[Eskadner] Mariage d'Osmad et d'Eskadner

L’homme était des Glacées du Beilan. Il aurait pu agir pour des retrahs, mais le mercenariat n’était présent qu’en Aevenspir. En simplifiant ce Séquane servait le Delta, pour des raisons liées à la relation étroite entre Elderan Kar et les Sidhs et des pressions qui ne seraient pas décents de dévoiler en ces lieux.

De par sa physionomie et de par son accoutrement, il pouvait se fondre parmi les aevenspeers. Il avait été mandaté pour suivre ce mariage contre nature. Il avait assisté de l’extérieur de la cathédrale à l’intervention de l’Archevêque Arshan. Comprenant que ce mariage ne pourrait être pris en considération devant Gaed, suite à l’intervention de l’Archevêque, il avait suivi ce dernier et put assister à son arrestation par des aevenspeers vêtus de manteau noir que nous n’avions pas vu depuis longtemps.

L’homme n’était pas gaedien, mais il fut assez intelligent pour comprendre que le monde gaedien devait être averti de ces faits. Un pigeon ayant passé son enfance dans le plus belle des régions de retrahant se rendit dans la région où l’Elbre pouvait entrer en compétition avec Gaed.

[Du caaaaaaaalme!! ]

Bon, l'Archevêque Arshan d'Itoria est enlevé par des Manteaux Noirs dans les rues d'Eskadner. Quant à Valkmir Fauste, sa situation ne s'arrange pas non plus. Alors qu'il sortait de la Cathédrale, éxaspéré et rouge de colère, toute la foule restée à l'extérieur, accompagnée par des gardes Aevenspeers, se rua sur lui et ses hommes... Mais un Aevenspeer lui conseilla, dans la foulée, de retourner dans l'enceinte de la Cathédrale...

"TOUS A L'EGLISE!!" cria-t-il à ses hommes.

L'Aevenspeer avait raison, il serait en sécurité dans la demeure de Gaed. Rien ne pouvait lui arriver si proche du Seigneur.

Les quelques dizaines de gardes Ciraniens qui entouraient leur Roi brandirent donc leurs lances en avant afin de tenir la foule à bonne distance, et la troupe recula pas par pas vers la Cathédrale, resserant le cercle qu'il faisaient autour de Valkmir Fauste.

En quelques secondes, le Roi et sa garde étaient donc revenus dans l'Eglise. Il était désormais vital de refermer les portes de l'Eglise. Tout reposait entre les mains de l'Aevenspeer qui avait promis de les bloquer...

Mais rappelons-nous que le Roi était venu avec un millier d'hommes à Eskadner. Cette armée avait fait campement hors d'Eskadner, sur un champ qu'on leur avait réservé, à moins d'une lieue de la capitale. Ils furent avertis rapidement par un des leurs que la situation tournait mal à l'intérieur... Ils se précipitèrent donc aux portes de la ville pour aider leur Roi et l'écarter de tout danger, mais les portes leurs étaient fermées, et nul Aevenspeer ne répondit à leurs demandes... Tout avait été préparé? Mais impossible de faire un siège avec si peu d'hommes et de moyens. La troupe resta donc aux abords de la grande porte, impuissante, ne sachant que faire, mais juste au cas où, quoi.

Ona se dirigea alors à grand pas vers la salle ou l'Archevêque d'Ostombe devait lui être amené. Toutefois, elle ne vit venir que ses quatre serviteurs, l'air perdu. Le plus âgé s'avança vers elle, et dit :

- Nous avons fait selon vos désirs, pendant que vous émeutiez nos hommes. Par malheur... Des manteaux-noirs armés de Spijekam Spewaz Renforcés nous l'ont fait perdre. Nous n'avons pas osé les affronter, et quand bien même ils étaient trop nombreux pour nous.

La Karspa sembla alors perdre patience, mais à l'instant où elle allait répondre, un groupe de sa garde personnelle fit irruption :

- A vos ordres, Dame d'Eskadner ! Vos Quatre ont perdus leur cible, mais nous vous la ramenons, nous. Voici l'homme, Dame.

- Bon ! réplica-t'elle, Je sais bien que j'ai laissé la Princesse Silgka gérer son affaire, mais Eskadner reste chez moi, et je souhaiterais avoir mon mot à dire.

Partez sur-le-champ vérifier que l'Eglise gaedienne est correctement bouclée, et que les portes de la ville tiennent le reste de l'armée du Sire Valkmir en dehors de tout ceci. Ensuite, vous préparerez la porte de la crypte, il se peut que je rejoigne par ce moyen la joyeuse assemblée présente en l'Eglise...

Se tournant vers ses quatre chevaliers :

- Quant à vous, vous me laisserez seule avec l'Archevêque, nous avons à parler. Vous conduirez sa suite dans la pièce contiguë, et vous allez m'attendre à cette porte de la crypte de l'Eglise. Auparavant, vous mobiliserez suffisamment de soldats pour épauler officiellement les manteaux-noirs, et pour les surveiller officieusement.

Ah ! Si. L'un de vous pénétrera dans la crypte puis dans la grande salle de l'Eglise, y cherchera avec discrétion la Conseillère Aenfillia, et lui demandera le détail des personnalités présentes. Si elle n'est pas là, il en fera lui même une estimation.

La discussion entre la Dame Sortaksper et l'Archevêque d'Ostombe ne s'était pas éternisée; bientôt on vit celui ci se diriger à grands pas vers la Porte de la Citadelle. Muni de parchemins officiels signés de la main de la Karspa d'Aevenspir elle même, il n'eut aucun mal à la faire ouvrir. Il s'adressa aussi à un petit groupe de soldats, qui parurent surpris de sa demande mais qui acquiescèrent silencieusement.

