Joutes Retranes

Un hérault venait d'arriver à Ephyne, portant la tenue des messagers kandrasiens ; il était haut en couleurs et affichait un large sourire :

Messeigneurs, gentes dames de Retrahant, au nom de mon intendant AEctelion d'Istria Arkspel et du seigneur Arnaud de Loye, j'ai l'honneur et le privilège d'annoncer des joutes en Kandrasie en automne de l'an 330.

Une joute du champion d'Erus aura lieu à l'été 330 et rassemblera les meileurs chevaliers de la Kandrasie. Les finalistes seront choisis pour représenter notre Royaume lors des joutes de la saison suivante, dans les champs d'honneur de la cité blanche d'Elderine créés pour cette occasion.

Vous êtes tous conviés, nobles seigneurs et gentes dames à ces joutes de départage qui s'achèveront par un échange amical de lances entre le seigneur empersois Arnaud de Loye et notre champion d'Erus.

Les joutes retrahantiennes se déroulant à l'automne mettront en lice les huits territoires de notre monde chacun représenté par deux de ses seigneurs que nous vous chargeons de sélectionner à votre guise.

Messires et gentes dames, je me tiens à votre disposition pour toute question éventuelle...

Le hérault se tourna vers ses interlocuteurs un franc sourire aux lèvres

Un Ceaespeer aevenspeer hennit soudain dans l'enceinte; peu après un hérault flanqué de la devise Ranyer ab Aeven et enveloppé d'une cape toute d'azur sombre, blasonnée de fleurs d'or à la licorne saillante d'argent, fit son apparition et prit la parole :

- Nalya d'Eldalieva, de la Cité d'Alyssiam d'Aevenspir, vous prie de transmettre à votre maître ses cordiales salutations, tout autant que sa satisfaction de savoir des joutes devancer les vulgaires querelles militaires des nouveaux temps qui sont les nôtres !

Ma maîtresse ne possède à l'heure actuelle ni l'expérience ni l'âge lui permettant de se mesurer aux rudes seigneurs qui répondront aux Joutes Retrahaniennes d'Automne, et adresse la requête suivante : la possibilité d'inscrire en son nom son maître d'armes, Alytor de Brem.

Le messager revient quelque temps plus tard avec la réponse de son intendant :

Messire Ceaespeer, mon intendant vous fait savoir que vous pouvez faire jouter les seigneurs que vous pensez les plus habilités à représenter vos terres ; ces joutes sont les premières depuis les Nuits Sombres du venin de Thane et nous sommes heureux de pouvoir affirmer que le prestige du vainquer sera impressionnant ; la Kandrasie souhaite permettre à ces joutes de gagner une ampleur et une ferveur plus étendue que celle qu'elle possède actuellement et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire du vainquer de ces joutes un champion reconnu par tous en Retrahant.

Elderine portera pendant quelques saisons les couleurs du champion de Retrahant s'il en a et nos troubadours chanteront ses louanges durant de longues décennies ; aussi concertez vous en vos territoires pour entrainer et sélectionner les meilleurs d'entre vous ; que les jeux vous sourient Aevenspeer.

En l’an de grâce 331,
Erides de l’Eté 631, calendrier Karéen,
Elderine.


Le royaume de Kandrasie était en fête. La douceur relative des périodes printanières avait enfin laissés place aux premiers rayons chauds du Soleil – Que Kara soit bénie mille fois pour cette divine intervention ! – et la vie reprenait calmement son cours, tel un long fleuve majestueux. Les dernières neiges étaient parties depuis bien longtemps déjà, seuls persistaient celles des hauts monts de la chaîne Mara, jouxtant les terres Aevenspeers et celles des plus hauts pics du Quel’Tan. Comme à chaque fois à l’avènement de l’été était synonyme de routes bondées. De nombreux groupes de cavaliers, couverts de la poussière des grands chemins, se dirigeaient vers Elderine. De nombreuses caravanes marchandes aussi, et pas seulement Kandrasiens. On pouvait ainsi croiser des marchands Orcumiens – les plus acharnés que Retrahant n’ai jamais enfanté, pour qui un sou et un sou ! – Empersois ou encore Beilanais, et même, quoi qu’un peu plus rare, quelques marchands de peaux et autres boissons fortes Aevenspeers. Bien que les boissons du peuple nordique étaient peu appréciées en cette contrée, ces peaux de bête de qualité et plus qu’exotique pour un Kandrasien étaient en vogue dans la capitale. Chaque cité du royaume avait revêtu ses apparats festifs, et la plupart organisaient de grands banquets et des divertissements à leur population, en l’honneur du retour de l’été et des Sept Dieux du Panthéon, pour lesquels de nombreux spectacles et autres offrandes – tels que des fruits pour Ris, de la bière pour This ou quelques armes finement ouvragées pour Erus – leur étaient données un peu partout en Kandrasie.

