Ghern de Tourbelieu est l’archidiacre de Tourbelieu. Le courant linath y est dispensé. Il est de tradition orale et transmis sous forme de chants. Sa musique n’est pas agréable à l’oreille non exercée, elle peut rappeler le bruit du ressac contre la grève et les sons produits par le marais graméen.
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Divers rites composent le dogme linathique. Entre autre, le rituel d’altération consiste à rapprocher l’individu de la sphère divine en apposant sur son visage les marques d’Amk’Cherk. Ces marques sont composées de suie, de boue, de peinture, … provenant du marais.
Dans un premier temps, les litanies du Chant sont entonnées et le sujet dépouillé de ses vêtements. Il lui est proposé des liqueurs des marais et de la fumée beigne continuellement son être ; l’initié s’éveille au Chant. La litanie, jusqu’alors ténue, s’élève tandis que différentes psalmodies débutent. Le Chant se fait plus dense, et pousse l’initié à la fièvre linathique. Litanie, psalmodies, psaumes, versets et chants sacrés sont tour à tour et à la fois chantés en une mélodie entêtante.
Dans un second temps, le comportement de l’initié est étudié par les prêtres les plus sages et les marques d’Amk’Cherk sont apposées sur son visage. Grâce à ce rite, le champ de conscience du sujet à travers le Chant est accru. Il est capable d’appréhender plus clairement les desseins d’Amk’Cherk.
On prêtre de grande qualité aux personnes ainsi altérées. Le don de prescience par exemple. Nuls doutes, nulles peurs n’assaillent alors le sujet. Même au cœur des plus grandes tempêtes sa détermination et sa résolution restent intactes. Car telle est la volonté d’Amk’Cherk.
Une telle expérience n’est pas sans risque. Il faut être capable de prouver sa valeur et la puissance de son âme. La mélodie du Chant est entêtante, ses sonorités ont des saveurs vertigineuses. Ainsi, il n’est pas rare de perdre un bon guerrier dont l’âme est trop friable. Amk’Cherk ne confie pas son pouvoir à n’importe qui : les faibles et les impuissants succombent au rituel. D’eux, ils ne subsistent que leurs enveloppes, leurs yeux hagards fixant l’horizon noyés dans l’Air céleste.