Arrivage d'esclaves

Bloudalir avait insisté pour assister à l'arrivée des serfs Kandrasiens. Rien n'était plus plaisant à ses yeux que de voir toute cette piétaille s'agiter, devant éxécuter le moindre de ses ordres. Se penchant pour mieux voir la masse, il marmonnait. Seuls les mots "gloire, pouvoir, armée, riche" et bien d'autres du même acabit, pouvaient être entendus.

Il dit plus fort, afin que ses quelques conseillers l'entendent :

"Faîtes-les crever au travail, je ne veux plus qu'un seul de ses gueux soit encore vivant dans 5 ans. Ah! Et imposez-les, je suis persuadé que quelques pièces d'or ou objets précieux sont encore dedans."

Retournant à son point de vue, il admira encore la beauté de la chose. Il ricanait, marmonnait, mais ses conseillers ne s'en étonnaient plus. Depuis qu'il avait décidé d'entraîner une petite armée, qui lui avait rapportée quelques revenus, il était dans un rêve continuel.

"Combien d'armes sortiront par année? dit-il dans une question qui n'attendait pas de réponse. Ahah... Ils crèveront à la tâche, et surveillez-les bien. Je ne veux pas d'évasion, qu'elle soit massive ou minime. Et puis, interdisez la religion Karéenne. C'est la meilleure chose à faire pour calmer ces fanatiques Gaëdiens qui m'harcèlent."

Il repartit à l'intérieur, marmonnant toujours, afin de se détendre devant la grande cheminée, un ménestrel -qu'il payait grassement- lui chantant ses exploits futurs.

La chose avait été très vite... Les gardes débordés, les portes défoncées, les réserves mangées. Oui, décidemment, une masse aussi importante de gens pouvait facilement tuer une dizaine de gardes, que la masse soit Kandrasienne, et les gardes Beilans ne changeait pas la donne.
Les conseillers Beilans, connus pour leur finesse et leur aptitude à réagir de façon adaptée au danger envoyèrent l'armée, qui aussi fine que les conseillers auxquels elle obéissait, tua beaucoup de gueux Kandrasiens. Ce massacre et la promesse d'avoir plus de pain calmèrent les Kandrasiens qui retournèrent joyeusement travailler sous les coups.
Le seul regret que pouvait avoir les Beilans était la perte du blé...

Le seigneur Bloudalir ne sut pratiquement rien de cet épisode, si ce n'est que les serfs lui avaient fait maints remerciements, et qu'il ne fallait pas s'inquiéter des bruits de batailles qui avaient pu le déranger.

Le ménestrel qui put finir son histoire termina sur "Tout est bien dans le meilleur des mondes", phrase que Bloudalir trouvait belle par sa description réaliste des choses.