En l'an de grâce 233 de notre deuxième ère, le premier jour d'Ogen de cette saison-ci, il y eut grand événement à la cour de Beila, la ville sur l'eau. On avait convié le nouveaux chef d'Empersiste au Beilan pour y rencontrer les bons seigneurs du Roi et la gente féminine dont les poètes font tant d'éloge. C'était au quatrième jour d'Ogen de cet été, après bonne chasse dans une giboyeuse forêt des TerresDieu, que les chefs respectifs de l'Empersiste et du Beilan s'engagèrent, sûrement dans un élan trop hardi, seulement devant quelques chevaliers et belles donnes, à s'entraider dans la guerre lors d'une attaque de quelque pays que ce soit, ou même lors d'une contre-attaque après bataille chez l'étranger.
Pourtant, cependant qu'on répandait la rumeur dans la cité sur l'eau, et que les deux sires se remirent de leurs dires, ils firent apporter clercs et chambellans, juges et moines, afin que l'on clore à l'écrit la proposition.
J'ai d'ailleurs eu l'honneur d'avoir eu la troisième copie du papier à enluminer et recopier le précieux traîté. Vois là ce que s'y déclaraient le Seigneur Ezald Fen-Rys d'Empersiste et le Roi Laïan de Sombresource, fils d'Ylvain le Jeune :
" Ce qu'il advient des deux grands pays du Beilan et de l'Empersiste :
Lorsque la guerre sévit dans l'une ou l'autre contrée, par honneur, l'autre se devra d'aider son allié. Sauf si c'est guerre débutée par l'un des deux alliés. En tel cas, il revient au pays allié de décider si cela est guerre de bonne cause ou si cela ne l'est pas."
Frère Istius, chef du monastère de la chapelle Seextre en Beila.