[Beila] Meurtre inconsidéré de kandrasiens

La nouvelle était parvenue sous la forme d'une missive anodine en provenance du Roy de Beila. Que ce quelconque noblion gaedien daigne prendre lui-même la plume pour discuter avec la grande Ilsta'Adiad, cela n'avait rien d'étonnant. Ce qui restait pour le moins surprenant était le contenu de cette missive.

Citation :

Seigneur, mes hommes m'ont apprit avoir tué des voleurs de poules sur mes terres, après enquête nous découvrimes qu'ils portaient vos armoiries. Si vous voulez vous rendre au Beilan il serait plus sage à l'avenir de vous annoncez au préalable auprès de ma personne au de celle de notre diplomate.

Bien à vous

Daekarn, roy du royaume de l'Elbre

Il fallut faire preuve de beaucoup de tact dans la gestion de cette affaire épineuse. Il était avéré en effet que le vieil Eordic, vénérable de la Maison Fluas avait gardé le lointain caractère bien trempé de ses ancêtres et apprendre le décès de ses deux fils et de son gendre de cette manière risquait de déclencher un conflit plus qu'indésiré.

"- Serulobio Gearn, vous avez été choisi pour cette "mission" en raison de vos récentes conversations avec des représentants de cette petite contrée. Peut-être saurez-vous plus facilement vous faire comprendre de ces indigènes.

- Il paraît évident que les hommes de Fluas que vous avez chargés de ma "protection" risquent de chercher querelle. Quelle est au juste ma mission ? Chercher la vérité ou punir les coupables ?

- Ramener les corps et calmer la fureur d'Eordic et des siens. Nous avons besoin plus que tout de calme dans cette cité."

Ils quittèrent au début de l'été les plaines kandrasiennes pour gagner les contrées gaediennes. Après un bref passage par l'Empersiste, leur périple les amena jusqu'aux frontières beilanes.

Au poste frontière, une cinquantaine de chevaliers beilanais attendaient la délégation kandrasienne afin de la conduire en Terredieu où se situé la capitale. La troupe et son escorte cavalèrent jusqu'à appercevoir les imposantes murailles de Beila. ils arrivèrent à la citée sur l'eau et remontèrent les rues pavés de pierres et d'eau pour arrivé devant l'imposant chateau. Là, le capitaine de l'escorte mit pied à terre se rendit devant un jeune homme arborant de riches habits. Ce dernier se présenta devant la délégation kandrasienne :

" Salutation, émissaires de Kandrasie nous allons nous rendre à la salle des audiences, des quartiers ont été prévu pour vos hommes, qu'ils suivent le capitaine ici présent; mainteant si vous le voulez bien allons-y."

Les hommes se séparèrent et le jeune homme conduit son groupe au travers des murs richement décorés de tapisseries narrant l'histoire de la lignée sombresources jusqu'à atteindre une grande salle circulaire. Le jeune homme annonca :

" La délégation de Kandrasie" puis il se retira, les gardes à l'entrée retirèrent leurs hallebardes et le groupe pénetra dans la salle.

Sur un trône imposant était assit un homme grand, assez agé, dur comme la pierre et vetu d'un manteau d'hermine qui regardait la délégation avançait.

" Ainsi voila la délégation kandrasienne, je suis Daekarn roy du Beilan, parlez émissaires"

Le prêtre Gearn, âgé d'environ vingt-cinq printemps, était plutôt grand pour un kandrasien. Il était très maigre et la dureté de son visage fin était accentuée par l'absence de cheveux. Il s'agissait là d'une tradition fortement ancrée chez certains serulobios qui aimaient à éliminer tout obstacle entre leurs pensées et le divin Serul. Il portait une tunique violette agrémentée de lignes blanches stylisées qui donnaient à l'ensemble une impression de magie et de prestance. Quelques bijoux soulignaient la richesse de son ordre tandis que son regard glacé et acéré achevaient de dresser le portrait d'un homme incisif et ambitieux.

Deux autres hommes l'accompagnaient, tous deux plus âgés que lui. Il était de coutume kandrasienne que le responsable officiel de la délégation ne soit au final qu'un simple subalterne et il semblait qu'une fois encore le subterfuge avait été adopté. Son compagnon de droite était un officier paladin d'Erus, visiblement aux ordres de la maison de Fluas à en juger de ses armoiries. Celui de gauche était plus difficile à cataloguer. Visiblement prêtre de Serul lui aussi, son âge en faisait un représentant du Grand Prêtre lui-même, à moins que le descendant d'Erastan n'ait choisi d'imposer une oreille fidèle dans la délégation.