Mais tout ceci n’était rien comparé à ce qui se passait à Elderine. En effet, et la première fois depuis le Grande Epidémie, de grandes joutes étaient organisées à la cité, et, comme à l’accoutumée, cela était le prétexte rêvé pour faire la fête, manger, boire, lier amitiés et surtout prouver à tous que l’on était le plus fort à la lice. Car en effet, bien que ce noble sport, largement usité par les Sires Chevaliers Kandrasiens, soit une façon noble et peu violente – une guerre l’est bien plus, il faut l’avouer - de résoudre un problème ou de s’amuser, cela n’en était pas moins aussi une façon de montrer qui était le plus grands chevaliers de tout le pays, et, de fait, d’en retirer gloire et honneur sur sa personne, sa famille et sa lignée. C’est donc sous le règne de l’Intendant Aectelion Premier, régent des terres de Kandrasie et souverain d’Elderine la Blanche, qu’allait se dérouler le tournoi du Champion d’Erus, et, dans la foulée, les Joutes Retrahantiennes.
Pour cela, toute la ville s’activait, et cela depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. De nombreux artisans furent réquisitionnés par les autorités de la capitale pour commencer la construction des lices, des gradins dédiés à la populace et aux nobles, mais aussi de quelques bâtiments de taille respectable, servant, selon les dires, d’armureries, d’infirmeries ou encore d’écuries. La réalité nous montra alors qu’il s’agissait d’écuries. Au total, se ne sont pas moins de quatre lices qui furent construites, seize gradins dont quatre destinés aux nobles et aux rois ainsi que six écuries. En même temps, et sous un soleil omniprésent, la cité revêtait ses couleurs, et c’est ainsi que de nombreuses bannières et lampions aux couleurs rouge pourpre et bleu nuits apparurent. Les rues étaient bondées de monde, de nombreux marchands occupaient la place de This et c’était le lieu de tous les conflits pour réussir à acheter quelque chose, les marchands, à leur grand bonheur, étaient débordés de clients. Puis, quelques semaines avant le début des Joutes, une forêt de tentes multicolores apparu tout autour de la plaine réquisitionnée pour l’évènement. De nombreuses bannières furent dressées, claquants au vent, aux couleurs de la Kandrasie et d’Elderine certes, mais, plus étonnant, aux couleurs noires et blanches des de Loye, mais aussi au bleu surmonté d’une étoile blanche de leur représentant actuel, le Sire Arnaud de Loye, qui, ayant eu l’idée de l’organisation de joutes, avait fait fort impression au Sieur Aectelion. C’est donc avec le statut d’invité de marque que celui-ci fut reçu, quand bien même avec tous les honneurs dus à son rang, et il fut même admis, chose jamais vue jusqu'à lors, de participer au Tournoi d’Erus, strictement réservé aux chevaliers Kandrasiens.

C’est donc en une belle journée d’été, ou un ciel d’un bleu intense rivalisait avec la lueur même du Soleil, que les joutes allaient se dérouler. Il ne manquait plus que les jouteurs et leurs cortèges qui, durant la durée des festivités, soit quelques semaines, seraient hébergés à Elderine, dans un grand bâtiment spécialement construit pour l’occasion.

Le seigneur Colwyn arriva avec sa petite escorte faite d'ecuyers et de courtisanes.
Leve-Tempete, son cheval de guerre avait fiere allure, il avait etait brossé toute la matinée par le palefrenier.
L'etendard pourpre et or de la Marche d'Erelian flottait au vent. le seigneur Colwyn avait encore sa tenue d'apparat soit une armure légère et scintillante, faite uniquement pour les rencontres au sommet. Le harnois du tournoi attendait tranquillement dans les malles de son intendance.
A son coté pendait son épée longue "Tison" symbole de la pureté et de la droitesse de son seigneur et maitre.
Colwyn regardait l'endroit où allait se tenir les joutes et sourit. Enfin, il jouterait et sa victoire serait dédiée à Erelian.

L’agitation était à son comble à Elderine et ses alentours. La date du début du tournoi approchait. La plèbe était en effervescence, qui de leurs seigneurs allait se montrer le plus fort ? On entendait déjà des paris entraînant des mises plus ou moins grandes. Il s’avéra rapidement qu’à Elderine, les favoris étaient le Général Galhem, et, bien entendu, l’Intendant Aectelion Premier qui, malgré son âge avancé, avait décidé de participer au sport national. On organisa alors une grande fête pour célébrer le coup d’envoi les joutes, trois jours après. Un bon nombre de jouteurs étaient déjà arrivés, et l’intégralité des chevaliers Kandrasiens s’y trouvaient. Seul quelques retardataires de quelques contrées avoisinantes ne s’étaient pas encore montrés. La fête se poursuivit toute la journée et se termina en fabuleux banquet au soir. De nombreux fous et autres troubadours distrayaient la noblesse de leurs cabrioles et de leurs champs entremêlés de légendes et autres mythes. Tout était au rendez vous donc, même le temps. En effet, cela faisait plusieurs jours qu’un ciel sans nuage précédait à chaque nuit, suivit d’un soleil offrant ses agréables rayons aux personnes présentes. Puis se fut la présentation des jouteurs, des pays, des prix et de la joute inauguratrice. Alors que tous ou presque étaient regroupé autour de la première lice – la plus grande, celle ou se déroulerait la finale, entre autre – un héraut, escorté par une demi douzaine de trompettistes se dirigea en son milieu. Celui-ci monta sur une sorte de piédestal – préalablement placé ici – pour y être vu de tous et, alors que les trompettistes prenaient position autour de lui, il s’ébroua bruyamment la voix et déroula un long parchemin qu’il tenait à la main. Les trompettes se mirent alors à sonner, d’un bruit aigue, rythmé, leurs drapeaux accrochés sous les instruments voletant aux quatre vents. Puis, lorsque le silence revint, le héraut prit la parole d’une voix forte et assurée.

« Oyez, oyez, nobles dames et nobles seigneurs, Prism, Trism et Reism ! » Il marqua une courte pause.
« Ce jour, de l’été 331 et des Erides de l’année 631, sous la grande Intendance du Seigneur Intendant Aectelion Premier, nous déclarons, par Erus, l’ouverture de ces joutes ! » Un grand bruit vint alors des estrades dédiées à la foule, et les trompettistes reprirent de plus belle.
« Durant pas moins de trois semaines, fêtes, banquets, joutes, jeux seront organisés par la Kandrasie et son Intendant, au nom d’Erelian, de Kara, et de leurs enfants bien aimés* ! De nombreux preux chevaliers ont répondu à l’appel de ces festivités, que ce soit en notre noble royaume que dans Retrahant tout entier ! C’est ainsi qu’en ces lieux, et à la fin de ses festivités, aura lieu le sacre du Champion d’Erus, champion incontesté de la Kandrasie, mais aussi le Champion des Joutes Retrahantiennes ! Que les jouteurs s’avancent ! »

A ces mots, des tambours et des trompettes se firent entendre sur l’extrémité droite de la lice. C’est ainsi que l’on pu voir arriver de nombreux chevaliers, tout d’acier revêtus, sur de nobles et belles montures aux riches parures. Ils formèrent alors une ligne, et le héraut reprit.

