Arrivée de la Gramée

Depuis quelques décennies, rares avaient été les représentants Graméens à Ephyne. Quelques messagers, coursiers, et autres gens de peu d'importance. Des rumeurs tournaient donc, ce silence oppressait plus les populations civilisées qu'une activité débordante. Personne ne savait ce qui se passait en Gramée, et d'ailleurs, personne ne s'en souciait.

Pourtant, si on s'enfoncait dans les marais putrides, accompagné d'un connaisseur des sentiers, on pouvait espérer arriver en vie dans un village, et constater que la vie n'avait pas changé. Toujours cette même pauvreté crasse, cette même méfiance à l'égard des étrangers, cette même noirceur de l'âme. On signalait néanmoins des patrouilles fréquentes à la frontière, comme si l'armée était encore organisée. Ce n'était pourtant qu'une impression, l'armée était réduite à une milice indépendante, qui n'obéissait qu'à son seigneur, et à aucun autre. Il était donc probable qu'un seigneur ait voulu extorquer quelque marchand, sous couvert des bandits qui écumaient encore la région.

C'est donc avec une grande surprise qu'on pu voir arriver dans l'Assemblée une colonne Graméenne, dirigée par un homme de petite taille, peu corpulent, et enveloppé dans une cape de voyage noire doublée de pourpre.
Si sa force ne se distinguait pas dans son physique, c'était bien parce qu'il n'en avait que peu. Chétif parmi les autres Graméens, il compensait cette faiblesse par un regard qui comportait trop de sous-entendus pour être honnête.

Il se dirigea droit vers l'estrade, prenant la parole avec toute l'autorité qui suintait de lui.

"Mes seigneurs, il est venu le jour où un Graméen revient à Ephyne. Après plusieurs décennies d'inactivité, nous nous rappelons à votre souvenir, qu'il soit bon ou pas.

C'est ainsi que moi, Stros Jalba, je viens représenter la Gramée ici. Je pense être le plus représentatif de cette lointaine terre puisque j'en suis l'Intendant.
Intendant n'est peut-être pas le mot à employer puisque nous sommes depuis l'invasion par Thomas de Crykas sous la houlette de l'Empersiste.
Cette terre obscure a donc été éclairée brièvement par la civilisation. Il a longtemps manqué un gouverneur. La Gramée n'est pas une terre riche, et l'avoir à sa botte ne se révèle pas tout le temps être un avantage, surtout dans la gestion des quelques richesses du pays. C'est surement l'une des raisons pour laquelle les Empersois nous ont laissé tant de liberté de conduite et de comportement.
Je peux cependant vous rassurer, la courte période qui a illuminé nos marais a charmé de nombreuses personnes.

Vous savez mon peuple pauvre, faible, et enclin à croire aux rumeurs. La rumeur qu'il existe un dieu qui fasse le bien est arrivée jusqu'à cette même population. Et l'élan de l'espoir qu'a apporté cette révélation ne s'est pas éteint parmi le brouillard qui obscursit nos marais. Elle a même traversé les générations, et c'est ainsi qu'on peut maintenant dire que la majorité de la population est Gaedienne. Bien sur, ils le nieront si vous leur demandez, Gaed représente depuis plusieurs siècles le Dieu de l'ennemi à combattre, et c'est honteux d'avouer y croire, mais la vérité éclatera bientôt, c'est un fait."

Cachait-il ses yeux? N'arborait-il pas un sourire quelque peu ambigu? Il continua.

Nos seigneurs sont convertis corps et âme à cette même religion, et c'est le même fanatisme qui secouait les membres du clergé qui secoue l'Eglise. Oh, bien sur, nos temples sont adaptés au climat, à la pierre, et à la richesse du pays, mais je peux vous assurer que chaque chateau possède sa propre chapelle, et ce fait me ravit chaque jour que Gaed fait.

Je le disais, Intendant n'est pas le mot, je suis plutôt, comme l'écrivent les sieurs Ilaak d'Itoria et Thomas de Crykas dans un traité retrouvé parmi les archives, un "gouverneur indigène qui prendra ses directives directement à Ephyne, ou à Osmad".

