Retrahant, Ere impériale
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Retrahant, Ere impériale


 
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 Récit d'Edric Brumacier

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Horn Erthe

Horn Erthe


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MessageSujet: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptySam 27 Mai - 11:49

La nuit tombait sur le fortin. Tandis que les hommes allumaient les braseros externes, Edric Brumacier assit près de ses fils Alians et Ethan leur racontait ses aventures. La demi-pénombre et le feu créaient des ombres fantasmagoriques et alimentaient l’imaginaire des deux enfants. Les cris des animaux des marais venaient crever par intermittence le silence oppressant caractéristique des débuts de soirée.
Enroulés confortablement dans leurs couvertures les enfants écoutaient subjugués les histoires de leur père - toutes véridiques selon-lui.


_ … j’étais tout jeunot à cette époque là. Mais d’aussi longtemps que je me souvienne ce mal fut toujours là » racontait Edric de sa voix grave.
_ Même avant toi ?
_ Même avant moi …
_ Alors comment tu as fait pour vivre jusqu’à maintenant ? » Demandait le plus jeune de ses fils : Ethan.
_ L’épidémie s’est d’abord déclarée dans les villes les plus importantes. A cause des moyens de communication plus efficace, la maladie s’est répandue d’une traite. Sâr n’était rien d’autre qu’un hameau isolé dans le delta du fleuve Al Fered. Et nous tuâmes tous les étrangers à distance de sorte que nous n’avons jamais été en contact avec l’extérieur.
_ Mais alors comment t’as fait pour trouver Maman ?
_ Attends j’y arrive. A cette époque j’étais jeune et je désirais voyager, je me croyais invulnérable. La maladie ne m’atteindrait pas. Un soir donc je pris mes armes et parti pour le grand voyage. » Un sourire malicieux éclairé le visage d’Edric à ses mots.
_ Et tu n’avais pas peur des monstres de la brume ?
_ Tu sais Ethan, la brume n’existait pas avant cet épidémie, du moins pas sous cette forme. Bref, je marchais pendant des jours avant de tomber sur un village, près de l’embouchure d’Al Fered. J’observai alors de loin.

Les yeux d’Edric à ce souvenir se perdirent dans les étincelles des flammes.

_ Alors ? T’as vu quoi ?

Edric sourit, ses fils adoraient les histoires d’horreur, mais celle-ci Edric l’avait vécu.

_ Le fleuve Al Fered était empoisonné : au lieu de charrier le sable et la boue c’est les corps de nombreux défunts qu’il transportait. Ceux-ci étaient couverts d’un drap blanc et sanglés. Ils s’entassaient là, au grès du courant.
_ Ouhaa !! Est-ce qu’ils se sont levés ?
_ Ah ! Ah ! Voyons, les morts ne se relèvent pas. Par contre, comme je ne voyais pas âme qui vive dans le village, je m’en suis approché.
_ Et alors ?
_ Tous morts ! Des cadavres affreux, maigres ayant régurgités du sang par tous les orifices, la bave et les excréments se mélangeant au liquide rouge, le tout formant une flaque pourpre séchée. Leur peau était cloquée, de grosses pustules foisonnaient sur leur avant-bras. Il semblerait que les habitants se soient rassemblés pour prier une dernière fois et soient tous morts là.
_ Et après t’as fait quoi ?
_ Après je passais quelques temps à cheminer dans les marais, jusqu’à rencontrer le village de votre mère. La suite vous la connaissez … Un peu plus tard je suis tombé malade. Le mal m’a rongé mais grâce aux esprits du fleuve j’ai survécu - il semblerait aussi que la contamination commençait à être moins virulente.
_ C‘est à cause de ça que tu peux plus marcher ?
_ Oui Ethan, je te l’ai déjà dit.
_ Et la brume ?
_ La brume » Edric eu l’air absorbé un moment. Puis il reprit : « On ne sait comment s’est formée la brume, néanmoins elle est apparue durant le cours de la pandémie. Ce phénomène va croissant depuis quelques années : à la tombée de la nuit un épais manteau de brouillard couvre le delta et nous nous trouvons tous isolés. D’étranges phénomènes se passent alors et même les plus braves guerriers refusent de sortir des fortifications. Le voyageur esseulé quant à lui risque de grave problème : vision cauchemardesque, mort atroce, …
_ Mais comment ? Y a quoi à l’intérieur.

Edric soupira

_ Si je le savais Ethan … Certain raconte que les morts tués par le mal se lèvent et jettent leurs draps blancs sur les marais les cachant aux yeux des hommes prenant le controle des terres pendant la nuit …
_ Mais pourquoi ils feraient ça ?
_ Peut être par vengeance, peut être pour tenter de vivre la vie qu'ils n'ont pas eu, je ne connais pas leur but. Mais tu sais ça, ce sont des histoires …

Au loin une corne de brume retentit.

_ Il est temps d’aller vous coucher, le brouillard vient. Bonne nuit mes fils.
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Horn Erthe

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MessageSujet: Contes et légendes des marais   Récit d'Edric Brumacier EmptyLun 29 Mai - 2:59

Sar Fered est un village bâtit sur les restes d’un fortin dans le delta du fleuve Al Fered. Une large palissade de bois pourris entoure les baraquements, les protégeant de la brume. Quatre postes de vigies sont disposées aux quatre coins du camps faisant face à quatre grands braseros externes. Le soir venu, les braseros sont allumés créant ainsi un halo de semi-clarté dans l’épais brouillard des marais. La lumière est dangereuse la nuit, car les bêtes sont attirés près de la palissade, mais c’est un moindre mal et les archers veillent.
L’obscurité amène avec elle le brouillard et la peur. De gigantesques volutes de brume s’emparent alors des mangroves et la maigre séparation distinguant la vie de la mort devient floue. Nul ne sait ce que cache ce voile blanc mais chaque personne du camp s’adresse aux esprits afin de survivre jusqu’au lendemain. Certains disent que la Mort elle-même s’empare des marais pour faire transiter dans son monde les âmes qu’elle a fauchées. Dans une dernière faveur, elle laisse aux âmes le temps de se recueillir et c’est par pudeur qu’elle entoure de son long linceul les marais graméens. Les âmes ainsi ont le droit à un dernier instant de tranquillité … malheur à qui viendra troubler la sérénité de ce moment.

