La flamme renaît

Je marchais depuis quelques jours, descendant par la route sud du Mont Dachri pour rejoindre le fleuve Faust que j'aurais suivis ensuite jusqu'à Halrek, d'où j'espérais prendre le premier navire venu, peu en importe la destination.

Osmad...

Il faisait froid, et pour cause : nous étions en hiver. Les pentes du volcan ne présentaient guère d'abris à la bise glaciale qui y soufflait, du givre commençait à se former dans ma courte barbe.
Mon avancée se faisait difficile, et le soleil déclinant je commençais à me demander si j'allais trouver un abri où passer la nuit. Je scruttais de droite et de gauche les pentes presque nues du volcan : rien de plus gros que des amas de buissons. Bah, ce serait toujours mieux que rien.
Je me dirigeais donc vers un petit groupe d'arbustes quand je cru apercevoir quelque chose du coin de l'oeil. je me retournais et, en effet, je pu voir une silhouette se dessiner au loin dans la lumière déclinante. On aurait dit un vieux berger au vu de son allure voutée et de son bâton de marche, mais aucun mouton ou chèvre à l'horizon. Je lui fis de grands getes afin d'attirer son attention, mais il ne daigna pas bouger.
Je commençais donc à me diriger vers lui, regardant avec attention aux endroits où je posais mes pieds, mais alors que je relevais les yeux pour apprécier sa distance, il avait disparu. Était-ce une ombre ? Avais-je rêvé ? J'allais faire demi-tour vers mon buisson quand je me décidai à aller jusqu'à sa position présumée, pour en avoir le coeur net.

L'endroit où j'avais vu le vieil homme s'avéra être un repli du terrain. Il masquait un petit bosquet près duquel il me semblait passer une ancienne route. La présence de plante que je constatais en m'approchant me confirma qu'elle n'avait dû être utilisée depuis un certain moment.
La venue de la nuit me pressant, je m'engoufrais donc dans une ouverture du bosquet, non sans sortir l'épée courte que je portais à la ceinture, "au cas où"... La végétation y était touffue, malgré l'ouverture que j'avais empruntée et qui devait elle aussi être un ancien sentier.

Je brisais quelques branches de ma lame au fil de mon avancée, quand je débouchai sur une espèce de petite clairière. Mais ce qui attira de suite mon attention, ce fut le bâtiment abandonné que j'avais sous les yeux : une sorte d'auberge, ceinte d'un mur de pierre de six bons pieds de haut. Elle ne paraissait pas endommagée outre mesure : le toit tenait toujours à première vue, seul l'arche du portail d'entrée avait cédée ; aussi, malgré l'ambiance lugubre que générait ce lieu, je prenais mon cuorage de reître à deux mains et m'avancais vers l'entrée, dégageant quelques ronces au passage...

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Je dus forcer sur la porte pour entrer : elle s'écroula au bout d'un moment, le bois se brisant sur le sol, en grande partie vermoulu, l'écho que provoqua ce fracas attirant mon attention sur la grandeur - toute relative - de la salle d'entrée. Haute de dix à douze pieds¹, ont y trouvait autant de tables, et un comptoir au fond, en face de l'entrée.
L'endroit était mort et froid. Un frisson me parcouru l'échine quand un chauve-souris s'envola alors que le vent faisait grincer une poutre du plafond. Je me décidais à explorer les lieux : c'était ça ou passer la nuit dehors, au risque qu'elle dure pour l'éternité.

J'explorais donc les lieux, avec cette appréhension constante que les planches vermoulues cèdent sous mes pieds, la flamme de ma torche lancant des ombres tremblantes sur les murs. La plupart des salles et des chambres étaient, malgré l'aspect extérieur de l'auberge, ouvertes aux vents, autant dormir dehors.
Tout le temps que je passais ainsi à déambuler dans les couloirs et les pièces déserts, j'eus cette étrange impression d'être épié et d'être guidé en même temps, comme une espèce de kéger sentiment de déjà-vu persistant.

Seuls les escaliers situés de part et d'autre du comptoir menaient à des pièces encore hermétiques aux éléments. C'est ainsi que je découvris le salon. Ce lieu devait dater de l'époque où les relations commerciales entre Osmad et le reste du pays étaient florissantes pour qu'il y eut une bibliothèque. La pièce en question comptait de nombreuses étagères, mais les ouvrages étaient cramoisis par le temps.
Encore une fois, j'eus comme l'impression de reconnaître ce que j'avais sous les yeux, tout en étant persuadé de n'avoir jamais mis les pieds ici. Comme l'aurais-je pu d'ailleurs, moi qui me trouvais à des lieues de chez moi. Je scruttais l'endroit : rien que des boiseries craquelées et aux couleurs passées depuis fort longtemps, des tapis qui n'étaient plus que les vestiges de ce qu'il avaient pu être. Je me demandais soudain comment cela se faisait-il qu'un endrtoi pareil, situé sur la principale voie de communication de Ciran, avait pu être oublié. La Chute avait vraiment tou balayé sur son passage.
Examinant l'une des étagères, j'essayai de me saisir de l'un des livres qui avait l'air le moins endommagé par le temps. On en devinait à peine le titre sur la tranche : "Chroniq... e la pre... ère croisade co... ramée". Il tomba en poussière sous la légère pression de mes doigts.
Qu'importe que je n'eus aucune lecture, je posais mon bardas dans un coin et entrepris de m'installer ici.

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_[Notes]__________
¹ trois à quatre mètres

Je sortais ma couverture quand, du coin de l'oeil, je crus une nouvelle fois percevoir quelque chose : une ombre cette fois, pas un vieillard. Je me dit soudain que j'avais dû rêver dehors, mais qu'au moins cette hallucination m'avait été utile. Il n'y avait personne d'autre que moi ici. "Je commence à me faire vieux, je déraille."

À peine j'eus prononcé ces mots que je le vis, dans un recoin, couvert de toiles d'araignées mais à première vue intact : un petit livre, une espèce de journal. Laissant là ma couverture, je me déplaçais à quatre pattes vers ce coin de la pièce, recouvert de toiles d'araignée engluées de poussière. Je les époussetais du revers de la main et tendis celle-ci vers le carnet. Je m'arrêtais, repensant au livre dont j'avais tenté de me saisir quelques minutes plus tôt. Mais je sentais quelque chose en moi : comme la certitude qu'il n'y avait aucun risque à faire cela. Fébrilement, mes doigts effleurèrent la couverture de cuir, rapeuse mais encore robuste. Il n'y avait à première vue rien d'écrit sur la couverture de cuir, mis je sentais que quelque chose, une image avait été surimprimée, mais il était désormais impossible de deviner quoi.

Je retournais à mon sac et déposais le carnet sur le sol afin de sortir ma paillasse. Je l'installai sur le plancher encore dur et m'emmitoufflais dans ma couverture. Me retournant, j'allais me saisir du carnet quand je me rendis compte que celui-ci était ouvert. peut-être un courant d'air que je n'avais pas senti. Qu'importe. Je le pris et jetais donc un oeil à la page où il s'était ainsi ouvert.

[écriture en cours]

» Ostombe renaît de ses cendres
» Ousbre en flamme, la justice en marche
» Le Nouvel Ordre de la Sainte Flamme de Gaed