C'est donc avec un espoir immense de cohabitation sincère et de coopération mutuelle que je viens prendre les directives qu'il faut pour rétablir économiquement la colonie Empersoise qu'est la Gramée.

Messires, je répond à toutes les questions qui vous traverse maintenant l'esprit."

Et le petit homme toisa l'assemblée du regard, comme défiant quiconque de remettre en doute la véracité de ses dires.

Un membre de l'Assemblée ce leva, bien que peu influent sur les seigneurs Empersois, il sentait le besoin d'exprimé son opinion sur ce qui lui semblais une étrange manoeuvre de la Gramée

"Salutation à vous Stros Jalba, permettez moi de me présenté, Seigneur Korrak de la cité de Krim.

Vous semblez de bonne foi certe, mais pourquoi donc un territoire indigène comme le votre désire devenir un territoire dirigé par Ephyne? Étrangement, quelques saisons après la défaite de la Kandrasie.
Un peu hésitant il ce risqua à lancé une dernière phrase

Si vous me le permettez, je vais allez droit au but, je crois que la Gramée à vue la puissance de nos armés en Kandrasie et redoute la foudre divine de Gaed sur ces terres"

Korrak attendit la réaction du seigneur Stros Jalba

L'orateur se tourna vers le seigneur qui posait la question.

"Messire, si vous me le permettez, vous ne devez pas être seigneur depuis bien longtemps. J'ai été élevé pendant l'invasion Empersoise sur les terres de Gramée, et les images que cette invasion m'évoque sont les champs retournés par le pas lourd des armées Empersoises, qui brûlaient, pillaient, violaient. Pour sûr qu'à l'époque, la barbarie Graméenne n'avait rien à envier à celle Empersoise.

La mission que ces troupes avaient était pourtant noble. "Eclairer de la main de Gaed ce territoire pourri jusqu'à la moelle"
Et même si le séjour des troupes Empersoises a été court, il a néanmois enraciné profondément l'espoir. Surement comme vos troupes ont enraciné l'espoir dans le coeur des Kandrasiens il y a quelques saisons de cela.

La capitale était à la merci des Gaediens, et pourtant, ils l'ont laissé, nous liant pourtant à eux par le biais de ce qu'ils appelaient "colonie".

Certes, nous pensions que ce serait un régime dur, pour le peuple, ce qui n'est finalement guère important, mais aussi pour la noblesse et le Clergé. Mais cette liberté laissée a poussé la Gramée à muer. Au lieu d'écraser tout acte, qu'il soit hostile ou amical, dans l'oeuf, les Gaediens ont laissé les différentes parties Graméennes établir leurs idées. Gaed aidant, ce furent les pro-Gaediens qui prirent le pouvoir.
J'ai lutté contre mes frères, une lutte théologique, la barbarie contre l'espoir, les sacrifices contre les cérémonies Gaediennes, dignes et calmes... et j'ai été récompensé de mon dévouement pour Gaed.

Par le plus grand des hasard, ou par la volonté de Gaed, nul ne sait, cette lutte intestine s'est déroulée en même temps que l'odieux acte des Kandrasiens à votre égard. Vous remarquerez que mon accession au poste de Gouverneur s'est faite dans le calme. Je viens tout naturellement, comme le stipule ce traité datant d'il y a plusieurs années, réclamer mes instructions au siège de la Gaedienté.

Bien sur, ce traité a été fait par Thomas de Crykas, que vous connaissez peut-être par des rumeurs et autres histoires, homme qui est maintenant répudié à Ephyne, mais la Gramée appartient par les actes de vos parents à l'Empersiste, que vous le vouliez ou non.

Messire, votre méfiance est louable, car comme le dit Saint Maximus, dans son oeuvre sur Gaed : "Le berger doit veiller à ne pas laisser la brebis galeuse faire partie de son troupeau."
Mais je suis justement ici pour essayer d'aplanir les ressentiments que nos peuples ont pu avoir pendant les siècles de notre histoire afin d'unir une bonne fois pour toute nos deux pays."

Petit signe de la tête, destiné à demander au seigneur s'il était convaincu par la réponse.

