Retrahant, Ere impériale
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Retrahant, Ere impériale


 
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 Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil

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Elwna

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MessageSujet: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyMer 28 Mai - 19:21

La Grande Prêtresse observait les hautes et larges colonnes marbrées qui montaient depuis le sol jusqu’aux frondaisons du temple de Ris. Les cris des enfants montaient jusqu’à elle lui faisant tirer des grimaces désapprobatrices. L’absence des gardiens de la Déesse avait eu un effet plus que néfaste sur la discipline en ces lieux et il faudrait plus que quelques sermons pour rétablir un semblant d’ordre. Quelques végétaux envahissaient les piliers en serpentant tranquillement autour de leurs proies. Le poids des années commençait déjà à se faire sentir. Ris en soit témoin, la cité était pourtant si jeune encore.

On était venue la chercher deux saisons plus tôt, porteurs de funestes nouvelles. C’était la guerre. Il n’y avait pas vraiment eu d’appel de la Blanche non plus de déclaration de l’ennemi mais chacun savait que c’était devenu inévitable. Le Royaume était devenu assez puissant pour laver les affronts du passé, les premières têtes d’émissaires étaient tombées et les représailles n’avaient point été repoussées. Tout les menait vers cette échéance qui serait fatale pour l’un des deux loups. Les ordres puissants d’Erus, de Serul et d’Erélian avaient fait le choix de partir avec les paladins et archers du Mont-Gris. Après tout, cela faisait bien longtemps que tout ce qui s’étendait de l’Eterd bastion du sommet du Mont aux murailles qui encerclaient Ilsta’Adiad appartenait aux prêtres de ces ordres influents. La descendance d’Erastan était faible, corrompue et probablement batardée depuis sa jeune épouse bien heureusement morte en couche. Son héritier serait placé en première ligne des paladins d’Erus. Fasse qu’il succombe à sa charge héroïque.

Les trois plus puissants personnages d’Ilsta’Adiad s’étaient présentés face à elle, Rhean, Grande Prêtresse de Ris et en avaient fait le dernier défenseur de la citadelle pour peu qu’aucun d’eux ne revienne vivant des Terres de Gaed. Elle avait d’abord ri de tant de fierté de ces hommes à disposer le pouvoir en la cité et puis elle se l’était appropriée et l’avait trouvé finalement bien agréable. On lui avait bien certifié qu’elle ne serait là qu’en tant que garante des humains devant les puissants Dieux et qu’elle n’aurait à prendre aucune décision importante jusqu’au retour des Hommes.

Une longue tunique bleutée descendait de ses épaules à ses chevilles, enserrée au niveau de la ceinture par un fin tissu blanc qui retenait une petite bourse où se côtoyaient son sceau et les « clés » de la ville. Elle n’avait en effet guère eu de décisions à prendre, son peuple se bornant à lui rapporter les problèmes mineurs du désert d’Erus qui s’étendait à ses pieds. Il lui fallut à de nombreuses reprises intercéder auprès de la Déesse pour que pluie se fasse et que soleil s’en aille mais ses prières étaient suffisamment pieuses pour que Ris continue de prendre soin de sa nature en l’absence de ses parents partis à la guerre.

Les nouvelles parvinrent alors que les esprits étaient tournés vers les prochaines moissons. On s’était apprêté à nourrir une armée et des esclaves. Le blé ne manquerait pas. Les tambours sonnèrent à la mi-journée, sous un soleil harassant. Saccadant un rythme lent et irrégulier. Des coups de tonnerre qui résonnaient dans le ciel et clair et chaud. Boum. Boum. Boum. Un cœur qui battait timidement, ne sachant si l’instant suivant serait un boum ou un silence. Aux vues des tours de la citadelle ils cessèrent. Et au bruit laissa place aux vues. Ils étaient à pied. Les vêtements décharnés, tremblant de leurs membres, les yeux derrière la tête à sursauter au moindre bruit différent de celui de leurs bottes usées sur les dalles de la route royale. Quatre centaines. Seulement Quatre cent survivants aux quelques Cinquante mille qui avaient franchi bien longtemps auparavant les portes du Mont-Gris. La rumeur monta des faubourgs jusqu’à l’Eterd en l’espace de quelques décimes. Les Ordres étaient tombés, il n’y avait que quelques survivants honteux, vétérans décatis qui n’avaient eu pour chance que d’être suffisamment séniles pour mériter de forme l’arrière-garde. Celle-ci était désormais l’avant, le milieu et l’arrière-garde. Elle était tout ce qui restait des paladins d’Erus, des prêtres de Serul et des quelques fierae aux couleurs de la Maison d’Erastan.

