[Ephyne] Fondation du Matriarcat

La petite compagnie était arrivée aux portes d'Ephyne peu avant la tombée de la nuit la veille. Ils avaient séjourné dans une auberge quelconque qui n'avait eu pour seul bienfait que de leur apporter le gite et le couvert et encore, pour une note plutôt salée. Au petit matin de ce printemps 356, chacune fit rapidement ses salutations à la Grande Déesse : elle ne saurait leur en vouloir en un tel jour. Le groupe avait pris soin de n'emmener aucun homme, ainsi l'ordre de Toria avait été tout naturellement désigné pour assurer la protection des émissaires. Son influence devenait grandissante pour tout ce qui concernait les affaires de sécurité et la Mère des Traditions, Elwna, se plaisait à s'assurer de leur présence et de leur conseil aussi fréquemment que possible.

Arpentant les rues de la Belle en un pas lent et religieux ils sentaient quelques regards curieux mais sans que les gaediens n'émettent la moindre surprise : les divisions religieuses gaediennes étaient nombreuses et les extrémismes encore plus au sein d'une religion à la dérive qui, en quelques centaines d'années n'avait que très peu évoluée. D'aucuns soulignaient aujourd'hui son immobilité plus que tangible qui en faisait un ancêtre spirituel pitoyable, retenu seulement en état par la puissance militaire et la main de fer de ses dirigeants. La cupidité des empersois et ciraniens avaient suffi pour les rassembler sous le pied narquois d'une poignée de beilanais avinés. Mais ces réflexions n'avaient lieu qu'en des lieux tenus secrets où la moindre fuite apportait la mort par l'épée des impériaux et propagiens.

Ayant inconsciemment formé une procession muette derrière l'Aînée Mabe, les visiteurs observaient, bouche-béante, les fastes et grandeurs de la Belle. Croisant la Cathédrale d'Horacius dont la Tour des Sentinelles veillait toujours sur la plus prospère cité des terres connues, foulant les allées parcourues par les Marküs, Lougevelles, Varin, Selden. Des empereurs avaient franchi ces espaces, des lignées avaient régné sur le monde et aujourd'hui le dialogue et la discussion en avaient quitté les murs, chassés par la peur et le pouvoir d'une église aux ambitions dévorantes.

Le palais où se tenait l'Assemblée d'Ephyne se tenait face à eux. Majestueux, chaque intendant avait souhaité y montrer sa supposée grandeur, il réunissait des styles et des richesses de toutes les époques, symbole d'une cité réputée imprenable malgré les nombreux dangers qu'elle avait traversés dans sa longue existence. Aujourd'hui il n'était plus guère traversé que par des gaediens, les autres peuples de Retrahant étant la plupart du temps exterminés lorsque leur verbe dépassait celui de Gaed. On ne se souvenait plus guère de la dernière session regroupant d'autres nations que la triade.

Se tenant devant les lourdes portes gardées par une troupe d'élite de l'actuel intendant, la procession s'arrêta. Elle se répartissait en une file dans les longues et larges marches qui s'étendait vers le reste de la cité. Soutenue par une femme aux cheveux gris naissants que d'aucuns désignaient comme la successrice de Mabe, l'Aînée s'adressa alors au plus proche empersois visiblement plus au fait du protocole que ses subordonnés.

"Nous représentons le peuple de Rheanie et souhaiterions nous adresser à l'Assemblée d'Ephyne, pour peu qu'elle rassemble encore aujourd'hui des ambassadeurs de Retrahant."

En disant cela elle inclina légèrement la tête en guise de respect, suivie en ce geste par toutes les autres femmes de la procession. Le geste simultané libéra de leurs capuchons des mèches de cheveux blonds et bruns ainsi que des éclats de lame aux ceintures.

La salle était mal entretenus, le desordre dut au décès de l'empereur il y a une dizaine d'années, additionné par l'absence continue de dialogue en son sein avait laissé une désagréable odeur de pourriture.