De nos jours les habitants des marécages sont harcelés par les Frères de le Côte. On ne sait nullement d’où proviennent ces pirates mais leurs raids sont aussi imprévisibles que dévastateurs. Certains navigateurs pensent que les îles au large du bassin graméen leur serviraient de repère. Ils attaquent à l’aide de plusieurs bateaux à fonds plats leur permettant de débarquer aisément, des escarmouches s’ensuivent tandis qu’une partie des pirates s’appliquent à piller le plus possible. Ils repartent aussi vite qu’ils sont venus.
Ces raids sont devenus plus mortels depuis l’étrange alliance des pirates et des lépreux. Ceux-ci font causes communes et de nombreux villages ont été retrouvés atteint du mal qui ronge.
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MessageSujet: Extrait du carnet de voyage d’Ethan Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyLun 29 Mai - 14:22

Extrait du carnet de voyage d’Ethan Brumacier :

L’étrange alliance ne l’est pas tant que ça. Beaucoup de personne se demande d’où proviennent ces pirates et ces lépreux, mais ils oublient que notre présent est conditionné par notre passé. Intrigué, j’ai fais quelque recherche dans la bibliothèque de Melit-Aend - avant le Grand Châtiment, tout ce qui se passait sur le territoire était dûment archivé.
Ainsi j’ai retrouvé la trace d’une léproserie au large des côtes graméenes. Comme chacun le sait, les lépreux ont toujours été mis au ban de la société et ce quelque soit la nation. Les lépreux graméens étaient abandonnés sur une petite île et livrés à eux-mêmes. L’île était trop éloigné pour revenir à la nage - sans compter les squales.
J’ai eu plus de mal à établir le lien avec les pirates, mais finalement à force de persévérance ce lien m’est apparu sous la personne d’Ivan Gentelieu connu sous le nom d’Ivan le Sanglant. Flibustier de petit envergure il fut arrêté par l’autorité dans une maison de passe. L’issue de son procès expéditif fut le bannissement sur l’île de Mangefer : l’île des lépreux. La condamnation à l’époque avait choqué les libres penseurs pour sa cruauté. Il semblerait qu’Ivan s’en soit bien sorti.

A noter tout de même l’ironie du sort. Les exclus, les malades, les parias tels que les lépreux ont été pourchassés, massacrés, martyrisés par les hommes d’Église de toutes confessions. Leur maladie était due au courroux divin tous les dévots vous le diront. Cependant lors du Grand Châtiment lancé par les Dieux ( si l’en on croit les fanatiques ) seuls les exclus ont survécus sans jamais avoir ne serait-ce été inquiétés par cette pandémie. Ironie du sort donc, les hommes servant les dieux ont exclus de leur société une partie des leurs ( les malades ) car impures et lors du Grand Châtiment seul les exclus ont été épargnés par les Dieux.
D’exclus ils sont passés à élus il y a sans doute une morale à retenir de cette histoire mais je crains que personne ne remarque ce pied de nez …
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyDim 4 Juin - 2:20

Parole d’Edric Brumacier à propos de la Gramée et du delta :

La Gramée. Une terre bordée de lagunes, d’îles, de marais ou de mangroves. Le soleil graméen contribue aux insolations hallucinatoires et à la hausse harassante de la température. L’air est pesant et moite, propice aux infections. La végétation luxuriante grouille et s’entremêle dans une gigantesque barrière végétale. A ceci vient s’ajouter la faune locale, tout est démesuré les insectes eux-mêmes sont devenus d’implacables prédateurs. Un seul mot d’ordre pour chaque espèce : la survie. Ainsi les arbres empoisonnent les pousses rivales dans une lutte de longue haleine ; les carnassiers succombent aux moindre signe de faiblesse. Ne pensez pas que la nature soit bonne ou douce car elle n’est que succession de longs et douloureux combats avant la paix libératrice. La vie de l’homme faible ici n’a que peu de prix car bientôt il disparaîtra englouti par ses prédateurs. Il est amusant de voir que certaine religion décrive le paradis à l’image de nos forêts alors que nous voyons celles-ci comme un enfer, un « enfer vert ». La Nature symbolise la Mort et nous valsons avec dans une danse macabre et fatale.

Le fleuve Al Fered tel une immense balafre brune tranche la Gramée en deux, charriant ses eaux sablonneuses d‘un bout à l‘autre du territoire. Il forme un long delta à l’approche de l’océan. Là, naît nos mangroves et nos marais, là naissent nos contes et légendes, là naît Sar Fered. L’eau douce et l’eau de mer se mélangent étrangement, le vent chargé de sel brûle la peau tandis que le soleil la tanne. Au loin, l’océan tel un gigantesque musicien fait résonner les accords graves des tambours marins au rythme du ressac dans le cœur des habitants. Viennent s’y ajouter « le chœur des créatures palustres et le cri des oiseaux ». Les palétuviers couvrent une large surface de terrain mais, de la plage, l’horizon est dégagé et la pêche, malgré la couleur de l’eau, est bonne.
Le delta comporte aussi ses dangers tels que les nuées de moustiques véhiculant les pires maladies ( paludisme, … ), heureusement comme tous dangers existentiels, ceux-ci peuvent être conjurés grâce aux esprits. Ainsi les moustiques et leurs fièvres sont neutralisés par des offrandes au Maître de la Fange ( l’Esprit du Moustique ) ; ainsi grâce à la Vue des Marais ( l’Esprit du Delta ) les sables mouvants sont découverts et causent moins de perte. L’Esprit du fleuve Al Fered quant il est loué promet une bonne crue et des dépôts de limons abondants favorisant l’agriculture. L’Esprit du fleuve est une figure majeure parmi les esprits, il représente la fertilité, la naissance, la vie. Depuis quelques temps son penchant maléfique est incarné par la brume. Ainsi l’Esprit de la brume ( l' t'puuli elghinn, littéralement : la mort blanche ) est associé à la mort, la fin, la cécité.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyVen 9 Juin - 16:20

Assis confortablement près du feu Alians et Ethan attendaient avec impatience l’histoire de leur père. Edric leur racontait toujours une aventure incroyable avant que la brume monte, avant d’aller se coucher. Les sentinelles marchaient le long du rempart guettant la nuit, les braseros avaient été allumés. L’obscurité déjà étirait ses tentacules sur le camp distillant - à l’instar d’une gigantesque pieuvre - un nuage d’encre noir.
Edric bourra sa pipe de ses doigts gourds. L’herbe s’entassa dans le fourneau en terre cuite et à l’aide d’une feuille morte qu’il enflamma, il alluma celle-ci. Il tira longuement sur le tuyau laissant la fumée pénétrer chaque alvéole pulmonaire. Puis il expira doucement l’air tout en commençant à parler à ses enfants. En ces moments, où le visage masqué par la demi-pénombre et la fumée d’argent, il ressemblait à un esprit éthéré. Sa voix grave sortant du cratère fumant lui servant de bouche résonnait tel une corne de brume. Air, son et imagination voletaient autour des garçons, s’épousant et donnant naissance à des visions magiques rythmées par le récit d’Edric.


_ Vous ais-je déjà parler du vieux Zhuanth Draeval ? » Ses yeux malicieux cherchaient le regard de ses fils.
Ce fut Alians qui répondit :


_ Non papa. C’était qui ?

Edric tira sur sa pipe et lâcha un nuage argenté, dissimulant ainsi partiellement son visage.

_ Et bien comme son nom l’indique Zhuanth Draeval était vieux. Zhuanth dans la vieille langue signifie « vieux » et d’aussi longtemps que je m’en souvienne tout le monde l’appelait déjà le vieux Zhuanth Draeval quand j’étais jeune. C’est pour vous dire que cette répétition voulue n’était pas pour faire jolie.
_ Mais il était vieux comment ? C’est impossible de vivre très longtemps …
_ Attendez, laissez moi continuer sans m’interrompre, sinon c’est le coucher. Vous ne faîtes pas confiance à votre père ? Ce n’est ni plus ni moins que la stricte vérité, je ne mentirai pas à mes gosses ...
_ D’accord papa, s’il te plaît continue.
_ Il existe de nombreuse histoire concernant Zhuanth Draeval, mais celle que je vais vous raconter se passe durant sa jeunesse.
_ C’était y a très longtemps alors ! » répartit Alians.
_ Avant la brume ? » répliqua son frère Ethan.
_ N’importe quoi, t’es stupide. La brume existe depuis toujours … » et les deux enfants se chamaillèrent. Edric pendant ce temps observait les étoiles. La patience était une de ses vertus comme la brume. Inlassablement comme chaque nuit, elle regagnait peu à peu le territoire qu‘elle avait perdu la journée. Quand les deux enfants eurent fini et qu’ils se furent calmés, Edric reprit.