"Salut à vous, Roy Daekarn.

Je me nomme Gearn, prêtre de Serul et voici mes compagnons le Serulobio Isirn et le paladin d'Erus Teldar de la maison de Fluas.

Nous sommes venus d'Ilsta'Adiad avec les salutations du Mont-Gris pour deux raisons.

La première consiste à assurer le voyage des corps de nos frères jusqu'à leurs familles et leur terre où ils recevront les voeux pour leur dernier trajet jusqu'à nos Dieux.

La deuxième consiste à établir précisément la raison de l'échec de votre royaume à protéger les diplomates et commerçants des contrées nobles de la Kandrasie."

Après une brève inclination du buste en guise de respect, il recula d'un pas, se plaçant ainsi pratiquement sur la même ligne que ses compagnons qui ne disaient mot.

Des gagnent petit, des moins que rien, voila ce qui se présentait devant Daekarn, un roy de la plus pure lignée du Beilan, possédant gloire et richesse, ayant participé aux plus grandes campagnes militaires de ces dernières décennies, possedant d'innombrables épouses et de nombreux descendants; d'ailleurs il se raconterait que le roy cedera sa place dans peu de temps à son fils; et il devait s'entretenir avec cette délégation pour une misérable affaire, ces nobles se seraient surement rompu le coup lors d'une de leur chasse.

Daekarn, prit un ton solennel :

" Les corps de vos hommes ont été déposé dans une cave, afin de les préserver de la chaleur, il n'ont été touché pour ne pas entraver les rituels propres à votre culture."

Puis plus amusé :

" Quant à votre deuxième requête, qu'elle est t'elle déja...ah oui, qui consiste à établir précisément la raison de l'échec de notre royaume à protéger les diplomates et commerçants des contrées nobles de la Kandrasie, j'aimerais savoir comment vous comptez vous y prendre. Nous savons regler nos affaires et vos paroles frisent l'insolence en ma maisonée, mes hommes m'ont informé de la situation et j'ai foi en eux, de plus vos hommes ne se sont pas annoncés avant d'arriver et l'ont les rertouve en train de braconner sur mes terres, de plus le kandrasien n'est pas un habitué de nos régions, surement parce que les aevenspeers nous sont plus alliés, nos peuples ayants un passif commun et étant ennemis depuis des générations, votre peuple n'aime passer par chez nous, à ce propos, comment vont vos relations avec les aevenspeers ? Désolé, je me laisse aller à mes médiations.
Pourquoi prêtre, n' annoncez-vous pas clairement vos intentions dans votre "qûete de vengeance" ? "

L'entretrien avec la délégation kandrasienne avait commencé depuis un certain temps maintenant, suffisamment pour que l'agitation environnante naissante vienne affecter l'atmosphère jusque là relativement sereine. Malgré l'épaisseur des murs et les lourdes portent cloisonnant la salle, l'effervescence était persceptible, de façon à faire craindre le pire pour les esprits imaginatifs ou de ceux qui ont une faute à se reprocher. C'est alors que les gongs des lourdes portes en bois massif finement décorées grincèrent.

Une troupe d'une cinquantaine d'hommes pénétrèrent dans la salle, cinquante inquisiteurs du Saint Ordre de Gaed, les armures saillantes, du sang gouttant encore le long des plaques de métal noir, s'accordant avec les tuniques écarlates typiques de l'Inquisition. La délagation et les hommes du Beilan se retournèrent étonnés, se dévoilant à leur yeux des hommes durs, arborant des balafres d'anciennes Croisades Saintes, et tenant pour la plupart des têtes franchement décapitées. Les deux subalternes de l'émissaires furent saisis et virent leurs jambes tranchées net sous les yeux effarés de l'assemblée. Le prêtre Gearn essuya un douleureux revers qui le mis à terre. Une lame sous la gorge, voici les paroles qu'il entendit :

En foulant les Terres Sacrées du Chapitre supérieur du Saint Ordre, vous avez commis l'impardonnable envers la religion gaedienne. Etant ici sur les terres du Beilan, votre unique espoir est celui de convainvre le Roy, et à implorer notre pitié à nous inquisiteurs pour espérer voir vos dépouilles ne pas finir dans un temple du silence.

