Guerre Fironk/Souhnak

L'assemblée d'Ephyne venait d'être réouverte, le représentant de l'Akathaïadah en profita pour intervenir concernant la guerre que le Fironk avait déclenché contre la Souhnak d'Orcum.

Seigneurs de Retrahant,

Les barbares fironkois ont récemment assassiné une délégation de rem'yshmes venant essayer de négocier la libération du Grand Tiram du Siâle retenu dans des conditions inacceptables. Nos émissaires, venus pacifiquement pour aider les siâliens dans la libération de leur dirigeant, furent massacrés ce qu'aucun peuple civilisé ne ferait.

En réponse à cette barbarie, les dirigeants de la Souhnak ont entrepris une expédition sans prétention pour punir ces barbares. Cette expédition ne fut pas couronnée de succés. Seule une ville, certes assez oppulente, fut pillée. Nous avons également fait tomber les enceintes de la capitale fironkoise, mais nos armées en petits nombres, car notre civilisation est moins belliqueuse que celles de ces barbares fironkois, durent reculer devant le nombre. Il apparait qu'une caractéristique intéressante de ses barbares est de privilégier le nombre et non l'efficacité rendant ainsi chacune de leur cité vulnérable au bélier.

En conclusion, aucune gloire à retirer de cette expédition, mais que les peuples civilisés du Retrahant sachent que notre territoire vulnérable ne pouvait laisser cette offense à nos représentants sans réaction. Nous privilégions le commerce, mais face à la barbarie nous nous devions de réagir.

J'espère que les peuples civilisés du Retrahant soutiendront cette action et permettront de libérer les fironkois de l'emprise des salamandres et du culte obscure dirigée par Garwan.

"De fait, le peuple Orcumien n'est pas civilisé. En tout cas, c'est ce que peut conclure la tribune Kandrasienne, après le massacre de ses ambassadeurs par le régime Orcumien pour d'obscures raisons..."

"La Souhnak a condamné cet acte perpétré par l'Oblath Abu alors qu'il assurait l'intendance du Siâle en remplacement du Grand Tiram Rewald Rem'Orcum retenu prisonnier par les fironkois. Cet homme a été écarté du pouvoir sous la pression notamment de l'Akathaïadah."

"Ecarter un fou ne rendra pas la vie aux morts. De plus il ne me semble pas que Kandrasie ait reçu des excuses officielles suite à cela. De fait, notre dirigeant a su quoi penser et faire."

"Pour vos malheureux diplomates, il est, en effet, difficile de réparer l'irréparable. Mais, la seule chose que pouvait faire la Souhnak était d'oeuvrer pour écarter l'Oblath Abu et elle l'a fait.

Par ailleurs, il m'est difficile de faire des excuses de la part des siâliens."

Il jeta un regard vers le représentant du Grand Tiram attendant une réaction de sa part.

"Néanmoins, gardons à l'esprit la raison de ces errements. La Kandrasie n'aurait point livré le Grand Tiram aux barbares fironkois, cela ne serait jamais arrivé. Et si l'Oblath Abu a pu accéder à l'intendance, puis a été gagné de folie, vous n'y êtes pas innocent.

Néanmoins, la Souhnak a fait, il me semble, tout ce qui était de son ressort pour tenter d'éteindre l'incendie, l'Akathaïadah ayant de l'estime envers la civilisation karéenne."

"Bien. Nous pouvons donc vous compter comme alliés du Siâle. Ne croyez pas que la Kandrasie fut aveugle à vos manigances avec le pouvoir Empersois. Nous savons que vous avez déployé vos armées en Empersiste dans l'espoir de nous affronter. Votre retour en arrière malheureux avec notre diplomate Sarah fut, je trouve, des plus malhonnete.

Gardons à l'esprit cette tentative de trahison, et ne venez pas crier à l'insulte par la suite..."

"Vous vous fourvoyez les troupes de la Souhnak n'ont pas quitté leur territoire. Seul l'Oblath Abu a décidé d'envoyer de son propre chef les troupes sous son commandement. Nous voulions rester neutre dans ce conflit et ne pas prendre partie. Il semble, à observer votre réaction, que nous ayons eu tord.

