Aevenspir - L'auberge du Loup Troglodyte

La petite ville de Mauloup, presque intégralement troglodyte, est dotée d'une taverne bien singulière: extension du grand hall servant aux banquets, aux réunions et aux audiences, elle est l'un des rares "bâtiments" pourvus d'un accès externe. En fait, plutôt une terrasse ou le patron cultive tant bien que mal quelques légumes entre deux tables de pierre.
Le sol de roche aplani et patiné est couvert de paille fraîche régulièrement changé, les chaises sculptées de motifs et de torsades simples ont pour la plupart des coussins de lin pour épargner les fragiles fondements d'éventuels étrangers ou des ancêtres locaux. Enfin, mis à part quelques rares meurtrières creusées vers l'extérieur, toutes les entrées et fenêtres sont hermétiquement closes par d'épaisses tentures de couleur beige unie, afin que la grande pièce aux formes irrégulières puisse conserver sa chaleur, en grande partie produite par un feu de cheminée crépitant dont l'existence est rendue possible par la finesse toute relative de la paroi montagneuse à cet endroit de la citée.
L'ensemble fournit une atmosphère de simplicité chaleureuse et rassurante quoi qu'assez humble.
... Et le fumet qui s'échappe des cuisines semble promettre bien des choses.

C'est dans ce cadre qu'entre une jeune femme de mise discrète et de taille menue.
Fine, sa peau est pâle et ses longs cheveux noirs ondulés sont retenus sur sa nuque par une broche d'argent représentant l'esprit protecteur titulaire du village, enroulé autour d'un loup stylisé. En effet, entre à sa suite un grand loup blanc, un jeune adulte à la démarche calme d'une bête qui aurait été habitué dès tout petit à la présence des hommes.

Un bref signe de tête suffit pour saluer le tavernier, et la demoiselle va s'asseoir d'une démarche gracieuse quoi qu'indolente à la meilleure place: une table ronde agréablement chauffée par la cheminée.
La proximité des flammes lui permet de retirer ses longs gants de peau et sa cape doublée de fourrure brune, révélant une robe simple et épaisse, en laine, qui ne dévoile presque rien de ses formes délicates, pendant que le personnel s'active à lui apporter un repas de pain au blé complet et de miel des montagnes, de fromage et de venaison en sauce, ainsi qu'un pichet de la boisson locale: du lait de chèvre mélangé à de l'alcool distillé à base de fleurs des montagnes.

Une fois installée devant son assiette fumante et la miche encore tiède, la brune à la peau de neige tend sa main droite ornée d'une chevalière trop grande pour elle, afin de caresser le crâne du grand canidé qui s'assied alors à ses cotés.
Commençant ensuite à se restaurer, seule et dans un silence plein de dignité, quoi qu'un peu mélancolique, elle ne paraît pas prêter grande attention à ce qui l'entoure.

Une petite troupe vint déranger la paisible annexe. Un groupe d'hommes tous plus encapuchonnés les uns que les autres s'étaient introduits avec précipitation dans la pièce par la porte donnant sur l'extérieur. La plupart d'entre eux se plaignaient en priant Gaed pour que les prochains sentiers soient entretenus et que les nuits soient moins froides et tous grelottaient. Cela s'expliquait par le fait que leurs pieds, au contraire du reste de leur corps, qui était recouvert de plusieurs couches de peaux et de tissus, ne disposaient que de chaussures peu adaptées à l'environnement. C'étaient des sortes de pantoufles d'hiver affectionnées dans les pays du Sud, et non pas les lourdes bottes de fourrure que les Aevenspeers mettaient en hiver.

L'un d'eux - un homme plus chanceux ou plus expérimenté, si on en croyait ses bottines - cria alors à l'un des serviteurs :
"Spe' ! Mina Ekenrak ja sap hase vensder ! Sina uhaar git easteri illism da ! S'n'seerzrak !" (ndla : "J'ai faim, j'ai froid, garçon ! Rapporte-nous de la bouffe, allez bouge-toi !")
Puis il alla s'installer près du feu, non loin de la jeune femme. Les plus jeunes de la troupe laissaient les sièges les plus agréables aux vieillards, qui continuaient pour leur part à prier silencieusement leur dieu, et allaient s'installer par terre, au plus près du feu, transis par le froid et la durée de leur voyage.
La nourriture ne traîna pas, et, contraints de préserver un minimum leur dignité, ceux qui s'étaient assis à même le foin durent se lever et s'écarter du feu pour prendre leur dîner. Celui qui avait ordonné au garçon d'apporter la nourriture dissertait avec un quelques hommes à l'aspect différent. Ils étaient plus grands que le reste de la cotterie, et leurs longs cheveux blonds tombaient sur les épaules (voire les bras pour certains) des hommes à la mine sévère. La discussion terminée, le polyglotte se tourna vers Mélissandre et s'installa à côté d'elle, toujours enrubanné dans ses fourrures.