Si peu, si peu étaient revenus. Et en quel état. Il allait falloir prendre des décisions. Les Dieux ne pouvaient les avoir à ce point abandonnés.


Dernière édition par Elwna le Dim 31 Aoû - 21:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptySam 31 Mai - 14:13

L’histoire des kandrasiens montre souvent une âme sombre et tourmentée. De capricieuses vilenies, de légères turpitudes et de tendres trahisons foisonnent nos écrits et font de notre race un peuple imbu de lui-même et bien prompt à dégainer l’actea. Nous avons longtemps cherché notre Reine, attendu celle qui a abandonné les siens voici près d’un millénaire. Qu’y avons-nous gagné ? Un abandon des Dieux sur les champs de bataille, la désillusion des anciennes Maisons aujourd’hui éteintes et le péril sans cesse plus grand de voir notre Royaume, nos terres, s’embraser et lever le frère contre le frère l’arme contre le bouclier. Les temps de l’espoir sont révolus. Il n’y en a aujourd’hui plus guère. Je me suis levée ce matin, ai écarté les pans du rideau qui masquait l’ouverture et ai vu notre avenir.

Ceux qui font tomber les flèches sur les Paladins et briser les cœurs des Rois viendront. Notre sang sera une nouvelle fois versé et les erreurs de nos maris feront se rejoindre les familles en l’Eterd, le seul, le dernier Eterd, celui de Kara et d’Erélian. Que valent aujourd’hui nos croyances, nos rites et notre honneur ? Ce ne sont que des traditions illusoirement maintenues depuis le départ de Celle qui Reviendra. Blasphème et trahison ? Probablement. Ces écrits doivent rester secrets pour le moment, le peuple n’est pas prêt. Mon peuple n’est pas prêt. La Kandrasie était notre paradis, celui que nous voulions construire dans la lumière, fermé aux obscurités de Thane répandues dans les contrées barbares. Les plaines que nous espérions vertes et immaculées, foulées seulement par le sabot du cheval. Elles brûleront. Entièrement. Je l’ai vu.

Aujourd’hui je suis allée parler avec Rhean. Elle est devenue notre guide à tous. Les autres prêtresses l’écoutent et lui obéissent aveuglément. Nul ne sait plus à qui se raccrocher et son calme est peut-être l’une des dernières choses qui puissent maintenir la tranquillité au Mont-Gris. Les portes de la cité restent jour et nuit ouvertes. Nos gens fuient et il est temps de penser à notre tour à laisser le désert d’Erus reprendre ses droits. Nous ne sommes plus les bienvenus sur cette terre. C’est ce que j’ai dit à Rhean. Devant moi elle ne paraît plus si sûre d’elle mais je sais parfaitement moi ce qu’il convient de faire. Je crois qu’elle m’écoute. Elle est notre guide et les autres la suivront. Il faut partir.

Récit d'Ilith, prêtresse du Mont-Gris
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptySam 31 Mai - 15:01

