Ephyne - Le malaise de Retrahant

Les réflexions sont meilleures lorsque l’on marche, la promenade est un excellent outil pour réfléchir. Les pensées et les idées atteignent un degré supérieur lié à la contemplation des paysages défilant devant les yeux de chaque homme. En plus d’apporter mouvement à la construction des idées tel la marche ininterrompue, le temps et la géographie à aussi son influence. Hélas l’homme est un animal faible et il lui faut comme toute chose déclinante du repos, dans ce cas les auberges de passages sont les meilleurs havres de paix pour reprendre ses forces.

Le prêcheur étant un homme comme les autres appréciait lui aussi ce court moment de demi repos parmi le brouhaha des tavernes, les ivres morts, chevaliers de bas étage et autres philosophes. Le prêcheur se nommait ainsi car il apportait à tous sa pensée mais illégalité lié à aucun Dieu. Un homme vivant tel un mendiant, voyageant pieds nus avec de vulgaire toiles sur lui avait acquis la conscience nécessaire pour ce rendre que les Dieux n’étaient que de vulgaire balivernes. Mais ironiquement c’était ces soit disant Dieux qui l’avaient amené à Ephyne : une famille installée depuis plus longtemps que sa chienne de vie avait été détrônée pour des raisons tout aussi comique pour lui.

Ainsi le prêcheur fit son entrée comme à l’accoutumée, aussi présentable qu’un gueux dormant dans une étable et mendiant le première pièce venue. La plupart des personnes présentes, peut être mieux habillées mais aucunement plus nobles que lui, l’en excusait car le connaissant bien et prenant même plaisir à l’écouter divaguer. Après avoir été gracieusement rincé par des âmes charitables le prêcheur se lança dans son discours.

Oyez ! Salutations tout d’abord et pardonnez le vieillard que je suis en m’accordant une petite pièce. Je ne sais pas vraiment ce que je fais ici parce que les déserts orcumiens sont ma foi magnifiques. Ah oui voilà pourquoi je suis revenu, un nouvel intendant siège à Ephyne, la nouvelle. Pour ma part je boirais à sa santé pour l’exploit, puis cracherais en son nom pour le piètre individu qu’il est. Mais je pense qu’il à une longue vie en perspective en cette ville car il est à l’image de Dertil de Crykas et ce peut être plus que son fils si ce vieux croûton en a un. Un vieux morceau en effet, je suis encore plein de vie comparé à ce cadavre ahahahahah.

Et dites moi, à cause de qui le nombre d’âmes en Retrahant à fortement diminué en une seule année ? tout simplement à cause de la folie des hommes, de leur Dieu, voire de leur impuissance. Ce qui s’est passé ? Une méchante famille, ignoble dans ses actes, massacrant frères, femmes et enfants, pillant et massacrant, traître et je ne vais pas me fatiguer à continuer. Ça c’est les Crykas, bwouah je ne vais pas pouvoir dormir ce soir. D’un autre côté entre le gentil monsieur, beau euh en réalité non, grand peut être, fort, entouré de blanc et en accord avec la bonne parole d’un Dieu je sais plus lequel enfin mon père est plus un Dieu que ce machin qu’ils prient toute leur vie. Donc ce grand monsieur pour sauver ses frères, je me demande qui a demandé de l’aide, veux tuer le monstre Crykas. Comme son Dieu est le plus fort il demande l’aide d’un autre peuple qui d’habitude s’amuse dans un autre territoire pour assouvir ses besoins et d’une autre confession pour destituer le Crykas cette vilaine bête sanguinaire. Et les contradictions commencent mais je vais finir mon beau récit d’abord. Alors tout est préparé le héros pieux à traité avec ses ennemis de religion sans aucun scrupule puis au moment du siège il se retourne contre ses alliés et remporte toute la gloire, c’est tout à fait normal puisque c’est le gentil de mon histoire.

