Le cavalier arriva au palais où Haenan écoutait les rapports sur l'attaque Orcumienne. L'armée présente à Meit-Aend s'était mise sur le pied de guerre et attendait de connaître sa destination. Le messager se fit annoncer puis entra, courant vers son Intendant.
"Seigneur Haenan, je les ai vus !
Ils sont à Trivium, chez le seigneur Naast où ils ont commencé à brûler les cultures. En faisant vite, nous pouvons les rattraper et les encerler pour les empêcher de s'échapper."
Haenan ne discuta pas et lança :
"Prévenez l'armée de se mettre en marche pour Trivium, nous allons massacrer ces chiens avant demain. Ils ne verront pas le jour se lever..."
Quelques instants après, l'armée de l'Intendance sortit de Melit-Aend, accompagnée par les troupes du général Meroak et du seigneur Naast. Si les hommes se hâtaient, ils pourraient frapper leur cible avant que celle-ci ne puisse fuir.
A la tombée de la nuit, l'armée aperçut les murs de la cité assiégée. Les alentours étaient en feu mais les Orcumiens étaient toujours là. Les Graméens encerclèrent les Orcumiens, les forçant à se mettre dos aux murs de la ville. S'ils ne pouvaient vaincre, les Orcumiens mourraient ici. Le général se chargea d'organiser les troupes et d'établir une stratégie d'attaque, art dans lequel l'intendant n'avait jamais excellé. Il fut finalement décidé que l'encerclement était la meilleure solution.
Après plusieurs minutes de manoeuvre, les épéistes du général et de l'Intendant chargèrent, avançant sous les volées de flèches qui massacraient les troupes ennemies. Puis ce fut le choc avec les Orcumiens. Les soldats du désert furent balayés par les rudes guerriers des marais. Une fois encore sous le règne d'Haenan, la Gramée sortait victorieuse de l'affrontement.
Après le carnage, un homme vint faire son rapport à son suzerain.
"Intendant, c'est une grande victoire. Près de onze mille orcumiens ont été tués et nous avons perdu quatre mille trois cent hommes. Nous avions pensé avoir plus de pertes et Orcum se retrouve presque sans défense..."
Haenan pensa à l'homme qui menait les Orcumiens. Visiblement, il était le fils d'Al Ham qui avait péri sous les épées Graméennes en défendant Takkel-Yshma. On n'avait retrouvé aucune trace de lui après la bataille et l'on ne savait pas s'il était mort ou s'il avait fui. Il pensa que voir quelques champs en feu étaient bien peu cher payé face à la joie que lui procurait le carnage. Imaginer le fils de son vieil ennemi croupir dans une flaque d'eau, nu comme un ver après le passage des pillards, ou fuyant avec le peu d'honneur qui caractérisait son peuple était un plaisir en soit. Le sort de cet homme importait bien peu, quel que soit son état, cela n'enlevait rien à la terrible défaite qu'avait subie l'armée Orcumienne.
D'autre part, ce que disait le sergent était juste. L'Orcum se retrouvait privé d'une grande part de son armée et il serait maintenant facile de le mettre à genoux.
Le soldat reprit la parole :
"Monseigneur, d'après les rapports, nos réserves sont encore assez remplies pour nous éviter une famine. Certes la nourriture sera moins abondante mais nous n'aurons aucune perte de ce côté là. Lorsque les Orcumiens apprendront que leur assaut suicidaire n'a servi à rien et que leur armée est anéantie, il demanderont sûrement la paix."