Certaines prêtresses ont commencé à s’agiter. Au départ ce n’étaient que des chuchotements sans importance mais ils sont devenus plus nombreux et Rhean elle-même, la Grande Prêtresse semble leur porter une oreille de plus en plus attentive. Elles veulent fuir ces terres maudites où les Dieux ont abandonné leur peuple après leur Reine. Je suis maintenant enceinte de nombreuses lunes, j’ai abandonné tout espoir de revoir Gereo. Il m’a abandonnée comme tous les autres hommes. J’ai voulu tuer mon enfant mais les autres m’en ont empêché. Il s’agite de plus en plus et ne me laisse aucun répit. Elles au moins peuvent oublier, rien ne leur rappelle constamment la disparition des hommes. Il paraît que nous sommes assez nombreuses à attendre un enfant. Si c’est un garçon je le tuerai. Non je crois que je l’aimerai. Je ne supporterais pas de le voir partir lui aussi à la mort en criant bêtement des âneries sur l’honneur. Gereo avait seize ans. Et il est mort. Rhean ne laissera plus partir nos hommes à la guerre. Ils sont trop importants pour nous. Mais nous devrons partir ou les barbares nous tuerons toutes avec nos enfants.

Mabe, la fille de la prêtresse Ilith a commencé à regrouper les autres filles du Mont. Elles ont détruit des bâtiments au sud de la cité pour en faire des charrettes. Rhean ne serait pas d’accord mais elle va devoir suivre la volonté des autres. Surtout Ilith. Elle est aussi âgée que Rhean mais beaucoup plus froide et déterminée. Elle dit que les femmes enceintes et les plus âgées seront installées dans les charrettes et que les autres suivront à pied. Il reste suffisamment d’hommes pour nous protéger mais encore faut-il savoir où aller. Je crois que le départ est pour bientôt. Ce n’est qu’une question de temps pour que Ilith parvienne à convaincre Rhean que c’est la seule solution d’éviter la mort de tout notre peuple.

Nous sommes sans nouvelles de la Blanche et des autres cités. Le Mont-Gris est trop au Sud pour pouvoir échanger facilement et le Régent doit avoir d’autres problèmes que de s’occuper de nous. A moins que personne n’ait encore été désigné pour remplacer Kanos. Les messagers que nous avons envoyés ne sont jamais revenus. Il paraît que tous ont commencé à fuir et que les barbares arriveront dans trois saisons. Rien ne pourra les arrêter. Ils nous tueront toutes et prendront nos enfants.

Récit d'Elwna, prêtresse du Mont-Gris
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyDim 1 Juin - 0:25

Le choix avait été délicat. La consultation des oracles était restée comme à l’habitude plutôt floue, les résultats pouvant être interprétés de multiples manières. Et puis la réponse était tombée, telle un couperet sous la forme de deux simples mots prononcés par celle qui avait pris la décision de les guider. Rhean.

« Nous partons. »

Cela avait suffi. Les charrettes avaient commencé à s’écouler lentement, descendant de la Haute Ruelle, celle qui serpentait de la forteresse Eterd aux entrées des temples et la place du marché. C’était la dernière fois qu’ils la foulaient et ils le savaient. Chacun marchait dans le silence respectueux de ce moment qu’ils vivaient. Certains d’entre eux avaient déjà fui. Qui de la guerre d’Isvan, qui des forfaits d’Azenora, qui de la Guerre Sainte de Dylan Selden.

« Chacun doit être à sa place. Nous nous répartirons les grands quartiers du Mont-Gris. »

La citadelle était jeune mais de nombreux quartiers avaient vu le jour et s’étaient élevés au fil des années. Soixante ans en avaient façonné l’architecture et le caractère. Le quartier Toria, célèbre pour la tour qui, en partant de son centre, permettait de part son ombre de savoir quelle heure il était. Le quartier Planristh, abritant les quartiers de Ris, Merial et ses médecins, Belbaur, quartier des pauvres ou encore Ereque, siège des forgerons. Les prêtresses de Rhean furent chacune affectée à une zone géographique et à un pan de la population. Nul ne devait rester seul, nul ne devait être oublié. C’était le début de leur exode, celui de leur nouvelle vie.

« Où partons-nous, Grande Prêtresse ? »

Elle se tenait droite malgré le poids des âges, regardait la cité se vider, les jeunes aider leurs aînées à monter dans les charrettes, les vieux soldats encadrer des groupes de veuves qui ne savaient quoi regarder en dernier, quoi retenir de Celui qui les avait vu naître, les avait accueillis, les avait protégées. Le Mont-Gris d’Erastan, la citadelle imprenable et à ce jour invaincue serait bientôt la proie du sable et des vautours.

