Le sauveur monte sur le trône.

L'attaque empersoise avait pris la Gramée au dépourvu en attaquant directement la capitale. L'Intendant Felkan était mort en tentant de retenir l'ennemi et ce fut le seigneur Haenan qui sauva la cité des hordes Empersoises.

Aujourd'hui, l'enterrement de l'ancien Intendant allait être célébré et le nouveau maître de Gramée, Haenan, allait être couronné.
La procession partit du palais royal et traversa la ville au milieu de la foule, en direction des catacombes où les grandes figures du pays avaient été menées pour leur dernier repos. Nombreux étaient ceux qui voyaient pour la première et la dernière fois cet Intendant si mystérieux pour son propre peuple.
Le cercueil, sculpté dans un bois de pin d'Aevenspir, était porté par les prêtres d'Amk'Cherk, précédés dans leur marche par le choeur de religieux qui chantaient des prières en hommage au mort. La garde d'honneur, reconstituée depuis l'assaut Empersois, surveillait le convoi qui entra dans les profondeurs de la ville.

Le cercueil fut déposé dans une grande tombe de marbre noir dont l'ouverture fut rapidement scellée par une dalle imposante de la même roche. Lorsque les prières furent terminées, une jeune femme en tenue de cérémonie s'avança au dessus de la tombe où le Grand-Prêtre d'Amk'Cherk l'égorgea afin que sa force puisse aller au défunt.
Le seigneur Haenan suivit la procession de bout en bout mais ne put s'empêcher d'avoir une grimace en voyant la jeune femme être sacrifiée. Ses anciennes valeurs Kandrasiennes étaient encore présentes.

Lorsque la cérémonie fut terminée, la procession ressortit des catacombes et se heurta à une foule qui célébra le nouvel Intendant et son couronnement prochain.

Tous les seigneurs de Retrahant avaient été conviés à la cérémonie d'intronisation d'Haenan, à Melit-Aend. Même les seigneurs des pays ennemis de la Gramée avaient été invités. La promesse leur avait été faite que nul mal ne leur serait infligé tant qu'ils respecteraient les règles élémentaires de la politesse. La garde se tenait toutefois prête à éconduire tout intru malséant.
Après l'enterrement d'Aust Felkan, le nouvel Intendant se dirigea vers la grande cathédrale pour y être officiellement sacré. A l'approche de l'édifice, le cortège se sépara et le seigneur Haenan disparut. La cathédrale était faite de pierre noire à l'image des murs de la ville. Les grandes portes d'airain étaient richement ornées de représentations de batailles et de mises à sac.

Les nobles de tous les pays étaient rassemblés à l'avant, vers l'autel où serait sacré le nouvel Intendant. Derrière eux se trouvait le haut clergé graméen puis le bas clergé. Le peuple n'était pas invité à l'intérieur de l'édifice et se regroupait à l'extérieur.
L'allée centrale de la nef, conduisant des portes à l'autel était bordée de gardes royaux en tenue de parade.

Après un peu plus d'une heure, le seigneur Haenan entra dans la cathédrale, entouré de huit gardes. Il se dirigea vers l'opposé de la cathédrale où se tenait le Haut-Prêtre d'Amk'Cherk. Une fois devant le Haut-Prêtre, le nouvel Intendant lui glissa quelques mots à l'oreille. Le prêtre semblait être étonné par ce que lui dit Haenan puis il s'inclina, contrairement à ce que voulait l'usage.
La cérémonie se poursuivit sans incidents et le Haut-Prêtre couronna le nouveau maître de Gramée. Le nouvel Intendant parcourut la cathédrale en se dirigeant vers la porte et sortit pour se faire reconnaître par la foule.

La Gramée avait de nouveau un dirigeant.