_ Donc, lors de la jeunesse Zhuanth, la brume n’était pas encore apparue.
_ J’avais raison » nargua Ethan.
_ Suffit ! La brume n’était pas là et Zhuanth à l’époque habitait dans un village du delta répondant au nom de Renor Atat - les Rives Noirs. Il s’agissait de ces petits bourgs fleurissant sur les méandres d’Al Fered, bâtit entièrement sur pilotis et s’avançant dangereusement sur le bras de mer. Les maisons sont faites de bric et de broc et branlent à la moindre vague. Il s’agit plus d’un entassement de planche de bois que de véritables constructions. Nombre de ces villages peuple le delta.

La fumée s’étirait en bande opaque blanche se mélangeant au noir profond des ombres. Des méandres du gaz surgissaient des visions de Renor Atat. Les enfants respiraient l’arôme acidulés des herbes. La voix grave et sonore de leur père résonnait dans tout leur être en parfaite osmose avec les images qu’elle faisait naître. Il n’existait plus rien, seul restait la voix et le parfum guidant l’imaginaire des deux rêveurs tel un chef d’orchestre éthéré.

_ Cette nuit là il pleuvait des cordes. Une tempête de tous les diables, des éclairs transperçaient le ciel de part en part et le grondement sourd du tonnerre fracassait la voûte céleste. Un temps à ne pas mettre un chat dehors. Les habitants de Renor Atat terrés chez eux attendaient le retour au calme. Le village gémissait sous les assauts répétés du vent et des vagues. Seul un fou pouvait être dehors en ce moment.

Les enfants écoutaient attentifs.

_ Justement Zhuanth revenait de l’auberge du village voisin ( Aux Trois Doigts ). Il faut savoir que Zhuanth était aussi fétard qu’il était laid. A vingt ans il en paraissait déjà cinquante, il ne possédait déjà plus de cheveux et de larges rides balafraient son visage en lame de couteau. Ses pommettes saillaient accentuant le creux de ses joues, ses lèvres ressemblaient à du vieux papier parcheminé. Sa peau avait été tannée par le sel et le soleil. Seul ces yeux malicieux gardaient la vivacité de la jeunesse.
Zhuanth arpentait le chemin de retour sous la pluie battante, sa lampe à la main. Ses habits - les seuls qu’il possédait - étaient trempés, la pluie tombait drue sur son chapeau de feutre. Les bourrasques lui enfonçaient les gouttes d’eau dans le corps. Pour sûr, la soirée aux Trois Doigts avait bien commencé, la bière était bonne, les serveuses généreuses et pour quelques Onk ( la monnaie locale ) on pouvait les emmener faire un tour … Sur le retour il s’était fait surprendre par la pluie, il n’avait jamais de chance.

Les gardes alentours s’étaient inconsciemment approchés et écoutaient l’histoire d’Edric. Le soir, les voix portaient et il n’était pas difficile de se laisser emporter par la narration du conteur.

_ Mais il avait pas peur de se promener la nuit ? » Demanda Alians profitant d’une pause dans la narration.
_ Les routes étaient plus sûr et la brume n’existait pas. Et personne ne risquait de l’égorger par cette nuit. Bref, Zhuanth déboussolé par les intempéries se perdit en chemin. Il tourna, tourna dans les chemins boueux du delta sans retrouvé sa route. La pluie redoublait d’intensité, les dards des gouttes le mordaient sans relâche. Désespéré et cherchant un peu de quiétude, il s’adossa sur une borne d’un carrefour, la pierre protégeant partiellement son dos du déluge. La croisée des chemins était déserte, plongée dans le noir. Pourtant Zhuanth cru voir une ombre se mouvoir, il regarda attentivement l’endroit où il pensait avoir vu la silhouette. Rien …

La voix d’Edric baissait, forçant son publique à tendre l’oreille.

_ Soudain un éclair zébra le ciel et dans cette divine clarté il entraperçu fugitivement la plus belle des femmes. Son visage était anormalement blême, le lustre de ses cheveux attirait le regard. La pluie plaquait ses vêtements sur son corps laissant deviner ses charmes et saillir sa gorge généreuse. Ses yeux sombres brillaient quant elle aperçu Zhuanth. Elle se dirigea vers lui, l’interpellant.

_ Pardonnez-moi ush'akal de vous accoster ainsi, mais je me suis perdu. Peut être pourriez-vous m’aider à retrouver mon chemin ?
Zhuanth hébété ne put qu’accepter. La belle et lui marchèrent longuement, en silence. Manifestement l’inconnue - bien que perdue - savait où elle conduisait son invité. Fait étrange, l’orage s’arrêta brusquement au bout de quelque minute de marche. Ils arrivèrent finalement à proximité d’une modeste cabane construite en plein cœur d’un roncier. De délicates fleurs ouvraient leurs vases vénéneux, un parfum enivrant flottait dans l’air. L’inconnue invita Zhuanth dans sa hutte.

_ Pour faire quoi ? » demanda Ethan. « Il l’a raccompagnée, non ? »
_ Tu comprendras quand tu seras plus grand Ethan, ne t’inquiètes pas. » lui répondit son frère.

_ Zhuanth passa la nuit dans la hutte en compagnie de l’inconnue. Cependant, au matin il se réveilla épuisé, las, dans un état épouvantable. Une migraine atroce vrillait son crâne. Il reposait sur la borne du carrefour. Retrouvant facilement son chemin de jour et de méchante humeur il revint à Renor Atat. Quant il conta son histoire à ses amis on lui appris qu’il n’avait cessé de pleuvoir cette nuit-là, à tel point que la digue en amont avait cédé devant cet apport soudain d’eau.
Craignant d’être fou, il s’enferma chez lui. Il s’aperçut alors qu’il était blême plus que de raison : peu de sang affluait à son visage et deux marques sanguinolentes sur sa gorge le faisaient souffrir atrocement.
Zhuanth rechercha longtemps cette hutte sans la retrouver. Des bribes de souvenirs terrifiantes lui revinrent longtemps après dans ses rêves.

