Une caravane sillonnait l'Empersiste en direction de la cité impériale. Si les soldats portaient les tabards du Graméen Waelin Vlos et parlaient avec accent à couper au couteau caractéristique, les esclaves qui les accompagnaient, et à plus forte raison le chef de l'expédition, au vu de leurs tremblements et de leurs vêtements simples, n'étaient pas des marais, pas même des hommes libres. Bientôt la procession arriva aux portes de la ville. Les gardes furent étonnés par la fragrance horrible que dégageaient les sacs transportés par des dizaines d'ânes. Lorsque l'un d'eux ordonna que l'on en ouvre un, le chef d'expédition couina, pitoyable, et après une hésitation, dévoila des morceaux de corps découpés et pourrissants.
La nouvelle se répandit bien vite, et les membres de cette caravane furent mis aux fers. Avant que le chef ne puisse rien dire d'autre, il cria qu'il avait une lettre de la part de Waelin Vlos pour l'empereur.
Dans cette dernière, il était dit ceci :
"Empereur Märkus,
Pardonnez-moi, mais je ne puis participer personnellement à votre mariage. Cependant, je compte bien vous envoyer un présent digne des relations qu'entretiennent nos deux grandes nations. Aussi vous renvois-je une partie des 3500 fantassins qui s'ôtèrent la vie en s'écrasant sur les portes d'un village graméen.
Par souci d'ergonomie, nous dûmes les rendre plus transportables. Cependant, vous trouverez les têtes d'environ 3000 des braves dans des sacs marqués, les autres ayant disparu. J'espère que le serviteur que je vous ai envoyé n'a pas essayé de vendre de viande humaine à vos gens, que l'on dit affamés. Si tel est le cas, je suis persuadé que vous saurez vous montrer ferme, avec lui comme avec les autres.
En espérant vous voir observer votre promesse avant que la vieillesse ne m'emporte,
Waelin Vlos,
Voix de la Gramée.
PS : Expliquez à votre vassal Orban que passés 1000 soldats morts, il doit renoncer à défoncer les portes qui lui résistent, pour préserver les effectifs de son armée ou au moins son moral."