La petite armée de Valkmir se prépara bien sûr à profiter de cette ouverture providentielle, mais leur élan fut anéanti par la vision du Premier Archevêque de leur pays, qui se tenait là face à eux. Il s'adressa au commandant, s'écriant :

- Le Roi Valkmir a besoin de toutes ses forces armées ! Il est prisonnier. Non, ne tentez pas de rentrer, surtout ! Ils sont trop puissants ! Je me suis échappé de justesse, mais c'est trop tard pour moi. Fuyez ! Faites venir la totalité des Osts d'Osmad, ne laissez pas même de défenseurs, tous les hommes seront requis et aucun risque ne plane sur notre puissant pays.

L'Archevêque fit un signe discret au petit groupe de soldat, qui fit semblant de courir vers lui et de le maîtriser pour le faire rentrer à Eskdaner sous la menace de leurs armes. Il poursuivit, mimant un air abattu

- Fuyez ! Il est trop tard pour moi. Amenez ici la totalité de l'armée du Roi Valkmir, et la mienne aussi par la même occasion ! Faites vite ! Je...

Les Portes se refermèrent avec fracas. Les commandants de Valkmir, terrorisés, se hâtèrent d'exécuter les ordres de l'Archevêque. Il n'y avait pas à discuter, et de toute manière il n'y en avait pas le temps.

De l'autre coté des murs, Arshan d'Ithoria souriait en envoyant toute une volée de pigeons voyageurs vers sa propre cité, dont les messages disaient clairement que ses forces armées devaient encourager la mobilisation et le départ des troupes royales, mais prétexter de prendre un autre chemin, pour rentrer l'attendre en ordre de marche dans leur propre cité.

La jeune Ona s'était fait revêtir d'une légère armure de cuir, et s'était ceinte de sa longue épée Onissia. Sortant d'un pas résolu de ses appartements, elle se dirigea vers le passage de la crypte, par où elle espérait rejoindre la Princesse discrètement. Ses quatre chevaliers l'attendaient bien à coté de la petite porte voûtée.

- Faire confiance en la Princesse... murmura t'elle. La rejoindre pour lui proposer mon aide, pour... contre ce... ce... Faire confiance en la Prin...

Elle laissa échapper un cri, et s'affaissa sur un banc de pierre placé sous une des vastes arcades du mur. Elle se tint le bras gauche; la douleur d'anciennes blessure s'était réveillée de façon impromptue. Ces blessures qui avaient failli l'emporter, lorsqu'elle avait été écrasée littéralement par les forces du Roi Valkmir, il y avait quelques années... Ses chevaliers s'étaient précipités et, agenouillés à coté d'elle, lui demandaient si elle allait bien.

Mais Ona ne répondit pas. Son regard avait touché un vieux portrait accroché au mur d'en face. Nalya de Slael...



Un souvenir emplit alors son esprit. Elle était si jeune... Elle s'était réveillée, tard dans la nuit, parce que des soldats en armure n'arrêtaient pas de faire des bruits de course dans les couloirs. Baillant, elle avait ouvert sa fenêtre en s'aidant d'un grand tabouret, puis était monté dessus. Par celle ci, on pouvait rejoindre un chemin de ronde, et surtout s'amuser à marcher sur les créneaux pour espionner les alentours.

Il y avait beaucoup de bruit, mais le spectacle était beau. Des rangées innombrables de grosses machines envoyaient des choses volantes contre les murs, et des brandons enflammés déchiraient l'espace. Que faisait sa maman, enfoncée dans cette brillante armure ? Elle lui fit signe, et Nalya, l'apercevant là haut, cria, et parla sur-le-champ à un vieil homme à ses cotés, le grand colosse qui veillait toujours sur elle et sa fille adoptive, cette petite Ona qui essayait de comprendre l'agitation de tous ces grands du haut de son mur. Il semblait bouleversé et, figé, regardait Nalya courir vers les Grandes Ecuries, avec des milliers de soldats et de chevaliers qui s'assemblaient sur la Grande Place d'Eskadner.

Quelques temps après, le vieux colosse l'avait emportée, lui disant

- Toi seule pouvait m'obliger à abandonner ma maîtresse en cette heure. J'ai veillé sur trois de sa lignée, et pour la première, lorsque j'étais jeune, j'étais même son champion aux Jeux Retranes de Kandrasie. Mais toi, toi... Tu n'est pas sa vraie fille, tu es d'une lignée bien plus illustre que les De Slael. Tu seras ma dernière protégée...

Un son de cor retentit, et pour la première fois la petite Ona vit le colosse pleurer. Il essaya de dire un mot, mais ne le put, regardant par la fenêtre. Il éleva Ona, afin qu'elle puisse voir elle aussi. Nalya de Slael regardait dans leur direction, à la tête de toute son armée. Les Grandes Portes de la Cité s'abattirent, Nalya chargea dans une grande clameur, et le colosse, rassemblant quelques derniers serviteurs, courut aux passages secrets, emportant Ona. Plus jamais celle ci ne devait revoir Nalya de Slael...



Revenant à la réalité, Ona frun Sortaksper se dressa avec fougue, criant :

- Assassin ! C'est lui ! C'est lui qui l'as tuée ! C'est lui qui a brisé mon enfance !

Elle regarda ses chevaliers, rajoutant :

- Non ! Nous ne ferons pas comme prévu. Partez ! Mobilisez cinq dizaines parmi la Garde Karsperique, et attendez moi aux portes même de l'Eglise. Allez ! J'accours.

La main de la jeune Karspa se crispa sur la poignée de son épée. Elle pensa à l'anéantissement d'Aevenspir par la faute de Valkmir. La souffrance de son peuple, la famine, les massacres... L'occupation.