L'ambassadeur Merzawn s'était bien évidemment rendu à cet mise en tombe. Non pas que l'intendant Felkan fut l'un de ses amis, mais Akdar se trouvait être le seul seigneur Aevenspeer vivant à avoir déjà eu des contacts avec ce dernier. Il avait donc fait route pour Melit-Aend afin de représenter son pays durant la cérémonie. Il eut un sourire en coin à la vue de la jeune fille qu'on égorgeait sur le tombeau fraichement scellé et ne put s'empêcher de penser que, quelque part, Aust Felkan devait goûter l'ironie de la situation. Il ne devait pas se voir si tôt en terre.

Quand la cérémonie fut finie, Akdar se dirigea vers le nouveau dirigeant des marais Graméens et s'inclina devant lui.

"Seigneur Haenan, mes hommages. Vous voilà désormais dirigeant officiel de la Gramée. En tant qu'Ambassadeur d'Aevenspir, je ne pouvais qu'assister à votre couronnement, même si certains autres points me font me déplacer ici..."

L'Aevenspeer s'était redressé et rapproché du nouvel Intendant Graméen.

"On me dit que vous avez des origines Kandrasiennes. J'ose espérer que, si celà est vrai, vous essaierez de sortir la Gramée d'un obscurantisme religieux qui, sans de ma part désir de nuire à votre religion, n'est pas toujours le meilleur pour votre pays. Je comprends vos traditions mais j'espère sincèrement ne plus avoir à assister au massacre organisé de 88 vierges. L'image reste encore pronfondément déplaisante quand elle me revient en souvenir."

Il eut un sourire et haussa les épaules.

"Passons, vos origines ne concernent que vous et ma remarque n'a rien de politique. Je suis ici pour clarifier quelques points à la demande de mon intendant. Quelles que soient vos croyances sur ce point, sachez qu'aucun accord n'a jamais été signé entre nos deux contrées, même entre Hertmin II et Aust Felkan. Nous avons les mêmes rapports avec votre pays que nous avions avant, des rapports d'une parfaite cordialité néanmoins emprunts de neutralité de notre part, mais nous n'avons rien de plus à offrir où à demander. Nous ne voulons que le respect de la neutralité Aevenspeer et le développement de notre pays, et nous nous penchons sur ces deux points en même temps. Vous ne verrez de soldats aux noirs manteaux en vos marais car nos troupes restent stationnées en notre pays pour sa reconstruction, mais nous ne pouvons pas vous offrir une alliance que nous devrions rompre au premier contrat, comprenez-le. J'avais déjà expliqué la même chose, quoi qu'en termes plus rudes, à votre prédécesseur Aust Felkan. Nous ne pouvons ni ne voulons de traités signés avec les autres pays tant que nous y voyons un moyen de sauvegarder notre indépendance. Advienne qu'un jour nos ennemis foulent notre sol sans craintes et nous reverrons avec les amis de l'Aevenspir les accords possibles. D'ici là, notre non-engagement est gage de notre honnêteté envers tous les Retranes."

L'Ambassadeur sortit la petite flasque qu'il portait toujours à sa ceinture et but une gorgée du liquide qu'elle contenait.

"...Nous ne voulons que la paix avec la Gramée et la reconstruction de notre pays. Ces deux points, mon seigneur Komenor de Kawsr essaye de les obtenir sans vous nuire ni nous nuire, d'où le maintien de notre neutralité officielle avec votre pays. J'avoue que nous sommes en meilleurs termes avec vous que nous ne le sommes avec d'autres, mais signer une alliance où autre contrat d'engagement vis à vis de l'autre serait trahir notre nation toute entière. Comprenez-nous."