Prévenus de l'arrivée de diplomates étrangers requérant la salle, Bëreth fit son entré dans la salle et allat directement s'asseoir. On lui reportat ce qui venait d'être dit puis il regardat le groupe avec attention.

- Tout d'abord je vous souhaite la bienvenue a Ephyne, et je vous pris d'excuser l'état de la pièce qui a malheureusement souffert des evenements passé. Avant de commencer quelque discussion, je tiens a rappeler que vous êtes ici en terrain neutre, qu'aucun mal ne sera fait pour peux que vos actions restent pacifique... Maintenant passons au vif du sujet, je dois dire que votre venu m'intrigue, et je souhaiterais donc savoir quel est le but de votre venu.

Prenant ses aises sur son siége, il invitat d'un geste de la main la femme qui s'était mise en avant.

Après avoir pris le temps de laisser la délégation se disposer au centre de l'Assemblée, la plus âgée des délégatrices, la seule à avoir pour le moment ouvert la bouche, s'avança vers la tribune empersoise, seule à avoir donné signe de vie.

"Messire régent, je me nomme Mabe et je suis l'Aînée du Matriarcat de Rheanie, dirigeante de Rhean, pacifique et commerçante cité située sur les anciennes côtes fironkoises.

Je vous remercie tout d'abord au nom des miens d'accueillir en ces lieux ancestraux notre délégation."

Après un bref tour des yeux sur la salle qui les accueillait, propre mais si étrangement silencieuse et dénuée des ornements décoratifs que l'on se serait attendus à y trouver, elle poursuivit.

"L'Empersiste est un grand territoire et votre temps doit être sinon précieux au moins infiniment compté aussi tenterons-nous d'être aussi brèves que possible.

Je représente un peuple qui tire ses origines de l'Ancienne Kandrasie, d'avant les invasions de l'année 510. C'est à cette date que les nôtres ont fui -je regrette d'avoir à les nommer ainsi aujourd'hui- les barbares gaediens. Nous avons depuis appris que ces barbares étaient vos pères et que finalement les terres gaediennes n'étaient pas si incivilisées que l'on pouvait le penser.

Nous avons prospéré et ouvert nos portes aux marchands de tous les Royaumes. Nous avons fondé, à partir de notre cité Rhean, un conglomérat de villages et de villes liées à la cité mère et portant le nom de Matriarcat de Rheanie.

Si nous sommes ici aujourd'hui, bravant le danger et la mort qui ont la plupart du temps coûté la vie à ceux de notre sang qui osaient ouvrir leur bouche en terre gaedienne, c'est pour que le passé reste au passé et que l'avenir puisse devenir plus radieux. Nous souhaitons que le commerce redevienne au centre de nos échanges plutôt que l'épée et que la Rheanie puisse devenir un territoire prospère et pacifique, loin des erreurs des hommes, de leur fierté et du goût de la guerre."

Bëreth écouta la longue déclaration de la femme, puis il reprit la parole, tout d’abord pour re-souhaiter la bienvenue a la delegation, qui s’était maintenant presenté entierment, puis il ne put s’empecher de revenir sur les paroles de l’ainée. Il la regardat pofondément dans les yeux lorsqu’il lui dit :

- Dame Malbe loin de moi l’idée de remettre en question vos conaissances sur l’histoire retrahantienne, je me dois de vous corriger. Vous avez dit précédement que l’attaque proferé sur votre ancienne terre avait été comise par nos parents. Je dois vous avouer sans ambages que vous avez actuellement devant vous l’un des rares hommes encore de ce vivant a y avoir participé et en l’occurence avoir été le comandant responsable de cette campagne.

Voyant l’indignation gagner certains visages Reahniens, il ajouta :

-Ce qui fut fait devait être fait, l’empersiste ne pouvait laisser passer l’ acte qui s’etait deroulé chez nos alliés Beilanais. Cependant, les conflits que nos deux peuples ont put avoir autrefois doivent cesser, je vous l’accorde.