Elle pensa au pillage de Sortaksper. Le Roi Valkmir lui avait fait l'honneur de la combattre à cent soldat contre vingt mille. Elle avait survécu par miracle au nouveau massacre, mais si grièvement blessée qu'elle en porterait les séquelles tout du long de sa vie. Elle aurait dû mourir, si ce n'était la noblesse de l'armée de l'Archevêque Matir, se refusant à raser Sortaksper vaincue, et les soins médicaux de grande urgence du commandant des armées beilanes de Catrisis.

Son poing se crispa plus encore en imaginant le vieux Roi sur son trône d'Osmad, ricanant hihihi... Couic ! en ordonnant sa décapitation, puis héhéhé... Hop ! en ordonnant une bataille qu'il était sûr de gagner contre les forces de l'Archevêque Matir, celui là même à qui elle devait sa vie et une bonne part du renouveau aevenspeer. Comme si le mariage avec la Princesse Silgka ne suffisait pas !

A cette dernière pensée, sa main enserrait la poignée de son épée à en devenir blanche. Elle devrait fendre le royal crâne.

Non. Fendre le Roi dans toute sa hauteur.

Quoique...Dans la largeur, aussi... Les deux, peut être ?

Elle se trouvait maintenant devant la porte de l'Eglise, cinquante soldats d'élite attendant ses ordres.

Les portes furent ouvertes violemment, et elle s'engouffra dans l'Eglise avec ses hommes, hors d'elle même. La surprise saisit tous les assistants, et en peu de temps les aevenspeers avaient écartés les gardes royaux, et maintenaient le Roi à sa merci. Brandissant son épée, elle s'apprêta à l'abattre...

L'évêque seul osa hurler : Non ! Pas ici ! Pas dans la demeure de Gaed !

Les mots avaient transpercés Ona frun Sortaksper. Elle, qui n'avait pu grandir que grâce à la sécurité du Couvent gaedien de Roquebrune en terre beilane. Elle, qui était l'héritière de la lignée aevenspeer la plus en relation avec le gaedisme.

Sa longue épée Onissia toucha doucement le sol. Toute effondrée, Ona s'affaissa, murmurant doucement :

- Trop de massacres, depuis tant d'années... Massacrer encore ne servira plus de rien... Roi Valkmir, la royauté doit être retirée de votre lignée, et votre armée revenir à votre héritier qui aura pour charge de devenir un seigneur ciranien, et non un Roi, de peur de ce qui pourrait advenir s'il vous ressemblait...

Les gardes de la Karspa était interloqués, et regardaient leur maîtresse, surpris.

Tous, sauf un. Un soldat, situé un peu à l'arrière, raidit ses muscles, voyant que l'attention s'était tournée vers la maîtresse des lieux, et que plus personne ne s'occupait du Roi. Or, celui ci pouvait profiter de la situation pour se ruer sur la Karspa. Un long poignard ouvragé pendait encore à sa ceinture. Il fallait qu'il soit le plus rapide si le Roi tentait ceci.

Mais non. Le Roi ne tenterait rien. Tout se passait tellement vite. Quelques minutes après s'être réfugié dans l'Eglise, alors que personne ne savait que faire, la porte s'était ouverte, laissant passer l'ennemie de toujours: Ona frun Sortaksper. Visiblement tout avait été préparé puisque la garde du Roi fut maîtrisée en un clin d'oeil et que Valkmir se sentit lui-même soulevé par derrière.

Un imposant soldat Aevenspeer l'avait pris par dessous les épaules et lui avait écarté les bras tant et si bien que le Roi ne pouvait plus bouger. Ona allait le tuer et ce serait finit, sa vie s'envolerait. Mais non, l'impie s'arrêtait là, au milieu de l'Eglise. Elle osa lui imposer quelque chose... En temps normal, le Roi aurait ricané devant elle mais il n'était plus en position de force, il fallait qu'il garde son sang froid. Le fait qu'Ona s'arrête ainsi en plein élan prouvait que son esprit n'était pas tranquille, qu'il pouvait la désarçonner. C'est pourquoi il fit un faible "non" de la tête à l'homme qui se tenait prêt à bondir.

"Et bien Madame, voilà quelqu'un que je n'attendais pas à mon mariage..." Son ton était glacial, grinçant.

"Je pense que ce n'est pas à vous de décider de mon avenir, voyez-vous? Vous ne m'ôterez pas mon trône, ni à moi, ni à ma lignée. Je suis Roi, ce ne sont pas vos quelques phrases qui me feront plier genou... Impie.

Que faites-vous là, hein? Ou plutôt, qu'alliez-vous faire? Vous rendez-vous compte des conséquences que ce geste pourrait amener? Vous croyez-vous en droit de me tuer? Non. Nous sommes ici dans la Demeure de Gaed, et si je ne m'abuse, vous lui devez chaque seconde de votre vie... Vous ne pouvez supprimer son plus bel objet impunément. De plus, n'avons-nous pas d'accords précis? C'est une honte que mon mariage puisse être ainsi malmené, alors que vous étiez garante de son bon déroulement. Savez-vous que c'est vous, Ona, qui devriez être à ma place, et moi à la votre? Vous devez mourrir pour votre pays, allez-vous y renoncer en devenant traîtresse à l'Aevenspir? Allez-vous me trancher la gorge devant ma femme? Non, vous en êtes incapable.

Réflechissez un instant, Ona. Je suis Roi et le resterai, et tout ce que vous pourriez faire maintenant ne ferait que nuire à l'Aevenspir. Dites à vos hommes de me lâcher et de libérer mes hommes. Laissez moi partir avec Dame Maakan, c'est la meilleure chose que vous puissiez faire."