Edric s’arrêta là. Il était l’heure, la brume volait déjà haut sur le campement. L'herbe de sa pipe consommée. Malgré les questions pressantes de ses fils il les envoya au lit. Une nouvelle nuit commençait, il fallait veiller.
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Horn Erthe

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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyMar 13 Juin - 22:55

Extrait du Procès Verbal de Jehan du village de Tournecoin, retranscrit en langue correcte : ( ( le PV a été mis sous scellé et tenu secret du publique )

Je rentrais peu avant la tombée de la nuit et de la montée de la brume. Je venais d’amarrer mon bateau au palétuvier, ma pêche avait été fructueuse, je me mis en route vers Tournecoin. Comme chaque soir de minces fils brumeux se levaient dans l’air mais si peu qu’il n’y avait pas matière à s’inquiéter. Je ne sais pourquoi je me retournais alors, peut être un son ou une intuition, mais je tombais nez à nez avec un homme.
Assit et adossé à un arbre il portait des vêtements chauds. Un bliaud sombre marqué d’une merlette argentée lui arrivait à mi-jambe, malgré la chaleur on pouvait voir à travers l’amigaut ( l’encolure ) une chainse blanche et gluante de sueur. Une ceinture de cuir à laquelle pendait une épée faisait suite. Puis venait des braies jaunâtres avec des bandes molletières entrecroisées sur ses jambes, du genou à la cheville. Des gants de cuir masquaient ses mains ajoutant une épaisseur inutile à son accoutrement. Seul son visage était découvert, serein malgré la chaleur qui l’accablait : de longue traînée sale dégoulinait de ses tempes.
Il se mit à me parler. Poliment. Sa voix portait naturellement et je n’eus aucun mal à l’entendre.


_ Il est bien tard pêcheur pour rentrer chez toi. La brume monte déjà, n’est-ce pas le signe du couvre-feu ? Quel est ton nom ?
_ Jehan, messire. Je rentre justement en toute hâte et vous devriez en faire autant.
_ Vois-tu Jehan, pour nous, au contraire, la brume est salvatrice. Quant elle monte nous sortons.

Je regardais alors l’étranger. Qui pouvait bien-t-il être pour se gausser de la brume. Puis l’homme reprit, la phrase qu’il allait prononcer me jetterait dans l’effroi.

_ Je suis un ladre.

Le mot était lâché : un ladre. Ma vie était en danger et pire celle de ma famille m’attendant à Tournecoin aussi. Voyant mon désarroi l’homme sourit. Je le dévisageai, son visage ne portait aucune trace de la maladie mais son accoutrement laissait suggérer qu’il pouvait être atteint sur le reste du corps. Je remarquais alors les cliquettes posaient à côté de lui, il ne mentait pas.

_ N’ai pas peur Jehan, je ne te veux aucun mal. La lèpre n’est pas aussi contagieuse qu’on le prétend, nous avons été diabolisés par le Pouvoir. Notre maladie effraie. Sais-tu que pour les autorités nous sommes considérés comme des êtres morts civilement. Notre séquestration dans des maladreries, léproseries, malandias ou autres lazarets couronnent nos funérailles. Alors tout nos biens sont confisqués au bénéfice du Seigneur. L’exclusion est bien pire que la maladie.

Je ne savais quoi répondre, pauvres diables. Au bout d’un moment pendant lequel ses yeux bleus et froid me scrutaient je repris :

_ Et les attaques sur les villages ? Et votre alliance avec les Frères de la Côte ?

_ Foutaises que tout ça !! Des lépreux combattants et puis quoi encore. Ce ne sont que des menteries émises par les nobles et les religieux pour mieux nous spolier. Il est bien plus aisé de détruire que de comprendre ce qu‘on ne connaît pas. La caste dirigeante - sous domination du culte d’Amk’Cherk - n’a appliqué que la méthode qui lui était propre : la force brute. Mais la force ne règle pas tout.
Jehan, sais-tu ce que nos nobles pensent de nous, sais-tu ce que leur religion envisage pour notre avenir ?

Jamais je n’avais pensé à ça. Étant éloigné de Melit Aend, Tournecoin n’avait pas l’influence de cette religion, mais les rumeurs nous parvenant étaient horribles.

_ Ils pensent que si le Grand Châtiment s’est abattu sur nous c’est car notre peuple ne priait pas assez Amk’Cherk. Ils veulent imposer cette cruelle religion à la Gramée avec la ferveur d‘origine. Mais ils se trompent : chez nous dans l’île de Mange fer nous savons.
Jehan, nous sommes les parvenues, la lie de ce royaume, nous somme au ban de la société. Pourtant les Dieux nous ont sauvés du Grand Châtiment, il n’y a eu aucun mort.
_ Mais votre mal …
_ Notre mal est notre bien fait, cette marque nous prédestine à un destin hors du commun, nous et notre descendance. Car notre descendance à reçue la Grâce Céleste et n’a pas héritée de la lèpre. Nos adversaires nous calomnient parce que nous représentons la vérité, ils mentent : je parle avec vous maintenant depuis cinq minutes et vous n’avez eu rien à craindre.
Pourquoi tous ces mensonges, cette mise à l’écart ? Car ils savent que notre enseignement apporte la délivrance au bas peuple, ils savent que nous n’avons pas besoin d’aristocratie ni d’Amk’Cherk pour vivre. Joignez-vous à nous, nous vous apporterons la connaissance - qui est de loin le plus grand des pouvoirs.

Ici s’achève la déposition de Jehan de Tournecoin, l’homme n’a pu supporter plus longtemps le traitement que nous lui avons infligé. L’homme à la merlette n’a pu être identifié, nous continuons les recherches mais le village de Tournecoin à été déserté.
Copie du rapport aux bourgmestres de Sar Fered.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyDim 18 Juin - 3:01

Contes et Légendes graméens : Le Prince, le Sage ou le Fou.

Première partie : Le Prince :

Il était une fois ou peut être n’était-il pas, dans les marais graméens, un Prince aussi cruel que puissant - l’apanage des nobles en tout temps. Réputé pour ne pas avoir de pitié, ses jeux devenaient plus pervers à mesure qu’il gagnait en maturité. C’est ainsi qu’à l’aube de sa quarante troisième année, le Prince envoya ses émissaires dans tout le royaume afin de quérir l’homme le plus sage qu’ils puissent trouver.

Les émissaires enfourchèrent leurs montures du matin à robe blanche, à robe de satin et cavalèrent à travers toute la Gramée. Peine perdue, lorsqu’ils rentrèrent en fin de matinée, tous les hommes sensés avaient refusé de les accompagner : la réputation du Prince dépassait sa principauté. Enrageant, il fit décapiter ses émissaires et envoya ses coursiers.
Alors les coursiers chevauchèrent leurs destriers du midi à robe d‘étincelles, à robe de paradis et sillonnèrent la Gramée. Ils poussèrent leurs recherches plus loin que les précédents mais firent choux blancs. Ils rentrèrent en fin d’après-midi sans voix, le Prince les étêtât. Il fit partir sur le champ ses cavaliers.
Bientôt les cavaliers montèrent leurs chevaux du soir à robe sombre, à robe noire et écumèrent la Gramée. Ils remuèrent ciel et terre sans trouver la moindre parcelle de sagesse. Dépités, ils retournèrent voir le Prince. Celui-ci comme aux autres leur fit trancher le cou, leurs chefs ensanglantés roulèrent comme les précédents à terre.
Cependant un cavalier n’était pas revenu : en plus de sa tâche il avait pour charge de coucher le Soleil dans sa tanière. Le chemin était pour lui plus long car il devait faire un détour. Revenu, il se présenta devant le Prince et lui parla en ces termes :

_ Mon Prince, mon Roi, en couchant le Soleil dans sa grotte, j’ai aperçu un village dans lequel je me suis arrêté. Après leur avoir exposé mon but, ses habitants m’ont désigné un vieux sage qui vivait à l’écart de toute vie. J’ai parlé à cet homme et il m’a dit qu’il viendrait demain.

