire orque particulièrement bien gardé au sein duquel se trouve un trésor que les joueurs convoitent. Bien sûr, il y a différentes approches possibles, que le maître du jeu se doit de considérer pour la bonne continuation de son scénario, mais malgré ses pouvoirs de dieu omniscient dans son univers imaginaire, il ne peut savoir à l'avance ce qui sortira des cerveaux farfelus de ces joyeux gai-lurons assis à sa table (04). Dans le cas présenté plus haut, cela peut très bien aller du classique "on bourre dans l'tas et on chope le trésor" au déconcertant "on se déguise tous en nains et on leur fait un grand coucou avant de détaler vite fait, comme ça il n'y aura plus personne dans le repaire", en passant par l'anecdote qui tue. (05)

Un bon maître de jeu se doit d'anticiper ce genre de comportement, si du moins il tient à la survie de son précieux scénario. Cela s'apprend avec l'expérience, malheureusement, encore que divers traités sur le sujet peuvent vous y préparer mentalement. Mais comme toujours, ce n'est que par la pratique que l'on se forge. Après tout, même la lecture de tous les livres du monde ne vous permet pas de rester de marbre lorsque la joueuse de votre groupe annonce que son personnage se jette dans les bras de son maître bien aimé emprisonné dans une cage d'énergie désintégrante, alors qu'elle est à l'extérieur. (06)

Ceci dit, il faut leur pardonner, car ils ne le font pas tous exprès. Certains sont simplement distraits et n'ont écouté qu'un mot sur deux de ce que le conteur leur décrit, d'autres sont juste un peu trop enthousiastes voire farceurs, et d'autres encore ne se rendent pas compte qu'ils agissent de manière complètement stupide. (07) Il y a évidemment cette petite minorité de joueurs qu'on appelle poliment "les casseurs d'ambiance" ou "les emmerdeurs", qui savent parfaitement que ce qu'ils font est insensé et le font exprès juste pour ennuyer le maître de jeu. Pour ces cas désespérés, l'inévitable et très célèbre Chute de Cathédrale peut donner une solution définitive au problème. (08 )

Aussi, il faut savoir faire preuve de patience et surtout, d'imagination pour essayer de parer à toute éventualité. C'est presque une seconde nature pour tout maître de jeu confirmé, car quelque soit la partie que vous menez, quelque soit l'intelligence de votre groupe de joueurs, et quelque soit le "sérieux" du scénario, vous pouvez être certain qu'à un moment ou un autre, une idée folle (et bien entendu, imprévue) assaille l'un d'entre eux tel le sommeil pour une victime d'une mouche tsé-tsé. Notez, il y a aussi les éclairs de génie qui sauront tout autant vous surprendre (ben oui, c'est rare !), et dans ce cas je vous préconise une séance de sacrifices rituels au dieu Improvisation pour retomber sur vos quatre pattes. (09)

Vous me direz; "Mais il faut être fou pour vouloir faire ça ! C'est une torture en permanence de subir ça sans cesse !". Et je vous répondrais que je n'ai jamais dit qu'être maître de jeu était une affaire facile ! Mais ne vous méprenez pas, je n'échangerais ma place pour rien au monde...car même si mes joueurs sont capables du pire et d'encore plus pire, même si mes scénarios préparés avec amour finissent en queue de poisson détrempé à force de maladresses et de bêtises sans nom, et même s'il a fallu utiliser un néon flashant en couleur lumineuse rose à petits pois blancs pour désigner qui était l'assassin (10), rien ne pourra me faire oublier toutes ces anecdotes savoureuses et, surtout, ces bon moments d'éclats de rire passés ensemble.

Croyez-moi, ça en vaut la peine.


(01) Et même au-delà. A vrai dire, une théorie sur le sujet tend à démontrer que la bêtise humaine n'a pas de limites et que chaque partie de jeu de rôle repousse ces dernières sans cesse, ce qui donne une bonne idée de ce que peut être l'expansion de l'univers - bien que ce soit encore plus effrayant que toute la série des Freddy que l'on regardait avec nos yeux innocents d'adolescent influençable.

(02) Je ne vous conseille pas de le reproduire à la maison, car l'expérience peut être très traumatisante pour la figurine, la tasse, le propriétaire de la figurine et la mère du maître de jeu qui appréciait particulièrement cette tasse en question.

(03) Même s'il s'agit de la traversée d'un salon on ne peut plus banal avec un tableau légèrement mis de travers, détail que le maître de jeu a ajouté parce qu'il trouvait que ça donnait une petite touche sympa.

(04) Je parle des joueurs, hein, et non pas des disciples du Gouda Jovial.

(05) Imaginez la chose la plus stupide qu'un personnage puisse faire dans cette situation, multipliez la par au moins dix mille, et vous avez un aperçu d'une anecdote qui tue.

(06) Il va sans dire que son personnage ne survécut pas à l'étreinte réconfortante des barreaux magiques.

(07) Les joueurs dont les personnages se trouvent près d'un puit sans fond et qui sautent dedans pour voir "si c'est bien le puit qui mène à l'Enfer comme les inscriptions le disent" entrent définitivement dans cette dernière catégorie.

(08 ) Cette technique ancestrale des maîtres de jeu dispose de multiples variantes selon l'univers abordé et la personnalité de celui qui l'invoque. Il n'empêche que la Chute de Cathédrale est universellement reconnue ; elle consiste à faire tomber une cathédrale entière sur la figure (et la sienne uniquement) du personnage offensant, quelque soit l'endroit où il se trouve, avec des conséquences fatales et irréversibles. On l'appelle aussi Courroux du Maître de Jeu Exaspéré.

