La Baie des Lunes perd son Miroitant...

Nombre de messages : 77 Date d'inscription : 02/02/2007

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Les pleurs, l'encens, les soies et l'or...

Les femmes pleuraient, agenouillées autour du corps habillé de ses plus beaux atours. Les cheveux attachés, elles offraient leurs larmes au Sage, à l'homme qui avait bercé Yshlé Lohas de sa Bienveillance et que certains vénéraient comme un nouveau Dieu et d'autres comme le conseiller de toute une contrée, toute une nation, tout un peuple et de tous les peuples d'Orcum.

Les larmes tombaient dans un fin caniveau tout autour de l'élévation et alors que certaines se joignaient entre elles, d'autres s'évaporaient et devaient apporter la tendresse à cet être aimé.

Les Akras se tenaient juste derrière à quelques pas, les bras croisés, le regard froid et les toges blanches contrastantes encore avec leur peau blanche de Rem'Yshmes.
Les crânes rasés, seul un homme avait de longs cheveux noirs, un visage similaire à un homme autrefois puissant, respecté et aimé lui aussi.

Les flammes des torches en cette nuit sombre d'Hiver miroitaient alors que la fraîcheur des vents de l'Océan s'aventuraient entre les voiles des fenêtres et ouvertures dans la Salle des Carreaux. Les colonnades et petites arches formant un cercle autour du corps, l'on pouvait voir les nombreux encens fumer accrochés aux piliers afin de purifier le corps des impuretés de ce monde. L'iode de l'Océan devait quant à lui revivifier l'âme du défunt pour lui permettre de guider son navire dans les eaux de l'au delà. L'on posait le symbole de Zanaryth sur un pan de la ceinture du voyageur au cas où les Rem'Yshmes s'étaient trompés tout au long de leur vie et afin que le Dieu du Désert accorde miséricorde aux infâmes de l'Océan.

La longue plainte des instruments à corde accentuaient le funèbre et la gravité à la scène et c'est lorsque la chanteuse eut finie, que l'Akra aux cheveux noirs s'avança et se présenta en face du Jadïadah.

Il ne semblait pas triste, il semblait déterminé.

Après avoir salué le corps et prononcé son nouveau statut d'Akra d'Yshlé Lohas, cité de la Souhnak, qu'il lut les derniers dires de son mentor.

... ainsi Yshlé Lohas suivra le chemin de son histoire et seuls les Akras dignes et sages apporteront la plénitude à notre cité et au peuple de la Souhnak et d'Orcum. Takkel Yshma restera, avec L'Akathaïadah, mon ami, la voie victorieuse de toute une contrée. La Baie des Lunes, Yshlé Lohas, sera celle des Ham et les Ham désigneront leur successeur ; Ainsi mourra le titre de Jadïadah tant que la capitale n'aura désigné le Sage...

Al'Ham, fils de L'Ham, sortit d'un fourreau une petite lame recourbée et repoussa la manche de son bras libre.

Ainsi était, est, sera la volonté du Jadïadah Kenaha Harij, fils de Hymré Harij, Akra d'Yshlé Lohas, Akra de la Souhnak, Akra d'Orcum.

Et il appuya doucement la lame sur l'avant bras faisant perler quelques gouttelettes de sang sur les Carreaux noircis en face du cercueil et du corps.

Yshlé Lohas, il cria.

Et tous reprirent après lui, levant le poing avec fermeté et conviction.

Nombre de messages : 77 Date d'inscription : 02/02/2007

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Al'Ham regardait l'Océan avec un regard effrayant.

Il avait encore cette vue de la tête de son père dans la caisse ouverte devant tous à l'Assemblée... Il se tenait à un cordage alors même qu'une vague venait ébranler la carlingue du trirème géant.

Les rames ramaient dans le vide alors que le navire atteignait le haut de la vague et dans un basculement impressionnant et titanesque, la trirème s'engouffra dans le Souh'Yshmei pour exploser le creux de la vague dans d'énormes jaillissement d'eau sur le pont, sur l'immense voile triangulaire et de même l'armement lourd à l'avant comme à l'arrière, baliste et couillards.

Un marin, ne semblant avoir besoin de s'accrocher contrairement aux autres, beugla des ordres aux Rem'Yshmes, les insultant en leur promettant de rejoindre les fonds froids et morts s'ils n'arrivaient pas à monter la vague suivante.

Al'Ham regarda sur les flancs de la galère. Ils avaient semé les autres navires... les galères les plus lourdes et rapides d'Yshlé Lohas... Ainsi l'Armada de la Souhnak peaufinait sa technique et son ambition.

Une gerbe d'eau vola et frappa son visage alors qu'il fermait les yeux presque impassible devant la tempête.

Le violent roulis l'indifférait, il ne pensait qu'à une chose... Ce jour qui l'obsédait. Les Salamandres avaient humilié à plusieurs reprises Orcum, pointant du doigt leur faiblesse et leur incompétence... Ils avaient ri, ils avaient aimé ce doux moment de supériorité alors que les Rems ou hommes du Désert n'agissaient pas.

Il se retourna alors qu'un Akra de galère l'invitait à prendre place à l'arrière du navire afin d'éviter d'être projeté dans le Souh'Yshmei. Il lui fit signe de déguerpir et se tournant vers le danger. Il était la lignée du Respect et de la Sagesse, il ne serait pas aussi coulant...