"Taxeele, teri wen, sina wue emperspeer ?" (ndla : Salut à toi, jeune fille, parlerais-tu l'empersois ?), s'enquit-il.

Rapidement envahie d'hommes fourbus, dans la salle de pierre règne à présent une vie bruyante et agitée, humide et grelottante peu commune à cette heure de la journée.
De déserte, la taverne avait vu arriver une vague d'étrangers à capuche, précédant sans nul doute l'habituelle clientelle de villageois qui viendraient sous peu se sustenter.
Le tavernier, un homme relativement petit mais trapu, poilu et musclé comme un ours, regarde ces étrangers d'un air de méfiance mêlé à celui, commun à tous les aubergistes du monde, qui se demande si son tiroir caisse aura bel et bien un extra à la fin de la soirée, par rapport à un ordinaire presque coutumier.

La demoiselle quand à elle n'a pas bougé ni montré de signe particulier d'inquiétude face à cette invasion. Pour quelque raison que ce soit, elle observe les hommes s'installer d'un air placide, sans même cesser de se restaurer.
Cependant, lorsque l'homme mûr vient prendre sa place à sa table avec aussi peu de courtoisie qu'elle en a démontré jusqu'à présent, la femme tourne la tête vers lui, lentement, afin de l'observer sans grande retenue.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que son sens des convenances est assez particulier. Bah, sans doute vient elle d'une des nombreuses familles de ce trou à rat, et n'a elle pas l'habitude de côtoyer des gens venus de l'extérieur de ses cavernes.

Comme pour confirmer ce que ces quelques indices comportementaux avaient laissé présager, la jeune femme hausse un fin sourcil noir lorsque son voisin prend la parole et hoche lentement la tête, à nouveau, avant de replacer derrière une oreille une mèche qui s'était échappée pour venir chatouiller sa machoire.
Par contre, comme on pouvait s'y attendre, la damoiselle n'est pas des plus locaces, et n'a visiblement pas l'habitude de parler le langage commun. Sa voix pourtant relativement agréable et basse, comme si le granit pouvait posséder quelque douceur, concerverait sans doute quelques accents de sa langue natale impossibles à dissimuler si elle avait dû s'exprimer plus avant:

Oui. Un peu.

Posant ses couverts sur le rebord de son assiette avec des gestes gracieux à la lenteur calculée, la montagnarde caresse lentement son compagnon à fourrure qui s'était mit à gronder de plus en plus fort, les oreilles rabattues en arrière, depuis que l'homme à cape était venu s'imposer aux cotés de sa maîtresse. L'odeur étrange de cet invité inattendu inspirant visiblement à l'animal une défiance somme toute parfaitement naturelle.
Le contraste saisissant entre la bête et sa compagne humaine s'approfondit lorsque celle ci décide de rompre sa miche de pain encore intouchée et d'en tendre la moitié à son voisin de table.
L'aubergiste se détend alors visiblement et envoi ses employés servir les nouveaux venus en viande, féculents et alcool fort local pour leur réchauffer les entrailles comme il se doit après leur périple visiblement éprouvant.

La compagnie n'avait pas aperçu le loup, trop contents de retrouver un lieu où la chaleur régnait (relativement). Lorsque le grognement se fit entendre, beaucoup crièrent ou reculèrent brusquement, certains tombant dans la paille avec maladresse. Warric aussi eut un sursaut de peur puis se souvint que certains loups n'étaient pas si sauvages que ça, surtout quand on les retrouvait à côté d'une jeune vierge dans une auberge aevenspeer. Il se reprit donc et fixa un instant la jouvencelle, rassuré.

"Faavrak ! mina gsaak speer kansa ekca Eskadner. Amiz, teri kmar saafe teri maager. Teidat ealp minein." (ndla : Excellent. je mène les miens à Eskadner. Cependant, ils doutent du chemin que je leur conseille de suivre. Aide-moi à les persuader.)
"Au fait, je me prénomme Warric. Qui es-tu, jeune fille ? Connais-tu l'Eksper de cette cité et sais-tu s'il nous offrirait le gîte jusqu'à demain ? (Il se tourna vers la foule qui était arrivée avec lui et cria.) Laetius, seigneur Laetius ! Rejoignez-moi donc, que nous discutions de notre itinéraire !"