« Les nobles Chevaliers représentant de Grand Empire Empersois ! J’ai nommé l’Intendant Dertil de Crykas, glorieux régent d’Ephyne la Belle, et le Grand Sire Arnaud de Loye, invité de marque de l’Intendant et Hôte de ses joutes ! »

Les deux chevaliers s’approchèrent alors, l’un d’eux portant la bannière d’Empersiste.

« Les exotiques Champions des plus reculées de toutes les terres en Retrahant, j’ai nommé les Champions des Peuples du Désert, les sires Brahim Haslhoum (Ahem….) et Mayar Manchipouhr, pour le royaume d’Orcum ! »

De même, ils s’avancèrent, la Bannière d’Orcum avec eux.

« Attention mes amis, ce n’est pas tout ! Voici les Sires Chevaliers de la Sainte Couronne Beilanaise, représentés par les seigneurs Wurz Kastriz et Elderan Kar »
« Les grands sires représentants maintenant le royaume Ciranien, j’ai nommé les seigneurs Enguerrand et Bragon ! »
« Les Hauts Seigneurs représentants le Peuple des Montagnes, j’ai nommé les seigneurs Alytor de Brem et D' Erhan, pour l’Aevenspir ! »
« Et enfin, chers amis, sous vos yeux ébahis, le fleuron de la noblesse Kandrasienne, les plus vaillants de nos fiers guerriers, des seigneurs sans peur et au courage inégalé, les Sires Chevaliers Colwin, Aectelion, Nidolius, Galhem, le Chevalier Blanc, illustre guerrier qui n’a pas jugé bon de nous donner sa véritable identité et le Sire Seridur qui se battront pour la Joute du Champion d’Erus. Les deux finalistes participeront à la Joute Retrahantienne, et feront face aux champions Retrahantiens ! »

Il marqua une pause, regarda les fiers chevaliers qui se trouvaient derrière lui, sourit et reprit.
« Et maintenant, voici les prix ! »
Quatre hommes s’avancèrent alors, tenant chacun un coussin de soie rouge, sur lesquels se trouvaient les prix à gagner.

« Pour le vainqueur des Joutes d’Erus, l’Epée d’Erelian ! »
Un des porteurs s’approcha alors et l’on pu voir la grande épée à large lame qu’il tenait.

« Pour notre bien aimé hôte, le sieur Arnaud de Loye, ce présent lui sera offert ! »
Un autre s’avança, un magnifique casque d’Eria finement décoré et arborant une plume rouge sur le sommet reposait sur le coussin.

« Pour le second des Joutes Retrahantiennes, le Bouclier de Kara ! «
Un autre homme s’avança et l’on pu admirer le gain, une écu d’éria d’une grande qualité, portant dans un angle le symbole de Kara. Le reste étant vide, pour que son nouveau maître puisse y graver ses armoiries.

« Et enfin, pour le grand champion de ces joutes, l’Epée d’Erus ! »
Le dernier homme s’avança, et découvrit une épée longue à la lame effilée et portant de fines gravures tout du long.

« Pour finir, nobles gens, voici les ordres de passages de nos bien aimés jouteurs ! Tout le jour de demain sera dédié aux Joutes d’Erus, et nos champions s’affronteront dans l’ordre suivant : Le Sieur Aectelion contre le Sieur Seridur. Le Chevalier Blanc contre le Sieur Galhem, et le Sieur Nodilius contre le Sieur Colwyn ! »
La suite se déroulera au nombre de points. Les deux finalistes ayant le plus de points iront en final, le dernier sera éliminé !

Les Joutes Retrahantiennes débuteront deux jours après, pour que les sires Kandrasiens aient le temps de se reposer un peu. Messeigneurs et Dames, je vous salue ! »

Le héraut s’inclina et descendit de son piédestal et sortit de la lice avec les trompettistes. Les chevaliers furent quant à eux libérés pour la journée. Comme certains purent le constater, les contrées Graméennes et Fironkoises ne se présentèrent pas aux joutes, dommage.





*Notons là que Thane n’est pas concerné. Sa prohibition entraîna pour le Panthéon Kandrasien une chute de sons statut, et il devint un fils renié.

Une troupe arriva alors que les gens agglutinés s'écartaient en fixant les yeux écarquillés les guerriers forts et fiers dressés le dos droit sur leur monture... Les chevaux de hautes tailles étaient surplombés d’hommes massifs aux cheveux tirés et attachés en un catogan ou une longue tresse blonde ou noire… Les guerriers arrivèrent le regard farouche non loin du piédestal et descendirent de cheval d’un geste dextre. Les peaux qui recouvraient les armures de cuir étaient épaisses et leurs épaulettes accentuaient l’image de puissance qui dégageait du groupe… Les heaumes en os ou de bronze ciselé étaient la curiosité de nombreux roturiers…

Les armures étaient flanquées de mêmes que les montures dans de la peinture noire et blanche d’un blason bicolore… Une tour noire assaillie d’éclairs blancs… L’homme de tête retira un heaume en fer en forme de mâchoire d’un animal des montagnes et regarda autour de lui en tournant la tête doucement… Les tatouages dans son cou disposaient d’une grande qualité de détail et de beauté. Son regard sombre n’était pas rassurant et pourtant celui ci souria et ouvrit les bras…

Enfin nous arrivons à la Grande Elderine !

Je me nomme Elderan Kar et suis le Baron de Tourage des Glacées. J’espère ne pas être en retard… Le chemin fut long…

J’espère pouvoir apporter un élément nouveau dans ces joutes qui me sont totalement inconnues. Peut être que le Beilan aura sa chance comme les autres contrées… Le Roy vous envoie ses salutations et souhaite vous faire part de ce présent…

Le seigneur de Tourage fit apporter des bouteilles de vins piedmontais…Il s'inclina...

Je salue les contrées présentes et remercie la Kandrasie pour son invitation...

Le prince Servant Aectlion Mepeim D'Istria Arkspel se rendit rapidement au devant des émissaires beilanais ; chaque nouvelle du royaume gaëdien ou plus précisément du Delta le rendait fébrile et impatient. De si longs mois déjà s'étaient écoulés depuis qu'il n'avait pu apercevoir le visage, le sourire et les gestes de sa bien-aimée. Son coeur s'arrêta de battre quelques instants mais son sourire disparut quelques instants ; elle n'était point dans la compagnie du champion du Roy.