« Nos ancêtres ont eu un jour cette question sur les lèvres. Pourchassés par les graméens de Sévérian, abandonnés eux aussi de leurs Dieux. Ils furent accueillis là où personne ne se souciait de leur honneur et de leur passé. »

Elle semblait perdue de nouveau dans cette contemplation. Les ruelles autrefois animées étaient martelées des sabots des chevaux. Clap clap, clip clop. Quelques hennissements vite réprimés. Clap clap, clip clop. Le quartier des marchands qui défilait, un garde qui s’inclinait devant la statue d’Erastan. Clap clap, clip clop. L’Haltar, le jardin des princes et princesses ayant défilé là lors des joutes du Serides. Mabe quitta les rangs et se précipita vers la fontaine qui jaillissait là, au milieu des fleurs du Beilan, présents du Roy, des arbres fleuris d’Orcum, présents de Khalida al Wahari, la belle délégate du Siâle. Elle maintint son regard sur la statue qui regardait le convoi interminable, les doigts fins tendus à l’extrême s’enfonçaient brutalement dans le sol d’Ilsta’Adiad tandis qu’elle réprimait à grande peine des larmes qui finalement s’écrasèrent sur la poussière du sol en faisant sauter des volutes de fumées. Clap clap, clip clop. Là où quelques mois plus tôt se dressaient chaque jour, pour Serul, le tribunal de la ville en une place blanche, guindée de marches menant au centre. Rhean voulut s’y tenir, sous les doigts accusateurs des Grands Juges du Royaume. Isorion, conseiller d’Enia duchesse d’Istria et épouse de Cadenwarr. Rimar, protecteur d’Aectelion Mepeim et juge de Bectem. Rhean s’y tint immobile, deux silhouettes se dressant derrière elle, dignes. Ilith prêtresse de la déesse et Folrei, capitaine des vétérans. Clap clap, clip clop. Les Portes Blanches, du modèle de celle d’Elderine, du temps de sa gloire. Encadrées des paladins puissants de la Reine. Les champions des plaines du dernier millénaire. Shaados, Eruksion, Aectelion et Alanor Calmanan.

Leurs actea tendues devant le visiteur, les boucliers dressés face à l’ennemi tandis que les regards scrutateurs les fixaient une dernière fois. On raconte que là où certaines ne voulaient plus jeter ce regard en arrière, où les enfants, sans comprendre ce qui se passait, tenaient le plus fort possible, de leurs petites mains tremblantes, celles de leurs mères esseulées. On raconte que l’une d’elles, enceinte, était montée sur l’une des deux hautes tours des Portes Blanches. On raconte que là où les hommes étaient lâches, avaient abandonné leur poste, elle avait été la dernière à tenir une lance et à défendre la cité de ses pères. On raconte qu’elle avait vu, la dernière, le dernier des chariots passer les héros du Mont-Gris. On raconte que quand les femmes pleuraient en silence en détournant leur visage de leur passé, elle avait franchi des espaces que nulle femme n’avait franchis avant elle, elle avait agrippé avec force une corde et avait fait résonner une dernière fois les Gaela, Maria et Luciae, celles qui autrefois avaient prévenu chaque peuple de Retrahant assailli sous la tempête lors des joutes. Celles qui avaient guidé les rescapés à l’abri des murs de la citadelle, jusqu’aux portes blanches. Là avaient retenties pour la dernière fois les cloches kandrasiennes d’Ilsta’Adiad. Résonnances du passé. Le convoi s’était arrêté. Toutes étaient descendues, aidées par les vétérans et les enfants qui commençaient enfin à pleurer. Elles s’’étaient agenouillées devant la ville et avaient pleuré, ensemble. Pleuré l’hiver qui s’achevait. Pleuré les hommes qui étaient tombés. Pleuré la cité qui n’était plus. Pleuré le Royaume qui n’était plus. Pleuré la Reine. Pleuré les Dieux qui n’étaient plus. Puis elles s’étaient remises en route et l’exil les avait menées jusqu’aux Salamandres.
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyDim 1 Juin - 18:07