Un jeune homme richement paré, au vu de ses fourrures d'un blanc de neige et du collier d'or qu'il portait au dessus de toutes ses peaux, bouscula quelques gueux pour les rejoindre, suivi d'un homme maigre et à l'air anxieux, certainement une de ses âmes damnées.

Ses grands yeux bleus posés impudiquement sur l'étranger, la jeune villageoise attend que tout un chacun se soit calmé, loup comprit, avant de répondre à la question posée de cette même voix chaude et calme, bien qu'on ne puisse effectivement pas douter de ses origines à sa façon de prononcer certaines syllabes.
En tout cas, pour toute étrange -voir frustre- que puisse paraître sa conduite, elle se donne la peine de répondre dans un langage compréhensible de tous.

Je m'appelle Mélissandre.
Notre Eksper accepte habituellement d'abriter toute personne qui vient en ces lieux avec calme et respect. Bien sur, il est aussi conseillé de demander à l'esprit du village s'il accepte d'étendre sa protection sur vous et vos hommes, pour le temps de votre séjour... Avec une juste offrande, cela va sans dire.
On a rien sans rien en ce bas monde... et c'est de toute façon plus sûr pour la suite de votre périple. La montagne est parfois capricieuse.

En fait, la demoiselle doit être relativement humble, puisque sa maîtrise de la langue commune n'est pas si mauvaise que sa précédente et succincte réponse aurait pu le laisser présager. En tout cas, vu les conditions climatiques et le décors, si ses hommes sont superstitieux, ils savent ce qui leur reste à faire. Sinon, eh bien, ils pourront toujours prier leur propre divinité une fois au fond du gouffre, sans nul doute...

Observant une courte pause dans son discours, le temps de tendre ses longs doigts fins vers sa coupe pour s'en saisir délicatement et la porter à ses lèvres pâles, la femme au loup a visiblement décidé de s'humecter la gorge avec le breuvage fortement parfumé.
Le temps de quelques gorgées, ses yeux mi-clos d'aise prennent quelques reflets violacés à l'ombre de ses cils noirs, et lorsqu'elle décide enfin de poursuivre, son sourire jusqu'alors plus que discret se fait un peu plus visible, et dans ses prunelles brille une lueur indéfinissable.

Mais puisque je parlais à l'instant d'équilibre entre demande et don, c'est aussi le cas pour les mortels: mon prix pour obtenir un itinéraire de voyage fiable ce sont vos raisons pour vouloir atteindre cette destination.
Vous comprendrez ma curiosité, j'en suis certaine, autant que la valeur pour mon peuple des chemins les plus surs en ces coins reculés et -dois je le préciser?- fortement fournis en crevasses et congères, entre deux précipices.
Mais vous aviez dores et déjà dû le remarquer...

A présent cependant, est venu le temps d'observer l'avance du compagnon que le dénommé Warric venait juste d'interpeller afin qu'ils se joignent à eux, sans pour autant demander à sa voisine, et le tavernier autant que la bête gardienne de la jouvencelle voient visiblement ça d'un sale oeil. Ce dernier, du reste, se remet à gronder sourdement, se levant pour se retrancher au plus près de sa maîtresse.
Sans doute n'a il pas l'habitude d'autant de mâles dans sa proximité...

L'ami de ta femme Nombre de messages : 139 Date d'inscription : 29/09/2007

Laetius, depuis son - relatif - exil et sa non accession à la charge d'intendant du Ciran, s'ennuyait ferme. Bien qu'étant un courtisan actif de Beila et de la cour patronale, il n'arrivait plus à retrouver cette passion qui avait fait sa force au parlement d'Halrek comme sur le champ de bataille. Il s'ennuyait, en somme.
Aussi, lorsque Warric, le cuisinier de Daekarn I - et accessoirement grand archevêque du Beilan -, lui avait proposé un voyage hasardeux et exotique dans une région reculée du monde gaedien, peuplée de sauvages et d'animaux féroces, il l'écouta avec d'autant plus de curiosité. Il avait vendu son affaire, le vieux Warric, avec ses hordes de barbares, ses cités souterraines et ses dragons légendaires. Il avait parlé de la compagnie de plusieurs farouches mercenaires fironkois et de la rencontre de nombreux hommes aussi brusques et forts que ces derniers-là, mais il s'était, bien sûr, gardé de parler du froid saisissant, des moines geignards et vétillards, des sentiers de bergers gelés sis au dessus d'un gouffre sans fond qui composeraient le décors de cette soi-disant glorieuse expédition. Laetius s'était donc fait embobiner. Comme un bleu. Il s'était laissé mystifier par ce masque de gentil vieillard amateur de tisanes que Warric savait si bien prendre.