Elwna apporta ses félicitations à l'empersois pour sa brillante santé aussi longtemps après les faits. Il avait atteint un âge plus que vénérable à moins qu'il ait été tout jeunôt à commander des armées impériales ce qui aurait été peu pobable connaissant l'élitisme traditionnel de la noblesse empersoise. On avait rarement vu plus surprenant que confier une armée à un fils de noble à peine pubère alors que tant de généraux plus expérimentés se seraient déchirés cet honneur.

Quoiqu'il en soit l'absence de réponse du régent sur la raison même de la présence des rheaniennes était gênante. D'autant qu'il se bornait à revenir sur des faits tragiques et au souvenir douloureux avec une insistance assez embarrassante.

Le silence s'abattit à nouveau dans la Grande Salle ; alors s'avança un homme aux armoiries discrètes.

« Il est réjouissant de connaître ces souhaits, Dames de Rhéanie. Mes maîtres se sont installés en Beilan pour des raisons qui leur sont propres, mais... Voilà une terre qui accueillit souvent une royauté de vieux barbus phallocrates comme... Enfin. Ah, certes ! Point aussi barbus que les Aevenspeers. Toutefois... »

Il sourit à la tribune visée

« Toutefois les Aevenspeers, bien que cultivant les barbes aussi bien que la gravure sur pierre de leur runique (même pour leurs listes de course, disent d'ailleurs les mauvaises langues), n'en sont pas moins proverbialement tolérants en ce qui concerne la place des deux sexes, depuis leur âge d'or des temps d'Hypos Maakan. Ou ce qui aurait dû être leur âge d'or s'il n'y avait eu l'ignoble Shaados de Kandrasie. »

Puis, se ressaisissant :

« Mais je m'égare ! Quoi qu'il en soit, Dames, bien que notre seigneurie ne soit encore que peu puissante, vous pouvez compter sur notre aide. Vos paroles rejoignent nos voeux. Et le fait de savoir l'existence d'un Matriarcat nous réjouit fort. Notre monde retrane est assez irréductiblement masculin, ce qui entretient l'épée, la fierté et le goût de la guerre, comme vous dites. Cela fait fuir la plupart des ingérences féminines, ce qui durcit encore l'épée, et ainsi de suite à n'en plus savoir finir.

Soyez donc remerciées. »

"Un Beilanais crachant sur des Kandrasiens, c'est exquis. N'est ignominie que les massacres perpétrés par vos spiritueux meneurs, plus attirés par l'or et le forçage des garces que par la voie leur dieu. Mais... A mon tour cher ami, je m'égare ! Là n'est pas le sujet de ma prise de parole..."

L'homme, debout, portait les armoiries d’Ienos, à savoir un lion d'or sur fond d'azur, par dessus un solide pourpoint de cuir bouilli. On avait exigé, à la garde qu'il remette son épée, et il y avait dans son attitude ce manque. Un chevalier sans épée, cela semblait curieux.

"Je suis en ces lieux pour représenter mon seigneur, l'Aectelion Celenor Ianos, du Ysna ed Cens. Mon seigneur reconnait le matriarcat de Fironk, et propose son épée à la défense de cette noble cause. Néanmoins, l'Ysna ed Cens tient à assurer auprès du Matriarcat son indépendance, tant au niveau politique que seigneurial. En effet, ces terres appartenant à la famille de mon seigneur depuis fort loin, il considère ne pas être lié au pouvoir en place, mais estime néanmoins avoir quelque obligation envers lui."

L'homme fit un mouvement d'un air modeste.