Mais finit le récit, et il n’y a jamais de héros dans mes histoires. Commençons par le méchant, aucun doute qu’à l’agonie il a mendié un sursis, je crois même qu’un lui a fait un procès elle est bien bonne celle-là : « Vous êtes jugé pour vos actes, vous ne pouvez pas vous défendre, vous êtes déjà condamné à mort ». Et par là on en arrive au gentil. Celui-là il me plait. Je traiterais les pauvres kandrasiens en derniers ils en ont assez pris comme ça. Alors le gentil plein de bonnes paroles connaissant sa religion mieux que personne, c’est-à-dire sa religion personnel plein de lui-même décide d’une main de fer qu’il faut renverser le Crykas. Mais être un gentil ne veux pas dire être fort alors ce dernier a rampé devant la plus grande force de Retrahant pour implorer à l’aide comme un mioche chez sa maman. Je pense que les kandrasiens en bons sportifs appréciant la chasse ont accepté et ils ont bien raison. Mais par la suite ce gentil sous l’influence d’autres personnes cela ne fait aucun doute changea sa position et en profita pour tuer ses alliés et en même temps devenir comme les Crykas si c’est pas hilarant. Et puis la morale de l’histoire c’est que le Seldin ou le Selden à fait ses preuves pour mériter Ephyne en bon tyran et manipulateur.

Bref aucun doute que ce bon monsieur à mérité sa place, à côté les kandrasiens ce sont fait avoir par la belle famille des Crykas spirituelle soit le nouvelle intendant et dommage pour eux car ils sont aussi stupides que les deux protagonistes de mon histoire : dans tous ces territoires deux religions et nombre de vulgaires sectes ou officiellement de bons ordres au service des rois comme des chiens pullulent. Ainsi donc la religion ne mènera aucun homme vers le bonheur, ils perdront leur famille, leurs amis, et pour finir leur vie. Mais tout ça ma donné soif et comme je sais que je vous ai diverti vous allez me payer à boire mes bons amis.

Un habitué du comptoir, fidèle parmi les fidèles des liqueurs versées au gré des humeurs des clients huma avec la nonchalance d'un ivrogne chronique la mixture qu'on avait eu la délicatesse de lui faire payer. Il s'adossait contre un pilier ne parvenant guère à maîtriser les tremblements de sa main, tout à sa peine de juguler ceux de son esprit. Levant son verre bien haut dans la poussière du plafond, il noya une araignée du matin et hurla son chagrin sur un air gai d'ivrogne décati.

"Patron, versez lui ce qu'il demande, il me donne encore plus envie de me vautrer dans mes lamentations. On ne comprend rien à ce qu'il dit si ce n'est qu'ils sont tous pourris là haut et que plus ils sont pieux plus ils aiment vous en enfoncer dans votre sieur."

Il se mit à rire lui-même de son jeu de mots et s'empressa de s'approcher du vieillard pour échanger avec lui son haleine.

"Tous des pourris d'après toi, vieux prêcheur. Tu serais capable de me donner envie de boire encore plus pour oublier. Ma seule peur est d'oublier d'arrêter, que nos sacrés dieux s'ils existent m'en gardent. Qui es-tu pour connaître autant de choses ? Un homme perdu que nul n'a pris la peine de rechercher ? Un charlatan solitaire sorcier à ses heures perdues ?

Que les grands se battent entre eux pour leurs putains, je m'en moque cela ne changera guère à mon état. Oh vous autres, vous n'êtes pas contents que ces kandrasiens aient mangé la poussière ? Pareil pour le bon vieux Thomas, hein ? On en a déjà eu deux sur trois à s'entretuer entre eux. Je gage que le dernier bon vieux héros Selden se trouvera une bonne raison d'aller se faire pendre en croisade pour Gaed. Nul doute que les siens soient déjà en route pour l'enfer, kandrasie Aevenspir ou je ne sais quel terre inconnue au loin où la bière coule à flots et où les malheureux comme nous boivent à la santé de leurs maîtres.

A la santé de l'Archevêque et à celle de l'autre Itoria !"