[Hrp : He Erastan, ça te fait tellement chier de faire parler ton dernier perso en vie ? , au passage on garderait plus réalisme dans le rp, parce que l'histore des nouvelles envoyées par qui, on sait pas trop et en pigeon voyageur supersonique sans doute vu que ton territoire obtient la nouvelles quelques heures après le massacre]

Daekarn se leva de son trône et avança vers le survivant, faisant reculer les inquisiteurs du saint ordre :

" Arrière fidei quaesitor, je vais regler ça moi même."

Puis regardant l'émissaire :

" Vous vous présentez devant moi, un roy et vous posez vos exigences...mais quel audace, quel outrage. Qu'est-ce que vous comptiez faire en venant en ces lieux, une partie de dame ? en me soutirant or ou pendaison ? Et vous vous amusez à traverser nos terres après cet incident ? Si vous cherchiez la guerre faites preuve de votre "honneur" et porté fierement les attributs qui font de vous des hommes afin de nous déclarer la guerre, chien. "

Le dernier émissaire eu la tête tranché par le roy lui-même, ces pourceaux, ces mécréants, qui était-il pour exiger ou jouer les éffrontés devant le roy du beilan. Tout le monde était le bienvenue en Beilan tant qu'il savait où était sa place et qu'il respectait les lois du pays. Les kandrasiens avait joué avec le feu en explorant les terres du saint ordre et ils avaient apprit que le feu sacré de gaed était cruel. Une guerre que les kandrasiens avait cherché avait trouvé sa voie et le royaume de l'Elbre ainsi que les gaediens étaient près à répondre à cet appel

Bien plus tard en Kandrasie, la nouvelle fut colportée sur la route par un reism venu vendre sa récolte dans un des nombreux marchés de la ville. A l'auberge, après quelques pintes il raconta bruyament l'histoire alors qu'un sergent de la garde s'accordait une pause bien méritée. Peu après l'anecdote remonta les murailles jusqu'à ce qu'un archer de la citadelle puis aux oreilles d'un capitaine du chateau. Le soir même après avoir remplis son devoir conjugal il mis sa femme dans la confidence. Le lendemain enfin, toutes les servantes de l'entourage du seigneur furent au courant, leurs incessant bavardages fit le reste.


Une semaine, après vérification, ordre fut donné de se saisir des Beilanais présent, des listes furent placardées sur tous les murs. Fait inédit, certaines troupes chargées d'apréhender les Beilanais étaient dirigées par des membres de l'Octan, la plus grande mais aussi la plus secrète organisation d'assassins de toute la Kandrasie. Ces hommes revêtus d'une grande cape rouge par dessus les plates de leurs armures, ainsi que des gants et des bottes en cuir rouge, ce qui les distinguait du reste des hommes. Ils arboraient un blason écartelé cousu sur leur poitrine où se cotoyaient le blason d'Elderine par deux fois, ainsi que les couleurs des Naemis et enfin celui de leur propre famille. Leur visage sombre ne semblait rien pouvoir afficher d'autre que le dédain dans le meilleur des cas, sinon le plus profond mépris.


D'après les rapports qui arrivaient régulièrement à Elderine via de puissants coursiers, les arrestations c'étaient déroulées "sans incidents notables".


Rassemblés en bon ordre, les ressortissants du royaume de Beilan furent proprement conduis jusqu'à la frontière sans qu'aucun pillage ou meurtre d'importance ne soit signalé.
Un homme de l'Octan remonta le cortège fièrement campé sur sa monture, désignant coup par coup 3 personnes au hasard d'un geste négligeant de la main, que des jeunes hommes.


Des hommes d'arme se saisirent d'eux puis à genoux, ils purent contempler une dernière fois la terre de leurs ancêtres tandis que le cavalier de l'Octan descendait de son destrier. D'un pas souple il prit place au côté du premier prisonnier. La semelle cloutée de la botte rouge s'abattit d'un coup sec sur l'épaule du Beilanais qui mordit la poussière dans un cri, rapidement étouffé par des gargouillis tandis que le bourreau s'était déjà écarté pour mettre à mort les deux autres hommes, stupéfaits.


Après avoir essuyé calmement sa lame sur le dos d'un des cadavres il remonta en selle et repartit avec non-chalence, après avoir jetté quelques ordres aux piétons.