« Oh, je ne me permettrai pas ! Je ne saurais faire autre mention qu'un ancêtre à moitié oublié. Et puis, à ce sujet, si vous saviez seulement ce que les petits Aevenspeers apprennent par coeur sur les bancs de l'école... Les Kandrasiens de ces jours soient loués, voilà pour me convenir ; cela est plus prudent. Mais nous sommes de ces gens à la pensée franche et aux opinions réfléchies. Je ne puis – hélas! – vous contredire sur ce point, c'est pourquoi je vous approuverais, et que j'irais jusqu'à penser tout bas qu'un Graméen qui assume sa rudesse est plus digne d'éloge que ceux dont vous me faites mention. »

La discussion première s'étant achevée bien longtemps auparavant, les membres de la délégation du Matriarcat avaient pu obtenir une place au sein des sièges de l'Assemblée d'Ephyne. Leur présence en était bien plus visible que celle de nombre de nations autrefois plus proches des lieux de discussion que retranchées dans leurs forteresses sombres et humides à se réchauffer au coin de cheminées centenaires voire millénaires dans certains cas à ruminer de vieilles pensées oubliées de tous.

A ouïr les paroles du seigneur Nyssiam, une représentante rheane se leva, un sourire avenant aux lèvres. Elle paraissait âgée d'une vingtaine d'année et passait probablement là les quelques mois nécessaires à toute jeune femme Rhean avant de se voir confier une charge importante dans l'Assemblée des Mères de Rhean.

"Seigneur beilanais, vos propos démontrent une grande ouverture d'esprit peut-être trop peu présente en vos contrées phalliques. Nous vous remercions de vos encouragements à édifier un monde qui soit plus beau et plus féminin. Il est vrai que nous escomptons redonner à la parole plus de son éclat d'antan et votre intervention ne peu qu'aller en ce sens, soyez en béni par la Déesse.

En retour nous vous apportons tous nos souhaits de réussite à élever votre famille aux premiers blasons de l'Elbre."

Elle écouta alors avec une attention soutenue le chevalier sans arme qui affichait nettement ses préférences à la phallique tradition qu'aux fraîches moeurs de la Rheanie.

"Chevalier Rhean, il semble que vous soyez bien le premier garçon né de la Déesse et de Rhean à parler en ces murs. Cette incongruité est pour le moins ... exotique mais nous prenons bonne note de cette quelque obligation que vous vous plaisez à affiner à notre encontre. Nul doute que votre seigneur aura à recevoir les visites de nos Mères. Quels qu'en soient les débouchés diplomatiques je vous adresse en mon nom propre la bienvenue en Rheanie."

Elle tourna un regard interrogateur vers les moniales présentes. Le tempérament réputé vif de ces damoiselles à la lame aiguisée et aux moeurs matriennes aurait déjà dû soulever une réaction face à ce chevalier qui se réclamait de leurs terres.

Le chevalier opina aux paroles de la Dame de Rheanie et reprit après elle.

"Sauf votre respect ma Dame, mon seigneur ne se considère pas en terre Rheane, mais bel et bien en terre Kandrasienne. Il affirme que son fief, par la volonté des dieux - et non de la simple déesse Ris, bien qu'il la respecte - n'appartient qu'à lui seul et à sa famille, mais c'est néanmoins le cœur sur la main qui se propose à être l'épée de votre justice, s'il le fallait."

Il marqua une pause.

"Nous savons votre aversion pour la gente masculine - bien qu'il s'agisse là de la plus belle création de Serul, c'est pourquoi nous nous estimons Kandrasiens et non Rhean. Mais votre remarque remplie mon cœur d'allégresse, soyez en assurée."

Finalement, il repris la parole pour s'adresser au Beilanais.

"Je n'ai rien de plus à ajouter aux propos de ma Dame, Beilanais. Si se n'est qu'il est rare de voir un homme du Beilan autre part qu'en ses murs, retranché - certains diront par couardise ou par paresse, ou alors armé pour le pillage. Et c'est fort bonne chose."

