[Ephyne] Quand le perfide n'est pas là, le pouvoir danse.

Paisiblement installée dans l'un des plus somptueux jardins d'Ephyne, la Dame Mélissandre, sa suite et ses loups devisaient à l'ombre d'un grand arbre fruitier.
On reconnaissait parmi toutes ces couleurs et ces beaux atours des Aevenspir, des Beilanais et des Ciranais, chaque noble femme présente ayant bien entendu entraîné ses gardes et serviteurs à cette scène bucolique.
Dans les conversations légères et enjouées, il était question de poésie, de mariages, d'untel trompant sa propre maîtresse, de l'enfant de tel baron affublé d'une abominable laideur... bref, toutes ces choses badines qui animent l'heure du thé entre demoiselles de bonne compagnie.

Mais un messager s'approche du petit groupe d'un pas hésitant, portant un rouleau qui a visiblement bien voyagé.
Bien sur, il se fait rapidement intercepter, rediriger vers une petite forme encapuchonnée plus que discrète qui s'empare de la missive, la renifle, en brise le seau pour finalement la tendre sans un mot à la brune aux loups.
Celle-ci interromps les discutions autour d'elle et se consacre à la lecture du fâcheux petit texte qui souille le parchemin.

Une ravissante jeune Beilanaise, à sa gauche, lui fait remarquer d'un ton taquin qu'une telle expression de dégoût et de mépris ne sied pas à son beau visage, et qu'il parait que c'est ainsi que l'on attrape de bien vilaines rides.
L'assemblée se permet d'en rire, et l'ekspa de faire à ses compagnes une lecture appliquée de ce qu'elle a reçut du commis qui, lui, se hâte de disparaître, se doutant peut être trop bien qu'il risque d'écoper de la mauvaise humeur causée par son modeste labeur.

"C'est envoyé par le seigneur Belwän, de Fironk, et c'est signé Thralen Kinslagh.

-Ma Dame,

Je suis au regret de vous apprendre la mort de votre compagnon d'arme. Sa ville est tombée il y a quelques heures et Garett se balance désormais au bout d'une corde, comme il convient aux traitres.

Votre rébellion prend fin dès maintenant. Déposez les armes et soumettez vous au jugement de votre Karsper, ou assumez vos actes et soyez sur de ne pas en réchapper.

Votre traitrise fait honte à l'Aevenspir. En plus d'avoir soutenu un ennemi de longue date, vous avez plongé le pays dans la ruine par seul gout du pouvoir. Vous avez à jamais souillé le nom de Komenor par vos actes, lui qui a un jour placé sa confiance en vous.

Vous et votre enfant allez maintenant comprendre pourquoi les manteaux noirs sont crainds de par retrahant."

Et voilà. C'est tout.
Les premières femmes parmi les plus âgées commencent à glousser, bientôt rejointes par leurs cadettes tandis que Mélissandre, elle, se contente de sourire en caressant le vieux loup qui siège à ses cotés en rongeant un os à moelle.
Le regard azur de la belle Aeven passe de ses amies à l'adolescente qui devise un peu plus loin avec des filles de son age, jusqu'au garçonnet qui dort roulé en boule, une pomme entre les mains.

La forme encapuchonnée revient vers elle avec un écritoire et le nécessaire pour envoyer, à son tour, une missive, sans qu'il fut besoin de formuler la moindre demande.
Pour méprisable que soit son interlocuteur à ses yeux, ce n'est pas une raison pour faire preuve d'impolitesse et froisser les convenances les plus élémentaires.
Ainsi donc l'ekspa conçut une réponse et, une fois son travail de calligraphie terminé, en fit la lecture à son entourage:

"Thralen,

Les seuls traîtres que je vois ici c'est vous et votre bande d'odieux comploteurs. Vous qui avez détrôné le régent légitime par fourberie, et qui avez depuis mené mon pays à la ruine et à la famine.
Combien des nôtres sont morts sous votre règne mal avisé? Combien de morts d'affamés ont entachées ces dernières années?
Il n'y a plus aucun projet en cours, plus de communication à part pour une annonce insensée, depuis que vous avez chassé Andurinel.

Insensée, oui, car voilà longtemps que les Gaediens n'ont pas causé de tort à l'Aevenspir. Contrairement aux Kandrasiens qui, eux, sont des ennemis héréditaires, pour autant que je sache... et aux Graméens.
Je me souviens encore de l'horreur de la guerre, la marche forcée dans la neige et les longues heures à attendre de revoir Komenor qui ne revint jamais.

Qui sont les plus traîtres parmi nous? Qui a osé trahir la mémoire du karsper en s'alliant à ceux qui ont réduit notre peuple en esclavage et qui l'ont assassiné? Qui a initié cette alliance monstrueuse, contre nature?

Votre conduite est scandaleuse, et vous devriez avoir honte de recourir à de tels stratagèmes, honte de m'insulter et de me menacer, de trahir ainsi celui que vous prétendiez être votre ami en allant jusqu'à prétendre attenter à la vie de son propre enfant.
Mais amusez vous longtemps, Thralen le perfide, vous ne nous trouverez jamais.