Les mogus c'était tenu tranquille pendant tous ces retournements successifs, comprenant que la force n'ammenerai de toute façon rien de bon. Cependant, chez eux, malgrés leurs mode de vie, les légendes et histoires faisait le travail a moindre échelle des livres d'histoire des autres pays. Plus que tous et malgrés leur caractère assez indépendant, ils possédaient un sens de la loyautée et la parole donnée vallait un contract, de même que les actes bénéfiçiant à la meute était toujours gardé en mémoire jusqua ce que celle-ci rembourse en quelque sorte cette dette.
Ainsi sous le règne de son ancêtre, Nayrhn Kel' Alts, les parents de Nalya de Slael et elle même avait été des alliés sur qui il avait pût se reposer sans se poser de question. En cela Tarak'hem se sentait une dette envers les Slael et l'héritière du nom se tenait devant lui.
Pour ajouter au tout Tarak'hem n'aimait pas ce Roi qui voulait mettre main basse sur l'Aevenspir, laisser museler les loups de monts aurait pour lui été un acte lâche et la mort valait mieu que la lâchetée. Ainsi aprés quelque murmures à ses loups noirs il fit un pas vers le roi.

-Les Mogus ont une dette d'honneur envers les Slaels, nous ne permetrons pas que des injures leurs soient faites en notre présence. Peu étre que certaines obligations empêchent Dame Ona de lever la main sur vous, mais rien ne m'empéche moi de le faire, surtout aprés avoir constater que votre dieu laisser rentrer en sa maison quelqun qui le méprise, il a eut peur de l'esprit du Arak qui m'accompagne, le Toï' Kom fait claquer des dents votre divinitée et les loups Mogus vous ferrons ravaler les votre si une injure et encore prononcée.
Dame Ona à reçut le sang des Slaels et la force bouillonante, vertueuse et loyale de celui-ci est son héritage. Ne me traité pas de traitre à mon tour, ma loyautée est à ma meute et à ses valeurs en premiers, le Karsper l'a toujours sût de génération en génération, si elle ne souhaite pas votre mort ce n'est qu'une demande qu'elle pourrat m'adresser pas un ordre, à vous de voir si vous voulez tenter votre chance vieillard.

Pendant son petit discour, les loups noirs avaient disparus de derrière sous dos.

Ona resta interdite un instant. De nouveau, sa main se crispa sur son Onissia, mais elle la remit finalement au plus vieux de ses quatre chevaliers.

Elle se dressa. Le Roi la dominait bien sûr de sa plus haute taille, mais une nouvelle flamme brillait dans son regard.

Le chevalier prit par la lame la longue épée que lui avait religieusement passé sa maîtresse, et tendit le manche au musculeux Mogus, Chef de Meute guidé par l'Arak qui n'avait rien à faire des considérations gaediennes.

Ona frun Sortaksper, le fixant alors, lui dit avec lenteur :

- Si les Mogus peuvent venger la dernière héritière des De Slael, sachez que son meurtrier est là. Devant vous. Lorsque le Roi Valkmir écrasa Nalya de Slael ainsi que toutes ses forces, cette dernière avait confié à la garde des fidèles qui réussirent à me faire échapper l'Epée Onissia, car cette arme était la garante de ma propre lignée. Onissia de Blanchelicorne était l'Epée d'Ashva de la Licorne, du temps où la Vouge des Mogus était la Lance de Loïss Fareiss la Mogus.

Prenez mon Epée quelques instants, je vous en prie, Chef de Meute. Car c'est elle qui doit venger ma parente, et elle n'est pas moins illustre que votre Vouge pour venger Aevenspir.

Un silence de mort était tombé sur la salle. Ona murmura simplement à son chevalier : "Va lui dire qu'il est temps qu'il agisse de son propre coté, car il n'y a pas d'alternative" et celui ci se hâta de sortir pour la transmission de ce message.

"Et bla bla bla, et bla bla bla." Le Roi ne supportait pas la vue de ce guignol stupide, prétentieux et animal.

"Ce n'est pas vous, sauvage, qui m'empêcherez d'ouvrir la bouche. Vous vous sentez fier et puissant devant moi, qui ne puis rien faire. Vous pensez avoir ma vie entre vos mains, mais vous n'êtes qu'un vulgaire pantin, pendu aux ordres de votre maîtresse. Alors cessez de vous rendre intéressant, et retournez à votre terrier."

Peut être Valkmir était-il allé trop loin, cette fois-ci. Peut-être qu'en fin de compte, Ona le laisserait mourrir ainsi, malgré le caractère immoral que cela représenterait pour elle... Mais de toute façon il ne mourrait pas en faible, et il fallait garder la tête haute jusqu'à la fin, quite à la perdre.

Les mots du Roi avaient résonnés sinistrement dans l'Eglise. Nul n'avait ajouté mot, mais Ona finit par rompre le silence

- Certes, je ne puis honorablement vous faire du mal, ni vous empêcher de repartir, finalement.

Mais, se reprenant

- Toutefois j'agis au nom de la défunte Nalya et, par dessus elle, d'Aevenspir... Da Aevenspir !

Ordonnant à tous les soldats sous son commandement de partir, elle rajouta, le regard dur :

- Et dans tous les cas, il n'est pas en mon pouvoir de calmer le Chef de Meute des Mogus, toute Karspa que je sois. Si vous vous précipitez à ses pieds et implorez votre pardon, peut être pourriez-vous le raisonner. Je crains que votre prétention ne soit que trop sur le point de précipiter votre perte, hélas, et de me faciliter grandement la tâche.