Un rictus mauvais éclaira le visage du Prince, laissant la vie sauve à son cavalier il partit prévenir sa cour de l’arrivée du sage. Le spectacle serait grandiose, devant la cour et ses valets il exposa son nouveau jeu. Le Prince tiendrait deux papiers qu’il présentera au sage. Un papier dans chaque poing. Le sage devra alors choisir un des deux papiers - donc un des deux poings. Chaque papier comportera un mot : soit le mot « Mort », soit le mot « Liberté ».

_ C’est ainsi que je présenterai mon jeu au sage. Je lui dirai que s’il trouve le bon mot il repartira avec le cadeau qu’il voudra. Dans le cas contraire nous lui ferons subir mille tourments. Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin, mes amis, le sage l’ignorera mais au lieu de lui présenter un « Mort » et un « Liberté » comme je l’ai dit auparavant, je lui tendrai deux papiers « Mort ». Nous verrons alors si sa sagesse lui sera d’un grand secours. Il sera forcé de mourir …

****


Deuxième partie : Zhuanth Draeval :

Mais laissons-là la cour, son Prince et ses jeux, pour nous attarder un plus amplement sur notre sage. Celui se nommait Zhuanth Draeval et paraissait si vieux et si fragile qu’une brise légère aurait pu le faire tomber en morceau. Chauve, de larges rides parcouraient son visage en lame de couteau. Ses pommettes saillantes accentuaient le creux de ses joues et la jointure de ses lèvres ressemblait à un vieux parchemin usagé. Sa peau, comme les habitants du delta, avait été tannée par le sel et le soleil graméen. Ses yeux verts et malicieux alliaient la vivacité de la jeunesse à l’expérience de la maturité.
Les habitants du village voisin le prenaient tantôt pour un fou tantôt pour un sage - ces deux concepts étant liés, l‘un découlant de l‘autre.
En ces temps reculés, Zhuanth était déjà très âgé et de nombreuses légendes courraient à son propos. Il vivait dans une hutte isolée, qui semblait être construite sur deux pattes d’un volatile géant, à moins que ce ne fut-ce que deux poteaux pilotis. Une clôture ornée de deux crânes dans lesquels reposaient des bougies entouraient la cahute sur sa rive. L’intérieur était fangeux et des gorets se vautraient allègrement dans la boue.
Zhuanth ne sortait que rarement, bien qu’on l’apercevait souvent dans plusieurs endroits du marée, à des lieux de chez lui. De plus, il ne voyait pratiquement personne, les visiteurs étant trop impressionnés par l’aspect de sa maison et par sa réputation pour lui parler. Par une belle nuit, malgré l’apparence de sa case, un voyageur vint frapper à sa porte. Il s’agissait du cavalier du Prince. Celui-ci expliqua à Zhuanth le but de sa mission et lui présenta l’invitation du Prince sans omettre les périls qu’elle représentait. Zhuanth accepta de bon cœur : il partirait le lendemain.

****


Troisième partie : le Prince et le Fou :

Ainsi comme il l’eut dit, Zuhanth se présenta à la cour le lendemain. Le Prince fut arrogant et tenta de ridiculiser le vieil homme.

_ Ainsi c’est donc vous le sage que j’ai fait mander. Et bien vous ne payez pas de mine, on dirait une vieille noix tellement les rides lézardent votre visage. Savez-vous qui suis-je vieillard ?
_ Oui, j’ai eu vent de vos exploits Sire.
_ Et tu es tout de même venu ? Tu ne dois pas être un sage mais un fou, vieille bique.
_ « Le fou des uns est le sage des autres, Sire. De plus, j’ajouterai que la folie est une question de point de vue: si vous trouvez que je suis fou sachez que pour moi le monde entier est fou. »
_ … Euh bien, tu as dû faire un long voyage. Nous allons te montrer tes appartements, un page va t’accompagner.


Le page entraîna le vieillard dans la plus magnifique chambre qu’un roturier n’ai jamais pu voir. Délicatement meublée, elle présentait tout le confort nécessaire à la plus exquise des nuits sur Terre - et aussi pour les proies du Prince la dernière. Le page déposa les maigres affaires de l’ermite et lui fit visiter la pièce. Ce faisant le garçon regardait Zhuanth avec compassion et il ne put s’empêcher au bout d’un moment de parler des jeux du Prince. Il était honnête mais à cause de la misère ses parents l’avaient vendus au Prince, il ne supportait pas les crimes commis par celui-ci. Il ne supporterait pas non plus de ne pas avoir avertit le vieillard sur le sort qu‘on lui réserverait le lendemain. C’est de cette manière que Zhuanth fut secrètement mis au courant du jeu et de sa supercherie. La duperie du Prince était infâme et le garçon invitait Zhuanth à partir sur le champ.
Le vieillard ria de bon cœur et s’adressa en ces termes au garçon :

_ Mon jeune ami, tes paroles m’ont été profitables mais je ne partirai pas d‘ici. Ne répète à personne que tu m’as dit ce secret. Cependant sache que ton acte n’est pas passé inaperçu et tu seras récompensé comme il se doit le moment venu. Maintenant laisse-moi, j’ai besoin de dormir.

****


Quatrième et dernière partie : Le Prince et le Sage :

La journée du lendemain se déroula d’une traite jusqu‘à la soirée. Le Prince avait traité Zhuanth en invité de marque et les échanges entre les deux hommes étaient palpitants. Zhuanth répondait à merveille aux piques lançaient par le Prince. Enfin le soir vint et après un somptueux repas - le repas du condamné - le Prince demanda le silence. Il fit s’approcher Zhuanth et devant sa cour prit la parole :

_ Sage Zhuanth Draeval de nombreuses personnes m’ont vanté votre sagesse. Daignez que je la mette à l’épreuve en vous soumettant ce petit test. Si vos connaissances vous permettre de résoudre l’énigme je vous donnerai ce que vous voulez, dans le cas contraire c’est vous qui me donnerez ce que je veux. Êtes-vous d’accord ?
_ Rien ne me ferait plus plaisir Sire.


Et le Prince exposa son jeu à Zhuanth. Bien évidemment il passa sous silence le fait que ses deux poings renfermaient deux papiers « Mort ». Toute la cour pensait que Zhuanth était dupe. Toute la cour sauf le petit page, celui-ci savait que Zhuanth allait prendre la parole et confondre le Prince, dénoncer la supercherie. Le Prince serait bien obligé de le laisser partir …
Zhuanth s’avança vers le Prince qui bras tendu présentait ses poings. Zhuanth parut hésiter et au bout d’un moment, au grand étonnement du page il choisit une main. Le Prince tendit le morceau de papier à Zhuanth. Celui-ci au lieu de lire le papier l’avala.