A présent, et après deux semaines d'un voyage éreintant et morne, il se retrouvait là, avec une assemblée hétéroclite composée de mercenaires de Fironk, de prêtres beilanais, de quelques parents, de paysans de la région et, petit plus, d'un vieux prêtre d'Elbre dissertant dans un dialecte infect avec une jeune pucelle ma foi fort mignonne. Le seigneur déchanta rapidement lorsqu'il vit qu'un énorme loup lui servait de voisin, et que Warric lui demanda de s'approcher.

Comble du comble, il était persuadé que le vieillard était perdu, confondu par de vieilles cartes certainement rendues obsolètes après un éboulement ou une avalanche. Grommelant quelques hypothèses sur le lien étroit qui pouvait unir le loup et la pucelle à son cousin - qui le suivait prudemment -, le seigneur s'approcha à pas de loup de la table où siégeaient Warric. Il salua grâcieusement la jeune femme mais resta debout.
"Alors, Warric, cette demoiselle vous a-t-elle détrompé quant à notre trajectoire ? Je vous avais bien dit de vous fier à mes yeux, qui sont plus jeunes que vos vénérables - mais usés - iris !"

"Mina err heerawrak Scirjii. He doreex beilaspeer slitzee ja Aalmek wast faavrak meiden da." (ndla : Beaucoup d'offrandes, ils nous seront favorables, les p'tits oiseaux cuicui, etc., etc.)

"Dame, si je me trouve ici, c'est parce qu'il me faut mener les prêtres que vous voyez là. (Il désigne le ramassi d'hommes frigorifiés qui se trouve dans l'auerge d'un geste du bras.) Ils doivent investir la cathédrale d'Eskadner et préparer l'arrivée de leurs frères. Etant un grand prêtre de Gaed en mon pays, et connaissant bien votre pays, on m'a chargé de les amener à bon port rapidement et sans perte."

Il se tut un instant, non pas pour attendre la réponse de la jeune femme, mais pour se souvenir ce que lui rappelait le nom de Mélissandre. Il avait entendu parler d'une femme qui avait repris une seigneurie aevenspeer il y a peu. Cela faisait toujorus du bruit, car les femmes commandant étaient rares en Aevenspir, comme dans le reste de Retrahant, d'ailleurs. Ce ne pouvait cependant être elle. L'Ekspa Mélissandre devait se trouver en sa cour à l'heure qu'il est, bordé d'une volée de courtisans et autres généraux. Or cette jeune femme ressemblait plus à une femme du peuple attendant que son mari ou son père sortent de la mine pour lui offrir son attention et la nourriture, ou à une Askemet faisant voyage, même si elle n'avait ni panier garni de nourriture, ni instrument visible. Son habillement n'était d'ailleurs pas fait pour le voyage. Elle n'était donc pas une Askemet. Et, d'après son loup, elle n'était pas une Aevenspeer ordinaire. Etrange.

"Mais vous, damoiselle, que faites-vous ici, à cette heure ? Vivez-vous dans cette cité ?"

Nombre de messages : 48 Date d'inscription : 15/03/2007

Un homme, d'une carure des plus ordinaires dans cette région avec une grande cape aux couleurs blanche et rouges, buvait tranquillement l'un de ces alcool si répandus en Aevenspir. Il se trouvait à une table, non loin de la ravissante Aevenspeer et de son loup. Jusqu'à présent il ne fit pas attention à cette demoiselle, il était bien trop occupé à finir ces verres.

Il appela le tavernier pour qu'il lui serve une énième tournée quand il s'arrêta brusquement aux dires des étrangers entourant la jeune femme. " Eskadner ", notre homme connaît très bien la capitale, ainsi que tout les recoins de cette régions impénétrable et sombre pour des étrangers comme ceux présent en cette salle où raignait une odeure des plus noséabondes.