La lente colonne s’était ébranlée, les charrettes encadrées des vieux cavaliers, précédées ou suivies de ceux qui pouvaient marcher. Les routes du Royaume furent traversées sans plus d’état d’âme. Bien ordonnées, sûres, ils n’y rencontrèrent guère d’obstacles. Leur nombre jouait en leur faveur et nul ne se dressa sur leur chemin. De nombreux kandrasiens se joignirent même à eux et ils entendirent les rumeurs d’exilés en direction des montagnes sans jamais hélas les croiser. Les plaines ne semblaient plus que fuyards. Ils parvinrent sur les terres des Salamandres bien avant l’arrivée des empersois en Kandrasie et n’en eurent d’ailleurs connaissance que bien plus tard.

Le commandeur Belwän était devenue depuis quelques années la nouvelle Salamandre et avait repris Börm. Bien loin des horreurs perpétrées par ses ancêtres envers les kandrasiens, sa rancœur la plus tenace portait sur les gaediens et Ilsta’Adiad avait trouvé en lui un allié de poids lors de la Marche vers les FroidMarches. On ne savait quel avait été son sort dans cette bataille mais on espérait beaucoup de son soutien. Près de trois siècles auparavant d’autres kandrasiens avaient trouvé refuge en ces terres désertées et inexplorées. Il s’agissait probablement de leur seule chance. Des cavalières furent envoyées en éclaireurs lorsque la capitale fironkoise fut en vue. Le culte de Lihg l’avait fait reconstruire et elle s’élevait aujourd’hui fière et droite dans le triste ciel qui les accueillait. De sombres rumeurs circulaient sur le sort réservé aux orcumiens, graméens et kandrasiens lors de l’arrivée au pouvoir du Grand et nul ne paraissait en mener bien large.

Les cavaliers revinrent, accompagnés d’une centaine de fironkois montés. Ils portaient leurs armes hautes et se tinrent silencieux de même que les exilées qu’ils accompagnaient. Un simple signe d’avertissement et une mise en garde de silence leur avait fait comprendre la nécessité d’être prudents, la terre d’accueil ne serait pas leur nouvel Haltar ed eterd. Ils remontèrent les rues pavées tandis que la population semblait s’amasser autour d’eux. Les murmures emplissaient l’air mais les visages restaient fermés. Hauts et pour la plupart blonds, les fironkois de Börm semblaient partagés entre la peur, la pitié et la haine. Leur escorte, nerveuse, les encadra tout au long de leur déplacement vers une partie moins peuplée de la cité. Celui qui semblait être leur chef s’approcha alors de Rhean, s’inclinant légèrement devant elle. Il observait avec suspicion les réactions de ses congénères autant que des kandrasiens et restait volontairement neutre dans ses expressions. Il s’exprima en un kandrasien hésitant, bercé d’un accent plutôt doux à l’oreille. Ils apprirent que le culte de Lihg était en deuil, le commandeur Belwän mort d’une manière plus que suspecte. Nul ne le pleurerait mais nul non plus ne connaissait le nom de son successeur. Plusieurs Salamandres se livraient pour le moment à des luttes d’influences et de verbes. Personne ne souhaitait prendre de décision à leur encontre de peur de se fâcher de potentiels alliés. Ils devaient rester là à attendre que tout s’éclaircisse. Ce qu’ils firent jusqu’à l'Evènement.
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyDim 1 Juin - 19:32

La silhouette se glissa vers les quartiers des kandrasiens. Il s’agissait en réalité des anciens casernements de Börm aujourd’hui abandonnés. La cité était dépeuplée sans que quiconque n’ait pris la peine d’en expliquer la raison aux kandrasiens. Vêtue d’une tenue typiquement fironkoise mêlant la discrétion à l’utile, elle se dirigea droit vers le centre des casernements où avaient élu domicile Rhean la Grande Prêtresse des exilés et quelques personnes influentes telles Ilith, Mabe et Elwna. Elle s’inclina devant la Grande Prêtresse et commença son récit.

