Depuis quelques années, s'était établie en Empersiste la cité de Liara.
À sa tête, une femme. Il n'était pas monnaie courante qu'une femme ait du pouvoir, mais de tout temps, on avait vu des êtres de sexe féminin accéder aux hauts privilèges, lorsque ces êtres étaient dôtés de ce qu'on pourrait appeler une "main de fer".
Leonarda faisait partie de cette race qui passait outre les conventions pour se faire respecter.
Elle avait commencé jeune à monter les chevaux. Fille d'écuyer, son père la laissait monter assez souvent, car apparemment ces bêtes la fascinaient. Petit à petit, elle prit de l'assurance en montant à cheval, ce qui lui vallut, à l'âge de 16 ans, de rentrer en tant qu'écuyer en chef de sa cité, alors que son père était mort, terrassé par un cheval qu'il n'avait su dompter.
Elle continua alors son ascension : elle formait les soldats à monter à cheval. Puis un jour, lors d'une guerre, il fallait un meneur, et parmi les soldats, bien peu se trouvaient suffisamment aguéris pour supporter une telle responsabilité. Leonarda se proposa alors pour mener la troupe, ce qu'on lui laissa faire, n'ayant personne d'autre. Elle porta ainsi les armes de sa cité, fière. La bataille fut gagnée et elle fut alors anoblie.
Commença alors une nouvelle vie pour Leonarda. Elle se retira du monde du cheval, pour entrer dans le monde des dirigeants. D'abord conseillère militaire, elle put, au contact de la noblesse dirigeante, se forger des opinions politiques assez tranchées et pertinentes pour contester sa hiérarchie, laquelle finissait plutôt souvent par lui donner raison.
À la mort du dirigeant en place, les nobles se réunirent pour élire entre eux leur nouveau chef. Leonarda fut choisie à l'unanimité par cette noblesse en admiration pour cette femme au caractère aussi dur, laquelle serait capable de faire de grandes choses à des hommes qui la respectaient rien qu'en entendant son nom.
C'est au fouet que, depuis lors, le travail se fait à Liara. Leonarda pense que c'est la meilleure manière d'obtenir un rendement satisfaisant de sa populasse, et étant donné l'état de la ville, nul n'oserait la contester.