Cela était de trop, le Roi de Fauste avait visiblement de la noblesse mais celle-ci allait surement lui couter la vie, insulter un Mogus étant plus grave dans leur tradition que de le frapper, les paroles du roi avait scellées son propre avenir. Le chef de meute resta silencieu sans doute choqué par les paroles du vieillard, puis un sourir carnassier vint prendre place sur son visage.

-Vous avez tous à fait raison je suis un sauvage et je le revendique, votre civilisation fleurie et douce est la marque de votre propre faiblesse, vous étes un homme elevé part des femmes engrossées j'en suis un elevé par la montagne et guidé par l'esprit sauvage du Toï' Kom, agitez l'acier de votre langue devant un loup Mogus est surement chose déraisonnable.
Toutefois je ne puis me résoudre un tuer un vieil homme sans défenses physique car dés lors je serai une furie sanguinaire s'abatant sur les faibles et mon rôle est de protéger les interets et les traditions de la Meute. Hors il est claire que nous ne frapperons jamais les vieux, femmes et enfant d'un peuple s'étant rendu. De même tirez votre arme et défendez votre honneur, prennez deux de vos soldats aussi pour défendre votre litière dorée car je pense qu'il y'a longtemps que vous n'avez eut de sang sur vos vêtements. Aujourd'hui les Mogus seront libérés de leur dette envers la lignée Slael, votre sang souillera la montagne alimentant sa rage et endurcissant nos hommes.
Je vais faire pleuvoir sur vous une avalanche d'acier et de crocs.

Il tendit la vouge Fareiss a un de ses loups noirs qui sortit de la foule, celui-ci pris une peau de loup et l'enroula avec, tous contact avec une peau autre que de la lignée protégée du Toï' Kom étant considéré comme source de malheur. Il fit jongler Onissia dans sa main, elle était légére bien plus que son arme habituel, mais dans le fond de son acier brillait une lueur qu'il connaissait bien, la soif de sang ainsi la licorne et le loup combatrait essemble une fois de plus.

L'Aevenspeer qui avait tenu le Roi pendant ces longues minutes l'avait relâché, et Ona frun Sortaksper s'était dégonflée, comme prévu. Cependant il fallait qu'il "implore le pardon" du sauvage, qui semblait enclin à se battre...

"Peut-être avez vous les muscles, sauvage, mais vous n'avez pas la cervelle. Il y a quelques instants vous vous disiez capable de me trancher la tête, à moi, ô vieillard, et maintenant vous affirmez qu'aucun Maugusse ne tuera de vieillard sans défense. Cependant vous me provoquez tout de même en duel... Vous êtes bien compliqué, imbécile. Apprenez à réfléchir, ou peut-être à parler, ou je ne sais quoi, mais ne m'adressez plus la parole."

Valkmir regardait avec dégoût cet Aevenspeer, qui se pavanait là, jouant avec son arme, comme un enfant. Visiblement il était sincère, et prennait son rôle de marionette très au sérieux...

"Et bien quoi, voulez-vous vous battre? Je n'en ai aucune envie, sauvage, mes vêtements sont plus précieux que n'importe quel bijou Aevenspeer, et je ne m'abaisserai pas à vos chamailleries. J'ai des milliers d'hommes à mes ordres pour se battre, moi, nous n'avons pas le même rang, je ne joue plus à la bagarre depuis des années. Puisque vous voulez du sang, je peux vous en promettre beaucoup, croyez-moi, et je suis maître en la matière. Mais je doute que vous vouliez voire le votre couler, il paraît que cela fait tout drôle, alors écartez vous de mon chemin une bonne fois pour toute."

Il ne fit pas un pas, et semblait assez serein. Il doutait que cet homme puisse l'abattre alors que sa maîtresse venait de l'autoriser à se retirer. Il se tourna vers celle-ci.

"Et alors, comment fais-je pour me retirer alors que votre peuple est aux portes de l'Eglise et qu'il n'a que le mot mort à la bouche?"

Tarak'hem regarda le roi Fauste et le jaugeat, essayait-il de se sortir d'affaire avec une entourloupe ou n'avait-il vraiement pas compris les paroles du Mogus ?

-L'arme est votre croc, sortez l'acier, montrer les crocs et vous ne serrez plus considérer comme sans défense quelque soit votre age. Pour le sang si vous pensez que le Toï' Kom est un droit divin sachez qu'il se mérite aprés un rituel initiatique ou l'on souffre de bien plus que d'estafillades. Sortez votre arme, ne m'obligez pas à vous abatre avec sur votre ame la honte de n'avoir méme pas été capable de vous défendre. Vous qui êtes seigneur de guerre ce serait ironie de vous voir mourir sans acier dans votre poigne.

Le chef de meute se fléchit sur ses jambes tenant l'épée Onissia en retrait derrière son corp, son bras vide devant lui en défense. Onissia avait sa propre ame, il fallait se battre en accord avec celle-ci, des frappes rapides et précises, dans ce combat il n'y aurait pas de membres tranchés mais des organes perforés.

-Envoyez vos hommes protéger vos vétements seigneurs, mais je crain que ce soit de leur propre sang qu'ils les tacheront.

Le regard froid, Ona répondit

- Aucun de mes hommes ne vous fera de mal, non, ne vous en faites pas... La rumeur s'est probablement déjà répandue : Le Roi Valkmir est empêtré dans le jeu de la dette d'honneur d'un Chef Mogus, d'une part, et d'autre part il lui a manqué de respect face à ses loups noirs. Ils attendent la suite, tout simplement.

N'oubliez pas non plus qu'avant moi ou mes parents, c'était les Mogus les Karspers d'Aevenspir.

"Oh, mais pourquoi parlez-vous de mort?"

Le Roi s'énervait, s'impatientait. Il n'aimait pas du tout ce petit jeu là.