Le Graméen écouta l'ambassadeur aevenspeer lui parler des accords passés avec son pays qui semblaient ne plus avoir cours. Il réfléchit quelques instants à ce que lui avait dit son interlocuteur et lui répondit :
"Ambassadeur, je sais que vos paroles concernant les sacrifices rituels en Gramée et mes origines kandrasiennes n'ont valeur que de politesses destinées à me détourner de vos propos concernant les traités avec votre pays. Je ne relèverai donc pas ces remarques dénuées d'intérêt et répondrais à la véritable question qui semble vous préoccuper.
Vous venez de m'annoncer que l'Aevenspir était de nouveau totalement neutre mais votre ancien Karsper avait assuré à feu Aust Felkan que nulle troupe Aevenspir ne marcherait sur nos terres, mercenariat ou non. Il semblerait que votre dernière déclaration remette en cause ce traité.
De plus, j'aimerais savoir pourquoi vous venez jusqu'à Melit-Aend pour rouvrir le dialogue sur un sujet qui a déjà trouvé une réponse, au cours du banquet où vous futes invité par Aust Felkan et dans les missives que j'ai envoyées à votre Karsper. Auriez-vous peur de quelque chose pour vouloir venir parler de cet accord jusque ici ?"

"Hmmm... Non, je voulais savoir jusqu'où vous pouvez jouer de vos origines... Politiquement parlant, bien entendu. Mais passons, et mettons quelques autres choses au clair... Comme vous le dites, mon ANCIEN Karsper avait dit à FEU votre intendant ceci et celà... Les deux sont morts, seigneurs Haenan, morts. Quand à ces paroles de notre Karsper, si vous considérez une phrase prononcée par un Karsper fou comme un traité, alors je remercie les Scirjiis qu'il n'ait dit que celà."

L'Ambassadeur but à nouveau à sa flasque.

"Quand à ma présence ici, elle est expliquée par les missives de mon Karsper qui ne règlent en RIEN la situation, seigneur Haenan. Mon Karsper a réindiqué la neutralité de notre pays, je me devais d'aller quérir des informations quant à cette alliance que vous affirmiez avoir passé avec nous... Et vous expliquer que non, il n'y a pas de traité là où il n'y a eu qu'une phrase prononcée à un banquet par un individu dépenaillé sorti de nulle part. Je concluerais en disant que ma présence en ces lieus était obligatoire par pure courtoisie envers feu Aust Felkan, à qui je me devais de rendre hommage."

L'ambassadeur avait pris un ton sec.

"...Mais je suppose que de vos origines Kandrasiennes vous n'aurez finalement rien gardé."

Le seigneur Haenan eut un sourire.
"Contrairement à vous, nous accordons crédit aux paroles prononcées par des personnes de confiance. Hertmin II en faisait partie et je pense qu'il était sincère lorsqu'il nous a fait la promesse de ne pas se risquer sur nos terres.
Il semblerait que la volonté de votre nouveau Karsper soit différente. Soit, nous l'acceptons.
Vous considériez Hertmin II comme un Karsper fou, dites-vous ? Vous m'en apprenez beaucoup sur les valeurs Aevenspeers, ambassadeur Merzawn. Travailler pour un homme que l'on désapprouve et ne le critiquer qu'après sa mort relève d'une bien grande honnêteté... Vraiment, il me tarde de visiter un pays ou la loyauté est tenue en si haute estime.
Je considère que vous avez fait votre devoir d'ambassadeur en venant ici et je pense que votre mission est terminée. Allez donc profiter de la fête, à l'extérieur."

Sur ces mots, Haenan fit un signe à trois de ses gardes qui entourèrent l'ambassadeur Aevenspeer et le raccompagnèrent dans la foule qui célèbrait le couronnement. Avant que le diplomate ne se retourne, l'Intendant Graméen avait déjà disparu.

Une fois à l'extérieur, Akdar soupira. Bien, bien, telles étaient donc les méthodes de l'actuel intendant de Gramée. Il se retourna vers les gardes Graméens qui l'avaient si aimablement escorté loin de l'ahurissant hypocrite qu'était leur seigneur. Les théories de ces anciens moines fous cherchant à prouver que les barbares n'étaient pas de la même race que le peuple de Gaed s'avéraient ici vrai : il semblait que l'esprit n'était aucunement vital en Gramée.

"Ma foi, messieurs, vous complimenterez votre seigneur pour les choix de sa garde rapprochée. Si je ne m'abuse, il recrute désormais au sein de son harem. Vous lui transmettrez aussi mes remerciements pour son instructive diatribe sur la loyauté, assurez-lui que je sais goûter à sa juste valeur la morale d'un traitre Kandrasien."