_ La vieillesse t’as-t-elle rendu sénile, vieillard ? Aurais-tu perdu la raison pour …
_ Il suffit misérable Roitelet, je te l’ai déjà dit : « on est toujours le fou de quelqu'un ». Ainsi es-tu mon fou. Stupide homme qui m’a vendu son âme, stupide homme qui se croyait plus malin que quiconque car je te rappelle l’enjeu de notre partie : tu m’appartiens.
_ Que racontes-tu, fol ?…
_ Mon Prince, mon fou, mon esclave, la cour mes témoins. J’ai choisi un papier, tout le monde l’a vu et je l’ai avalé. Nous ne pourrons jamais savoir ce qui était écrit sur ce papier à moins de procéder par élimination. Si j’ai avalé le papier « Mort » alors dans l’autre main il ne reste plus que le papier « Liberté », si c’est ainsi je suis à vous.


Le Prince malheureusement comprenait, la cour comprenait, le page comprenait. Las, trop tard. Le Prince s’était jeté de lui-même dans son propre piège. Zhuanth eut un rictus carnassier, il reprit.

_ Mon Prince si j’ai avalé le papier « Liberté » alors dans votre main ne doit rester que le papier « Mort ».

A ces mots le Prince essaya de détruire le papier mais une force l’en empêchait, bientôt la salle fut remplie d’éther noir tourbillonnant. Le poing du Prince se desserra et le papier flotta dans les airs exposant le mot « Mort ».

_ Ma foi j’ai donc bien choisi le bon papier fou. Comprends-tu pourquoi cette désignation : fou ? Car tu as forgé toi-même ton propre malheur, creusé de tes mains ta tombe attitude incompréhensible n’est-ce pas ? Ne t’inquiètes pas beaucoup font comme toi …
Mais parlons de ma récompense.


L’éther noir immobilisé chaque personne, on ne pouvait bouger. Zhuanth irradiait de la lumière noire et son visage avait la plus cruelle des expressions.

_ Je veux toutes tes possessions : tes âmes, ta cour et tes domaines » se retournant il héla le page. « Petit page mon ami, chose promise chose dûe, voici pour ta récompense mon bâton. Il te procurera vivre en abondance. Retourne d’où tu viens.

Puis s’adressant à la cour.

_ Cour ignoble et sans cœur je te condamne à laver les pieds des morts dans les enfers avant leur comparution devant la Justice et ceci sans répit, jusqu’à ce que de vos doigts tout votre sang s’écoule. Mon Prince, mon fou toi qui m’a donné ton âme, tu viens avec moi …

Les yeux de Zhuanth pétillèrent d’excitation à ces mots. Et dans un éclair tout ce monde disparu, il ne reste plus de trace du château à l’heure actuelle à sa place se dresse une vaste forêt. On ne sait ce qu’il est advenu du Prince mais on raconte dans les marais qu’en écoutant la mer les soirs de grands vents on peut entendre les cris d’un fou raisonnant dans le lointain.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyJeu 22 Juin - 2:53

Extrait du carnet de voyage d’Ethan Brumacier : Jerk le pêcheur.

Jerk regardait son filet, ébahit. Pour sûr, il n’avait jamais vu de sardine de cette sorte. Les poiscailles, il les connaissait bien : il était pêcheur. Celle-ci mesurait une vingtaine de centimètres de long et comme ses sœurs elle possédait un ventre argenté. En revanche son dos brillait d’une couleur or à travers l’eau de mer.
Il y avait quelque chose d’anormal. Pas seulement le poisson. Déjà il n’avait réussi aucune prise ce matin là, lui qui était un pêcheur chevronné - il vivait de sa pêche. Et c’est en rentrant, tout près de la côte qu’il attrape celle-là. D’une les sardines évoluent au large, de deux elles sont toujours en bancs compacts et pour finir elles n’ont pas cette couleur dorsale.
Jerk avança vers l’animal ses deux mains calleuses, ses deux mains râpeuses et grossières, tannées par le soleil de tous les étés et brûlées par le sel de l’océan. La sardine tournoya et virevolta joyeusement dans l’eau claire, comme pour le saluer, avant de rejoindre le bac à poisson. Quelle était belle !! Pour sûr il en tirerait un bon prix. Il se hâta de rentrer chez lui.
Dans le delta, les pêcheurs des bords de côtes vivent dans des petits hameaux construits sur pilotis. De cette manière ils ne quittent pratiquement jamais l‘océan. La mer représente tout pour eux : l’Amante, la Mère, la Mort, la Vie, … Il n’y a que les jours de marché où ils s’aventurent dans la ville la plus proche pour vendre les poissons rutilants d’eau de mer. Ce jour-là, on les reconnaît facilement : leur démarche est lourde et pataude, habitués aux roulis de la mer ils sont inadaptés à la marche. Ils puent la mer à plein nez et ils ressemblent à des miséreux. Les taxes s’abattent une fois leur vente effectuée et ils ne repartent qu’avec peu d’argent en poche. Il n’ai pas rare d’entendre l’un d’entre eux maugréer dans sa barbe contre les impôts exorbitants. Mais que voulez-vous les Nobles taxent et les Pauvres payent : c’est dans l’ordre des choses …
Or, il se trouvait que ce jour-ci était jour de marché. Jerk prépare ses biens et part à la ville, emportant sa dernière trouvaille dans son seau. Cahin-caha, de sa démarche chaloupée il arrive à la ville et remonte la grande allée jusqu’au foirail. Là, c’est l’effervescence. Jerk hait la ville mais il faut bien payer les taxes.
Les rues grouillent de monde s'affairant à différentes tâches, le boulanger vend son pain, le métayer et son bailleur vendent la récolte, le cordonnier répare ses chaussures, le tailleur reprise, le tisserand tisse, le forgeron donnent naissance dans des gerbes de feux à des épées, l’artisan sur son étal confectionne milles objets, les vendeurs charrient leurs charrettes dans les rues, les potiers exposent leurs plats. Viennent s’y ajouter les rires et les jeux désordonnés des enfants. Les badauds peuvent se restaurer pour quelques piécettes au centre de la place grâce à une gigantesque marmite fumante fixée à des solives. De toute part s’élèvent les cries des marchands. La grande rue et le marché se trouvent vite bouchés, saturés de monde et de bruit.
C’est dans cette atmosphère que Jerk étale sa marchandise. Sa sardine attire rapidement l’attention et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, toute sa cargaison se vend. Des offres faramineuses lui sont faites pour son étonnant poisson, mais prit d’une soudaine - et incompréhensible - affection pour la sardine, Jerk décline et repart avec sa bourse et sa sardine sous le bras. Étrange animal. De retour chez lui, le pêcheur de ses rudes mains et avec toute la délicatesse possible relâche la sardine dans l’océan. Celle-ci jaillit joyeusement hors de l’eau, replongeant aussi sec en éclaboussant amicalement l’homme et pour repartir à toute vitesse dans les eaux claires teintées de soleil.

Épilogue : on raconte que perdu dans une tempête en mer, Jerk put s’orienter et sortir de la tourmente grâce à une lumière dorée surgissant de nulle part.
D’autres disent que par une nuit sans lune, Jerk n’y voyant goutte, passa par dessus bord. Épuisé et désorienté il se noya. C’est alors qu’il aperçu le buste de la plus belle femme du monde. Ses cheveux noirs comme l’encre ondulaient suivant le rythme lent des vagues. Ses yeux verts brillants le regardaient avec peine. Il émanait d’elle une douce lumière contrastant avec la noirceur de l’eau, de l’air, de la nuit. Ils étaient isolés dans une poche de sombre clarté, au milieu des eaux ténébreuses. De fines bulles d’argent voletaient autour d’eux en une danse muette.
Elle l’attira à elle, le pressant contre ses seins ronds et dans un ultime geste l’embrassa, emplissant ses poumons d’air. Au matin, la mer avait recraché Jerk sur le sable noir de la Gramée.