Quand à moi, je ne fais pas cela pour soutenir les gaediens ou pour un pouvoir que je n'ai jamais désiré, mais pour mon pays. Pour ces montagnes que vous avez salies. Pour cette population que vous avez déçue.
Et je ne donnerais pas l'ordre d'arrêter à mes troupes: ces hommes sont prêts à mourir pour que leur nation et leurs familles puissent enfin récupérer l'avenir radieux que vous lui avez volé.

En ce qui concerne Garrett, c'était un mercenaire de la vieille école, un véritable habitant des montagnes, et il est mort comme tel.
Il n'y a là rien à regretter, car il n'y a de plus belle fin pour un homme qui a de lui même choisit de prendre les armes et qui connaissait les risques.

Je n'ai peur ni des manteaux noirs ni de vos grognements haineux et mensongers.
Le siège d'Eskadner ne cessera que lorsqu'Andurinel en redeviendra l'intendant.
... Et après ce que vous lui avez fait subir, je sais que le peuple nous soutiens."

Des hochements de tête approbateurs lui répondent.
Son messager sait ce qui lui reste à faire: transmettre la missive jusqu'en Aeven et informer le seigneur Andurinel qu'il est appelé à Eskadner pour s'y ré-installer, sitôt après la fin du siège, un Aevenspir à nouveau en ruine.
Mais puisqu'il a réussit, une fois déjà, à rétablir la prospérité des montagnes après l'attaque des graméens... il saura bien rendre une seconde fois au pays des neiges éternelles la prospérité qu'il y avait instituée.

Nombre de messages : 114 Date d'inscription : 30/10/2007

À seulement quelques kilometres de là, dans une plaines verdoyante, deux contiguents se faisaient face, front contre front. La charge eu lieu, dans un bruit de chaos indescriptible. Les hommes chutaient, parfois, d'autres combataient comme des bêtes.
Rapidement, l'un des deux contiguent ne contenait plus qu'un seul combatant, seul, affrontant une flopée d'ennemie. Il brandit son épée, pret à frapper tout ennemi s'approchant.

"Seigneur Andurinel! Seigneur Andurinel!"

L'épée émoussée du régent exilé s'abaissé, tandis que d'un signe de main, il mettait fin aux hostilités. Les faux morts se redresserent, ramassant leurs armes quasi-inofensive, allant s'entrainer au combat à part, tandis que Andurinel retirait son heaume, s'approchant du messager récement debarqué

-Seigneur! L'Ekspa m'envoie. Nos troupes assiegent Eskadner. Il va être temps pour vous de revenir en Aevenspir. Ces félons vont bientot être chassé!
-Que les troupes se mettent en marche! Nous retournons chez nous! Je les rejoindrains avant l'aube!

***

Le régent se rendit aupres de l'Ekspa, equipé de pied en cap. Il devait partir à la guerre tres bientot, et n'avais donc comme ornement que les armoiries de sa maisonée, ainsi que celles d'Aevenspir. Il s'agenouilla devant elle avec grand respect, evitant par moment son regard

Ekspa, je part ce soir en Aevenspir. Comme vous me l'avez indiqué, je vais rejoindre les troupes faisant le siège d'Eskadner, en esperant que nous puissions vaincre. Si je ne reviens pas...

Comme souvent, derriere lui, un petit garçon, toujours le même, se tenait, un petit peu anxieu. Il avait grandit, bien entendu, mais c'etait encore un enfant.

Prennez soin de lui. Comme j'ai pris soin de votre fille. J'espere que ce ne sont pas des adieux. J'ose esperer vous revoir, madame.

Nombre de messages : 65 Date d'inscription : 27/12/2007

Les rapports militaires semblaient clairs. Les troupes avaient été anéantis par une force largement supérieur. Un aevenspeer avait trahi son peuple. Son nom était Mélissandre…

Seigh caressait le vieux matou noir pouilleux qui tentait parfois de s’échapper à coup de griffe, avant que la main lui fasse comprendre celui qui dominait. La bête était agressive, la traitre l’était également. Elle l’avait déçu une première fois en soutenant celui qui, selon Zoak, n’avait pas été son amant. Pourtant, elle refaisait surface pour tenter de réinstaller Andurinel qui avait perdu sa place, car il n’avait pas été capable de gérer autrement que par la force les critiques à son égard.

Ces réflexions désordonnées le fatiguaient. Il saisit le chat par la peau du cou, espérant tenir dans sa main Mélissandre un jour ainsi, et fixa son regard, attendant qu’il lui explique comment éliminer cette femelle soutenant l’homme qui avait abandonné son mari.

Un envoyé de Zoak fut introduit dans la pièce. Le greffier resta suspendu dans les airs, alors que le représentant du nouveau Kasper exposait la situation. Le chat qui commençait à étouffer malgré cette emprise « maternelle » feula, Seigh sourit.

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