Le reste des prisonniers fut ensuite autorisé à traverser la frontière, les soldats assistèrent à des mouvements de panique tandis que des archers prenaient place derrière le troupeau humain, mais aucune flèche ne fut décochée.


En queue de cortège une chariolle avait été gracieusement offerte aux réfugiés, 3 lances se dressaient sur le plancher ornées des têtes des 3 hommes, à leur pieds les 3 corps accompagnés de 3 messages, identiques, à l'adresse du noble Roi du Beilan:

Citation :

Le sang Kandrasien ne coule pas impunément.

Les bavardages feraient le reste.

Les faits pitoyables, mais faut-il encore le préciser, des kandrasiens étaient parvenus jusqu'à la couronne du Beilan avec l'arrivée de quelques réfugiés. La garde impériale gaedienne, une fois de plus bien amusé par la décadence d'un territoire soi-disant dirigé par l'honneur sombrant dans les bassesses politiques, et violant ses idéaux et leur peuple, transmirent le message ô combien foudroyant des kandrasiens aux hautes autorités. Ce peuple autrefois estimable, désormais dirigé par des moins que rien baissant l'échine devant les autres osait donc violer les terres gaediennes, car n'osant pas toutefois déclarer la guerre ouvertement : bien sûr que le sang kandrasien coule impunément, il allait même couler à flot.

Le premier massacre de kandrasiens sur terre beilane s'était déroulé sans l'once d'une raison. Peut-être avaient-ils regardé la mauvaise personne, peut-être avaient-ils contacté le mauvais marchand, lutiné la mauvaise fille de notable ou vendu au mauvais artisan. Quoiqu'il en soit ils l'avaient payé de leur vie. Ce fut leur première mort.

Puis cela avait été la deuxième mort. Celle de leur honneur. Vendu au nom de la politique, bradé au nom des organes d'un Roy malade et impuissant. La folie d'un peuple depuis longtemps dominé par ses instincts primaires avait eu raison des derniers bastions d'intellectuels qui autrefois gouvernaient le Royaume de l'Elbre.

Puis cela avait été la troisième mort. Celle de leurs frères. Venus au nom de la politique la plume à la main et l'épée au fourreau, décapités pour crime de leur liberté et de leur raison. La Vérité de Serul leur avait ouvert les yeux. Les mensonges de Gaed les avaient refermés derrière le passage de ses fils incestueux et fous à lier. Les mots jaillirent comme du venin. Là où les lâches ne parlaient que dans le vide, où la parole résonnait bien longtemps après que l'épée ait supprimé toute résistance, ils se congratulèrent d'avoir démasqué les chercheurs de guerre. Gaed en soit loué, avoir tué les innocents, sali leur nom et décapité leurs frères avait permis d'œuvrer pour la paix. Mais sacrédieu, ces kandrasiens continuaient de vouloir la guerre. Qu'ils étaient fous. Et dangereux.

Ilsta'Adiad resta longtemps dans le silence. Se taisant dans la mort. Laissant au repos les hommes de bien qui étaient tombés pour avoir cherché la Vérité. Le Mont-Gris n'avait jamais aussi bien qu'aujourd'hui porté son nom. Il n'avait plus guère de chef, il n'avait plus guère d'espoir, il n'y avait plus guère que la mort pour provoquer de temps à autre des soubresauts de vie chez ceux qui s'étaient endormis quelques trente années auparavant, en même temps que leur premier et leur dernier Roi du Sud.

Et puis le premier homme sortit son épée d'une vieille malle. Elle était rouillée. Il la mena chez un artisan. Il se tint debout, silencieux tandis que les flammes environnaient le foyer et que l'acier crépitait sous l'assaut de la fureur d'Erus. Et puis un passant passa qui vit cet homme regarder cette lame. Et puis la flamme d'Erus passa de la lame à ses yeux et il se tint là, à son tour, regardant l'artisan attiser, écoutant le marteau marteler. Et ils furent sans cesse plus nombreux à se courber sous le poids des boucliers, à tituber sous le fardeau des complaintes, à grimacer sous la pluie des flèches de haine. Ce qui fût né d'une simple malle mourut bien plus tard, en d'autres contrées, là où le premier sang avait été versé celui de la vie. Que le deuxième sang avait été craché, celui de l'honneur. Que le troisième sang avait été souillé, celui des frères. Et ils se levèrent. Et le Mont-Gris se leva. Et l'acier s'embrasa dans le ciel de Kara tandis que ses fils se préparaient à leur dernière chevauchée.