Tout commence pour ce comté il y a cinq générations, lorsque Gurnon des Dahénides, puîné de la Maison impériale, surnommé le Malmoine, prit, avec nombre de ses partisans, la cité hérétique de Smaragd au nom du Gaedianisme nouveau. Ce dernier débuta sa vie dans une abbaye reculée, à l'ouest du duché d'Ousbre, où il avait été envoyé, tout enfant, pour éviter un conflit successoral par rapport au trône d'Ephyne. Il dut, comme tous les moines, renoncer à tous ses droits sur le temporel, mais, avide de guerre et d'honneurs, il délaissa bien vite la vie contemplative et conquit une bonne partie d'Ousbre à la pointe de l'épée.
L'Empereur, qui craignait l'avancée de son frère, accepta d'offrir la lieutenance de la Grande Viguerie de Smaragd à Gurnon Malmoine, qui devint, deux générations plus tard, le comté de Smaragd. Gurnon, moine et Grand Viguier, eut une descendance nombreuse qui su asseoir la vigueur de sa lignée sur ce fief. Cependant, jamais on n'eût pensé à cette branche lointaine de la maison impériale pour le trône. Ce n'est qu'avec la crise successorale provoquée par la mort inopinée de Baudoin VII des Dahénides que certains juristes, sûrement sous l'influence de la maison d'Orilly, avancèrent Serlon d'Orilly, descendant de Gurnon Malmoine, comme étant l'un des héritiers les plus légitimes à monter sur le trône, malgré les nombreux traités s'opposant à cette hypothèse.
Le comté de Smaragd est petit et la noblesse n'y a jamais été très développée. La cité en elle-même est surtout peuplée de marchands profitant de la proximité avec le grand lac d'Ellyam, qu'ils soient des citoyens de l'Empire ou des métèques installés. La constitution de l'armée est influencée par la forte présence de cette bourgeoisie marchande. Elle se constitue principalement d'infanterie, parfois des carrés de coutiliers et une forte tradition d'épéistes.
Du fait de sa position géographique favorable au commerce et à l'immigration des barbares, et à cause du nombre important de bourgeois avides de reconnaissance auprès de la noblesse ou encore de l'ancienne tradition de la viguerie, très porté sur le droit, il existe un parlement influent. Beaucoup des grands légistes du duché, voire de l'Empire même, viennent de ce parlement. Le comte n'oublie pas de ménager cette noblesse de robe, qui lui apporte une certaine légitimité sur certains sujets grâce à ses avis légaux, qui influent sur différents pans du commerce ou des relations diplomatiques avec les métèques et les principautés barbares outre-lacustres.