« Les fironkois sont morts de terreur. Il semble que trois factions rivales, au moins, parmi les Salamandres revendiquent la tête du culte de Lihg. Chacune accuse l’autre du meurtre du Commandeur et certaines commencent à faire venir leurs fidèles des autres cités fironkoises. Ils s’arment pour la guerre, Grande Prêtresse.

- Pourquoi la cité est-elle si vide ? Où sont passés les guerriers ?

Le Commandeur Belwän dit Le Grand a rejoint les coalisés contre Gaed voici plusieurs saisons, il a vidé Börm de ses hommes et les a fait marcher vers l’Aevenspir. »


Un brouhaha général se leva parmi les exilées, Aevenspir était bien éloignée du Beilan. Le Commandeur avait-il trahi leur cause ?

« Je n’ai pas réussi à en apprendre plus sur les batailles, pas plus d’ailleurs que les habitants qui semblent redouter d’en parler. Il semble que Belwän soit revenu voici deux saisons accompagné d’un peu moins de trois cent guerriers. Tous exténués. Sa garde personnelle. Nul ne l’a revu personnellement puisqu’il s’est enfermé immédiatement dans son palais et a commencé les exécutions pour se soulager dit-on parmi les fironkois.

Sa mort a été annoncée quelques jours plus tard, il a été retrouvé assassiné par sa Garde. Depuis les autres membres du culte s’entre-déchirent et veulent chacun la tête de l’autre. Ils ont commencé à rassembler leurs partisans et les feront probablement venir dès que possible. La Garde de Belwän maintient l’ordre ici mais ils ne feront pas le poids si les Salamandres viennent à en découdre. »


Elle laissa à chacune le soin de discuter de ces nouvelles et des décisions à prendre. Quand enfin le silence revint et que Rhean lui redonna la parole elle poursuivit sur ce qu’elle avait à dire.

« J’ai obtenu ces informations de la garde de Belwän et d’un membre influent du culte. Il souhaite vous rencontrer, Grande Prêtresse. Je crains qu’il ne veuille nous voir prendre parti pour lui et appuyer son armée lorsqu’elle parviendra sous les murs de Börm. »
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyLun 2 Juin - 10:44

Quatrième jour à Börm

Je ne puis désormais me déplacer que difficilement. Le voyage a été éprouvant et je sens que l’heure de délivrer mon enfant est de plus en plus proche. Ici la situation est délicate. Rhean m’a prise sous sa protection durant le trajet depuis la Kandrasie après que j’aie fait sonner les cloches de la cité. Je puis ainsi capter quelques informations et celles-ci ne sont guère réjouissantes. Rhean est partie tôt ce matin rencontrer le Fironkois avec Ilith. Mabe a pris le commandement en leur absence, elle a fait réparer les ouvertures dans les casernements et placer quelques sentinelles. Les femmes ne peuvent se battre mais les hommes pourront faire face à la plupart des attaques qui pourraient avoir lieu. Börm est si faible. Il n’y a plus ici que des femmes et des enfants désœuvrés. Comme nous. La plupart des intrigues se déroulent au palais tandis que les gens meurent de trouille en attendant d’être pris en étau entre les forces des commanderies de Fironk.

Rhean nous a ordonnées de préparer les charrettes et d’envoyer discrètement des éclaireurs pour observer le chemin à prendre jusqu’à la sortie de Börm. Nous ne savons pas quel sort nous est réservé mais la plupart des fironkois nous haïssent et il est probable que le prochain Commandeur décide de tous nous exterminer dès sa nomination. Les Salamandres de Lihg ont besoin de sang frais ennemi à sacrifier pour satisfaire leur peuple. Notre sort pourrait être pire cependant, Börm nous nourrit et nous protège pour le moment et nous sommes enfin à l’abri de la pluie, du soleil et du vent qui nous ont accompagnés tout au long de notre fuite depuis le Mont-Gris. Nous avons aussi un petit espoir, l’homme que doit rencontrer la Grande Prêtresse est puissant, son appui serait précieux. Quoiqu’il en soit il nous faudra probablement partir encore, nous ne pourrons rester vivre dans un tel climat de haine.