Croyez moi, nous venons d'envoyer nos armées vers un territoire qui est aussi puissant que le votre. Nous n'avons aucune raison de cacher quoi que ce soit. Si l'Akathaïadah a pris contact avec votre ambassadrice, c'était juste pour lui communiquer son opinion des événements qui venaient de se passer.

Bien entendu, nous sommes les alliés du Siâle surtout depuis qu'il a retrouvé un dirigeant sensé."

C’était une geôle assez commune, humide à souhait créant de la mousse sur les murs par endroits. Cette cellule grand luxe ; grand luxe car elle n’était que pour une personne logeait un homme à la peau satiné et au visage tuméfié, ainsi qu’un corps couvert de plaies. Apparemment son corps avait subi des brûlures dues à des cautérisations, ou pas. Ses bras étaient attachés au dessus de sa tête par des carcans en ferrailles reliés au mur si bien que l’homme ne pouvait que rester assis.
Un homme bien bâti à l’allure patibulaire fit grincer la trappe dans la porte et lorgna le prisonnier avant de refermer le juda et d’ouvrir le verrou de la porte. Il posta ses bottes devant l’émissaire et cracha un glaviot dans la paille faisant office de sol de la cellule avant de lâcher : « Réveillez-vous vot’ Majesté. » s’en suivit un rire gras qui se termina au bout de deux minutes. Une fois que le gardien se fut remis de sa boutade, il détacha son pensionnaire du mur et l’aida à marcher jusqu’à deux gardes qui emmenèrent l’homme dans une salle immense où l’on pouvait observer un homme titanesque se gaver puis boire et se gaver à nouveau. Cet homme était Grabonweek dit le Chêne de par son gabarit, commandeur de Börm et chef des Salamandres.
Voyant son hôte entrer il arrêta de se sustenter :

« Vous avez faim ?
- Euh…oui un p…
- Très bien marchons »
Et oui Grabonweek n’écoutais jamais vraiment les réponses à ses questions, et c'est ainsi que les deux hommes marchèrent entourés de gardes dans les jardins bercés par la douceur de la nuits :

« Ahhh, cela est magnifique n’est-ce pas ?
- Et bien cela est magni…
-Continuons ! »
Ils traversèrent les jardins et arrivèrent dans une tour surplombant l’ensemble. Là ils entrèrent dans une antichambre qu’ils traversèrent et se retrouvèrent sur un plateforme au dessus d'un immense vide dans lequel gisait un gigantesque brasier. Une foule dans les gradins autour du feu poussa des hurlements : FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG…

Grabonweek ouvrit les bras et la foule se tut :

« Salamandres, je suis fier de vous. Je vous ai tous vus sur le champ de bataille. Nous Salamandres avons tellement fait de bruit et montré notre rage que ces chiens d’étrangers ont fui si vite qu’ils en ont oublié leur prince. » Des rires emplirent la salle. « Et bien il serait impoli de notre part de ne pas le renvoyer à son peuple de lâches.
- FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG… »

Sur ces mots, on immobilisa l’Orcumien et on lui déposa sur le crâne une couronne chauffée à blanc
« Une couronne pour le roi des Pleutres » Cria Grabonweek. La foule était en ébullition, elle criait de plus en plus fort. Grabonweek sortit son épée et trancha la tête du prince avant de projeter son corps dans le vide qui tourbillonna avant de finir sa course dans les flammes. Le chef des Salamandres exhiba la tête à la vue de tous.
-- FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG, FAÖRLIHG… »

Après cette cérémonie, une fête fut donnée. On but, on mangea, on communia pendant des jours et des jours…

"Tant que le Siâle ne se sera pas expliqué sur cet odieux massacre, notre Régent gardera sa politique actuelle, et le considérera comme ennemi. La demande consistant à ce que cet homme nous soit livré est toujours de mise. En toute logique, tout allié de nos ennemis est hélas un ennemi. C'est une logique militaire des plus élémentaire."

Après un court instant, le régent Kandrasien se leva et prit la parole. Il portait pour l'occasion une chemise dont la couleur bordeau s'accordait parfaitement avec ses cheveux d'un noir de jais. Dans ses yeux brillait une flamme intense, seul indice sur son visage impassible, de la colère qui l'habitait. Rejetant ses long cheveux en arrière il toisa avec mépris l'Orcumien.

