La Reprise d'Orcum: II ~ L'Appel
Depuis une semaine maintenant, le tombeau des morts laissait place à la vie. En effet, Masyaf retrouvait sa vitalité, et chaque jour nouveau que Zanaryth créait, rendait ce lieu plus majestueux encore. Lorsque toutes les portes furent rouvertes, c'était comme si Orcum rayonnait de nouveau. Rzanid, depuis ses appartements, demandait souvent à sa garde combien de nouveaux venus s'étaient notés sur les longues listes de papyrus pour faciliter le recensement et pour fournir des habitats le plus rapidement possible. La garde, composée uniquement de femmes, ce qui permettait à chacun de voir la valeur des femmes dans cette cité, aidait bien sûr au maintient de l'ordre dans les différents quartier mais aussi à conduire les nouveaux venus dans les résidences aménagées pour les
arrivants. Le vieil homme avait la folâtre envie de diriger Orcum depuis Masyaf. Ceci était réalisable ? Peut-être bien, si Waldo laissait la place à Brahim et que celui-ci déplacait sa cour dans la grotte aux mille tunnels.
Les marchands se firent plus nombreux à venir et les caravanes de plusieurs milliers de dromadaires n'étaient plus un fait rare. Les demandes de Masyaf étaient telles que les nouvelles habitations ne respectaient pas l'architecture des autres lieux de vie, si bien que souvent, des cavités entières croulaient sous leur propre poids. Rzanid demanda donc à ce que l'on respecte l'habitat tout comme les gens qui vivaient dans ses murs pour leur garantir un niveau de vie des plus corrects. De nombreux Orcumiens devaient s'installer dans les temples en attendant un autre habitat, plus décent.
Et même si les installations n'étaient pas complètes, voire même loin d'être complètes, le régent fit mander douze émissaires qu'il envoya dans les plus grandes oasis pour appeller les Orcumiens à venir à Masyaf afin de se retrouver en communauté. La ville pouvait déjà accueillir trois mille âmes, pourquoi pas plus ? Les plis furent donnés directement aux religieux qui, depuis les tours des temples, criaient l'Appel de Zanaryth et ce, au risque de tout bouleverser. Voici ce qu'il était marqué sur les rouleaux:
"Toi, Fils ou Fille de sang Orcumien, Ndriananaharyth a besoin de toi. Son fils
Ataokolononana va bientôt gouverner notre désert auprès de son père et nous
voulons que tu sois là pour l'aider dans sa lourde tâche. Masyaf est prête à te
recevoir et qu'importe ton rôle dans la vie, tu es Orcumien et c'est ce qui
compte le plus pour ton Dieu car devant lui nous sommes tous égaux, simple
paysan ou Grand Tiram."
Rzanid ne craignait pas une éventuelle attaque venant d'arabites ou de perfides. Ceux-ci seraient simplement écartés de la vie d'Orcum, et finiraient par mourir un jour ou l'autre. Cependant, il avait reçu quelques plis l'informant qu'Arcanum ne l'appréciait guère et prenant peur, souhaiterait la mort du Sage. La réponse de ce dernier envers le capitaine de sa garde fut celle-ci :
"Il ne faut jamais tourner le dos à quelqu'un dont les yeux n'ont plus aucune
lueur de raison ou d'humanité. La vie de celui-ci a été écrite par l'Angach,
d'autant plus si ce n'est pas un des nôtres. Si tu vois des hommes à lui,
informe-m'en et j'agirai en conséquence."
Le vieillard savait qu'il lui était impossible de plaire à tous, mais les arabites devraient s'accommoder de ses façons de gouverner les Orcumiens sous peine de voir les fidèles lutter pour protéger leur terre, leurs bien et leurs droits. Rzanid pouvait aisément passer pour un fanatique mais, malheureusement, défendre son pays au péril de sa vie n'était que du patriotisme.