« Et pourtant. Si le Culte de Gaed a prise entière sur ma contrée, nous le devons aux seigneurs de Beilan, bien qu'ils n'aient jamais réussis à imposer la dualité originelle, forcés de rejoindre une variante plus polythéiste. Mais traditionnellement, et séculairement, le peuple beilan libéré de tout servage vénère spontanément celle qui accorde la prospérité et l'âme de son pays : l'Elbre. Telle une douce déesse au souffle maternel, dont les courbes de son corps de fleuve sont eux mêmes rappels de féminité. Il faut croire cependant que les accents guerriers et le cri du phallisme rejetèrent au passé les anciennes traditions trop aimables et graciles pour pouvoir leur tenir front. »

L'homme se tourna alors plus précisément vers la tribune rheane, avec une inclination

« Puisse mes terres vous porter un jour meilleur soutien que de simples mots, bénies de votre Déesse... »

La jeune femme souleva des paupières perplexes face aux paroles du chevalier. Ses propos ne manquaient pas de noblesse mais restaient assez éloignés des réalités matriennes.

"Messire chevalier vous semblez oublier que la Kandrasie et l'ancienne Fironk ne sont guère proches géographiquement. Le Matriarcat a su gagner sa légitimité sur des accords avec les Salamandres dignitaires fironkois et aujourd'hui nos frontières y sont bien reconnues et respectées.

Nul n'a jamais légitimé une quelconque annexion de la Kandrasie sur des rivages fironkois et vous ne pouvez guère envisager ne serait-ce qu'une seconde que votre arrivée suffira à annoncer au Régent de la Blanche qu'il est le souverain de terres rheanes."

Elle se pencha vers le représentant d'Ynsa Ed Cens en lui souriant aimablement.

"Votre propriété est de fait et de coutume sur des terres rheanes entourées de terres rheanes, protégées et respectées par les lois rheanes depuis près d'un demi-siècle. Vous avez voici quelques mois entamé une grande expansion notamment de vos cultures sur des espaces laissés libres par nos voisins suite à des concessions, des négociations et des accords signés du sang des enfants de notre Déesse. Que vous souhaitiez une certaine dépendance et vous réclamiez de croyances aujourd'hui démontrées par le passé comme néfastes pour la paix et la prospérité peut être soumis à négociation, respecté et admiré mais vous ne pouvez certes pas affirmer que tel ou tel lieu appartient à un autre Royaume.

Malgré les nombreux liens qui nous unissent à la famille de Naemis, nous leur réfutons tout droit sur une quelconque parcelle de notre territoire."

Elle se réinstalla confortablement en son siège en replaçant sa chevelure derrière ses épaules, la discussion était agréable et il lui plaisait à échanger avec le représentant du seigneur Celenor Ianos sur ces points de droit. Nul doute que Ynsa Ed Cens s'avérait une cité prometteuse bien qu'un peu dissidente au sein du matriarcat.

Le chevalier partit d'un sourire, remâchant les propos de l'envoyée du Rhéan, tandis qu'il hiérarchisait ses pensées, il préféra tout d'abord répondre au Beilanais.

"Doux Sire, je ne puis qu'être heureux de vous avoir rencontré céans car, avant cela, tout Gaedien n'était pour moi qu'être fort prompt à l'algarde(1). M'est à penser, désormais, qu'il en existe aussi des hommes de paix. Toutefois, je crois en ce que vos dirigeants ne sont que coquarts(2) paillards, tout juste bons à fréquenter les bordeaus(3)."

Suite à cela, il s'inclina respectueusement. Ci fait, il répondit à la femme, fort jeune et fort à son goût, songea-t-il.