Il regarda d'un sourire triste un couple de jeunes gens passer sous ses yeux et se reprit rapidement en se tournant vers le Baron de Tourage des Glacées :

Pardonnez mon impolitesse messire, je manque à mes devoirs en restant plongé dans mes pensées alors que la moindre des courtoisies serait de vous accueillir conformément à votre rang.

je suis le fils de Dame Jehana et de l'amiral beilanais Mepeim, commandant de la troisème flotte de Beila, aujourd'hui décédé. Au nom de la Kandrasie et de mon oncle Aectelion, je vous souhaite la bienvenue à Elderine, la cité blanche.

Il se tourna avec un sourire vers les serviteurs Beilanais :

Vous nous offrez présent mais ce devrait être à nous de vous remercier de votre présence à Elderine ; il ne sera pas dit que notre hospitalité vous fera défaut ; je vais vous montrer vos quariters où vous pourrez vous reposer de ce long voyage et vous préparer aux différents festins qui jalonneront votre séjour en ces murs.

La route avait été longue pour ce groupe de six cavaliers. Ils avaient quitté l’îlot de la Perfidie dans le Delta du Beilan, traversé l’Empersiste pour enfin arriver à Elderine. Enimia avait délaissé ses robes élégantes qu’elle portait à Beila durant les conseils de la couronne pour une tunique très sobre plus adaptée au voyage. Elle était accompagnée de quatre gardes de la cité de Catrisis et de Wurz Kastriz, le commandant en chef des armées de cette cité. Wurz Kastriz était un héosien grand et svelte, un cousin éloigné de la famille Sidh et donc de sang noble. Il était le seul à ressembler à un chevalier et arborait le blason d’Enimia qui représentait schématiquement l’îlot de la Perfidie sur lequel se dressait une croix bleue en forme d’Ankh.

Lors de ce voyage, Enimia avait été très enjouée, mais elle était restée plongé dans ses pensées savourant ce voyage qui la conduisait vers un être qui lui manquait. Elle avait peu parlé sauf pour motiver Wurz Kastriz dont la formation militaire ne l’avait pas préparé à affronter les Seigneurs les plus puissants de Retrahant. Catrisis était une cité à vocation commerçante et n’avait pas une culture belliqueuse, son armée avait un but défensif. Elle avait proposé sa participation aux joutes au Roy du Beilan, car elle voulait faire honneur au Royaume de l’Elbre mais surtout augmenter la notoriété de la Baronnie du Delta et de la famille des Sidh. Elle avait également une raison secrète de se rendre à Elderine qui lui avait rendu ce voyage si excitant.

Lorsqu’ils arrivèrent à Elderine sur les lieux des joutes, Enimia chercha du regard celui qu’elle n’avait pas vu depuis trop longtemps. Elle aperçut les guerriers d’Elderan Kar et ne put s’empêcher de penser que la population beilanaise était vraiment hétéroclite. Ces soldats du Delta n’avaient rien à voir avec les puissants guerriers séquanes. Elle se dirigea vers le Baron de Tourage des Glacées qu’elle avait rencontré de nombreuses fois lors des conseils de la couronne à Beila et qu’elle appréciait. Soudain, elle vit s’avancer vers Elderan Kar, l’homme qui, depuis leur première rencontre au Beilan, la troublait.

Elle se maîtrisa, rejoigna les deux hommes et s’adressa en premier au Seigneur beilannais :

Cher Elderan, j’espère que vous ferez honneur au Royaume de l’Elbre, j’ai appris que vous combattrez vous-même.

Elle regarda ensuite le Prince Servant Aectelion et le sourire aux lèvres, elle lui dit sur un ton malicieux :

Quel plaisir de vous revoir, noble prince.

Arnaud de Loye séjournait depuis près de quatre mois en Kandrasie. D'abord curieux, il avait arpenté une partie de la Kandrasie (et plus particulièrement les alentours d'Elderine) et chassé dans ses forêts. C'était d'ailleurs après une longue chasse à Haltar'Ris, grande forêt jouxtant le fief d'Elderine, qu'il retrouva la capitale métamorphosée. Elle avait pris toutes les couleurs qu'on pût imaginer en moins de deux semaines et, la nuit, elle était lumineuse et houleuse. Cette grande bourgade s'était gonflée de plusieurs centaines d'arrivants venus égailler les habitants et chevaliers étrangers. Des suites de seigneurs, des groupes de spadassins espérant une paie, des dizaines de bateleurs et autres guignols, des femmes, des chevaliers, des prêtres, des familles entières s'étaient déplacés pour l'occasion.
On ne badinait pas avec les joutes, en Kandrasie. Et, alors qu'on aurait pu croire au désintérêt des personnes ne joutant pas, Arnaud fut surpris de l'engoûment et du nombre rassemblé dont était victime l'événement. Sa petite joute organisée entre seigneurs et chevaliers s'était transformé en un mouvement ébranlant tout le pays, voire le monde...
Or donc, ayant ces informations en tête, quelle n'était la joie et le fierté du baron Arnaud en voyant ses couleurs et celles de ses pères voletant sur les murailles, tours et maisons de la populeuse cité.

Arrivé par une entrée moins voyante que la grande porte d'Elderine, il s'installa sur son balcon pour regarder ses hypothétiques adversaires et compagnons. Il éprouva du respect pour le chevalier Colwyn et de la crainte pour les cavaliers de Tourage, tant leur gravité semblait forte et réelle. Quant aux Perfidiens, il ne leur attribua aucun sentiment bien arrêté. La science des armes ne semblait pas être portée en grande valeur, malgré leur tenue. Néanmoins, lorsqu'il vit la bannière frappée de l'Ankh, il s'interrogea sur l'ascendance de cette famille.

