Les Mepeim d'Istria Arkspel

On se rappelle tous que la princesse Jehana, sœur jumelle de l’actuel intendant Cadenwarr s’était réfugiée, au début de la guerre contre la Gramée à la cour de Beila, tandis que son père restait protéger Elderine. Elle était âgée de trois ans à cette époque et vous vous doutez bien que le voyage a été sensiblement long et délicat pour le prêtre de This dont la mission était de lui enseigner le panthéon kandrasien.

Hélas pour lui elle avait hérité du caractère de son grand père Iëren Arkspel et la bonté venant de sa mère Enia ne parvenait guère à contrebalancer ce qu’on pouvait dès lors parler d’une forte personnalité. Aussi une certaine lassitude s’était emparée de lui à la troisième fugue et son goût pour les voyages avait une certaine tendance à s’étioler au fil des semaines passées en maints détours invraisemblables et diverses péripéties ne manquant pas d’arriver en ces temps de malheurs et de guerre. Nul ne parlait encore du « venin de Thane » mais déjà les prémices aux maladies, aux rencontres hasardeuses et à la méfiance générale accentuaient les difficultés d’un voyage ma foi fort déplaisant.

Le prêtre de This, nommé Teniae, n’osait affronter ces souvenirs qu’en plaisante compagnie d’un fut de This Caraïne et il était nécessaire de l’aborder fort tardivement pour espérer le voir assez ébréché pour dévoiler des pans de l’histoire de notre royaume. Quelques rumeurs sur un caprice princier aux portes d’Elderine, quelques autres une centaine de pas plus loin et nous avons déjà un bon aperçu de ce que pouvait ressentir le pieux voyageur qui expiait ainsi selon ses dires l’ensemble des horreurs et divers pêchés qu’il avait commis au cours de ses voyages. L’Ythenes dura en tout et pour tout une à deux saisons dont la princesse Jehana ne garde qu’un souvenir diffus ; le seul événement assez peu portant de conséquences de son voyage est somme toute assez plaisant.........

Eté 336 de l'ère II, Palais du Mont Quel'Tan

Je m'appelle Bectem Mepeim Arkspel fils de la princesse Jehana de Kandrasie et de l'amiral Mepeim de la troisième flotte de Beila. Mon père a quitté ce monde quand j'avais l'âge de sept ans, ne me laissant que queqlues souvenirs et un médaillon représentant un navire entouré de flammes dorées. Aujourd'hui encore, le vide qu'a laissé son absence dans mon coeur n'est pas comblé. J'ai été élevé par ma mère et ma grande soeur Denet de six ans mon aînée qui peut-être trouvait plus de temps que nos deux frères Aectelion et Panoc à s'occuper d'un jeune et maigrichon timide incapable d'oser adresser la parole aux grandes gens qui souvent s'arrêtaient dans la grande demeure de la famille des Mepeim en plein Beila.

J'y ai pourtant souvent eu l'occasion de m'attirer les grâces des grandes familles kandrasiennes venues flatter et courtiser mon frère aîné Aectelion mais il n'était pas rare que l'on oublie ma présence à l'ombre de ce beau jeune homme célibataire et endurcit aux rouages de la politique retrane. Je n'ai donc point connu de compagnie masculine durant mon enfance, me complaisant dans la douceur des femmes de la famille qui voyaient en moi le petit cadet à protéger de l'influence néfaste de la virilité masculine...

Très tôt j'ai cependant su tirer profit de cette réputation naissante d'ami, de confident de ces dames et je ne cache pas le plaisir que j'éprouvais à consoler telle servante en manque d'amours ou encore telle amie de ma soeur cherchant une âme sensible pour soulager sa peine. Je ne peux guère me flatter comme mon frère aîné Aectelion d'une grandeur d'âme ou d'une noblesse de gestes mais Xiones m'est témoin, au moins ai-je appris à connaître le sexe faible, à le cotoyer et à le chérir.