Un petit groupe de personnes arrive à cheval en la cité d'Heos, dans laquelle il se fraie difficilement un chemin à travers la foule qui a redoublé d'activité depuis la mort du Seigneur Raul, paix à son ame, vers la crypte de ce dernier.
Visiblement, l'homme qui guide le groupe est un seigneur, à en juger, non par ses vetements - qui se distinguent à peine de ceux des quatre personnes qui l'accompagnent - mais par sa posture, digne, sans etre hautaine pour autant. La cape de fourure dans laquelle il est emmitouflé empeche de voir ses armoiries, de meme qu'une capuche laisse son visage dans l'ombre.
Les chevaux ont l'air exténués : ils ont certainement du chevaucher toute la nuit pour arriver en Hérosie en milieu d'après-midi ; aussi la troupe avance-t-elle lentement dans les rues d'Heos.
Quand enfin ils atteignent la crypte familiale du défunt Seigneur Raul, paix à son ame, ils mettent pied à terre. Confiant les chevaux à un page, ils s'avancent solennellement en direction du caveau, à coté duquel se trouve le jeune Seigneur Rist d'Argolon, nouveau maitre de l'Hérosie.
L'homme qui mène le groupe se découvre alors, laissant apparaitre son visage dans la pale lumière du jour, tandis que ses compagnons font de meme. Une des personnes qui l'accompagne est une femme, d'une bonne trentaine d'années, elle présente un charme indéniable sans pour autant avoir une beauté éclatante. À ses cotés se trouve un jeune homme, pas plus de quinze ans, et en retrait se tiennent les deux autres hommes, visiblement des gardes si l'on en juge par leur attitude. Aucun ne porte d'armes.
Le Seigneur s'avance vers le jeune maitre des lieux. Ses traits, tirés par la fatigue, son communs tout en étant agréables ; il porte une barbe de plusieurs jours, et la fatigue marque ses pas malgré l'effort qu'il déploie pour présenter une image digne. Sa carrure n'est pas imposante, mais il dépasse le Seigneur Rist d'Argolon de presque deux tete, et l'ont sent une robustesse à toute épreuve émaner de lui.
Le vent fait voler ses cheveux mi-longs, laissant apparaitre un torque d'argent aux armoirie d'une famille qui est inconnue du Seigneur d'Argolon, et ouvrant violemment la cape du nouvel arrivant, dévoilant le blason de la Syberis, tandis qu'il retire ses gants et baisse la tete en signe de courtoisie :
"Seigneur d'Argolon, je me présente : le suis le Seigneur Freyr, Intendant de Syberis. Je m'excuse de n'avoir pu venir dès l'annonce du décès de votre oncle, mais les récents changements dans la situation politique en Syberis ont nécessité toute mon attention ces deniers temps.
"Nous n'avons guère eu l'occasion de nous rencontrer auparavant, de meme que je ne connaissait votre défunt Oncle Raul, paix à son ame, que par les vagues échos qui parvenaient jusqu'en notre lointaine contrée.
"Je ne le connaissait pas, mais je suis néanmoins venu le saluer, car au-delà des discordes qui nous animent tous, nous devons nous rappeler que nous faisons tous partie de ceux que mon peuple appelle les "Élus des DIeux", choisis pour guider nos frères et nos soeurs vers leur destin.
"C'est donc la raison qui m'amène ici : saluer un meneur d'homme, qui est mort en guidant son peuple d'une main forte et assurée.
"Seigneur d'Argolon, tout le peuple de Syberis, ainsi que ma soeur Freia et mon neuveu Godfrey ici présent, dit-il en désignant la femme et le jeune homme, se joignent à moi pour vous présenter nos plus sincères condoléances et notre respect envers votre défunt oncle Raul, paix à son ame.
"À présent, si vous n'y voyez pas d'inconvénients je souhaiterais me receuillir quelques minutes à vos cotés."
L'homme et les quatre personnes qui l'accompagnent baissent la tete, et se receuillent dans le silence du vent fouettant la crypte.
Au bout de quelques minutes, ils se redressent, et le Seigneur Freyr se tourne à nouveau vers le jeune Seigneur d'Argolon :
"J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir en d'autres circonstances, pour entamer des relations entre nos deux nations, ce que je n'ai pu faire du vivant de votre oncle. J'espère ainsi que l'Hérosie et la Syberis pourront s'entendre et avancer ensemble dans la lumière.
"Puissent les dieux vous aider à mener votre peuple vers son destin comme ils ont aidé votre oncle."
L'homme incline de nouveau la tete, puis fait volte face et se dirige vers les cheveaux.
Le groupe remonte en selle, le Seigneur Freyr adresse un dernier salut au Seigneur d'Argolon : main droite sur la poitrine, il s'incline.
Ils se détournent et s'enfoncent dans la ville d'Heos, sans doute pour prendre un peu de repos avant d'entamer le voyage de retour...