Il se leva brusquement de sa chaise et bouscula grand nombre d'hommes présents sur son chemin qui sous l'effet des multiples verres s'était considérablement allongé !
Notre homme interpella l'étranger d'une tape sur l'épaule et prit la parole, il avait bien du mal à parler et à rester debout :

Bien à toi mon ami,
Si j'me trompe, t'veux conduir ses hommes là à Eskadner ? Dans la Cathédrale Saint Péthyr ?! Le bonheur vous sourit, j'suis vot' homme ! J'connais ces montagnes comme ma poche et j'viens tout juste d'arriver d'Eskadner où mon seigneur m'a d'mandé de venir ici pour que j'le laisse en paix, selon lui j'suis : une entrave. J'voi pas en quoi j'peux bien le gêner moi. Enfin bref, j'peux vous conduire de suite si vous voulez. Mais avant laissez moi r'prendre un p'ti verre, j'en ai b'soin

Oui. J'y suis née, comme vous devez vous en douter. Et je me restaure tout simplement parce que j'avais grand faim, après un jeun prolongé.

Pas d'autre précision ni d'explication particulière. Peut être la demoiselle ne voulait elle pas s'étendre sur sa vie privée ni son identité, à moins qu'elle ne désire se préserver de la trop grande attention d'un autre homme face à un mari jaloux?
Pour ce que vous en savez, c'est peut être le tavernier, qui regarde la tablée avec de plus en plus d'attention, ses épais sourcils froncés.

De plus j'aime le calme qui règne habituellement céan à ces heures, et les flammes envoûtantes de l'âtre qui sont relativement rares par chez nous. Lorsque l'on vit sous la montagne, il est toujours délicat d'y faire du feu.
Pour finir, je ne me lasse pas d'une petite digestion méditative sur le balcon de cet établissement: le panorama grandiose me rappelle combien nous, humains, sommes éphémères et vains comparés à la majesté des montagnes et à la pureté de la neige.
Alors... votre curiosité est elle rassasiée?

Sur quoi elle adresse à son interlocuteur un sourire cette fois presque aimable, avant de tremper à nouveau ses lèvres dans le breuvage à peine plus pâle que son épiderme délicat, et tandis qu'elle observe tout à tour les deux hommes, frôlant du bout des doigts l'épaisse fourrure de son gardien afin qu'il ne se montre pas agressif outre mesure, les serviteurs s'activent à débarrasser les derniers reliquats de son repas qu'elle a de toute évidence finit, ne lui laissant que sa coupe rapidement remplie à nouveau par un serveur empressé qui a disparut aussi vite qu'il est venu.

Ah... C'est donc qu'elle a un minimum d'importance. Une bourgeoise excentrique habituée des lieux, peut être, que le patron tolère tant qu'elle poursuit ses payements rubis sur l'ongle? Une damoiselle à la fortune nouvelle qui vient s'acoquiner, durant ses nombreuses heures de désoeuvrement?
De toute évidence, son corps fin et sa peau lisse ne sont pas ceux d'une roturière, tout autant qu'elle n'a pas du s'exposer souvent aux rayons de l'astre solaire depuis sa petite enfance.

Autre indice, en plus du canidé visiblement bien dressé qui lui sert de chaperon, la broche qui retient son épaisse chevelure de nuit semble à la fois ouvragée, et ancienne, d'une conception qui ne laisse aucun doute sur sa valeur.
Pour autant, c'est sans conteste la seule chose qui sorte réellement de l'ordinaire dans sa tenue, mis à part peut être la qualité de sa cape, épaisse, que ne doivent pas pouvoir s'offrir le commun des petites gens du pays qui, il est facile de se le rappeler, utilisent plutôt un procédé goudronneux afin d'isoler les étoffes dont ils se ceignent les épaules pour s'isoler du froid.

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 14/10/2007

La porte de l'auberge s'ouvrit en grinçant tandis que le vent s'engouffrait dans la bâtisse. Un groupe de six hommes emmitouflés dans d'étranges fourrures entrèrent. Une large épée frottait les cuissards de ces hommes, et ils avaient tous les traits du visage tirés par le froid. L'un deux, un grand gaillard, cria de bon coeur :

« Vensder afaase Aevenspir ! Keel Sher, amiz kaadees ! »
*Rien ne vaut le froid du pays ! C'est pareil qu'en Sher, mais ça manque, quand même !

Les cinq autres affirmèrent sans hésitation. Tandis qu'ils enlevaient rapidement la neige qui reposaient sur les mantelets, l'un d'eux s'approcha de l'aubergiste, tandis que les autres, une fois leurs bottes cognées sur le sol, s'attablaient et prenaient leurs aises.

"Patron, six liqueurs, et une dame pour les servir !" dit-il en riant, tout en frappant sur la comptoir.

"La douce compagnie des dames du pays nous a tellement manqué. Sinon l'ami, comment s'appelle le seigneur de cette bourgade ? J'ai ordre de le rencontrer, au nom de mon seigneur, l'Ewsper Komenor de Kawsr."