"Vos excuses, pas plus que vos changements incessant de Tyram, ne nous feront oublier l'acte de barbarie qui causa la mort de tant de Kandrasiens. Vos tromperies et vos menaces ne nous impressionnent point ! Oseriez-vous nier avoir menacé Elderine la Blanche ? Je vous avez promis que nos soldats marcheraient sur vos villes... Mais vous êtes déjà en guerre. Remerciez vos dieux que nous souhaitions un combat honnorable, sans quoi, par Erus, soyez sur que mes forces seraient déjà en marche ! Nous sommes désormais vos ennemis et nous soutenons les dirigeant Fironkois dans ce conflit. Si quiconque vient à vous porter assistance, nous entrerons dans le conflit. Il est temps de payer vôtre fourberie !

Se tournant vers l'assemblée, Dinivan poursuivit :

Aujourd'hui, j'annonce soutenir les troupes fironkoises dans leur conflit contre Orcum. Si l'un d'entre vous souhaîte venir en aide à ce dernier, qu'il sache qu'il devra nous compter parmis ses ennemis !"

Quelqu'un se leva de la tribune Aevenspeer depuis longtemps silencieuse. La Karsper d'Aevenspir, Leevirnia Maakan, plus jeune fille de Silgka Maakan, prit la parole en désignant le régent Kandrasien.

"Cette acte de barbarie, comme vous vous plaisez à l'appeller, me semble moins terrible que votre dernier passage, Kandrasien, en nos montagnes, qui, bien qu'ancien, laisse encore des séquelles. Devrions-nous nous baser sur vos belles paroles pour demander des justifications de cet acte ? Non, nous ne le ferons pas. Car vos paroles, Kandrasien, recèlent plus de fiel que d'honneur, et vous tournerez toujours les mots dans le sens que vous voulez par la force de vos armées."

La Karsper marqua une brève pause.

"Nous ne pouvons soutenir Orcum efficacement mais nous ne tolérons pas les délires de quelques hauts dirigeants Kandrasiens, fussent-ils à la tête de ce pays décadent. Vous passez votre temps à relater dans le flou des faits afin que nul ne puisse s'en servir contre vous, mais n'hésitez pas à accuser les autres de manquer d'honneur. Faites preuve d"honnêteté envers vous-même avant d'en exiger des autres."

L'ambassadeur se pencha sur son Régent et lui murmura.

"N'ecoutez pas cette moins que rien, seigneur. On ne peut que lire la haine et la honte de la défaite dans sa voix, son regard et son coeur. Mais qu'en est-il de ce que son peuple barbare fit à notre propre peuple ? Le mépris et l'ignorance est ce que nous avons de meilleur face à telle vermine, mon sire."

Le rem'yshme s'inclina devant l'Aevenspeer avant de s'adresser à elle.

Kasper Leevirnia Maakan,

Je vous remercie pour votre intervention. Bien que vos paroles puissent être guidé par les rancoeurs entre le peuple aevenspeer et le peuple karéen, je crains fort que votre jugement concernant les dirigeants kandrasiens est juste dans le cas présent.

Il s'adressa ensuite au régent d'Elderine.

Régent Dinivan,

Nous prenons note de votre engagement aux cotés des fironkois. L'Akathaïadah sera déçu, il me semble qu'il avait une perception érronée de votre territoire et de ses valeurs.

Et pour la énienne fois, au risque de me répéter, la seule personne qui a menacé Elderine était l'Oblath Abu et nous avons condamné ses actes.

Hymerish Lee Heph n'aimait guère les Kandrasiens... Pour diverses raisons d'ailleurs, il n'espérait même plus renouer une quelconque cordialité avec ces dirigeants... Peut être avec le peuple.

Il se présenta et salua ses "ennemis".

Kandrasiens,

Je tiens à préciser que votre sens d l'honneur est louable et j'estime cela plus que nécessaire que de telles valeurs reviennent dans cette contrée qui eut par le passé et il n'y a guère si longtemps que cela usé de valeurs toutes autres.

Je reconnais bien là des dirigeants bien plus honorables que les précédents...

Il fit une pause et ne sembla point sourire ou aimer ce qu'il disait.

Rappelons bien qu'Orcum a aidé la Kandrasie par le passé et qu'une simple encartade mena le Grand Tiram a être enfermé dans les geôles de nos amis pour ensuite être livré aux rustres Fironkois. Pour quelle raison ?