Satisfait de cette réponse, Korrak repris sa place et murmura pour lui même et pour les quelques seigneurs assit tout près

Ainsi donc, les barbares de Gramée ce convertise.

La haute tête du Saint Ordre était sceptique face à cet évènement très inattendu : d’une part en tant que Seigneur du Beilan et en tant que gaedien. La Gramée ennemi coutumier du Beilan et terre de sorciers à deux sous devenir gaedien.

Salutation simple inconnu, enfin intendant tout de même. Je ne suis pas totalement convaincu de votre conversion au culte de Gaed. Voyez vous, même si j’ai personnellement participé à la croisade contre la Gramée il y a maintenant fort longtemps, il m’apparaît difficile que le peuple graméen se soit converti seul de son propre chef.

Mais peut être avez-vous raison, considération faite comme vous le soulignez les gaediens ne sont point restés en Gramée, laissée à l’abandon et aux appétits mesquins d’opportunistes. Est-ce votre cas ? Votre comportement est pour le moins suspicieux ne vous en offusquez pas.

Ainsi Thomas de Crykas avait établi un traité. Encore une chose faite dans le plus grand secret mais ceci est tout lui. La Gramée vient ici demander des ordres, souhaitez vous tant que ça que votre pays soit vassal ? Pardonnez moi mais vos dires me plongent dans le plus grand doute. Cependant vous vous adressez à l’Empersiste, le Saint Ordre de Gaed n’a nullement le droit de prendre une décision ici.

Se tournant vers le membre du Saint-Ordre, Stros Jalba répondit d'une voix haute et claire.

Comme vous le dîtes, la croisade Gaedienne s'est déroulée il y a fort longtemps. Mon accession à la direction de Melit-Aend n'est que toute récente, de même que le changement de comportement de la Gramée. Ce n'est donc pas par pur opportunisme que j'ai pu accéder à la charge de gouverneur mais bien par une détermination quotidienne.

Je suis convaincu que la Gramée a besoin de l'aide d'autres pays pour se relever. Les famines et autres maladies pullulent encore, et je pense que les faits prouvent que ce n'est plus le cas dans les territoires Gaediens. A ceci s'ajoute la conversion de plusieurs milliers de villageois Graméens, et celle, plus récente de la noblesse.

Quant à la vassalité, je puis vous assurer qu'elle n'est pas obligatoire. Néanmoins, j'estime qu'elle est la voie la plus évidente pour maintenir notre pays dans cet élan de construction et d'espoir. Si les Empersois désirent nous libérer des engagements pris par Thomas de Crykas, alors qu'ils le fassent, mais j'ose espérer que notre coopération pourra alors être aussi efficace et aussi désinteressée que si nous étions liés par les liens féodaux.

Mais vous êtes Beilanais, et je suis Graméen, nos peuples sont rivaux depuis la nuit des temps, je ne puis que comprendre votre doute, votre suspicion naturelle mais si la constructions d'églises Gaediennes dans nos chateaux, si la nomination d'un évêque peut vous convaincre, alors je vous invite en Gramée, afin que vous constatiez l'ampleur de cette foi nouvelle.

Ai-je répondu à vos questions, Messire?

Toujours cet air calme et posé.

Oui vous y avez répondu. Vos dires sont claires et votre éloquence indéniable, mais même si votre comportement est franc vous devrez faire vos preuves et montrer que vous avez la foi.

La Gramée peut en effet avoir besoin de l'aide de territoires puissant pour se relever mais elle est loin d'être le seul dans ce cas là. D'autre part les territoires Gaediens n'ont point encore éradiqué tous les maux si courants qui traversent Retrahant, simple exemple la famine s'abat actuellement en Empersiste.

Il est vrai que c'est à Empersiste de vous libérer de vos liens, lui seul décidera. Le Saint Ordre de Gaed n'a trait qu'à la foi que vous avancez. C'est pourquoi votre invitation est acceptée avec enthousiasme pour voir si les faits que vous arguez sont véridiques. Alors peut être que le Saint Ordre envisagera d'entreprendre des relations avec la Gramée.