Les hommes d’armes de la famille du Kawsr revenaient d’un long voyage en terres Sher, ou, durant des années, elles servirent sans distinction aucune les familles Maakan et Arkspel dans leur lutte de pouvoir pour le continent gelé…

Voyant la bourgeoise (ce ne pouvait en être autrement, au vu de sa situation d'oisive) détourner la conversation, il se tourna vers le reste de l'environnement. Un ivrogne semblait lui parler de sa disgrâce et de sa capacité à faire ce que n'importe quel bucheron saurait faire. Et ce qu'il devait faire, en l'occurence.
Warric réfléchit un instant, puis conclut qu'un homme de la suite du Karsper serait toujours bon à prendre et qu'avec quelques produits de sa confection, il parlerait facilement des petits tracas du roi aevenspeer, ce qui contenterait grandement Daekarn, une fois qu'il entendrait son rapport sur l'Aevenspir.

Il allait prendre la parole lorsqu'apparurent dans l'embrasure de la porte une demi-douzaine de pendards à la solde d'il ne savait quel Eksper de la région. Ils faisaient grand-bruit, et cela fit plaisir à Laetius comme à Warric. L'un car il découvrait enfin les hommes d'armes d'Aevenspir, tapageurs et dotés de leur long manteau, l'autre parce qu'il pourrait se servir de cette entrée inattendue pour éviter le contact avec ses deux précédents vis-à-vis. Bientôt l'auberge s'emplirait, et la communication ne sera plus à l'ordre du jour. Il patienta donc tranquillement, attendant la suite.

Le patron, rudement plus accueillant et confiant envers les hommes du pays, distribue dores et déjà des ordres et s'approche de l'envoyé de l'Ewsper Komenor de Kawsr pour le tenir informé des horaires d'audience, en privé.
La seule jeune femme de la pièce, quand à elle, préfère sans doute ne pas courir le risque de se faire confondre avec une serveuse -qui peut prévoir un éventuelle dérapage dans les manières d'une tripotée d'hommes d'armes saouls comme des cochons?-, se lève gracieusement, et se dirige discrètement vers le balcon isolé du reste de la salle par une épaisse tenture. Au calme, protégée du froid par le grand manteau de fourrure qui retrouve bientôt sa place sur ses épaules.

L'ami de ta femme Nombre de messages : 139 Date d'inscription : 29/09/2007

Laetius quant à lui profita de l'agitation pour rejoindre sur le balcon la jeune femme. Bien qu'il avait peur du loup de la demoiselle, il n'osait avouer au reste de la troupe que ses innombrables fourrures combinés à la chaleur de la pièce rendaient insoutenables ce feu qui le brûlait comme le froid le glaçait. L'Aevenspir ne devait pas être un pays fait pour lui, et il lui tardait de retrouver les rues d'eau de Beila ainsi que le vin du Ciran. Il s'approcha donc de la douce jouvencelle et, d'une voix assurée (quoiqu'un peu forte), il déclama un vers romantique d'un poète empersois mort et connu.

"Dites-moi donc, gente damoiselle, sommes-nous encore loin d'Eskadner ? Le froid et le manque de locaux dignes de ce nom indisposent tous mes compagnons, et nous espérons prendre un vrai bain chaud prochainement."

Certifié non conforme Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 23/10/2007

Prenant ses aises, l'un des soudards de la famille du Kawsr ne pu s'empêcher un hochement de tête approbateur en regardant la jeune femme quitter la salle. Avalant une lampée de bière, il s'amusa, lui et ses compagnons, du triste état des prêtres étrangers massés autour du feu. Car il ne faisait aucun doute qu'il s'agissait d'étrangers, au vu de leurs vétements pour le moins.... Innapropriés. Levant sa chope, l'homme d'arme s'exclama d'une voix rauque :

"Quoi de mieux que l'alcool Aevenspeer pour se réchauffer les entrailles ?! Je crois que c'est ce qui manquait le plus lors de nos campagnes en terres Sher ! Compagnons, trinquons à notre retour au pays !"

Jetant un regard au vieil homme que la jeune femme venait de laisser en compagnie d'un ivrogne, le soldat se tourna vers lui :

"Joignez-vous donc à nous étranger, suivre les conseils d'un homme saoul n'est guère plus conseillé en Aevenspir qu'en vos terres éloignées !"

