Un messager arrive, tout de boue vêtu. On pourrait l'identifier comme Graméen, ou venant de Gramée. Mais le messager n'apporte pas une nouvelle de victoire, il vient donc d'autre part.
D'Empersiste pour être précis, où plusieurs milliers de ses compatriotes ont été tués. Il s'est traîné dans la boue, feignant la mort lorsqu'il le fallait. Apportant la nouvelle de la défaite, il en informe tout d'abord un conseiller. Qui en informe un autre, son supérieur, qui en informe un troisième, un des plus proches de Bloudalir.
On sait comme le vieux est fragile en ce moment, il a maigri, et a, à son grand désespoir, commencé à prier. L'âge commence visiblement à l'atteindre.
C'est pourquoi son conseiller décide d'être doux, et d'enrober la nouvelle sous une belle couche de flatteries.
"Monseigneur, ô le plus grand des stratèges, venez donc sur les remparts, on y voit jusqu'à Orgnac! Vos troupes ont remporté de nombreuses victoires sur les infidèles Graméens. On raconte qu'elles en auraient tué plus du triple de leur effectif!"
"Bien, bien, où sont-elles que je les félicite. Apportent-elles des serfs et des bijoux? J'en mérite ma part pour les avoir si vaillamment menées." Le gaillard n'a pas perdu de sa vantardise.
"Elles ont subi quelques pertes, minimes bien entendu ! s’empressa t-il de rajouter devant la mine de Bloudalir. Elles sont restées en Empersiste, pour… sécuriser complètement la zone."
"D’accord, qu’on lève la table, j’ai faim!"
A table, un conseiller, moins fin mais qui connaît la nouvelle en parle comme si Bloudalir connaissait la vérité.
"Eh, on a p’t’et’ tout perdu, mais on a fait pas mal de pertes, pas vrai mon seigneur?"
Etranglements, toux, crachats, le déjeuner ne finit pas et Bloudalir est alité. Les prêtres prédisent une guérison rapide si un don est fait à l’Eglise. Pourtant rien n’y fait, ni offrandes, prières, ni remèdes des charlatans. Bloudalir meurt d’une banale indigestion. Il est alors enterré à Lorelia, dans la cour du château.
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