Ceci dit, il haussa les épaules et rejoignit ses gardes qui attendaient non loin, avant de se diriger avec eux vers les émissaires divers des autres contrées.

La Kandrasie avait après moults débats décidé d'envoyer un représentant à Melit-Aend, il faisait acte de présence regardant dégoûté le pasage de l'ancien intendant, heureux tout de même qu'il ait enfin trouvait un cercueil à sa taille.

Mais à choisir lequel du nouveau ou de l'ancien était préférable, quel autre plus mauvais choix auraient pu faire les Graméens, un traître à sa patrie qu'était la Kandrasie. Il pensa avec un sourire que les débats à l'assemblée allaient être mouvementés entre la Gramée et la Kandrasie sous peu. Mais sa pensée fût interrompu par le long discours du nouvel intendant Haenan sur la "grande honnêteté" et la "loyauté" qui provoqua chez notre représentant une toux violente et peu discrète.

Nombre de messages : 50 Date d'inscription : 14/10/2007

Le Sauveur de Gramée avait débuté sa politique. Par une habile lettre destinée au Karsper, il avait jaugé son adversaire, avant de lancer une attaque, de faible importance, sans doute le prémice d'une invasion. Qu'importe. Désormais, il s'agissait des quelques têtes de la troupaille que le Sauveur de Gramée avait envoyé tester les fortifications Aevenspeers qui trônaient, fièrement, sur des piques de pure fabrication montagnardes.

Et il y en aurait d'autre. Car il était de notoriété commune à Retrahant que les Aevenspeers eussent un caractère des plus têtu, et les Graméens des plus obtus.

Une petite troupe armée d'une vingtaine de cavaliers avait escorté la délégation kandrasienne. Ils arboraient fièrement les couleurs d'Ilsta'Adiad et chevauchaient généralement entre eux, ne se mêlant à leurs compagnons que lors des repas et les établissements de tours de garde. Les autres kandrasiens se plaisaient à rire de leur accent du Sud plus "chantant" que le parlé de la Blanche et de la majeure partie du Royaume.

Il ne fallut guère plus d'une saison pour rejoindre Melit-Aend qui trônait dans ces marécages puants comme un crapaud dans une mare de boue. Les montures et les hommes étaient fatigués, les esprits s'échauffant rapidement à mesure que la fatigue du voyage s'amoncelait sur les épaules. Deux ordres étaient généralement représentés dans les déplacements d'Ilsta'Adiad. Un paladin d'Erus, haut gradé de l'ordre dirigeait l'expédition en représentant la citadelle tandis qu'un prêtre de Serul maintenait la cohésion dans le groupe. Son influence était loin d'être officielle et les conflits entre les deux ordres fréquents mais l'équilibre des enseignements permettait de résoudre la plupart des problèmes rencontrés. Force ou négociation, les obstacles ne se dressaient jamais trop longtemps sur le chemin de l'Eriomene ed Abe Sur.

Aux abords de la capitale graméenne la troupe fit halte. Tandis que l'ambassadeur officiel discutait avec ses conseillers sur la marche à adopter, les hommes d'Erastan se réunirent pour un dernier conciliabule.

"Nous nous séparerons avant d'arriver sous les murs de la ville, ils ne doivent pas ignorer notre présence mais nous devons éviter tout contact et discussion.
-Je connais les ordres, le prism Erastan a été très clair.
- Contentez-vous dans ce cas de suivre mes conseils conformément à ces ordres, Erus ne nous sera d'aucun secours ici."

Quand la délégation se remit en route une dizaine de cavaliers se tinrent légèrement en retrait. Ils prirent quelques minutes plus tard de la vitesse en bifurquant sur une route s'éloignant vers l'ouest et le lieu de sa mission. Les autres poursuivant avec les hommes de l'ambassadeur comme si de rien n'était.