"Belle bachelette(4), j'ai peur que vous n'entendiez point correctement ma diatribe. Je ne dis point que mon seigneur s'arroge les terres de votre matriarcat - qu'il respecte, soyez-en assuré, mais qu'il possède son fief et ses terres, de part ses ancêtres, et cela remontant à déjà fort loin, bien avant les drames que nous connaissons alors, mais au temps de l'installation des Salamandres, à une époque ou nous autres, les fils de Serul, étions particulièrement bien vus par nos voisins du Fironk.
Ci fait, mon seigneur n'a donc que légitimité du sang et de la terre, et, de par notre culture, n'est pas des moindres en la matière. Toutefois, bien qu'ayant - tout comme vous le remarquez - conscience que son fief jouxte vos terres matriarcales, s'en retrouvant même englobé, il lui paraît alors normal de se proposer à sa défense puisque, de votre défense vient la sienne."

Il marqua une pause et lui sourit de toutes ses dents. Il aurait eut une fleur, qu'il la lui aurait offerte.

"Toutefois ma Dame, je ne sais que dire sur votre jugement porté à notre culture. Notre, je dis bien car, de par votre sang et votre race, il s'agit bien aussi de la votre - à moins que vous ne soyez une native. Mon sire et moi-même sommes juste restés fidèles à notre foi et nos idéaux."


_________________________
(1) mauvais tour, ruse.
(2) coquins, voleurs.
(3) bordels.
(4) jeune fille.

Un moniale de Toria qui accompagnait l'ambassadrice de l'Aînée prit à son tour la parole.

"Seigneur, vous devriez savoir que les Fironkois, notamment les Salamandres, ont retiré toutes les terres qu'ils avaient cédé aux Kandrasiens lorsque ces derniers les attaquèrent sans raison aucune, il y a de cela des décades."

Un chevalier du Beilan se leva afin de remettre de l'ordre dans les pensées de certains :

Kandrasien peut-être est-il temps d'arrêter cette rancune que vous vouez au Beilan et par la même occasion stopper vos attaques envers cette nation. Le Beilan il est vrai a réduit vos armées de pacotilles devant les murs du Saint ordre il y a de cela des années, mais il faut savoir tourner la pages. Ce n'est pas le Beilan qui a réduit votre pays en cendre mais bien les empersois et plus particulièrement le régent actuel.

J'entends des paroles des plus incohérentes dans des bouches de gens incohérents. Il est plaisant de voir un kandrasien en terre Fironkoise alors qu'il y a des siècles les kandrasiens se sont retourner comme des lâches contre leurs alliés de toujours. Le Commandeur Grabonweek est mort en protégeant votre capitale et en remerciement, votre peuplade essaya de prendre Börm. Puis biensur vint le massacre des Kandrasien en terre fironkoise. Il y a un lourd passif entre ces deux peuples et aujourd'hui voila que votre fief soit disant kandrasien se trouve sur les terres finkoises. Apparement vous n'êtes pas reconnu par le pouvoir en place. Pouvoir qui d'ailleurs me laisse perplexe, naissant d'une poignée de femmes kandrasienne dans un pays où la masculinité est poussé à son paroxysme. Je crois messire que vous devrez d'abord vous soucier de votre situation avant de juger un pays dont les souverains trop retranchés comme vous vous plaisez à les décrire pourraient aisément vous balayer avec une poignée de leurs armées. Ils pourraient d'ailleurs venir pour le pays tout entier mais je vous laisse le soins d'expliquer à ses femmes pourquoi votre bras effectivement paraîtrait plus avantageux que votre grande gueule.

Quant à vous seigneur de Nyssiam, le roy attends toujours ce qui lui est dut, ne le faites point attendre trop longtemps, l'age l'a rendu impatient et ses deux fils Laïan et Lanval, ne connaissent pas le mot indulgence.

Un prêtre Kandrasien qui consignait les interventions de chacun au fil d'un long parchemin à destination des archives d'Elderine se dit pour lui même que ce n'était vraisemblablement pas la tolérance qui risquait d'étouffer ce chevalier anonyme, pas plus que la bienséance.

Oser s'adresser de la sorte à un noble seigneur représentant un royaume neutre, voilà qui aurait valu le fouet à cet insolent dans toute contrée civilisée. Non, décidemment autant renoncer de suite à trouver quelque trace de chevalerie parmis les membres de cette race batarde.