Le lendemain, alors que le tournoi se rapprochait, Arnaud voulut visiter le chevalier Colwyn. La superbe de son destrier était peut-être l'origine de son intérêt. Aussi se dirigea-t-il vers le pavillon de l'intéressé. Il se présenta et le salua, puis lui dit.
— Messire ! Vous semblez être un chevalier de valeur et un homme de bon sang. J'espère que Gaed vous aidera et que vos dieux vous protégeront. Puissions-nous nous retrouver à la fin des joutes, pour que nous échangions quelques passes !

Une troupe de six hommes arrivât en Elderine, montés sur des chevaux de petites tailles, à mi-chemin entre les poney et les chevaux normaux, les cavalier étaient à l' image de leur bêtes, plutôt petits et relativement large, ils portaient des cuirs de bête au niveau des jambes et avaient quittés leur hauts que l'on pouvaient voir sur la croupe de leurs montures, épaisses fourrures de différentes couleurs. Leurs torse large affichait une pilosité proche de l' animalité et leur visage une brutalité toute aussi proche. Au milieu des cinq autre le sixième n' était pas très discret, lui aussi torse nu, plus grand que les autres, son corps semblait être tiré d' un rêve érotique de pucelle, il portait sur ses épaules une large cape à capuche qui empêchait de le reconnaître. Tous les hommes portaient la classique épée large des mercenaires d' Aevenspir et visiblement ils aurait préférés que les joutes se déroulent en hiver ...

Il descendirent relativement tôt de leurs montures les laissant aux palefreniers, ils préférèrent continuer à pied, certes il y' avait les joutes classique, mais ces hommes là préféraient les joutes clandestines qui ne manqueraient pas d' avoir lieu dans les caves des quartiers moins riches d' Elderine.

Le plus grand d' entre eux s' adressât à un des cinq autre, le seul à porter une arme en plus de son épée large, un fléau à deux mains. La langue était gutturale, constituée de grognements plus que de mots et seul les hommes les plus érudits des Kandrasiens aurait pût reconnaître le patois Mogus.

-D' Erhan ... graEs' tomr, Er karteS d' ohRiam.
[hrp]D' Erhan ... va là-bas, c'est toi qui concours.[/hrp]

L' interpellé se dirigeât vers la foule autour de l' estrade se frayant un passage jusqu'a une bonne place en poussant les gens autour de lui. Il arrivât juste au moment ou on lui ajoutait le titre de seigneur, il connaissait la langue utilisé et ce qualificatif le fît largement sourire.

Un Seigneur au port noble et altier, bien qu'un peu grisé par les années, s'avança en compagnie du Seigneur Bragon, portant tous deux les couleurs du Ciran mélangées aux leurs... L'autre Seigneur n'était autre qu'Enguerrand, l'Ambassadeur du Ciran... Il se drigea vers la tribune de l'Intendant Aectelion, et lui adressa ces mots:

"Merci de votre hospitalité, Seigneur! Mon Intendant, Valkmir Fauste, me charge également de vous remettre ses salutations... Hélas, nous n'avons point pu amener notre légendaire Blonde Ciranienne, car son secret s'est malencontreusement perdu au long de l'épidémie qui nous décima quasi entièrement... Cela est une grosse perte pour mon pays... Mais point de déceptions en un jour si faste! Que le meilleur gagne! Et qu'hydromel et bières accompagnent nos victoires! Et que ces joutes marquent le début d'une ère de paix et de commerce florissant entre nos deux pays!"

Il lui serra la main, et s'en alla vers les pavillons Ciraniens, un jeune homme de seize ans lui emboîtant le pas, auquel il dit:

"Va, Val, et ramène à Edelis les plus belles histoires de cette contrée! Je suis sûr que le peuple les appréciera!"

Le dénommé Val se sépara du Seigneur et gagna les lieux réservés aux ménestrels.

Enguerrand

L'intendant Aectelion d'Istria Arkspel était encore tout étonné de la coutume ciranaise à se serrer les mains ; il jeta un regard étonné vers le chancelier Seridur, maître du protocole et celui-ci haussa les épaules discrètement signe que le fils de feu Cadenwarr avait probablement respecté les moeurs ciranaises ce qui le rassura.

Il adressa de loin un sourire de connivence vers son neveu Aectelion Mepeim qui semblait étrangement éloigné des discussions diplomatiques d'avec le champion du Beilan. Le jeune prince avait détourné les yeux du baron dès qu'il avait entraperçu dame Enimia et son regard était depuis plongé dans celui enivrant de celle qui lui avait tant manquée. Continuant de parler au champion Beilanais il ne cessait de dévorer de ses yeux la soeur du baron Patresis Sidh.

Je vous en prie Messire baron, mon cousin Jiorla fils d'Orlyan se fera une joie de vous faire découvrir les environs.

Il fit un signe à son cousin qui accueillait d'autres émissaires et ce dernier, avec un large sourire laissa seulks à seuls les deux jeunes gens.

Dame Enimia, je désespérais de cette rencontre, laissons donc ces festivités, j'aimerais profiter de votre présence pour vous faire découvrir la cité blanche et le jardins du Mont Quel'Tan.

Le seigneur Seridur était arrivé quelques jours avant l'annonce du commencement des joutes à Elderine. Il semblait épuisé par le voyage depuis sa cité de Seriona. Il était accompagné de quelques écuyers et de son maître d'armes qui devaient l'assister et le maintenir en forme durant ces joutes tant attendues.
Fautes de véritables héros pouvant représenter Seriona durant le tournoi, Seridur en personne avait décidé de participer à ce tournoi.
Il était à la fois fébrile et soucieux, en effet cela faisait déjà un certain moment qu'il n'avait plus sortit l'épée ancestrale de sa famille de son fourreau, arme qui ne lui servait essentiellement que durant les grandes occasions.
Trop occupé dans les affaires internes du territoire il en oubliait ses entraînements. Il ne les avait repris que récemment.
Mais qu'importe il venait ici pour participer et pour rencontrer des individus de tous les recoins de retrahant.
"Peut être Erus sera t-il assez bienveillant pour me donner sa puissance" pensa t-il comme pour se convaincre.