Cinquième jour à Börm

Rhean n’est toujours pas revenue et il s'est passé quelque chose de grave. Je n’ai pas réussi à avoir beaucoup d’informations mais il semble que les prêtresses qui avaient été désignées pour aller chercher des vivres auprès de la Garde de Belwän soient tombées sur des fironkois en colère massés autour d’elles. Elles ont été acculées contre les murs d’une masure et les habitants de Börm leur ont jetées des pierres. Deux d’entre elles sont mortes et les trois autres ne valaient guère mieux quand la Garde est arrivée. Ils ont dû massacrer quelques bormiens avant que les fironkois n’acceptent de se disperser. Le garde qui parle kandrasien et qui est plutôt beau pour un fironkois nous a amenées les corps. Il paraissait très triste et a tenté de nous expliquer le comportement de ses congénères avant qu’un ordre sec de son supérieur ne le rappelle à l’ordre. Nous les avons enterrées dans l’ancienne cour où les armées de Belwän faisaient leur salut aux emblèmes, les autres sont soignées par les filles du quartier de Merial qui ont souvent aidées leurs maris à soigner des malades avant leur départ. Elles disent qu’elles n’avaient jamais vu ça avant et que au moins deux des trois survivantes ne passeront pas la nuit. Certaines d’entre nous parlent de sortir dehors pendant la nuit pour nous venger, nous pourrions faire beaucoup de dégâts avant l’arrivée de la Garde. Mais cela mettrait en danger la vie de Rhean.

Récits d’Elwna, ancienne prêtresse du Mont-Gris
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyLun 2 Juin - 14:00

Les évènements s’étaient enchaînés à une vitesse folle. Nous avions pénétré une cité faible, protégée par seulement deux ou trois cent guerriers fironkois qui n’auraient pas fait le poids face à nos vétérans. Mais Rhean continuait de tergiverser. Là où la force aurait été la seule solution digne de confiance, elle avait laissé notre peuple se faire enfermer dans ces anciens casernements vétustes et puant l’homme. D’assaillantes nous étions devenues assiégées et la situation semblait même l’agréer puisqu’elle se félicitait d’avoir mis les nôtres en sécurité. Même cette petite pimbêche engrossée qu’elle avait prise sous son aile paraissait se complaire dans cette position de faibles et l’encourageait à éviter au possible les affrontements. Mais sa principale erreur fût d’accepter de rencontrer l’une des factions fironkoises et de pénétrer leur nid de vipères. La mienne fût de l’avoir accompagnée.

Une vingtaine de guerriers de la Garde de Belwän nous avaient escortées à travers les rues de Börm jusqu’au palais. On nous avait longtemps dévisagées avec ce regard qui devenait rapidement familier de haine et de peur mélangées. Il aurait fallu quelques exemples disciplinaires pour ramener ces barbares à de plus saines positions à notre égard mais Rhean était intransigeante. Il était plutôt petit pour un fironkois et avait ce regard de tueur abruti que nous connaissions bien en Kandrasie chez certains de nos erusobio les plus fêlés. Un meneur d’hommes et un guerrier inspiré par une foi aveugle en son culte. En l’occurrence Lihg qui, de par son essence même n’tait déjà pas garant d’une grande stabilité d’esprit.

Il s’était incliné devant la Grande Prêtresse sans faire attention à ma présence et avait commencé à discourir sur son culte avec une démonstration vibrante de ce qu’il voulait pour les fironkois. Il pensait représenter celui qui pourrait enfin réunir toutes les commanderies sous l’œil unique d’une Salamandre. Belwän avait été trop faible pour être autre chose qu’un Commandeur de Börm, il voulait lui être un Commandeur de Fironk et qui sait, d’Orcum ensuite.