Le rem'yshme qui représentait la Souhnak, au fait de la situation retrane, trouvait la situation cocasse.

Ainsi, la Gramée est gaedienne. Ma foi, le fait que les nobles graméens oublient leur dieu si détesté dans notre monde, devrait être une bonne nouvelle, s'il ne s'agissait d'une bouffonnerie d'un parvenu à Melit Aend.

Admettons, la gramée est devenu gaedienne. Ce qui est fort peu probable. Mais, le plus hilarant est vos références historiques concernant l'incompétent ex-intendant empersois, omni par les siens, qui plaça un pleutre gaedien à Melit Aend. Ce dernier se convertit lui même à Arm Cherk et donna les clés de la tour noire de Melit Aend à ceux qui incarnent le plus Arm Cherk. Comment l'action de Delyrant a pu aboutir à la conversion de la Gramée au gaedisme? Prenez-vous les membres de cette assemblée pour des incultes, graméen?

Mais, je comprends vos motivations. La Gramée, profitant du succés récent des gaediens envers les karéens, souhaite avoir une couverture gaedienne pour piller librement les terres non gaediennes que sont Orcum, Kandrasie, Aevenspir. Je n'évoquerais pas Fironk, ce lieu insiginfiant peuplé de barbares dans lequel je verrais les arm cherkiens que vous êtes se répandre avec plaisir.

Sortant de la colone Graméenne, un homme de grande taille, à la carrure impressionante vint ce placer au côté de son intendant. Le contraste entre les deux individus avait de quoi destabiliser.

Vétu d'une bure rouge et noire, l'homme croisa un bref instant le regard de Stros Jalba, attendant l'autorisation de parler. D'un bref signe de tête l'homme acquiesça.

Ambassadeur Waldzrit de Narc, je comprend aisément votre incrédulité. La Gramée a pour réputation d'abriter un peuple de guerriers sanguinnaires, répondant mal aux critères du Gaedisme. Mais aujourd'hui, ce ne sont plus ces guerriers qui peuplent nos terres, mais une population affamée et désemparée ou l'instabilité politique régne.

Avant de songer à un quelconque "conflit", nous devons remédier aux problèmes qui agitent la Gramée. C'est, à mon grand dam, vers le Gaedisme que la foi de notre peuple c'est tournée. Je respect néanmoins ce choix, et si Thomas de Crykas, est maintenant omni par les siens, ce n'était pas le cas lors de sa croisade sur nos terres.

Nous répondons aujourd'hui à nos devoirs en tant que vassaux, espérant que gaed puisse nous aider, quand Amk'Cherk ne répond plus à nos prières.

Je vous demanderai également d'éviter de nous méler à vos querelles avec Fironk. Nous n'avons aucun littige avec eux et espérons revenir à de meilleurs sentiments avec ce peuple.

Hochant la tête pour signifier à son intendant qu'il n'avait plus rien à die pour le moment, Aust recula d'un pas, allant se placer derrière Strso Jalba.

Le représentant de l'Akathaïadah, Waldzrit de Narc, resta sceptique.

Il se tourna vers la tribune empersoise.

Je ne m'explique pas votre silence devant un peuple qui vous prête allégeance.

J'ose espérer que le territoire graméen n'est pas sous votre menace.

Un ancien fidèle de feu Dylan Selden se pencha vers l'orcumien.

"Nous n'avons que peu d'opinion à ce sujet pour le moment mais pensons néanmoins que pour que la Gramée soit considérée comme gaedienne il sera nécessaire d'y placer un vrai gaedien fidèle à Ephyne."

Le Rem'yshme commençait à comprendre ce qui se tramait et qui justifiait l'intervention graméenne en ces lieux. Il alla droit au but.

Dois je comprendre que vous envisagez d'attaquer la Gramée?

"Sans doute, oui."

Hémor Varin siégeait aujourd'hui à l'Assemblée, Retrahant était en ébullition et il voulait être au courant de tout.

"Ecoutez, Graméen, comment voulez-vous que nous vous croyions? La Gramée est une tare, un déchet, incapable de se gouverner, incapable de penser. Et vous affirmez qu'elle est devenue Gaedienne? Non, Gaed écarte les impies de la Foi. Portez-vous une insigne Gaedienne sous votre toge? D'ailleurs, cet accoutrement est-il celui d'un Intendant? Vous mentez, Graméen.