Cependant, tandis que les derniers mots du gaedien se détachaient de sa plume, il se félicita de l'intervention de se dernier, témoignage supplémentaire d'un égo démesuré qui touchaient jusqu'au plus modeste individu de la caste des guerriers.

Le prêtre laissa alors échapper un mince sourire habilement camouflé par son abondante barbe. Il s'aventura alors à faire part d'une réflexion à l'adresse de l'homme d'arme.

Noble prince, doux sire, vous qui avez une si grande expérience des faits d'armes et des guerres passées et présentes, ne pensez-vous pas qu'à vaincre sans péril on triomphe sans gloire? Certes le noble royaume de l'Elbre pourrait balayer d'un revers de gantelet n'importe quelle nation souveraine en ce monde, si ce n'est peut-être celle de vos maîtres empersois.

Néanmoins, ne serait-ce pas en vain, puisque de celà nous en sommes tous déjà convaincus?

Pourquoi donc assombrir cette assemblée en proférant des menaces à tout vas, d'autant qu'au sein d'une armée si nombreuse comme vous vous plaisez à le rapeller, la voix d'un sans grade ne doit avoir que bien peu d'importance.

L'art de la médecine avance, aujourd'hui les trépanations permettent d'évacuer bien des humeurs, il n'est plus besoin de guerroyer pour si peu.

Et la rosée du matin était belle et les oiseaux gazouillent , les joues de bambins sont roses et chaque hommes de cette assemblée avaient des gestes, des humeurs et des avis sur tous, ce qui par conséquents n'avaient rien de bien grandiose. Le chevalier prit le temps de répondre à cet humble moinillon :

'' Ohhh, un kandrasien venant défendre l'un de ses frères expatrié, comme c'est mignon. ''

Après avoir étouffé un rire partagée par toute sa tribune, le chevalier reprit.

'' Un sans grade ? Je suis Halek de Villemer, conseiller du roy et Chevalier au Beilan est un titre significatif, non pas un terme galvaudé comme dans vos contrées, où le terme chevalier s'apparente à un mignon en culotte bouffante. Votre phrase m'intrigue, à vaincre sans péril, l'on triomphe sans gloire ? Rappelez moi, moine qui a attaqué le Beilan à trois contre un. La tactique en effet était des plus périlleuse.

Je ne comprends pas à vrai dire vos paroles, le royaume de l'Elbre doit s'excuser d'ête riche et puissant ? Ses seigneurs ne doivent point se lever et défendre son honneur lorsqu'un coquin ne se lasse à chaque tirade de le dénigrer ? Nous ne devons avoir le même honneur, kandrasien car nous Beilanais nous savons répondre lorsque l'on attaque notre Belle patrie. Quel chevalier ferais-je si je ne défendais pas mon pays et l'honneur qui en découle ? ''

Des braillements virils eurent lieux dans la tribune Beilane.

'' Pourquoi ne retournerez-vous pas à vos consignations et laisser cette affaire entre les parties concernées ? ''

Alors qu’il n’avait pas depuis bien longtemps pris la parole en publique, le regent, au bout de sa vieillesse, se tournat vers l’intervenant du beilan, qui manifestement avait attisé sa colére matinale :

- Conseiller du Beilan, dois je vous rappelez que vous vous trouvez ici non pas au Beilan mais en empersiste, et que vous n’avez point a vous considerez en territoire conquis. Les actes en Kandrasie et au Beilan ne sont qu’un passé formant une boucle qui ne cesse de se repeter. Il ne tient qu’a nous de la rompre, assumons nos actes, et par pitié cessons de jouer le doux role des victimes. Trois contre un dites vous ? La mémoire me fait grandement defaut, mais je puis vous assuré a vous, jeune hommes impétueux qui n’etait surement pas présent, que Märkus premier vous avait fraichement envoyé un regiment de cinquante mille empersois, et que vous attendiez egalement des troupes Ciranaise, qui jamais ne sont venu.