Il s'affaissa alors comme une masse et on le repoussa du pied dans un coin de la salle où ses ronflements ne troubleraient pas trop la quiétude toute relative des lieux.

Déjà endormi, dommage. Mais je ne vais pas me perdre dans mes pensées et vais au contraire les exprimer tout haut. Malheureusement ayant à faire face à un ivrogne je me dois d’employer un ton plus strict car voyez vous le problème avec ces individus c’est qu’ils associent les hommes à leur tempérament. Aussi ai-je fait l’erreur de plaisanter que ce gueux déforme toutes mes paroles dans les grandes lignes. Mais je tiens tout d’abord à le remercier pour son verre même si à cause du dégoût qu’il me donne je ne prendrais point de liqueur.

La différence avec lui c’est que je n’ai pas besoin de m’enivrer pour oublier une quelconque vie ratée et m’apitoyer sur mon sort. Non même si au premier abord je peux paraître comme un saltimbanque je suis cultivé, suffisamment pour ne pas noyer ma vie dans l’alcool. Voyez vous il ne comprend rien de mes dires mais saisi l’idée principale, je vais alors accorder ceci à l’alcool. Et qu’il ne dise pas que je lui donne encore plus envie de boire, excuse facile pour ne pas culpabiliser ceci est. Cet homme est un faible aliéné par la boisson tel un disciple envers un Dieu, et doté d’une haleine de chien.

Pour connaître autant de chose je n’ai pas passer un quart de ma vie en de tels lieux déjà mon ami. Non j’ai voyagé pour m’instruire et réfléchir, en tout royaume n’étant point stopper par la religion, vulgaire obstacle. Un homme perdu ? Cela te va à ravir, en effet c’est toi la bête sans repère au pire avec ta bouteille ta seule amie. Je suis encore moins un charlatan parce que je ne souhaite convaincre et persuader personne, ouvrir les yeux tout au plus. Les religieux t’offrent le choix et il est beaucoup plus simple : tu deviens esclave ou tu meurt. Alors quitte cette taverne « à tes heures perdues » et fait quelque chose de ta vie.

D’après moi, non ce ne sont pas tous des pourris, certains hommes illustres se sont démarqués mais par le passé, de nos jours plus aucun homme n’est doté de charisme ni d’une quelconque grâce. Mais je vais me limiter au cas de cette cité qui est au centre de toutes les envies. Tout d’abord rien ne permettra de changer ton état à part une réaction de ta part. Je perçoit dans ta dernière intervention que ta sympathie va au nouvel intendant, ainsi ne saurais-tu pas penser par toi-même sans louer qui que se soit ? Non je ne suis pas content que les kandrasiens aient été trahis, car au-delà des définitions ce sont des hommes et peut être plus que toi. Le vieux Thomas comme tu dit lui est mort bien jeune.

Quant à l’homme pathétique dont tu es l’esclave tu ne te trompe point, il finira perverti comme tous. Aucun doute qu’il commence déjà à fomenter des plans pour renverser les hommes qui ne le soutiennent pas et poser des hypothèses contre tout homme ne lui répondant pas comme il le souhaite, car même si dans un premier temps il va laisser passer les exclamations à son encontre , et il va en avoir beaucoup, ou même nombre de déclarations tièdes à son encontre, par la suite il ne demandera que la mort de tous ces hommes et leur soumission rien que pour rester dans cette ville face à laquelle les cités de territoires comme la Kandrasie ou Orcum n’ont rien à envier tant elles resplendissent par leur singularité et leur originalité.

Mais ton homme n’a pas à être blâmé, car tous les autres avant lui ont fait de même mais derrière tout ceci ou plutôt en dessous les misérables comme toi sont écrasés et pour arriver quoi de mieux que le mystique comme légitimité ? Sérénité, disparition des sentiments d’orgueil, de honte, de la crainte de la mort, dissolution du moi dans une immensité au-delà de l’espace et du temps, conviction que tout est bien en dépit de l’omniprésence du mal. Tel est le climat général du discours du mystique.