Vous voulez tout simplement assurer votre sécurité derrière nos boucliers. La Gramée deviendrait un parasite, tirant profit de la puissance du plus grand, du plus puissant Royaume Retrane. Nous ne voulons pas de vous, nous n'avons pas besoin de vous. Et si la Gramée doit redevenir une colonie Empersoise, alors ce sera avec un Empersois à sa tête."

Hernander de Lougevelles, siégeant sur le trône de la tribune empersoise, se permit un petit rire. Il échangea quelques paroles à l'adresse d'un de ses fidèles et rumina quelque mauvais pensée à l'égard d'Hémor Varin. Maintenant qu'il avait les pleins pouvoirs il faudrait sérieusement envisager de trouver un triste sort au seigneur d'Auzance. Si ce n'étaient sa puissance et la nécessité de maitnenir la cohésion au sein de l'Empersiste, voilà bien longtemps que cet empersois croupisserait dans les geôles d'Ephyne nouvellement remises à neuf.

"Graméens, votre plaidoirie nous a émue et en conséquence snous nous devons d'agir. La Gramée était autrefois une colonie et nous avons eu la faiblesse ou l'ennui de l'oublier. Notre devoir devant Gaed est d'assurer la diffusion de sa bonne parole et nous vous félicitons et vous remercions de vos efforts dans ce sens.

Vous êtes nommé gouverneur graméen de la Gramée par Ephyne et je ne vois réellement pas ce que Osmad vient à faire là dedans. Dylan Selden mon prédecesseur n'était pas plus assujeti aux d'Itoria que je ne le suis et Melit-Aend est une colonie gaedienne avant d'être empersoise ou ciranienne. Gaed est Ephyne aussi Ephyne dirigera la Gramée. S'il plaît aux autres gaediens, bien entendu.

Pour vous aider dans vos fonctions il est probable que nous venions prochainement vous soutenir en Gramée ; un quelconque empersois s'assurera de vos "convictions" en suivant vos actions depuis Melit-Aend. Je crains que vous ne deviez établir une base en d'autre lieu en Gramée."

L'homme tourna son regard vers le nouvel intendant d'Ephyne... Celui à qui allait désormais sa fidélité... Toussant légérement, il parla d'une voie claire et forte.

Seigneur Hernander, je remercie la bonté dont vous faîtes preuve à notre égard, considérant les efforts mis en oeuvre par Stros Jalba pour venir en ce jour. Le peuple Graméen est heureux de voir que tout retrahant ne partage pas la vision du seigneur Varin et espère sortir de la décadence au contact des vôtres.

Cependant permettez que je vous rappelle quelques règles de civilité mon sieur. Il n'est guère courtois de chasser notre intendant bien-aimé de son domaine, pas plus que de mettre sa parole en doute.

Je comprend cet excess de prudence et pense parler au nom de mon peuple en acceptant l'un des vôtre sur nos terres. Cependant, je tiens à vous signaler que Stros Jalba est considéré comme un guide sage, et bien veillant, par la populace. Il est le premier intendant Graméen à offrir un avenir à son peuple et est admiré pour celà.

La prise de Melit-aend par un gaedien plongerait le peuple dans l'incompréhension et lui rappelerait le joug des seigneurs Graméens d'antant. Privez-les de leur intendant, prenez Melit-Aend et vous encourez le risque d'une rébellion. Le peuple est supersticieux et verrait dans un tel acte, la pire des offenses.

Pourquoi ne pas venir loger dans ma cité ? Je suis pret à acceuillir l'un d'entre vous. La récente construction d'une église gaedienne m'honnore et j'espère que vous me ferez l'immense plaisir de votre présence.

"Stros Jalba n'est pas intendant mais gouverneur de Gramée pour le monde Gaedien. Nous ne lui demandons pas son autorisation pour nous installer à Melit-Aend. Vous souhaitez être nos vassaux, certes et bien comportez vous comme tels."