Un soldat posté sur le chemin de ronde vit une petite troupe de cavaliers se dirigeant vers les murs de la cité. Il se tourna vers le sergent, dormant à l'abri d'une échauguette, une bouteille d'alcool à côté de lui :
"- Sergent, une troupe de cavaliers approche par l'ouest, portant la bannière de la Kandrasie. Que faisons-nous ?
Le sergent se réveilla, de mauvaise humeur mais ne se leva pas.
- Faites descendre un bataillon de lanciers à la porte, alertez les archers qui gardent les portes. Si c'est une attaque, il leur en cuira !
- Sergent, il sont bien peu nombreux pour tenter une invasion de la cité.
Le sergent commençait à s'énerver et maugréa :
- Mais tu pouvais pas le dire avant, espèce de larve ? Ils sont combien ?
- Désolé sergent mais je sais pas compter..."
De fort mauvaise humeur, le sous-officier se leva et se dirigea vers les remparts. Il pensa sérieusement à balancer le soldat du haut des murs mais se retint, ça ferait encore des histoires... Arrivé aux remparts, il compta une dizaine de Kandrasiens dont un diplomate.
"- Fais ouvrir les portes et avertis le conseiller qu'un diplomate Kandrasien arrive. Appelle les gardes et dis leur de se mettre en position derrière la porte.
Et essayez d'avoir un peu de tenue cette fois, bande de rats !"

Un représentant de l'ambassade de Kandrasie menait la délégation Kandrasienne à Melit-Aend, les portes s'ouvrirent à leur arrivée ce qui était déjà un bon signe. Ils passèrent sous celles-ci et fûrent accueillies par quelques hommes armés sans doute des gardes. Un homme apparaissait être leurs chef au vu de sa tenue et de sa carrure. Le diplomate Kandrasien s'adressa à lui en ces mots :

"Graméen, cette délégation représente la Kandrasie à Melit-Aend. Fais prévenir le nouvel intendant que j'aimerais m'entretenir seul avec lui."

Ce graméen regardait avec méfiance les quelques chevaliers lourdement armés de la délégation.

"Ne t'inquiètes pas pour mes hommes, ils resteront camper à l'extérieur de l'enceinte si vous le désirez."

Le Graméen semblait attendre l'arrivée de quelqu'un. La délégation attendit donc quelques instants. Le dipomate réfléchissait à l'entretien qu'il allait sûrement obtenir, il devait défendre l'opinion du conseil Kandrasien, revendiquer une compensation face à un nouvel intendant dont il ne savait quoi penser et cela même si la Kandrasie ne pesait pas lourd face à la Gramée.

L'officier Graméen demanda au kandrasien de le suivre vers le palais tout en amenant avec lui son escorte. La troupe se dirigea vers le centre de la ville, sous les regards des quelques civils qui se trouvaient dans les rues.
Arrivés au palais, les hommes furent priés de mettre pied à terre et le diplomate fut invité à entrer dans le bâtiment par les grands escaliers qui menaient à la porte métallique. Les soldats durent rester à l'extérieur, surveillés par les guerriers Graméens.
A l'intérieur, on mena l'homme à travers les couloirs richement ornés pour arriver jusqu'à l'Intendant. Lorsqu'il vit le diplomate qu'on lui avait annoncé, Haenan se leva de son trône pour aller à sa rencontre. Arrivé jusqu'à lui, il le salua à la manière Kandrasienne.Il se tourna ensuite vers les nobles Graméens qui discutaient entre eux.
"Seigneurs, laissez-nous je vous prie."

Il regarda de nouveau le kandrasien.
"Diplomate, je suis heureux de voir certains de mes anciens compatriotes venir en ma cité. Si vous voulez rester quelques jours ici, vous serez les bienvenus. Vous et vos hommes serez alors logés gratuitement à l'auberge pendant toute la durée de votre séjour.
Mais je suppose que vous avez fait une longue route pour m'entretenir de quelque sujet important, non uniquement pour visiter ma belle cité."

Le diplomate ne lui retourna pas sa salutation, mais le remercia ironiquement.