"Je ne mourrai pas ici, Maugusse!! Et vous non plus!! Je ne me battrai pas avec vous, et vous ne m'y forcerez pas. Allons, je suis las de cette mascarade, vous avez pourri mon mariage, je suis fatigué, j'aimerais aller me reposer, et rentrer à mon beau pays. Laissez-moi partir, Aevenspeers, je ne m'amuse plus ici. Tout ceci n'avance à rien, laissez-moi emmener mon épouse avec moi, et laissez-nous tranquilles."

A la pensée de sa femme, le Roi se retourna et la chercha des yeux. Où était-elle? Peut-être elle, qui était respectée et promise au trône Aevenspeer, pourrait l'aider.

-Je vous aurez avertit.

Le Mogus fonçat sur le roi de Valkmir, son bras son non-armé en avant il donnat un coup d'épaule au garde le plus proche de son seigneur l'envoyant trébucher plus loin alors que qu' Onissia la pointe vers la gorge du seigneur de guerre poursuivit son chemin se fichant dans le cou du Roi.
Le Mogus lachat l'arme et passat derrière le souverain aprés avoir envoyé son poing dans le figure d'un soldat qui s'aprochait de lui en tirant son arme.

Le spectable fut étrange de voir ainsi le plus grand homme de Retrahant, avec dans la gorge plantée seule la haine et la tristesse de la famille Slael, le sang de leur assassin venant étancher la soif de vengeance de l'arme en un filet vermillon sur l'acier rageur. Derrière le roi placé en évidence sur l'estrade se tenais le loup Mogus, payant sa dette moral envers les Slael, l'ombre de sa victime sur le visage faisant ressortir ses tatouages. Valkmir Fauste après avoir fait trembler Retrahant rendait l'ame dans les bras de son dieu et dans les montagnes imperturbables d'Aevenspir. Plus personne n'osait bouger, les échos des cris dehors n'était que lointain hurlement et pas un soufle ne venait perturber les derniers instants du souverain. Un ange, ou peu être un Dieu, qui sait passait en ce lieu.

-Jamais l'Aevenspir ne sera muselée, jamais elle ne sera soumise, nous somme un peuple fier et vaillant préférant la mort au déshonneur.

Alors que la dépouille du roi tombait en avant le Mogus le retint par ses vétements luxueux et l'allongeat sur le tapis centrale, il lui mit les mains sur le torse, tira l'épée de parade et lui posat sur le torse après quoi il se leva et retira Onissia du corp sans vie sans délicatesse rendant un nouveau flot de sang sur le sol.

-La pire des tempêtes ne serait faire ployer les monts enneigés. Unters Hers Arak Frensder.

Dans l'église des soldats du roi reprirent leurs esprit et hurlèrent à la vengeance, beaucoup de ces cris se turent rapidement en même temps que les loups noirs fidèles à leur voeu de protection fauchaient ceux qui brandissaient l'arme sur leur Chef de meute.

Le Chef de meute s'aprochat d' Ona et lui remit cérémonieusement l'épée en lui tendant la garde.

-Les Mogus sont fiers d'avoir honnoré leur dette, même si celle-ci va à l'encontre du bien de notre meute nos traditions sont honnorés, quand nous reviendrons d'un probable exile nous serons de nouveau égaux sur le champ de bataille.

Le loup noir qui avait pris la vouge de son Chef sortit de la foule qui se fendait devant sa lame ensanglantée et lui remit l'arme. Désormais la meute frapperai en son nom contre tout nouvel adversaire.

(Traduction : Folie d'ignorer le loup qui hurle [à peu près ^^])

Ainsi le plus grand Roi qu'ait connu Retrahant depuis le fléau s'éteint, assassiné, trahi. Drôle de fin pour celui dont les armées avaient sillonné la moitié de Retrahant. Il gisait là, sur le sol glacé de la Cathédrale d'Eskadner. Tué le jour de son mariage, une veuve à 25 ans, son sang se répandait. L'Evêque s'évanouit. Sa garde, ses hommes les plus fidèles, massacrés par derrière dans un sursaut de vengeance. Tout n'est que mensonge et trahison. Son âme rejoint enfin son seul maître, le seul qu'il ait toujours respecté, aimé: Gaed. Le salut de l'âme de l'homme le plus craint au monde. Gloire à Valkmir!!

La nouvelle circula vite. Rapidement, la foule rassemblée aux portes de la Cathédrale hurle la mort du Roi. Des hurlements bestiaux, qui parviennent aux oreilles des quelques centaines de soldats Ciraniens postés en arrière, incapables de quoi que ce soit, impuissants face aux portes de la citadelle. L'un d'eux, Oktab, un dur, comprend ce langage. Il a passé des années en Aevenspir à massacrer femmes et enfants.

"Les gars, le Roi est mort."

Le silence se fait. Personne ne le croit, tout le monde l'interroge du regard.

"Arrêtes tes conneries imbécile" lui lance son supérieur.

"Bah c'est ce qu'ils crient là-dedans, écoutez..." répond-il en montrant les murailles de la citadelle du pouce.

Il fallut bien se rendre à l'évidence, ce mariage était un piège et le Roi y était passé...

"Nom de Gaed, il est mort."

Le général à la tête de la troupe était loyal. Il avait échoué, son Roi était mort, et son tour viendrait rapidement... Il fallait agir vite, de toute évidence. Si le Roi était mort, l'Archevêque Suprême y passerait forcément lui aussi. Ils ne pouvaient rien faire, rien faire, à part mourrir avec leur Roi.

"PAR GAED, SORTEZ VOS ARMES!!" hurla-t-il.