L'ambiance s'animait, et un large plat lui avait été apporté. L'un de ses apprentis, après avoir goûté les aliments, bu un étrange liquide sorti d'une non étrange fiole, puis goûté encore une fois les aliments, hocha la tête devant Warric qui, joyeux, se prépara à manger. Il avala quelque étranges champignons, absorba quelques gouttes d'une fiole puis bourra, dans une vaste pipe, une herbe sèche sortie d'une de ses nombreuses poches. Il l'alluma alors, guilleret, et regarda le soldat qui lui avait adressé la parole.

"Kaskeem teidat doreex mina kansa ! Gsaak teidat !" (NdT : Venez plutôt boire avec moi ! Allez ! Venez !)

Alors qu'ils semblaient s'ébranler vers sa tablée, il observa un instant les Fironkois qui devaient servir d'escorte au prince Laetius. Devant tant de mouvement et bruit, ils s'échaudaient et certains commencer à se bousculer ou à danser. Trouvant l'occasion bonne, il les appela dans la langue de Fironk et gesticula pour qu'ils se dépêchent.
Une fois arrivés, et une fois les pendards de Fort Kawsr installés près de lui, il désigna ces derniers d'une main aux Fironks et leur parla dans leur langue si étrange. Il se tourna ensuite vers les Aevenspeers et leur expliqua.

"Taxeele shakmar Fironkspeer ! Asven, he kemzer omeaneri juaer ja tiuss Karsper Hertmin deskzamrak semeez henen. Pelkurirak ? Ei, fedin seost frun Arkspel Fironkspeer kansa !"
(NdT : Bienvenue aux (Voilà les) Fironkois ! Autrefois, ils dévastèrent votre pays et c'est à cause d'eux que le Karsper Hertmin est votre maître. Êtes-vous des lâches ? Non, alors acceptez un bras-de-fer contre les Fironkois !)

La tenture séparant la grand salle du balcon s'entrouvre à cause d'une main féminine, laissant entrer un peu de nuit glacée.
Cependant, ce bref rafraîchissement passerait sans doute inaperçu, dans le brouhaha qui s'est instauré depuis le début du repas, s'il n'était suivit d'une charmante demoiselle et de son loup, un étrange sourire sur le visage et les joues rosies... sans doute par l'air du soir.

Discrète pourtant, elle va s'entretenir à voix basse avec le barman qui lui sourit en retour d'un air entendu avant de se hâter d'aller donner des ordres.
La montagnarde se permet un sourire un peu plus large, éclairant son visage... tout aussi surprenant qu'il puisse paraître de la part d'une jeune Eksper apparemment aussi réservé.
De quand date la stéréotype du coucher de soleil romantique?

Nombre de messages : 2 Date d'inscription : 29/10/2007

Après deux longues heures d'équitation dans le froid d'Aevenspir, Shinräy, suivie de sa troupe de cavaliers aperçurent à travers le voile glacé de l'hiver, une taverne des plus simple. Shinräy se dirigea vers cette taverne, pour se réchauffer et se rassasier, elle et ses hommes. La porte de la taverne s'entrouvrit par une main féminine, laissant légèrement entrer le vent glacé de Mauloup. En rentrant, Shinräy remarqua de nombreuses têtes les unes plus poilus que les autres (pour la plupart), laissant un brouhaha et une chaleur humaine des plus abominable …

Les six hommes de Shinräy, des hommes d’une carrure imposante recouverte d’armure de qualité, se dirigèrent vers le tavernier, demandant de la liqueur du pays pour se réchauffer les entrailles. Au même moment, le chef de ces hommes commanda un simple repas pour sa maîtresse. Pendant que Shinräy s’assit à une table, éloigné des autres membres de cette taverne. Elle ne pu s’empêcher de regarder du coin de l’œil, les personnes qui se trouvaient dans la taverne et de constater qu’elle était la seule femme. Loin de la l’idée de se faire remarquer, elle décida de rester isolée à sa table et de finir tranquillement son repas.

Nombre de messages : 114 Date d'inscription : 30/10/2007

Un hennissement, au dehors.

Le son de deux bottes touchant le sol ainsi que celui du contact du cuir sur le flanc d’un cheval.