Nous n'allons pas débattre ici même du pourquoi de la chose, mais certains ont agi avec dévotion et sans réfléchir et tout comme vous l'auriez sûrement eu, certains allèrent à l'encontre de ce que la sagesse et la gouvernance de la Triade aurait imposé.

Nul doute que si un dirigeant se faisait emprisonné chez des amis de surcroît l'incompréhension mènerait à des dérapages de certains "loyaux sujets".

Je déplore les actes passés. Je déplore la mort des ambassadeurs. Déplorer pourtant ne répare point le passé... Qui a fauté ? Les Orcumiens sûrement... Mais qu'attendre d'amis lorsque nous menons des relations plus que cordiales depuis des dizaines d'années.

Il regarda droit dans les yeux la tribune à ce moment là et ne feignit aucunement son incompréhension.

Ce que je ne comprends pas néanmoins, c'est le fait que vous ne cessez de nous renvoyer la balle, ne vous présentant aucunement...

En parlant du premier à avoir pris la parole.

... et en vociférant en défendant un peuple qui ne jure plus que par une culture et des valeurs qui sont loin d'être les vôtres.

Veuillez me pardonner l'impotence de mes propose, mais vos alliés sont des guerriers sanguinaires, prônant un esclave fraternel de masse et de pillage à outrance dans une contrée suffisant par l'on ne sait quel miracle à nourrir les Salamandres et faire périr ses paysans.

Vous témoignez tant de parti pris ici que vous en oubliez le réel visage de vos alliés.

Orcum a fauté, Orcum ne peut réparer. Pourtant nous faisons au mieux pour faire comprendre que le fauteur est arrêté et que nous avons immédiatement fait en sorte que la chose ne se reproduise pas.

Il s'arrêta comme dépité par la situation qu'il tentait de rattraper alors même qu'il disait la vérité aux yeux de tous.

Défendez les sanguinaires Fironkois, défendez le contresens et l'immoral face au Panthéon de la Kandrasie, mais sachez que l'erreur peut être réciproque.

Le Grand Tiram est mort. La délégation envoyée pour vérifier son état fut décimée, le Prince L'Ham disparu, une missive parlant de vols au sein même de Yawni. Un mensonge tellement effarant, une bêtise tellement sournoise et cruelle que nous ne pouvions que réagir. Mon Prince, le Jadïadah, demanda des nouvelles du Prince L'Ham et il était comme mort dans la réponse sèche du seigneur Garwan. Mais la mascarade n'a que trop duré.

Orcum a agi pour faire valoir sa voix dans Retrahant, pour redorer un blason qui autrefois brillait aux côtés de ses alliés. Orcum n'a pu faire face aux hordes d'esclaves et guerriers Salamandres...

J'aurais espéré que mon Prince puisse libérer quelques survivants, mais ils étaient sûrement tous déjà morts, décapités et les membres utilisés comme cavalier de danse comme ce fut le cas auparavant...

Il sembla pris d'un écoeurement dû à la tristesse. L'Ham avait été un homme important à Yshlé Lohas, un diplomate et un guerrier hors pair.

Faîtes la différence entre Siâle, les Hauts plateaux et la Souhnak. Faîtes la différence entre le Piedmont et Terresdieu. Nous ne sommes pas ici pour attiser la colère de la Kandrasie, mais pour faire savoir à l'Assemblée qu'Orcum a libéré des centaines, des milliers de Fironkois, ceux-ci asservis par la cruauté et la pauvreté. Nous ne forçâmes personne à venir avec nous ou à partir...

Il salua l’Aevenspir et se recula de quelques pas...

"Tout comme seul le Commandant Garwan menaçait le Siâle, si vous me permettez l'expression. Cessez donc de brandir votre neutralité et vos voeux d'amour et de paix quand ceux-ci vous arrangent, mon bon ami."

Puis, au nouvel ambassadeur Orcumien.

"Bah ! Orcum aida Kandrasie par le passé ? Citez moi donc cette aide ? Orcum a largement plus profité de l'entente qui fut cordiale entre nos deux nations, et non nous. Et contre quoi ? Vous sentez-vous obligés de brandir cet argument à chacune de nos entrevues ? Sachez juste pour, pour la énième fois, Fironk n'est pas notre allié. Mais nous savons reconnaître quand quelqu'un est en tord.