"Messires, je comprend bien le problème. Quoi de mieux qu'un Gaedien pour assurer la construction de la Gramée, terre nouvellement Gaedienne? Mais si je ne suis ni Empersois, ni Ciranien, ni Beilanais, j'ai été élevé dans l'amour de Gaed et dans le respect de ses traditions, tout comme vous. Alors je n'indique que ma position, en vous conseillant de ne pas brusquer les choses, cela dans l'intérêt de la Gramée, chose qui bien sûr vous tient à coeur en tant que partie à part entière du Saint Empire Gaedien.

De plus, le traité établi par Thomas de Crykas et Ilaak d'Itoria en son temps énonce clairement la chose :
L'homme sortit un papier de sa toge et le lut, d'une voix monocorde


"Dans le cas où l'un des dirigeants Gaediens voudrait changer le gouverneur en place en Gramée, ce choix est soumis à l'approbation de l'autre dirigeant."
La chose est donc claire, si vous voulez respecter les paroles de cet homme, vous devez demander son avis à Ilaak d’Itoria. Si jamais il est d’accord avec vous, alors je me plierais à la décision que vous prendrez. Mes mots ne comportaient bien sûr aucune allusion à quelque vassalité entre les deux cités sœurs que sont Osmad et Ephyne.

Messire Hémor, je porte en effet une petite croix sur moi. Il la montre.
Si vous n’avez pas besoin de la Gramée, j’ose encore espérer que votre bonté Gaedienne qu’on dit immense nous permettra de nous reconstruire. La Gramée n’aspire pas à voir ses quelques champs cultivables détruits, elle n’aspire qu’à la paix, quitte à renier toute son histoire."

L’homme se tut, comme humble.

"La Gramée est resté un territoire graméen avec un intendant non gaedien à sa tête durant ces dernières années. Non que je sois sceptique sur l'étendu de votre foi mais nous tenons à nous en assurer de nous mêmes. Je ne vois d'autre part pas réellement pourquoi vous vous montrez si guilleret à l'idée de porter un morceau de bois en forme de croix mais bon.

Le roi Ilaak d'Itoria, trop souvent absent de la vie politique ces derniers temps recevra bien évidemment nos propositions et souhaitera probablement participer lui aussi à la mise en place de ce gouverneur mais le silence des ciraniens en dit long sur l'intérêt qu'ils portent à la Gramée."

Asclepior laissa l'Intendant Empersois finir son intervention, puis enchaîna sur un ton rassurant :

"Gouverneur Stros Jalba, ne soyez pas effrayé par une telle opération politique et diplomatique. Ne voyez pas cela comme une infâme ingérence mais plutôt comme l'établissement d'un Protectorat Impérial nécessaire et utile pour tous.
Ce Protectorat apportera paix et prospérité à votre peuple, nous ne le faisons point par avidité car nous n'en tirerons aucun bénéfice concret. Cependant la satisfaction d'avoir apporté un peu de bonheur chez nos amis les Graméens nous contentera amplement et vous contentera d'avantage j'en suis certain.
Puisque vous désirez ardemment rejoindre l’Empire et plus globalement la sphère Gaedienne nous vous guideront dans cette lourde tâche.
En tout cas je consens à croire que des efforts sont faits afin de convertir les Terres Graméennes, car j’ai dans l’esprit que ces efforts sont certainement longs et ardus mais nous saurons accélérer le mouvement entreprit."

Ilaak venait d'entrer dans la salle au moment ou Hernander terminait son discours. Celui ci n'avait pas remarqué son entrée et Ilaak attendit patiemment que ce nouveau venu se taise. Il profita de l'intervention du seigneur Asclepior pour passer en revue très rapidement le compte rendu du scribe présent dans la silencieuse tribune ciranaise. Ce dernier était resté bouche bée en voyant son Roi si souvent absent ces derniers temps lui prendre le parchemin des mains. Quand Asclepior eut finit, Ilaak prit la parole d'une voix forte, soignant son entrée dans le débat :

"Le Ciran enverra sous peu une délégation à Melit-Aend pour vérifier la situation présente sur ces terres. Après toutes ces désillusions sur ce territoire malodorant, j'avoue avoir du mal à croire que ses habitants ont finalement trouvé le Chemin. Mais soit, je vous donne votre chance pour le moment graméen."