La porte s’ouvre en grinçant, laissant apparaître une silhouette encapuchonnée, vêtue d’une cape de voyage d’un bleu devenant terne, couvert de toutes sortes de particules propres à un tel vêtement. Une main recouverte de cuir vient frapper ses épaules, laissant tomber au sol un peu de neige, dans une lente et douce chute. La tête du visiteur bascule d’avant en arrière, retirant prestement la capuche et faisant frémir sa chevelure blonde de part et d’autres de son visage. Son regard, d’un bleu profond, parcourt la salle. Aucun mouvement sur son visage, simplement un battement de paupière.
Il retire doucement son gant droit, relevant une main aux doigts fins, l’index certis d’un anneau argenté sur lequel est enchâssé une pierre de facture douteuse. Se décidant enfin, il marche vers le comptoir de la taverne, posant sa main encore gantée sur la garde d’une épée battant son flanc à un rythme régulier. Il s’immobilise devant le propriétaire de l’endroit, détaillant rapidement sa silhouette.

"Une cruche de vin. Et votre plat de plus consistant."

Une fois cette brève commande passé, il se retourne, cherchant des yeux une table vide. Elle est rapidement trouvée…non loin de la table où se trouvait precedement la femme au loup. Il vient donc s’y asseoir, retirant son second gant, posant ainsi la paire sur le bois du meuble bancal.
Son regard est attiré par le loup et sa maîtresse, celle-ci s'etant approchée du comptoir. Tandis que le tavernier semble s’affairer à sa commande, il se lève, s’approchant de la jeune femme, jetant un coup d'oeil en direction du proprietaire des lieux

"Madame."

Tout en s’inclinant il tend sa propre main, sa paume dirigée vers le haut. Il attend certainement quelque chose...mais quoi donc?

Sa brève conversation avec l'aubergiste terminée, la montagnarde repère deux nouveau arrivant.
Décidément, le modeste établissement n'a jamais été aussi fréquenté. Bondé même, par des hommes de foi, des soldats autant que des nobles de divers pays.
Il faut croire que la petite bourgade de Mauloup était devenue le nouvel endroit à la mode.
Le climat riant, sans doute...

Cependant, la petite nouvelle ne semble pas l'avoir remarqué, au contraire du blond solitaire dans sa cape usée qui s'avance vers elle pour lui présenter ses respects.
Hausse un sourcil, elle avance sa main jusqu'à frôler la sienne, offrant ainsi son assentiment à l'accomplissement des politesses d'usages.

Nombre de messages : 114 Date d'inscription : 30/10/2007

Voyant la porte ouverte aux regles elementaires de la courtoisie et de la politesse, l'homme se courbe doucement en avant, ses lèvres venant se porter à quelques centimètres de la peau féminine, au niveau du dos de sa main, au dessus de la naissance de ses phalanges, sans pour autant qu’elles entrent en contact.

Je suis Andurinel, seigneur de la ville de Saraal. À qui ai-je l’honneur de m’adresser ?

Il se redresse lentement, pouvant cette fois regarder le visage de son interlocutrice qu'il n'avait jusque alors vu que tres furtivement...

Certifié non conforme Nombre de messages : 18 Date d'inscription : 23/10/2007

Regardant successivement les Fironkois et ses camarades, l'Aevenspeer éclata de rire, et accepta se qui devait être un bras de fer acharné. Buvant et riant, la soldatesque ne remarqua même pas les nouveaux venus. Vidant sa chope, le soudard se tourna vers le vieil homme et sourit de toutes ses dents.

"On va éviter de trop vous les abimer messire, mais on ne vous promet rien ! "

Dans un grognement d'effort, le guerrier Aevenspeer le plus imposant du lot conclut son bras de fer, écrasant le bras de son adversaire sur le bois de la table. Heureux de sa victoire, l'homme demanda deux chopes de liqueur et en offrit une au fironkois. Essouflés, les deux hommes trinquèrent néanmoins gaiement avant de laisser d'autres soudards prendre leurs places.

Tendis que deux nouveaux hommes se mettaient en position, les hommes sifflèrent et passèrent une nouvelle fois commande, les yeux rivés sur le duel en préparation....

A la gaberie des Aevenspeers, l'achimiste remit le nez dans sa chope, n'y croyant pas plus que ça. Il regardait déjà ailleurs, vers les nouveaux arrivants, et du côté du balcon, où la jeune femme était ressorti mais pas le prince. Peut-être lui était-il arrivé quelque chose... Ou pas.

Le Fironkois qui suivit fixa son adversaire avec arrogance, prononça une moquerie dans sa langue incompréhensible puis, sans plus d'effort que le précédent Aevenspeer n'en avait déployé, écrasa la main de son rival avec fracas. Il partit d'un grand rire victorieux et tapa l'épaule de son vis-à-vis. Ses compagnons, heureux quoiqu'aussi un peu émêchés, lui firent fête et certains, plus joyeux que les autres, décidèrent de danser. Quelle drôle de race
était les Fironkois.

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