Note : Ce texte à l’avantage de présenter la diversité des métiers graméens ainsi que la difficulté des petites gens - notamment celle des pêcheurs qui déplore de nombreux morts. L’histoire est bien évidemment romancée, il y eut effectivement un cas où un pêcheur provoqua une émeute dans une ville du delta. Il avait pêché un poisson hors norme que tout le village voulut s’approprier provoquant une rixe géante. Le fauteur a été dûment puni par le pouvoir établi, ironie du sort il fut pendu avec ses propres lignes de pêches.
Pour plus tard : remédier à la condition du bas peuple.


Dernière édition par le Jeu 20 Juil - 14:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyMar 27 Juin - 4:57

Récit d’Edric Brumacier : « L’Espoir » d’Edric, renouveau du commerce entre Sâr et Vélidian.

Edric courrait sous la mince couche de brume, ses armes fixées sur son dos massif. La lune dardait ses rayons à travers le brouillard, formant un gigantesque halo lumineux. A l’aube de ses seize ans, Edric Brumacier était un chasseur accompli, capable de chasser de jour comme de nuit. Il connaissait les marécages et se déplaçait silencieusement. Le Grand Châtiment avait eu comme avantage de diminuer le nombre de chasseur et donc de renouveler la faune.
Ces jours-ci il avait poussé loin sa chasse, dormant à la belle étoile, s’abritant sous les palétuviers ligneux quand il pleuvait. Pour le village il faisait des réserves de chair fraîche - denrée rare puisque que peu de personne s’aventurait hors du fortin. Son but véritable était tout autre : il cherchait une trace de vie, des personnes ayant survécu au Grand Châtiment.
Un matin, il était parti, laissant Sâr loin derrière lui et longé la côte vers le nord pendant des jours. Durant son périple il avait trouvé près d’un détroit un petit village dévasté. Ne se décourageant pas, il traversa le bras du fleuve et continua toujours dans la même direction. C’est alors que par une chaude soirée il découvrit une jeune femme.

Celle-ci cueillait des herbes non loin d’une plage de sable noir. Elle se tenait dans une cuvette formée par les racines d’un palétuvier, les pieds dans l’eau, les yeux levés vers une plante parasite qui ouvrait avec « orgueil ses vases vénéneux ». Absorbée par son étude elle ne remarqua pas le jeune homme s’approcher. Voulant couper une des fleurs, elle sortit une serpe de sa sacoche puis elle se dressa sur la pointe de ses pieds menus et tendit vers la fleur ses bras exquis. Se faisant, sa poitrine saillit et sa robe se serra sur sa taille souple et ses hanches pleines - ce qui n‘échappa pas aux yeux acérés de notre chasseur. La belle était trop petite pour atteindre son objectif.
C’est ce moment que choisit Edric pour se dévoiler. Il sortit des fourrés et après une vague parole lui proposant de l’aider, il attrapa sa dague et trancha la tige, séparant la fleur de ses ronces. Puis il tendit le trésor à la belle. Celle-ci dans un premier temps éberluée devant cette étrange apparition, le regardait maintenant avec des yeux alarmés : du sang coulait de la main d’Edric. Trois fois rien, une écorchure qu’il venait de se faire aux épines du ronciers. Puis sa vue se brouilla et un voile noir obscurcit son champ de vision.

Edric resta longtemps malade. La jeune femme alerta les hommes de son village et les persuada de l’aider. Malgré le Grand Châtiment et le danger qu‘un étranger pouvait représentait pour les habitants, Edric fut transporté dans une petite bourgade de bord de mer près des Collines Enclavées. Il divagua longuement, Kestal - le nom de la belle - à ses cotés, le soignant grâce aux mixtures tirées d’herbes sans noms. Durant ses moments de lucidité il était visité par les hauts dignitaires du village : un étranger, ce n’était pas commun en ces temps d’isolement !

Peu à peu, Edric se remit et se qui devait arriver arriva. Il épousa Kestal après avoir reçu l’accord - mouvementé - de sa famille. Kestal qui en langue ancienne veut dire « espoir ».

Durant sa convalescence, Kestal lui montra les environs. La ville construite sur une haute colline se nommait Vélidian et comprenait deux parties : la place forte et le port. La place forte se trouvait tout en haut du pic rocheux, dos au vide pour des raisons défensives évidentes et abritait la demeure familiale de la dynastie vélidianne. Le port en contre-bas abritait des bateaux dans une rade aux eaux enchanteresses.
Le vent ne semblait jamais s’arrêter de souffler. Inlassablement, il taquinait le badaud, le pêcheur, l’artisan leur envoyant en pleine figure les embruns salés des crêtes des vagues. Lors des gros grains, les bourrasques pouvaient se muer en véritable tempête, alors on se sentait petit devant la puissance des esprits du Vent. Su'aco ( le vent en langage ancien ) s’engouffrait dans les petites ruelles, entre les chaumières faisant vibrer les murs et donnait de la voix tel un spectre mugissant.

Au bout de longue tractation, et grâce à l’endiguement du Grand Châtiment une nouvelle voie commerciale fut ouverte entre les deux villages … Mais ceci est une autre histoire.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyJeu 29 Juin - 19:41

Récit du Capitaine de l’Eauvive :

L’« Eauvive » naviguait tranquillement le long de la côte graméenne. Un long voyage d’un peu plus d’un mois l’avait menée jusqu’à Vélidian, dans les Collines Enclavées ; elle retournait maintenant à son port d‘attache, ses cales pleines. L’Eauvive était le seul navire appartenant à Sâr, c’est à dire un bateau de fort tonnage ponté pouvant naviguer en pleine mer.

A vrai dire, Sâr Fered n’avait guère les moyens de construire un tel bâtiment, aussi avait-on eu de la chance en trouvant la carcasse de l’Eauvive échouée sur une plage. Les autorités l’avaient alors treuillées jusqu’au port maritime de Sâr pour la réparer. La remise à neuf du navire prit une génération de maître charpentier, de maître maritime et de travailleur. Une fois le vaisseau remis à flot, Sâr fit sélectionner les meilleurs marins afin de constituer un équipage. Le Capitaine, un jeune noble, fut choisi pour ses qualités nautiques et sa discipline.
L’Eauvive fut testée : on lui fit faire d’abord du cabotage avant de l'envoyer en mer. Elle prit finalement ses fonctions de navire commerçant et rallia Sâr Fered à Vélidian en des temps records ( environ deux mois pour l’aller-retour ) : elle pouvait s’aventurer en pleine mer contrairement aux autres bateaux qui devaient suivre les côtes. Elle coupait ainsi le golfe d’Olath Niar plutôt que de caboter, raccourcissant considérablement la distance. Naviguer en pleine mer présentait aussi l'avantage d'éviter les pirates.