L'ordre fut lancé: massacrer, massacrer tout Aevenspeer qu'ils croiseraient. Tuer tant que possible, brûler, détruire, au nom du Roi. L'Aevenspir payerait, oh ça oui, il payerait son geste.

Les hommes étaient dans les plus bas faubourgs d'Eskadner, là où la première muraille les retenait. De pauvres bâtisses n'attendaient que leur rage, de pauvres paysans les regardaient l'oeil vide. Après les faubourgs, ce seraient les alentours, les fermes les plus proches, les auberges, tout y passerait.

Un archer trancha le flanc d'une femme, et le massacre commença.

"A LA MORT!!"

Les hommes coururent vers les premiers paysans, qui réalisaient ce qui allait leur arriver et qui commencaient à fuir. Une déferlante enragée pénétra les faubourgs, avide de sang et de destruction. La mort sera la seule issue.

Silgka était incommodée. Non, Silgka était désappointée. Non, en fait, Silgka bouillait de rage. Après la prétendue annulation de l'Archevêque, après le rejet du roi Valkmir et après la capture d'Arshan par dame Ona, Silgka s'était retirée dans l'un de ses couloirs de la cathédrale dont seuls les hommes d'Etat et d'Eglise d'Eskadner connaissaient la présence.

Elle s'était donc dirigée dans un de ses boyaux dissimulés, comptant rejoindre Ona à l'une des intersections du labyrinthe afin qu'elle négocie l'archevêque suprême et assez arrogant pour avoir tenté de briser son alliance avec le roi du Ciran. Elle était en nage, et sa longue robe cérémonielle glissait de pas en pas.
Elle frissonnait. Elle avait donc froid, se dirent ses Akspers, répimandant avec sévérité un doute superflu.

Lorsque la princesse arriva au croisement chichement éclairé des multiples couloirs, elle ne trouva pas Ona, mais un messager essoufflé.
— Eeteania.
— Parle vite.
— Dame Ona a provoqué l'irréparable. Le roi Valkmir d'Osmad est mort sous les coups de Tarak'hem, chef des Mogus. Vous êtes veuve, madame. (L'estafette sourit ironiquement.)

Silgka, quant à elle, était mitigée entre une multitude de sentiments et de desseins. La mort de son seigneur et maître était l'une des choses dont elle rêvait le plus agréablement, presqu'autant que l'humiliation du Ciran et la paix qui régnerait sur Aevenspir. Mais les intrigues continuaient et déjà de nouveaux opposants apparaissaient, comme Arshan d'Itoria, qui s'était avancé comme son ennemi, ou encore Ona, qu'on disait éprise du fils de l'archiprêtre... Les manigances tournaient dans sa tête et juste un instant elle eut un moment de vertige. Le froid mordant de la voix de son Eeteanaksper la sortit de ses sinistres rêveries.
— Il faut agir maintenant, Princesse. Pour la plus grande gloire d'Aevenspir.
— Pour la plus grande gloire d'Aevenspir, résonnèrent ses autres gardes du corps, d'une voix unique et monocorde.
Silgka se ressaisit, et d'un ordre, la suite s'élança dans une nouvelle route souterraine.

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En un instant, ils furent dehors, sur une des grandes places eskadneroises. Elle était le théâtre des volontés combinées de la princesse et de l'armée de Valkmir. La première avait demandé à ses hommes de provoquer une émeute après l'annulation du mariage. Et ses hommes avaient agi avec diligence. La cité était en pleine effervescence, et déjà les Eskadnerois, connus pour leur esprit de rébellion, s'armaient et s'encourageaient les uns les autres. La raison était absurde, car tout le monde détestait les Ciranais et l'alliance que devait fournir Silgka Maakan. Mais on haïssait encore plus l'idée d'être à nouveau bafoué par ces ennemis qui leur avaient tant pris.
Déjà la populace se heurtait au mur d'airain de la cinquième compagnie des arkspels, qui frappaient du bout contendant de leur lance les plus agressifs.
En parallèle à ça, on entendait au loin le son de cors de guerre et de cris de bataille ciranais... ainsi que des bruits d'épées épousant brutalement la chair et l'acier.

Silgka tomba des nues. Eskadner était à feu et à sang. La nouvelle de la mort de Valkmir avait provoqué un chaos impossible à arrêter, assoiffé de sang. Des mineurs armés de leurs pioches, des soldats frappant à tout va, des maisons qui déjà brûlaient du peu de bois dont elles étaient constituées, et surtout, des centaines de guerriers de fer montés sur des chevaux terrorisant et détruisant tout sur leur passage, comme des démons gaediens sortis des cercles extérieurs.
— Eeteanaksper, à la citadelle au plus vite !
Le capitaine hocha sombrement la tête et dégaina son arme, suivi des autres soldats. En instant, deux d'entre eux prirent par les bras Maakan pendant que les autres l'entourèrent. La traversée de la basse ville fut épuisante et longue, leur chemin parsemé de cadavres, Aevenspeers comme Ciranais. Enfin, au bout d'une fuite sans fin, ils arrivèrent devant les lourdes portes des murailles centrales, imposante bâtisse de pierre et d'airain, dernier lieu, semblait-il, de calme.

Une fois épargnée par le massacre qui se déroulait plus bas, Silgka s'arrêta un instant. Elle était plus lassée qu'elle ne l'eût cru. A présent qu'elle pouvait penser à elle, elle sentait un vive douleur dans son poignet gauche. C'était sans importance. Elle appela un page et lui ordonna de quérir dame Ona au plus vite. Au plus vite.

Ainsi Aevenspir était enfin vengée, et la défunte Karspa également. Tant d'aevenspeers pouvaient se réjouir... Contradictoirement, toutefois, il ne semblait pas qu'Ona frun Sortaksper fasse partie de ces enthousiastes.