Puis il s'arrêta un instant, le temps de relire un peu plus en détail une phrase d'Hernander, qui l'avait alors interloqué. Il sourit. Puis il posa son regard sur Hernander. Le regard froid, il laissa passer quelques secondes de silence tendu. Enfin, il lui sourit et s'efforça de garder un ton neutre en parlant :

"Ainsi donc voila le nouvel intendant empersois. Je fus bien surpris de ne pas être informé plus tôt de cette succession ! Mais peu importe, le problème qui est devant nous, ne concerne pas des terres mais une Foi. Et une autorité."

"La Foi de ces hommes, ce sont les archevêques qui en jugeront. Quant à l'autorité...
Hé bien comme le seigneur Jalba vous l'a fait remarquer, le Ciran a plus que son mot à dire. La gramée ne sera pas plus province empersoise que l'Empersiste n'est province ciranniene. Ces terres appartiennent à Gaed, mais il est clair que le statut de son représentant est à discuter."

Il conclut son discours sur un ton narquois bien avoué : "Vous me voyez bien désolé de vous compliquer les choses, Hernander."

Il se rassit tranquillement, commençant déjà à discuter de la prochaine délégation promise à la Gramée.

Les interventions gaediennes agaçaient le représentant de l'Akathaïadah et il décida malgré les risques que cela comportait de cesser de faire l'autruche.

Orcum voit d'un très mauvais oeil l'ingérence des gaediens dans des terres traditionnellement non gaediennes. Terres graméennes en l'occurence qui depuis longtemps ne menacent plus les autres territoires et qui ne nécessitent donc pas d'intervention extérieure.

Nous souhaitons des précisions. Après la Gramée, envisagez vous, gaediens, de répandre votre religion dans les autres territoires de Retrahant?

Asclepior reprit la parole mais se tourna tout d'abord vers le seigneur des Lougevelles :

"Intendant permettez moi d'intervenir avant vous" il fit un signe de la tête en gage de respect puis se tourna en premier vers Ilaak d'Itoria

"Bienvenu Roi du Ciran ! Vous êtes de retour, ma foi tant mieux pour cette assemblée.
Pour revenir au sujet du jour, la situation prendra la complication que vous aurez décidé d’y mettre, certes votre intervention est nécessaire, vos suggestions appropriés et vos remarques pertinentes. Nos deux territoires agissent en synergie comme nous le savons et votre avis est évidemment important, cependant garder à l'esprit que nous n'agissons pas seulement dans notre propre intérêt, nous le faisons pour toute une communauté, celle de Gaed et vous en faites partie il me semble.
Alors au risque de paraître offusquant, à part nous compliquer les choses comme vous le dites si bien que proposez vous pour cette "autorité" puisque nous ne sommes pas en mesure d'agir sans votre accord ?"

Puis il s’adressa à l'Orcumien en attendant la réponse du Ciran. Il se méfiait de ce représentant d’Orcum, il posait des questions bien trop dérangeantes à son goût, Asclepior répondit de la meilleure façon qu’il put, ce poseur de question comprendra ce qu’il voudra :

"Je n'aurais pas la prétention de répondre au nom de tous les Gaediens, mais en ce qui concerne l'Empersiste vous aurez vite compris que nous sommes en train de changer quelque peu nos institutions pour évoluer vers un Empire. Cela signifie que nous installons un système qui a pour avantage de faire diffuser, par maintes méthodes, une culture et des valeurs dans lesquelles beaucoup d'êtres pourront se reconnaître dans tout Retrahant. Bien sûr, la religion fait partie de ces influences diffusées bien qu'elle ne me semble pas d'un intérêt majeur à mes yeux. Si cela peut répondre à vos interrogations...
Mais pourquoi tant d'inquiétudes, vous sentez vous menacé cher ami ?"