Nombre de messages : 25 Date d'inscription : 02/11/2007

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Al'Ham regardait l'horizon, Takkel Yshma petite face aux armées immenses des marais. Ils avaient espéré pouvoir passer par la partie Sud, avec les navires, mais un blocus ne semblait pas pouvoir les laisser passer.

L'Armada n'avait jamais pu être arrêté, mais l'on parlait de brûlots sur des dizaines de lieues...

L'ordre fut donné de converger vers les campements pour les bombarder et rejoindre la ville.

Alors que Les centaines de navires, les milliers de navires prenaient la direction des rives sablonneuses, la première explosion se fit entendre par tous. Des brûlots s'allumaient partout, des petites barques chargées de feu grégeois avançaient vers l'Armada.

Alors qu'une mesure de contournement était annoncée, dans la nuit sombre, les milliers de trières percutèrent les brûlots et commencèrent à s'embraser telles des feux de Börm lors des fêtes d'Automne.

Les Rems sautaient des trirèmes enflammés, la chair brûlée se mêlant à l'odeur du bois carbonisé, et au goudron de quelques coques endommagées.

L'Armada subissait une défaite de taille, pourtant quelques navires réussirent à rejoindre la terre, les Graméens se ruant sur eux pour en finir une bonne fois pour toute.

C'est sur la plage des sables blancs que le gros des troupes descendit. Les hommes désorganisés furent rapidement mobilisés par une tête d'Akras dont le Jadïadah de la Souhnak. A cheval et d'autres à dos de dromadaire, ils fixaient l'ennemi alors que les hommes se mettaient en rang. Les battements de tambour se firent plus intenses alors que des navires d'énormes peaux de bêtes avaient été tendues et que des Rems musclés battaient de lourdes masses.

Les percussions s'accentuèrent alors que les Graméens se ruaient sur eux. Les Rems battaient le rythme, de même de leurs armes sur leurs boucliers et tout d'un coup le Jadïadah leva sa chaîne lame et se tournant vers les dernières troupes d'Yshlé Lohas.

L'on ne sait ce qu'elles étaient ses dernières paroles, mais un témoin parle d'un démon, un Jadïadah révulsé par la guerre et qui pourtant montra des signes de seigneur de guerre.
Faisant tournoyer son arme dépliée au dessus de sa tête, il passa au galop devant les hommes, faisant virevolter de petites gerbes de sables sous le pas lourd de la monture, puis l'armée Orcumienne lança un hourra et comme une vague inébranlable, se lança dans une course folle contre les positions ennemies, les Akras en première ligne chargeant l'arme au clair.

Le choc fut effroyable. Aussi inébranlable qu'on puisse le penser, les Rems perdirent de nombreuses troupes. Des milliers de mercenaires et de volontaires des contrées retranes avaient rejoint Al'Ham.

L'on parlait des dizaines de milliers de morts chez les Orcumiens. Le Jadïadah avait été tué ainsi que les Akras des villes alliées à Yshlé Lohas.
Il faudrait des générations entières pour repeupler la ville...

Le Jadïadah était mort défendant Orcum. Yshlé Lohas n'y survivrait sûrement pas.

Nombre de messages : 31 Date d'inscription : 17/12/2007

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L'homme regardait du haut des remparts d'Yshlé Lohas le contingent de lanciers des marais qui avait pris position en face de la ville.

Il avait la tête haute, le corps musclé, il ressemblait à son frère comme il ressemblait à son père autrefois. L'on respectait sa famille et sa personne alors qu'il avait été l'un des Akras les plus respectés de la région Est de la Souhnak.

Alors que le sable et la poussière formaient d'étranges vagues en contrebas des remparts et qu'au loin l'on pouvait distinguer les cultures vertes contrastant avec le désert jaunâtre de la Souhnak, l'on remarquait aussi l'absence des milliers de tentes et des dizaines d'immenses campements regroupant les forces du Jadïadah Al'Ham.

Aussi vain que cela puisse paraître, les Orcumiens ne lâcheraient pas prise. La défaite du Jadïadah avait été lourde et nombreux s'étaient suicidés en apprenant que leur plan avait échoué lamentablement, les renforts n'atteignant jamais la capitale de la Souhnak, presque la totalité des Akras d'Yshlé Lohas exterminés par les flammes ou les lames Graméennes, le Jadïadah ayant perdu la vie dans les premiers instants de la bataille à terre.

Il claqua sa langue contre le palais et un Oblath chauve lança des ordres du haut d'une tour alors que des drapeaux s'agitaient, montrant les couleurs des familles Ham et Harij, des Rem'Yshmes d'Yshlé Lohas et un étendard aux motifs nordiques.

Les lourdes portes s'ouvrirent, faisant grincer les gonds immenses, dispersant une quantité impressionante de poussières et de sables entre le bois et les murs de pierre.

Alors que des centaines d'épéistes Orcumiens et Aevenspirs sortaient en trombe, des centaines d'archers firent leur apparition sur les murs bandant leurs arcs.

Ahdin se détourna de la bataille alors que les lanciers étaient massacrés, les têtes des Graméens coupées et juchées sur des piques formant une barrière plantées à quelques lieues d'Yshlé Lohas en une frontière macabre.

» La confédération perd une importante bataille