"Seigneur, je vous remercie de votre accueil chaleureux."

Reprenant d'un ton grave.

"Comme vous le dites il s'agit bien "d'anciens compatriotes", et ceux-ci viennent effectivement pour des sujets importants. Nous n'avons jamais pardonné la Gramée et le seigneur Earsïol pour avoir massacrés nos compatriotes en Thosal, nous avons demandé de nombreuses fois un coupable pour ces horreurs et une réparation de vos actes dont nous vous donnons responsabilité par transmission de l'intendance Graméenne. Vous reconnaissez sans doute aussi le renversement du pouvoir Kandrasien en ayant soutenu des activistes Thanéïtes en l'an 451, nous aimerions avoir vos explications sur le sujet.

Nous pensons que l'arrivée d'un nouvel intendant comme vous permettra enfin de résoudre ces différents entre nos deux patries."

Dans l'anti-chambre, le reste de la délégation rongeait son frein. Les hommes de Melit-Aend les observaient avec un sourire narquois et pas vraiment impressionné, certains se moquant ouvertement de leur dos dressé comme un I et des regards hautains et supérieurs qu'ils plaisaient à donner à leurs visiteurs. Kalon, seruolobio envoyé par Erastan jetait de fréquents coups d'oeil inquiets à la lourde porte où le représentant kandrasien s'était enfermé depuis déjà quelques temps. Elle était barrée par deux barbares sans réelle tenue d'aparat, plus préoccupés semblait-il par le tour de leurs bras que par leur hygiène. Ils ressemblaient sur certains points aux gardes d'Erus qui l'accompagnaient mais avec une point d'incivilité assez impressionante. Il se gardait bien d'idées préconçues mais on lui avait souvent parlé de ces hommes des marais comme de bestiaux et l'Histoire passant par les d'Istria Arkspel ou encore plus récemment la trahison du Patriarche ne donnait aps forcément tort à ces allégations.

Ils avaient parcouru les rues de Melit-Aend avec une démarche tendue et guindée : longtemps la pezr de la trahison, de l'emprisonnement à vie avait freiné l'envoi d'une telle délégation et il y restait quelque appréhension toute naturelle envers les protecteurs de la Ville Noire d'Arm'Chek.

Quelques habitations présentaient des signes extérieurs de richesses, probablement ramenées du pillage de la Blanche, le joyau kandrasien disséminé à travers les différentes cités qui naissaient dans les marécages gluants de ce territoire. On avait dirigé leur petite troupe devant les casernes où des milliers de guerriers s'entraînaient chaque jour en des rites étranges et probablement héritages d'anciens temps où les hommes vivaient encore dans les grottes. Kalon avait souri en voyant leurs tactiques désordonnées et surtout très "égoïstes". Ainsi tels étaient les futurs envahisseurs des montagnes aevenspeer. Encore faudrait-il qu'ils parviennent à réconcilier plus de trois cités graméennes. Les marais sont bien défendus par ces animaux comme un renard défend sa tannière mais pour ce qui est de l'attaque il y a bien trop de différents internes pour que ce territoire puisse un jour espérer jouer un rôle en Retrahant.

"Que se disent-ils à votre avis ?
- Notre régent se berce d'illusions et Prism Erastan avec lui, jamais la Gramée n'acceptera de juger les siens pour leurs actes : ils se complaisent en la mort et la lâcheté.
- Les temps ont peut-être changé avec ce nouvel intendant...
- Ils ne changeront que quand les hommes qui vivent ici auront quitté les lieux."

"Kandrasien, concernant les actes Graméens qui ont eu lieu il y a bien des années, je ne puis que reprendre le discours de mon prédécesseur Aust Felkan.
La Gramée a soutenu le coup d'état d'Isvàn et du Patriarche contre Elderine car ces derniers se sont offert l'aide d'une troupe de mercenaires Graméen. Vous n'auriez pas reproché à l'Aevenspir d'avoir agi ainsi, je pense donc que la Gramée n'a pas de comptes à vous rendre ni de coupables à désigner.
Il serait d'ailleurs fort maladroit de vouloir faire condamner la Gramée pour des morts dûs à une guerre civile intra-kandrasienne. Vos problèmes ne nous concernent pas, nous n'avons fait qu'exécuter un "contrat" de mercenariat.