(09) Rituel qui consiste en...et puis non, je ne vous le décris pas, parce qu'il est tard et que je n'en ai pas envie, nah.

(10) Malgré ses bottes tâchées de sang, le fait qu'il portait la veste de sa victime et la bague qu'il convoitait chez cette dernière à son doigt, et tout ça parce que la petite introduction romancée en début de partie faisait intervenir le réceptionniste de l'hôtel. Comme quoi, l'abus de Columbo peut nuire à la faculté de raisonnement des joueurs.

Citation :

(05) Imaginez la chose la plus stupide qu'un personnage puisse faire dans cette situation, multipliez la par au moins dix mille, et vous avez un aperçu d'une anecdote qui tue.

Perso j'ai été acteur d'une anecdote qui tue... Quele tranche de rigolade. Je n'arrive pas à etre serieux dans un RP, tout les Mj se sont arrachés les cheveux avec moi

Citation :

(05) Imaginez la chose la plus stupide qu'un personnage puisse faire dans cette situation, multipliez la par au moins dix mille, et vous avez un aperçu d'une anecdote qui tue.

halala, la super guerre qu'on avait fait contre une cité a coup de boule de neige. Que de souvenir

que j'aimerais bien avoir un vrai MJ et de vrais joueurs dans mon coin

Mariana, qu'est-ce qui te prend ? Tu commences un post comme si c'était le plus beau troll de Retrahant, et tu finis en pas troll du tout ! Je suis super triste !

Pour ce que tu racontes, t'as pas vraiment tort. Exemple tout bête : les fironkois sont blonds. (Et oui, lisez mon bg !) Et je vois fleurir ça et là des bruns à Fironk. C'est désopilant. Heureusement, à Börm, j'ai monté un chouette salon de coiffure (oui, un salon de coiffure ! Et alors ?) où tout à chachun peut venir se faire teindre en blond.

Et oui, il faut remédier à ces incorruptibles gros nazes qui vous détruisent à coup de lance roquette médiévale votre beau rp. Mais on va y arriver, avec nos petites cuillères d'époque.

Que veux-tu, Warzar, je me fais vieille. Et puis, si j'avais voulu cibler Retrahant, c'était dans la section divers que j'aurais posté ça.

Il faut quand bien même avouer qu'avec l'imagination (trop) débordante de nos amis joueurs, nous avons suffisamment d'histoires drôles pour se réchauffer lors des longues soirées d'hiver au crépuscule de notre vie. Et on dira alors " Ah, qu'est-ce qu'on a pu bien rigoler en ce temps-là !".

C'était la pensée philosophique du jour, merci d'être passé.

En fait, je me pose quelques questions quant à ce que tu penses vraiment de tout ça, des joueurs de Retrahant. Je te sens plus piquante que tu ne le veux paraître. Je me plante peut-être... je n'en sais rien à dire vrai.

En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire, car ma pensée ne doit pas se trouver bien loin de tes écritures.

Bref, je cherche le but de ton topic, et je ne le trouve pas. Tu es bien mystérieuse pour moi.

Les plus grands delires de RP que j'ai pu taper sont sur le jeu Paranoia. Rare sont ceux qui connaissent, car le maitre du jeu doit etre un vrai virtuose, mais si vous en avez l'ocasion, essayez le...

je suis un MJ avec des fous assez simplets


genre "vous etes niveau 1, il y a 15 gob's en face, que faites vous ?" le nain "ON CHARGE TAYOOOOO" ....

Bon, bin ressucitez le nain


Sinon pour le moment on est sur un module Warhammer 40 000 vachement bien foutu.
Et j'ai un joueur cinglé (hypos) qui demande des coups critiques ! (dans ce module un coup critique peut engeandrer la perte d'un membre ou d'un organe ...

Si tu veux des descriptions de coups critiques a mourrir (justement) de rire, prends ce d'In nomine Satanis/Magna Veritas (INS/MV pour les intimes).

Ce sont les mieux que j'ai trouvé!

C'est vrai que INS/MV et Paranoïa sont le genre de jeux où tous ces délires peuvent s'exprimer sans nuire à la partie.

Et il est tout aussi vrai que jamais jamais jamais aucun MJ ne peut prévoir ce que feront les PJ et ça, c'est le bonheur...

Et le coup du panneaux clignotants sur la tête de l'assassin, c'est parfois dingue comment les joueurs n'arrivent pas à capter...
Une belle partie de Chtulhu, seul indice : une lettre en allemand avec un signe étrange dessus. Sur la lettre, je donne quasiment tout : le pourquoi, le où, le quand, le qui. Dans les joueurs, 3 universitaires. Pas un ne pense à aller chercher un prof d'allemand pour faire traduire.
1 flic et un journaliste aussi. Pas un qui fait des recherches dans son organisme sur le signe.

Déjà, la lettre, c'était cadeau parce que les joueurs tournaient en rond.
Il a fallu que je leur mette un PNJ fou qui hurlait sans cesse le nom du gros méchant, pour qu'ils comprennent. Et encore, le John Smith (ouais, j'ai improvisé sur le nom, c'té pa original), ça les a bloqué. Du style : quelqu'un sait ce qu'est un Djoneusmisse ?...

Bref, c'té... bizarre.