Ses hommes buvaient ses paroles tandis que Rhean restait digne et élégante. Mais je la sentais désapprouver. Elle ne pouvait pas, pas ici, nous ne pouvions pas être venues désarmées pour dire non à cet homme. Mais c’est ce qu’elle fit. On nous mena rapidement à nos nouveaux quartiers encore plus sombres et toujours emplis de cette odeur de mâle. On y était déjà beaucoup plus à l’étroit et cette idéaliste de Rhean semblait penser notre dernière heure venue. Au moins étions-nous dans le même cachot.

C’est le sur-lendemain de notre détention que les cris retentirent dans le palais. Les bruits de combats nous parvenaient assourdis mais ne laissaient aucun doute quant à leur existence. Restait à savoir ce qu’il pouvait bien se passer. Quatre fironkois descendirent rapidement dans les cachots, couverts de sang. Je ne les reconnus pas comme étant des gardes du petit fou, c’était la première fois que nous les voyions. Trois d’entre eux glissèrent quelques mots à l’oreille du garde qui nous surveillait tandis que le quatrième s’emparait de la clé de notre prison. Il ouvrit la grille et s’approcha de Rhean en la soulevant doucement de la paillasse où elle était jonchée, fatiguée. Il l’accompagna jusqu’à l’ouverture tandis que notre garde commençait à s’agiter en roulant des yeux effarés. Tout alla alors si vite que je ne sais si j’aurais pu réagir. Notre garde porta la main à son épée posée sur le mur tandis que déjà deux glaives lui tranchaient la gorge, le laissant mourir à leurs pieds. Rhean poussa un cri d’horreur qui se transforma en douleur en levant les mains à son visage. Je vis alors une lame ressortir de son corps, le quatrième homme l’ayant transpercée de part en part, elle s’affaissait dans ses bras, le sang s’étendant sur sa tunique en un cercle horrible. Je vis son corps sursauter en deux ou trois hoquets tandis que de sa bouche sortaient deux ou trois caillots rouges et noirs. Le fironkois retira son épée et balança en arrière le corps de la Grande Prêtresse qui gît à mes pieds. Il s’approcha de moi et je vis son poing s’approcher brutalement de mon visage. Puis, quelque chose de sombre et une douleur vive, puis plus rien.

Récit d’Ilith, ancienne prêtresse du Mont-Gris
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MessageSujet: Re: Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil   Chroniques du Matriarcat ~ Débuts de l'Exil EmptyMer 4 Juin - 0:46

Au sixième jour de l'arrivée des exilés, une trentaine de guerriers fironkois de la Garde de Belwän se présentèrent aux portes des casernements. Ils parurent aux sentinelles à bout de souffle et visiblement paniqués. Mabe se présenta à eux.

"Il semble que la situation nous ait échappée, kandrasienne. Un clan fironkois d'une commanderie éloignée a fait irrpution à Börm et a réussi à pénétrer au palais. Ils s'y sont barricadés et ont commencé à exterminer les partisans du fironkois que devait rencontrer votre Grande Prêtresse. Il faut faire vite si vous souhaitez la revoir vivante."

Sur ordre de Mabe les hommes se mirent en route pour le palais tandis que les femmes chargeaient les charrettes. La vie à Börm devenait plus que délicate et il devenait nécessaire d'opter pour une nouvelle destination. Le palais fut rapidement récupéré, le nombre et l'expérience faisant rapidement tourner le vent en faveur des exilés. Ils parvinrent cependant trop tard, la Grande Prêtresse Rhean était tombée et sa conseillère Ilith ne semblait guère en état de prendre des décisions. Les anciens kandrasiens se tournèrent alors vers les fironkois.

"Vous ne pouvez rester ici, certains fironkois vous soutiendront pour les avoir sauvés mais d'autres commanderies sont en route et il est impossible de prédire quel sera le vainqueur. Vous devez fuir. Il subsiste quelques colonies kandrasiennes loin vers l'Est, réchappées de la vengeance de Malbrahm la dernière vraie Salamandre de notre peuple. Allez jusqu'aux côtes et vous finirez par tomber dessus."

Une fois encore les exilés s'enfuirent donc devant le danger pour gagner une terre d'accueil où ils pourraient s'installer et enfin reconstruire.
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