Le jour de l'annonce du début des joutes, le Chancelier alla se présenter aux jouteurs venus pour l'occasion et passa le bonjour à des connaissances ou à des amis qu’il rencontrait. Et après avoir remarqué la présence du prince Servant Aectelion Mepeim D'Istria Arkspel qui parlait semble-t-il à un groupe d'invités du Beilan. Celui ci se dirigea vers l'Intendant Aectelion, ils discutèrent un moment avant qu'un seigneur Ciranais ne viennent les interrompre afin de se présenter. Et Aectelion surpris par les coutumes du Ciranais le rassura instamment par un signe des épaules.
Après cela Seridur laissa l'Intendant poursuivre ses rencontres diplomatiques.

Seridur cherchait à présent celui qu'il avait rencontré quelques mois plus tôt à Elderine, le seigneur Arnaud de Loye. Seigneur qui était simplement en quête de lieux giboyeux, et qui par une pointe de génie avait relancé l'idée des joutes retrahantiennes.
Le chancelier avait hâte de prendre de ses nouvelles depuis leur dernière rencontre.

Immédiatement après les six aevenspeers torses nus chevauchant leurs montures couvertes d'épaisses fourrures, arrivait une autres délégation, deux cavaliers escortés par trois autres, qui arboraient chacun le blason d'Aevenspir. Le soleil semblait les faire suer au moins autant que leurs camarades aux fourrures.

Les badauds regardaient alternativement les deux contingents d'Aevenspir, avec un regard parfaitement ahuri. Quel pouvait bien être ce pays étrange ? Les enfants qui avaient crié Eh ! R'gardez à quoi ça r'ssemble un aeven !, émerveillés devant la farouche virilité des Hommes du Nord, étaient maintenant pris en faute par ceux qui découvraient la délégation aux chevaux caparaçonnés du mot Alyssiam, qui non seulement n'étaient pas vêtus de fourrures mais qui en plus semblaient d'une pilosité parfaitement décevante.

Le plus grand, qui semblait s'appeler Alytor, quitta subitement les autres pour se diriger vers le comité organisateur. Ceux-ci s'arrêtèrent bientôt pour défaire certains équipements de leurs chevaux de bât; à l'évidence les aevenspeers semblaient plus à leur aise dans un simple campement...

La journée se déroula sans évènements notables. Tous les jouteurs étaient désormais présents et seuls deux royaumes n’étaient point représentés : Gramée et Fironk. Qu’a cela de tienne, ils jouteront sans eux ! Finalement, le jour laisse place à la nuit, une nuit claire, étoilée, éclairée par les reflets blancs des deux lunes de Retrahant. De part et d’autres, on chantait encore autour de quelques feux de camps, et les jouteurs et nobles venus étaient quant à eux regroupés sous une immense tente, aux couleurs d’Elderine, ou un grand banquet avait été organisé. Ils festoyèrent jusqu’à tard dans la nuit pour la plupart, seuls, bien sur, les Sires Kandrasiens, qui devaient jouter le lendemain dès le matin, pour le Tournoi du Champion d’Erus.

Puis ce fut le grand jour. Il était tôt le matin et l’on commençait à s’activer. Des écuyers s’afféraient de toute part. On polissait une dernière fois armes et armures, on vérifiait l’état des lances, des chevaux, de la lice, aussi. Tout devait être prêt à temps, et surtout, impeccable. Et ce fut le cas, à n’en pas douter. Le début des joutes fut déclaré deux heures après le levé du jour, et trompettes et tambours finissaient de réveiller les quelques endormis. Le même homme que la veille, toujours escorté de sa demi douzaine de trompettiste reprit sa place au centre de lice. Une nouvelle fois les trompettes sonnèrent, le calme vint, et le héraut parla.

« Oyez, oyez, Seigneurs et Dames, Prism, Trism et Reism. Ce jour aura lieu le fantastique Tournoi du Champion d’Erus, qui opposera les plus fiers chevaliers que la Kandrasie n’ai jamais portée ! Devant vos yeux ébahis, ces nobles sires vous montreront leur adresse aux armes tant qu’à cheval ! La première joute aura lieu, pour inaugurer ces festivités, entre l’Intendant Aectelion Premier et le Seigneur Seridur, Chancelier de Kandrasie ! Que les jouteurs s’avancent ! »

C’est ainsi que sous les trompettes et les acclamations, les deux chevaliers s’avancèrent et se mirent en place. Le combat fut rude et intense, mais l’Intendant Aectelion, malgré son âge avancé, en sortit vainqueur. Il sortit alors de la lice, applaudit par la foule, et sous une pluie de roses et autres fleurs. En même temps, sur la seconde lice, deux autres seigneurs joutaient. Il s’agissait du Sire Galhem contre le mystérieux Chevalier Blanc, dont l’identité était tenue secrète pour des raisons que seul Kara connaissaient. Le Grand Général Galhem fut alors proprement évincé de la compétition, et son adversaire, vainqueur, rejoignit l’Intendant Aectelion, pour attendre les résultats en vue de la finale. Enfin, sur la troisième lice s’opposaient les Sires Nodilius et Colwyn. Et c’est le jeune Sire Colwyn qui l’emporta, poussé par sa fougue. Il y eut alors comptage des points marqués, et il fut décidé que la finale aurait lieu entre les Sires Aectelion et Colwyn, le Chevalier Blanc ayant été déclaré hors jeu pour avoir refusé de donner son identité. Le héraut vint alors à la dernière lice, la plus grande, et reprit la parole.