Ultrinnan le jeune Capitaine, se laissait bercer par le roulis, le clapotis des vagues et le bruit du vent dans le gréement. A l'horizon, la noirceur de la nuit rejoignait les eaux sombres de la mer en une seule et unique phase. Les limites ainsi abolies, vous laissaient désorienté. Le cap ne changeant pas, Ultrinnan avait fixé la dérive, de cette manière il pouvait se laisser aller à ses rêveries. Le voyage s'était bien déroulé, les cales regorgeaient de marchandises.
La traversée lui avait malgré tout coûté deux bons marins. Le premier se tenait dans le gréement lors de son accident, sur le mât de Misaine à la proue. A l'aide d'une drisse lui et ses compagnons tentaient de hisser une voile sur son espar quand une embardée leur fit lâcher prise subitement. Le marin en question se tenait près du hauban supportant le cordage et lui seul garda serré la drisse fermement. La voile tomba en chute libre entraînant la corde et la main du pauvre diable à travers le hauban. Son index fut sectionné tandis que son majeur et son annulaire se coincèrent dans la manœuvre dormante, supportant le poids de la voile et de sa vergue en un équilibre instable. Le malheureux s'évanouit sous le choc et faillit chuter. Ses compagnons le délivrèrent et le prêtre n'eut d'autre solution que de l'amputer ...
Le deuxième marin se trouvait sur le Grand mât lors d'une tempête pour manipuler la voilure à l'aide des manœuvres dormantes et courantes quand il chût. La mer l'avala et nul ne le revit, accident banal finalement.

_ Capitaine ! » c’était son second, un vieux loup de mer qui savait tenir son équipage. Sa peau était mate contrastant singulièrement avec ses yeux bleus clairs. Le soleil avait blondi ses cheveux. « C’est le quart, Capitaine. Je viens surveiller le cap, allez dormir. »
Ultrinnan arrachée à ses pensées, soupira et se leva.
_ Bien. Fais moi appeler s’il y a un problème. »
_ Capitaine ! Merci pour Yann, merci de lui avoir laissé votre couche … »
_ C’est normal, il doit se remettre. Malheureusement il ne pourra jamais plus naviguer. »

Et Ultinnan parti dormir parmi ses marins. Ceux-ci devant le geste de leur Capitaine n'en était que plus admiratif.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptyDim 16 Juil - 19:33

Recrutement des fantassins de Sâr :

La prison de Sâr n’était pas pire que les autres geôles mais mieux valait s’abstenir d’y séjourner trop longtemps. L’air était moite, lourd et malsain : il faut dire que l’unique soupirail de chaque cellule ne permettait pas une ventilation optimale - loin de là.
La prison se trouvait non loin du port, à proximité de l’eau si bien qu’à chaque marée montante les cellules se trouvaient inondées et l‘eau montait jusqu‘au genou des prisonniers. Elle se composait d’une salle haute principale où transitait les condamnés. Pour accéder aux cellules il fallait descendre un étroit escalier en colimaçon se perdant dans les ténèbres. Ces cellules, individuelles, étaient étroites et ne permettaient pas aux hommes de s’asseoir et les forçaient à rester debout, position qui devait vraiment inconfortable après plusieurs jours de détention.

Ed regardait la marée monter à travers les grilles de sa prison. Il se marrait. Sa chemise en lin cru gorgée de sueur et d’humidité lui collait à la peau comme une seconde peau. Le dos collé au mur, ses genoux distordus pour se caler, il avait pu se hisser et regardait la mer sous lui emplir la cellule. Son voisin, dans la cellule de gauche hurlait à la mort. Visiblement ce gars là était nouveau et ne savait qu’au maximum l’eau ne montait qu’à la taille. Le tout était de rester éveiller pour ne pas se noyer. En tout cas sa terreur faisait s’esclaffer Ed.


_ Mais tu vas la fermer ? C’est la marée. L’eau n’envahira pas toute la place. Au pire tu chopperas une bonne pneumonie. Profites de la marée descendante pour faire tes besoins, de cette manière toutes les souillures repartiront avec l‘eau …

L’autre se calma peu à peu, voyant qu’Ed avait dit vrai.
Comment avait put-il se retrouver là ? Ed se récapitula sa soirée. Elle avait bien commencée, avec la fille du bailli. Une fille exquise et ouverte, avec un corps appelant les caresses et des lèvres les baisers. La petite était seule ce soir là et bien chagrine. Pire, elle avait peur et n’écoutant que son courage, Ed lui avait juré de la protéger. Sur ces entrefaites là, son père était rentré prématurément et il n’avait pas aimé, mais alors pas du tout ce type de protection rapproché. La position scabreuse que le couple avait offert au regard du bailli l’avait fait rougir si fort que des veinules apparurent sur sa face de crapaud. Ed n’eut d’autre moyen que de prendre la fuite.
Sur ce, rentant dans une taverne bien connu il avait rencontré plusieurs amis. Ils avaient bu - plus que de raison - et avaient participé de bon cœur à une gigantesque bataille. La maréchaussée l’avait cueillit comme une fleur, dormant ivre mort.

Il attendrait son jugement. Le bailli avait fait un foin du tonnerre, il risquait la mort - ou pire : le mariage. Heureusement il lui restait une alternative, Sâr enrôlait toujours les condamnés quelque soit leurs crimes. En signant on était gracié … oui, il signerait.

Le lendemain lorsque le geôlier vint le chercher il ne se fit pas prier pour signer le contrat d‘enrôlement. Ses nouveaux compagnons étaient de la pire espèce, repris de justice, condamné à mort, forçat, récidiviste, violeur, meurtrier, … Tous unis sous une même bannière. Il se plairait bien dans l’armée.
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MessageSujet: Re: Récit d'Edric Brumacier   Récit d'Edric Brumacier EmptySam 19 Aoû - 14:58

Accoudé à la balustrade de sa vaste chambre, Ethan Brumacier regardait le lointain. L’orage se profilant donnait des tontes sublimes au ciel, les nuages se paraient de rose et de pourpre au rythme des éclairs. Le vent d’est apportait les effluves du marais et de l’océan.

Ethan était arrivé à Melit-Aend à 16 ans. A 22 ans il avait été nommé Khan et ambassadeur ( par la plus belle fille qui soit ). Il en avait maintenant 38 et son amante était morte naguère lui léguant la régence de la contrée. Doubiah et lui s’étaient aimés sincèrement, de leur union était né 2 fils qu’Ethan ne connaissait pas. La Grande Prêtresse les avait élevés seule.
Peu importait, Doubiah était morte et avec elle une partie d’Ethan avait disparu. La vie n’avait plus de goût. Plus le temps passait et plus Ethan maudissait Amk’Cherk. Doubiah était sa servante la plus dévouée ; Amk’Cherk aurait dû la sauver.

En dessous de la balustrade l’obscurité enveloppait le palais de sa chaude couverture. Ethan réfléchissait à la succession de Doubiah en Gramée. De nombreux Seigneurs avaient déjà donné leur aval. De nouvelles responsabilités, un peuple à guider, Doubiah, …
En dessous de la balustrade le vide appelait Ethan, qu’il devait être doux de se laisser glisser dans les ténèbres. Il ne sentirait même pas sa mort arriver. Il n’aurait plus à penser, plus à prendre de décision : il rejoindrait la Grande Prêtresse.

Ethan enjamba la balustrade et s’assit dessus, les jambes ballantes dans le vide.

Au loin l’orage se profilait …
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