Fatigué par son monologue, le regent s’affaisat, mais toujours a l’écoute.

" Je suis Beilanais mon sieur je dis les choses tel que je les penses et répondre à un intervenant quel qu'il soit n'a rien a voir avec le fait d'être sur un territoire conquit ou non. Ne confondez pas franchise et discours direct avec impétuosité.

Quant à votre petit discours, il fait chaud au coeur, oui Markus l'empersois nous avait prêté main forte, à cette époque, l'alliance de nos deux nations avait un sens, ce qui est bien loin d'être le cas de nos jours. Votre disparition lors de votre entretien avec mon roy l'a vraiment peiné, il y a vu une insulte à sa personne et lorsque l'on voit comment les choses se portent actuellement, on ne peut qu' acquiescer à ses paroles. "

Et bien sachez que de tels discours ne sont pas toléré ici. Quand a l'alliance dont vous faites allusion, elle concerne certe le Beilan, mais elle sert la Gaedienté et non pas de couverture a un roy pour ses rackets. Sachez cepndant qu'au moindre appel du saint pere, nous accourerons comme nous l'avons fais autrefois.

Le chevalier se mit à rire

" Vous ne tolérez pas de tel discours ici ? Et de quel discours parlez-vous régent ? "

Le rictus avait fait place à des dents serrées et à un air sombre

" Moi, ici ou ailleurs je ne tolère que des gens se permettent effrontément d'insulter mon pays et je suis dépité lorsque je vois le maître de ses lieux m'ordonner de faire cesser mon discours alors qu'il ne leva le petit doigt lorsque le pays avec lequel il est allié se fait manqué de respect comme il l'a été.

Je ne tolère pas les insultes que vous proférez envers mon roy, vieux régent. Je ne tolère pas que l'on l'accuse de "racket" alors que ce dernier cherchait à revoir sa fille et sa petite fille que vous avez séquestré. Parfaitement, nous savons qu'elle est maintenant la politique de l'empersois fatigué que vous êtes. Vous pensez que changer d'attitude maintenant envers les kandrasiens vous fera racheter le massacre de milliers de ces hommes que vous avez perpétré chez eux ?

Je vois que êtes devenu un couard sire, crachant sur vos alliés plutôt que de les défendre, méfiez-vous, car à trop traiter les Beilanais de barbares et de brigands, ces derniers pourraient effectivement le devenir. "

« Nous avons assuré notre monarque de notre respect, nous ne pouvons toutefois matérialiser une allégeance en retrahs avant quelques saisons, du fait de la pauvreté de notre cité et des lourds travaux de fortifications à réaliser. Si le Roy et sa descendance nous imposent à cette suite un tribut, nous devrons concéder que nous y répondrons plus par obligation forcée que par réelle loyauté : porter son tribut à de jeunes seigneuries démunies d'Osts conséquents, quand nul travail ne nécessite les fonds royaux, me paraîtrait peu équitable.

Cependant, si ce que vous dites que nous devons ne se résume qu'à une présentation et un serment de servir Beilan, alors je vous prierais de me pardonner ces paroles injustifiées. Si vous me donniez le détail de cette présentation, je la ferai parvenir à ma cité et leur enjoindrai de se dépêcher en cette voie »


Le représentant de Nyssiam de Cavalardente s'était ensuite assis, regardant avec curiosité les échanges de plus puissants seigneurs, qu'il ne pouvait prétendre rejoindre au vu de la modeste place de ses maîtres en l'assemblée retrane.

Un vieillard prit à part le jeune homme :

" Seigneur, ne vous inquiétez pas, le roy ne souhaite qu'une rencontre avec votre personne et la formulation de vos hommages. Il m'a demandé de vous inviter à la cour de sa majesté.

Mais débattons plus de cette affaire ici. "