Le seigneur Earsïol a attaqué votre pays pour venger l'affront que vous fites contre l'ancien Intendant Felkan. A l'époque même, la Kandrasie s'était soumise à la décision Graméenne de ne pas vous dédommager. Le seigneur Gwaliih, d'après les archives que j'ai lues, avait d'ailleurs fait preuve d'injures envers l'Unique et l'Intendant.
Vous avez d'ailleurs eu de la chance que l'armée Graméenne ne revienne pas en Kandrasie pour venger ces insultes...
N'escomptez donc pas obtenir un changement d'attitude de ma part. Ces affaires sont trop anciennes et ont déjà trouvé leur réponse.

Oublions le passé, je pense que la Gramée et la Kandrasie ont beaucoup de choses à apprendre l'une de l'autre, je suis d'ailleurs bien placé pour le savoir."

Un climat de torpeur s'était installé de l'autre côté des portes. On entendait parfois quelques éclats de voix tandis que quelques graméens s'assoupissaient contre les lourds battants de la porte en palétuvier. La délégation se tenait debout sans qu'il soit venu à l'idée de leurs hôtes de leur proposer de se reposer en attendant que la rencotnre se soit terminée. L'honneur des kandrasiens leur interdisait de montrer une quelconque faiblesse devant les occupants des marais et ils se gardaient bien de tomber dans ce travers. Le temps commençait à être long cependant pour kalon, le prêtre de Serul qui n'était guère habitué à ces longues chevauchées suivies d'une attente monotone.

Qu'en ressortirait-il de cette discussion ? Rien, probablement, les graméens ressortiraient leur loi de l'armé contre le désarmé, maintiendrait une argumentation branlante et appuieraient haut et fort sur la table. Le Kandrasien soulignerait que le contrat de mercenariat avait été franchi, deux cités massacrées et pillées, la Blanche brûlée et ses palais et temples jetés à bas : bien loin du prix promis par le patriarche. Un homme s'en était ensuite pris à des cités jeunes et sans défenses, mis au ban par les siens devant une telle horreur mais vite oublié ensuite devant ce qui était désormais devenu monnaie courante en Retrahant. La motivation était devenue inutile, seule la soif de faire soufrir et de s'en prendre à des villages sans défenses guidait désormais les disciples de ce Dieu au nom imprononçable.

Le diplomate sût à la première phrase de son interlocuteur qu'il perdait son temps, lui était-il nécessaire d'ajouter quelquechose...

"Alors nous nous sommes mépris en croyant que vous étiez quelqu'un d'un peu plus civilisé que votre prédecesseur. Vos beaux discours sur la loyauté et l'honneur n'avaient donc aucun sens... Vous vous prétendez même tomber aux rangs de mercenaires, peut-être que de l'argent vous ferait condamner Earsïol alors? votre soi-disant honneur n'a pas tardé à flancher mais vous représentez ainsi mieux la populace locale.
Vous avez d'ailleurs dû vous méprendre en croyant que l'aïeul de mon seigneur Gwalith s'était permis d'injurier votre altesse, il ne faisait qu'utiliser un langage plus adapté à votre langage."

Le diplomate ajouta quelques derniers mots qui ne représentaient que son avis personnel sans doute.

"En ce qui concerne notre apprentissage commun, vous êtes surtout la preuve même qu'il n'y a que la Gramée qui ait quelquechose à gagner dans cet èchange ; et à l'avenir évitez de parler d'anciens compatriotes à notre égard, nous nous passerons de cette politesse."

La rencontre prit fin sur ses derniers mots et le diplomate repartit en claquant les grandes portes, il ne fît aucun commentaire à sa délégation et ils repartîrent vite en direction de la Kandrasie.