Le rem'yshme écouta avec amusement l'hypocrisie des empersois envers le Prince régnant du Ciran. Les fauves et vollailles se disputaient la charogne graméenne promise et le félin du ciran pouvait priver les vautours de l'empersiste s'il ne se joignait point à eux. Il prit la peine de confirmer les propos du charognard nommé Asclepior.

J'admire votre clairvoyance Seigneur empersois Asclepior. En effet, nous nous sentons menacé.

Il regarda la tribune aevenspir et karéenne, s'interrogeant sur le fait que les frères ennemis pourraient s'entendre à défendre les marais hais par l'ensemble du Retrahant. Puis son regard se figea sur l'empersois ayant pris en dernier la parole.

Vos dires confirment mes craintes et j'aimerais connaître les frontières de votre Empire qui repose sur des préceptes que vous êtes incapables de définir clairement. Il est trop aisé de justifier vos propos sur une culture et des valeurs dont il semble que vous êtes incapable d'en exprimer clairement le sens.

Pour cette raison, je me permets de reformuler ma question envers des gaediens qui ne me formuleront pas une réponse aussi stérile.

Envisagez vous, gaediens, de répandre votre religion dans les autres territoires de Retrahant?

Considérez vous que les autres cultures de Retrahant soient infèrieurs à la votre et ne puissent librement administrer leur territoire?

Asclepior leva les yeux au ciel, il se pencha vers son scribe :

"Qui est ce ?"

"L'ambassadeur d'Orcum mon seigneur, Waldzrit de Narc" répondit prestement le gratte-papier.

Alors donc cet Orcumien était ambassadeur, croyait il en venant dans cette assemblée que les réponses puissent se résumer à "oui" ou "non" :

"Je serais heureux d'entendre des réponses moins stériles, il risque d'être servi..." dit il en ricanant à son adjoint à l'Ambassade.

Les interventions de l'Orcumien ressemblaient singulièrement à un interrogatoire en règle, et cela avait le don d'irriter Asclepior. Il décida d'ignorer le fauteur de troubles et patienta pour avoir une réaction du roi du Ciran

Le débat quant à la Gramée s’enlisait, chaque partie lançant des réponses obscures ou dénuées de sens alors qu‘il avaient déjà condamné ce territoire. Le représentant du Saint Ordre décida de répondre à l’homme du Désert qui s’était montré plus que patient face à l’impénitent qui osait dire qu’il avait la foi, chose qui méritait reproche.

Gueusaille, cessez donc de lécher les bottes de votre intendant, elles brillent suffisamment. Quoique je préfère vous voir jouer le laquais que prétendre avoir la foi. Bien sûr que non vous n’aurez pas la prétention de répondre au nom de tous les gaediens puisque vous n’en êtes pas un vous-même, vous êtes de la pire espèce, plus méprisable que les infidèles car eux n’invoquent pas le nom de Gaed de façon opportune.

Ambassadeur du Désert, attendu que vous n’obtiendrez pas une véritable réponse de la part de ce pauvre serviteur, je vais vous répondre et sincèrement. Le monde gaedien véritable si je puis dire à pour point d’origine Beilan, Ciran et Empersiste seulement. Plusieurs territoires comme la Gramée se manifestent récemment pour déclarer leur conversion qui apparaît à première vue comme une volonté de se cacher derrière le bouclier gaedien.

Quant à l’apparition du mot Empire dans la bouche de quelques individus, il convient de différencier les opinions qui se cachent derrière. Il est vrai que le Saint Ordre a fait la proposition de la création d’un Saint Empire Gaedien, prenant son essence par la guerre ou par la bonne parole suivant les hautes têtes du Saint Ordre. Seulement l’Empire sorti de la bouche d’empersois tel le larbin ici présent n’est qu’un Empire militaire, aux pieds du nouvel intendant Empersois. Gaed n’a pas sa place dans cet Empire.

Mais pour ne point vous embrouiller, je résume rapidement : vous n’avez rien à craindre pour l’instant d’un Empire Gaedien conduit par le Saint Ordre, mais cependant de la part des empersois, la foi déclinant dans leur territoire depuis la mort de Dylan Selden, je ne peux que vous dire de vous méfier, quoique la Gramée paiera d’abord pour les élans destructeurs du nouvel Empersiste.