- Votre combat est terminée, et votre karsperie sauve !

Hurla un de ses chevaliers. Ona ne répondit que par un sombre regard qui le figea, et lui remit l'arme qui lui avait été cérémonieusement donnée par le Chef de Meute. Elle regarda celui-ci, disant :

- Par votre force vous avez terminé un combat que je ne pouvais plus faire. Par mon Epée vous avez frappé, ainsi je vous suivrai dans ce que cet acte doit apporter à Aevenspir. Mais si malheur doit encore survenir, il nous frappera, nous, mais épargnera le reste de mon pays. Et, je l'espère, il me frappera moi davantage que vous, car vous n'avez fait que répondre à un appel...

La Karspa écarta tous ses suivants, et sortit. A l'air libre, elle prit une grande inspiration, puis chanta doucement un hymne scirjique, suivi d'un air gaedien. Devant elle, les suivants de Valkmir se faisaient écraser par ses armées régulières qui étaient arrivées en grande hâte.

Elle fit tout ce qui était en son pouvoir pour que tous les blessés, ciraniens comme aevenspeers soient amenés aux infirmeries, et que les ciraniens qui s'étaient rendus soient relâchés avec des vivres et leurs armes.

C'est alors qu'un jeune page vint trouver la maîtresse des lieux, disant :

- La Princesse veut vous voir ! La Princesse veut vous parler !

Et, solitaire et pensive, la jeune karspa suivit le page qui l'entraina vers le bastion central.

Elle était calmement installée dans une antichambre de l'un de ses appartements. C'était une pièce plutôt exiguë et froide, et austère. Les murs étaient nus, sans fourrure ni fresque de tissus grossiers.
Silgka s'était étendu sur un siège sans dossier, entouré de ses gardes du corps. Une fois qu'Ona arriva, elle se crispa et sans autre forme de cérémonie, dit.
" Je veux l'Archevêque, Ona. Il me le faut."

Ona, surprise, observa un temps de silence, puis répondit :

- Mais... L'Archevêque est parti ! Il va mettre un peu d'ordre en Ciran a l'aide des beilans, d'après ce que j'ai cru comprendre. Pourquoi voulez vous le maître d'Ostombe ?

Silgka fit la moue, énervée. Elle frappa son accoudoir avec rage et se leva. Son visage était déformé par une haine froide. La pièce parut plus froide, d'un coup... La jeune femme fit un geste à ses officiers puis déclara.
— Gardez la Karspa Ona dans mes appartements. Je revendique mes droits légitimes au Karsperat. Envoyez des hommes annoncer la nouvelle et lancez le plus de compagnies possibles sur les traces de l'archevêque suprême et écartez les troupes fidèles à Ona de la citadelle. Qu'ils remplacent les gardes protégeant les niveaux en proie à l'insurrection et aux cavaliers ciranais.
Encerclez les quartiers karspériques et en rapport avec la famille Sortkasper. Fouillez les souterrains et bloquez-les. Ensuite introduisez une compagnie qui m'est fidèle à l'intérieur de la demeure. Qu'elle y cherche monseigneur Arshan ou un homme de sa suite. Exécution, pour la plus grande gloire d'Aevenspir !

Déjà les manteaux noirs s'activaient, chacun partant remplir les ordres de leur nouvelle reine. Une Maakan. Déjà les estafettes s'élançaient prévenir l'Aevenskaa des nouveaux changements que créait la crise. Le tout restait de savoir comment les généraux réagiraient à ce changement de l'équilibre politique si soudain.

La stupéfaction passée, la Karspa cria :

- Gardes ! Arrêtez le Princesse sur-le-champ !

Un chaos indescriptible prit la plupart des soldats présents, la plupart préférant s'eclipser en cachette pour éviter une telle affaire. En définitive, seuls les quatre chevaliers de Sortaksper entouraient leur maîtresse, face à une cohorte de manteaux-noirs. Rapidement maitrisés, Ona se retouva seule, prise au piège dans son propre chateau. Serrant les dents, elle ajouta :

- Arshan ne pourra vous échapper, mais d'autres viendront à mon secours.

Réalisant soudainement que nul ne pouvait connaître sa situation, pas même son armée, elle repoussa violemment les manteaux noirs qui la maintenait, affirmant qu'elle connaissait le chemin. La porte de son appartement claqua, et le silence se fit.

La Karperie aevenspeer d'Ona frun Sortaksper était devenue muette.

Silgka s'éloigna de ses appartements avec un air tout à la fois contrit et dur. Le temps n'était pas aux palabres, aux nuances ou aux larmoiements. Le temps était aux actes. Fortement accompagnée, elle entra dans les murs de fer du palais karspérique. La bâtisse de pierre grouillait d'une activité martiale, chaque soldat se dirigeant avec discipline vers les positions requises. Les patrouilles de manteaux-noirs armés jusqu'aux dents disparaissaient puis réapparaissaient dans une coordination surprenante.

Elle arriva dans une chambre aménagé en salle de réunion. Les officiers des différentes gardes régulières s'étaient retournés vers la princesse, surpris dans leurs spéculations politiques et militaires. Un ange passa, rapidement chassé par le ton brusque du plus petit des commandants.
— Qu'est-il advenu de dame Ona, est-elle...
— Cela n'a aucune importance. Avez-vous découvert une trace de l'Archevêque ?
— Rien pour le moment, enchaîna un autre officier, les plus grandes salles ont été fouillées, mais les entrepôts et les appartements plus modestes sont passés au peigne fin.

Silgka hocha de la tête puis s'installa confortablement dans une pile de coussins laineux apportés à la hâte par des esclaves. Elle attendit avec patience, cependant que le sang coulait sur les pavés dans la basse-ville.