Vous qui vantez tant la fameuse aide Orcumienne à Kandrasie... Ou était-elle, lorsque Kandrasie ployait sous le poids des Arkspel ?"

Il marqua une pause, et reprit.

"Pourquoi faire une différence entre le Piedmont et Terresdieu ? Ces terres appartiennent à la couronne Beilane, n'est ce pas ? Tout comme Le Siâle et la Souhnak appartiennent à Orcum. Non ? Dans ce cas, vous nous voyez contrit de voir que vous n'êtes point capable de tenir un royaume en un seul tout."

Il fixa le diplomate.

"Non, votre poudre aux yeux ne nous aveugle pas. Vous agitez des tissus de mensonges devant nos yeux pour masquer votre vilénie. Orcum n'a jamais rien honoré d'autre que sa propre sécurité, allant jusqu'à renier sa dignité pour se faire. Elle profita de Kandrasie et l'abandonna à son sort face aux Arkspel, et j'en passe. Et voila qu'un de ces dirigeants fous exécute nos ambassadeurs et nos gens en ses terres, et tout ce que vous semblez dire, c'est que l'avoir écarté du pouvoir efface tout cela ? Il vous en a fallu moins que cela pour vous lancer à l'assaut de Fironk. Restez constant. Nous, Kandrasiens, vous que nous bafouez en ce moment même, avons assez d'honneur pour avoir voulu négocier avec vous, pour vous avoir mis en garde et pour refuser un combat inégal. Je ne pense pas que vous en auriez fait autant."

Enfin, il le regarda une dernière fois et, le bras tendu vers lui, lui lança impérieusement.

"Faites la différence entre les Arkspel, qui nous firent subir les pires outrages et que vous avez conforté dans leur position, et nous, les vrais Kandrasiens qui l'avons reversé malgré votre appui contraire."

"Kandrasien, si vous jugez ne pas avoir été suffisament payés par les Orcumiens contre la faute qu'ils vous auraient infligés... Alors je ne vous comprends plus. Ils ont, en capturant le fautif, fait ce que vous avez fait en capturant celui qui fut leur Grand Tiram. mais peut-être que ce qui est honorable chez vous est ignoble chez vos adversaires, quand ils vous font justice ?"

La Karsper haussa dédaigneusement les épaules.

"Peut-être aussi vous fournirez-vous la tête du "seigneur" Argan qui revint, contre les ordres du régent Alanor, en nos terres déjà vaincues pour y asservir les survivants et piller les reconstructeurs. C'est apparement ainsi que vous procédez, ainsi que procède votre logique toute Kandrasienne. Vous ne m'en voudrez pas de vouloir me plier à vos coutumes pour vous demander justice, honorables Kandrasiens..."

Leevirnia marqua une nouvelle pause et soupira.

"Vos, je dis bien vos Arkspels et vos régents actuels, après tout, apartiennent au même royaume tout comme le Piedmont et le Delta appartiennent au royaume de l'Elbre. Surtout que toutes ces dynasties se sont dites garantes d'un honneur dont nul Retrane, de mémoire, n'en vit jamais la moindre once."

Voilà qu'il est mal d'essayer d'éviter un conflit entre le Siâle et la Kandrasie. Peu importe...

Par contre, j'ignorais que nous avions décapité votre régent pour que vous puissiez affirmer qu'il nous en a fallu moins que cela pour nous lancer à l'assaut de Fironk.

Pour conclure, en effet, Orcum n'a plus de dirigeant qui contrôle l'ensemble du territoire. Le Siâle et la Souhnak sont deux régions indépendantes au sein d'Orcum. Vous voyez cela comme une faiblesse et un échec à maintenir un Royaume. Nous avons forcément une autre interprêtation, car sinon nous serions sous le joug des siâliens. Les Siâliens doivent avoir moins de volonté hégénomique que les kandrasiens

Il soupira...

C'est là que je me permets de reprendre vos dires.

Orcum a passé une période de problèmes internes. Une période où les peuples d'Orcum s'entredéchiraient.
Pourtant les navires fournissaient toujours soies et orges aux contrées Kandrasiennes alors même que nous en avions besoin pour nos armées.

Mensonges que sont mes paroles ? Mais j'attends que vous me parliez de ces mensonges, Intendant.