« Gentes dames et nobles sires, après ce divin spectacle s’étant déroulé sous vos yeux, la finale aura lieu entre l’Intendant Aectelion Premier et le jeune Sire Colwyn, cadet de cette compétition, mais qui montre ici la mesure de son talent ! La finale aura lieu après le banquet en l’honneur des finalistes, et cela dans deux heures. Mes amis, à tantôt. »

Il y eut alors un banquet, comme le dit le héraut. Puis l’on retourna vite aux joutes, car il fallait bien savoir qui d’entre les finalistes allait triompher ! L’expérience ou la fougue ? La jeunesse ou l’âge ? Seul Erus pouvait le savoir. La joute commença sur les chapeaux de roue. L’Intendant Aectelion disposa avec une facilité déconcertante de son adversaire à cheval, et c’est avec fierté qu’il partit au terrain d’escrime. Là, il mit alors à terre avec la même facilité le jeune seigneur, qui se releva tant bien que mal. C’est alors que, avec une force époustouflante, le jeune Colwyn administra un puissant coup à son adversaire. La tête fut touchée, et l’Intendant y perdit … une oreille. Le combat fut alors annulé et une foule de prêtres de Serul s’afférèrent autour de l’Intendant blessé, qui s’isola dans sa tente. Quelques minutes après, le verdict tomba : L’Intendant n’était plus en état de combattre, le sire Colwyn était donc déclaré vainqueur ! Il deviendrait donc Champion d’Erus, et serait le premier représentant de la Kandrasie aux Joutes Retrahantiennes. Le problème fut de trouver le second … L’Intendant et le Général Galhem étant hors de combat, le Chevalier Blanc étant disqualifié, le choix se porta alors sur le Sire Nodilius, qui devint donc le second représentant Kandrasien aux Joutes Retrahantiennes.


Le compte rendu [HRP] et les commentaires des joutes, c’est Ici !
N’hésitez pas, les jouteurs concernés, à écrire votre version du combat !

On vit tout à coup un pan de la tente être violemment rejeté sur le côté ; l'intendant Aectelion, un bandage sur l'oreille et une épée longue à la main vociférait avec de grands mouvements de bras :

- 278 ; la Gramée, vous vous en rappelez ? Un intendant ne baisse pas les bras pour un vulgaire contre-temps ; je ne trahirai pas mon sang !!!

Il était suivi de très près par une nuée de médecins qui levaient les yeux au ciel et il dû s'y prendre à deux fois pour se débarasser d'un brancardier pêchant par effet de zèle.

Qu'Erelian me prête sa force, hurla't-il en s'emparant d'un bouclier aux armes d'Elderine, puisse Erus être témoin de notre bravoure ; Elderine toujours vaincra !

Le vieil Intendant avait été rapidement amené dans la tente royale. Le combat avait été annulé et la foule envahissait le terrain d’escrime. Le sire Colwyn ne s’avait plus ou se mettre, bien entendu. Il venait de blesser son plus haut représentant hiérarchique, mais qui a dit que les joutes n’étaient pas dangereuses ? Peut être que l’Intendant déciderait de ne pas le muter dans les plus hautes montagnes Aevenspeers … Mais retournons donc à cette tente royale, là ou, malgré son pouvoir absolu en Kandrasie, le sire Aectelion n’avait encore jamais reçu autant de soins pour sa personne. Il n’y avait pas moins de deux douzaines de prêtres de Serul qui gravitaient autour de lui, se gênant mutuellement pour tenter de le soigner. L’Intendant, rouge de colère, envoya voler un peu plus loin un vase dangereusement posé sur un petit meuble, qui s’éclata dans un bruit de vaisselle brisée – une vaisselle a plusieurs milliers de retrahs, notons le. L’incapacité de ces médecins le fit presque aussitôt tourner au rouge bien vif. Ce qui l’énervait le plus, à n’en pas douter, devait être les quelques prêtres qui priaient Serul pour leur divin chef d’Etat ne soit pas sourd … Mais il les entendaient très bien ! Il avait deux oreilles, après tout. Serul avait quand même bien conçu ses fils. Les paroles proférées par un arbitre qui venait d’entrer dans la tente le firent exploser.

« MOI ? VAINCU ? MIS HORS JEU POUR UNE SI BEGNINE EGRATIGNURE ? » . L’Intendant éclata alors en imprécations et repoussa une demi douzaine de prêtres.

« Vous m’êtes aussi bénéfique qu’une nuée de sauterelles ! » Hurla t’il et en se levant.

Il sortit presque aussitôt de la tente, tel un ouragan. Il fut immédiatement suivit par cette nuée de s… Serulobios, qui le suppliait d’abandonner la compétition suite à sa blessure. Il attrapa l’arbitre par le col, le planta devant lui et lui expliqua dans un langage des plus fleuris que non, il refusait de s’avouer vaincu, par Erelian ! L’arbitre blêmit, se mit à bafouiller et tenta avec peine de s’expliquer.

« M-mais, monseigneur ! D’après les règles de la j-joute, vous avez quitté le terrain d’escrime suite votre blessure qui vous a empêché de terminer le combat … Vous êtes donc hors jeu contre le sire Colwyn, monseigneur ... M-mais je vais voir ce que nous pouvons faire, compte tenu de votre retour. »

Il partit aussi vite qu’une flèche, la queue entre les jambes. A nenni point, jamais il me s’avouerait vaincu contre ce gringalet de Colwyn ! L’Intendant se saisit d’une épée et d’un bouclier et retourna sur le terrain d’escrime, ou il finit par être raisonné par les organisateurs. Quelques minutes plus tard, le héraut reprenait :

« Ha, gentes dames et nobles seigneurs, il y a eu un grandiose coup de théâtre ! On m’annonce dès lors que notre grand Intendant, dans un accès de bravoure, refuse de déposer les armes ! Il sera donc le second représentant Kandrasiens aux Joutes Retrahantiennes ! Quel dommage pour le sire Nodilius ! »

Wurz Kastriz se joigna au Baron de Tourage. Il savait que le Seigneur du Glacier de tradition Séquane appréciait peu le peuple du Delta.

Baron Elderan kar,

Nous servons la même cause, le Royaume de l'Elbre et notre Roy Dredëran.

Nous devons montrer à Retrahant que le Beilan peut générer des guerriers dignes de ce nom. Je sais que vous autres Séquanes n'avaient rien à envier aux autres territoires. J'aimerais pouvoir user du savoir Séquane lors des affrontements face aux Seigneurs étrangers.

Le seigneur de Tourage avait ainsi ordonné à ses hommes de se tenir à carreau en faisant un signe à celui ci…

Le seigneur Kar pouvait ressentir le malaise de ses hommes en présence du seigneur du Delta.

Le champion du Delta n’avait pas gagné son titre sans l’avoir prouvé… Le malaise était peut être dû au fait qu'un homme du delta puisse être plus fort qu'un Séquane de Tourage... Nous avions beaucoup à apprendre de ces hommes…

Peut être oui... Sa question faisait montre de courage, il n'avait pas peur de venir demander aux "barbares" que nous sommes, de partager le savoir des montagnes en matière de combat...

Elderan Kar se tourna vers le champion et lui fit un signe de tête courtois...

Seigneur,

Vos paroles sont très appréciées même si nous n'avons pour habitude de le montrer. Vous dîtes vrai, nous nous devons d'honorer les terres du Beilan.

Le seigneur de Tourage se tourna vers les joutes et montra de tout son bras les combats faisant rage...

Ces étrangers sont des plus étranges... Ils sont harnachés de manières à ne plus pouvoir bouger lors d'un corps à corps... Il semble pourtant qu'ils soient véloces et très dangereux.

Il soupira en voyant un chevalier désarçonner un autre dans un craquement audible engendrant un bruit de foule apeurée... Les joutes locales étaient tout aussi violentes que les précédentes…

Nous avons beaucoup à apprendre il me semble... Je n'aime guère l'avouer, mais peut être avons nous à partager avant de se battre contre eux...

Après avoir été introduit devant Elderan kar, Wurz Kastriz, devant l'animosité qu'il ressentait, tint à préciser certains points:

Baron,

Nous ne sommes pas en compétition, tout beilannais est conscient que les Séquanes sont les garants de la protection du Royaume de l'Elbre et peuvent même rivaliser contre les mercenaires des montagnes. Ils vous seraient même aisé de les anéantir.

Mais, nous devons mettre en valeur le Royaume de l'Elbre lors d'une joute bien encadrée au niveau des régles. N'ayez crainte, j'espère que les organisateurs de ces joutes ne feront pas en sorte que nous ayons à combattre ensemble. Mais, nous devons nous assister mutuellement pour que notre Roy soit fier des Seigneurs du Beilan. Nous réglerons après nos différents.

Le Baron marchait avec le seigneur Wurz sur le chemin pavé vers une sortie de la ville. Il l’écoutait attentivement comprenant que tous deux oeuvraient pour leur royaume et leurs terres respectives…
Il prit la parole après lui de sa voix grave…

Mes hommes ont peu l’habitude de ces grandes villes. Ils se méfient de ce qui ne leur ressemble pas… Sachez que Tourage respecte les villes du Delta, il ne peut en être autrement…

Le Roy se doit en effet de trouver en nos personnes les dignes représentants du peuple beilanais malgré ses… divergences.

Il s’arrêta une fois sortis de la ville… Il regarda autour de lui, les charrettes et files de paysans souhaitant entrer étaient nombreuses et encombraient les quelques passages pavés… Les beilanais purent toutefois sortir sans encombre…

Le petit espace inoccupé, un bout de terre vide bordant une demeure en toit de chaume, serait parfait… Les quelques Séquanes les ayant suivis se placèrent autour des deux seigneurs beilanais pour que nuls ne les dérangent.

Seigneur Wurz,

Essayons nous au duel d’un corps à corps…


Le seigneur Kar entama un combat d’entraînement avec le seigneur Wurz… Ces jeux avaient beaucoup plus en jeu que de simples échauffourées amicales…

Encore un jour qui défila, cette fois ci avec beaucoup plus de piment que la précédente. Cette journée avait eu son lot de gloire, de courage et de déboire. Au final, ce fut un beau spectacle que même la blessure de l’Intendant Aectelion n’eut entaché, surtout après un tel retour devant la foule. La foule avait même reprit, avec lui, « Elderine toujours vaincra ! » Et c’est donc sur ces belles notes que la première journée des joutes se termina. Comme prévu, on bu et on mangea beaucoup, et quelques hommes ne virent pas la fin de la soirée, tellement la bière coulait à flot. This lui-même aurait été aux anges. On chantait, on buvait, on dansait … Bref, la fête battait son plein. Puis vint l’heure de se retirer et de dormir, car demain serait un autre jour et, bien qu’au vert pour les jouteurs, d’importants évènements devraient s’y dérouler. En effet, le lendemain matin, quelques heures avant midi, le héraut que tout le monde connaissait bien désormais revint à la lice, toujours escorté, et cet éternelle rengaine recommença, pour le bonheur de la foule.

« Oyez, oyez, nobles sires et gentes dames ! Prism, Trism et Reism ! Ce jour sera annoncé les ordres de rencontres des jouteurs concourrant pour la Joute Retrahantienne ! Oyez bien, seigneurs jouteurs, car le combat sera acharné ! Pas un combat ne puis être qualifié de facile, et la victoire sera une lutte de chaque instant, ou un seul d’entre vous pourra être déclaré grand vainqueur, Champion des Joutes Retrahantiennes ! Le vainqueur sera alors couvert de gloire et d’éloge, tandis que l’histoire ne retiendra pas le nom des perdants ! Qu’Erus, Kara, Erelian et tous les divins autres spectateurs de ces joutes vous guident, chevaliers ! »

Il fit alors une pause et laissa la foule hausser le ton, encadrée par les trompettes et les bannières claquant au vent.

« Mais, voici donc le moment venu pour ces braves chevaliers ! S’opposeront donc, selon les règles ancestrales de la joute, les Seigneurs Wurz Kastriz et Dertil de Crykas à la première lice, les Seigneurs Arnaud de Loye et Enguerrand à la seconde lice, et enfin les Seigneurs Alytor de Brem et Colwyn à la troisième lice. La journée de demain sera donc terminée sur ces entre faits. Ensuite suivra la troisième journée avec les Seigneurs Elderan Kar et Aectelion à la première lice, les Seigneurs Bragon et Mayar Manchipouhr à la seconde lice et enfin les Seigneurs Brahim Haslhoum et D'Erhan à la troisième lice.

Les vainqueurs du premier tour s’affronteront durant le second tour, un jour après la fin du premier tour. Messeigneurs, qu’Erus soit avec vous ! »