Je n'ai fait que relater la vérité et tenter d'éclaircir une situation que vous n'avez pas pu voir de vos yeux et qui est partie sur un malentendu et après un seigneur inconnu qui propose la vie du Grand Tiram contre une pierre oubliée et impossible à trouver depuis des siècles.

Nous sommes partis à Fironk suite à la mort d'un de nos êtres chers, un maître de la Triade, le Grand Tiram Rewal Rem'Orcum et la mort d'un Prince de la Souhnak, les rafles sur notre territoire de la part de Salamandres. Ceci est bien peu pour vous... ah.

Il marqua une pause...

Je reste constant autant que je le peux Intendant. Mais devant des accusations de mensonges alors même que nous souhaitons éviter que Retrahant plonge dans une bain de sang inutile.

Nous avons répété que la faute était grande. Nous avons comme l'a dit notre homologue Aevenspeer vient de le souligner, fait comme vous la Kandrasie et Orcum l'ont souhaité. Châtié l'Oblath Abu.

Pensif suite aux dernières paroles des ambassadeurs de la Souhnak, le représentant Kandrasien se pencha à nouveau vers son Régent et lui souffla quelques mots.

"Monseigneur, à les écouter, seul le Siâle s'avère coupable du massacre qui fut fait en Orcum. Or, à les écouter encore, le Siâle et la Souhnak sont deux territoires indépendants. En nous fiant toujours à leurs dires, les troupes orcumiennes qui furent présentes en Empersiste, et dont nous ne pûment identifier les bannières proviendraient du Siâle, encore. De fait, si tout cela s'avère véritable, la Souhnak est donc totalement innocente et ne pourrait subir la juste colère de Kara. Je préconise donc à monseigneur de préciser sa dernière déclaration et de ne considérer Kandrasie en guerre seulement contre le Siâle. Après tout - en suivant cette logique qui, bien qu'étant la leur, me paraît étrange aux vues de la cohésion qui régit nos terres mais qui n'est pas compatibles chez eux - cela peut être vrai.

Je ne pense pas que nous puissions prendre le risque de châtier des innocents, monseigneur Dinivan.

Cela veut aussi dire qu'il nous faudrait nous excuser de nos remarques envers la Souhnak, ce qui, à mon avis, n'est qu'un signe de compréhension. Qu'en pensez vous ?"

Un prêtre d'Erelian se leva a ce moment là et dit avec un rictus haineux au visage :

"Moi, Frère Enguerrand, frère Inquisiteur, j'en pense qu'il faudrait pacifier les territoires de ces barbares…Ils pourraient voir plus clair après. Savez vous que nous avons des méthodes tout à fait spéciales pour eux ?

Et je ne parle pas de ces pauvres Orcumiens, qui finalement se sont laissés berner par leurs chefs. Ils sont plus à plaindre je pense et nous pourrions les aider à revenir dans le droit chemin de la lumière.

Non je parle de ces chiens d'Aevenspeers qui aboient encore alors qu'ils feraient mieux de se taire !!!"

Il pointa du doigt la femme Aevenspeer

"Et toi, femelle !!! Œuvre de Thane !!! Sache que le bon chevalier Argan a fait ce qui était juste. Et prie tes Dieux que cela soit Argan qui soit venu plutôt que nous. Car si l'Ordre était venu au lieu de chercher des traîtres dans son propre pays (il eu une grimace de dégout), Eskadner serait au mains de l'Ordre et Aevenspeer en train de brûler afin d'expier toutes ses fautes pour les siècles passés. Vous pouvez remercier notre défunt Alanor qui ne voulu pas que nous annexions votre pays. Ce qui aurait été que justice après tout".

Il se rassit, ravi d'avoir envenimer la situation, et parla tout bas afin que seuls les Kandrasiens l'entendent

"Après tout, ils sont tous des barbares. Nous aurions dû nous en occuper nous-mêmes… L'Ordre la prochaine fois n'écoutera qu'Erelian, vous pouvez en être certain…"

Courroucé, l'ambassadeur se releva vivement. Cet imbécile était en train de ruiner toutes possibilités diplomatiques.

"Taisez-vous, prêtre ! Vos manières sont dignes d'un Reism et votre verbe ne vaut pas mieux ! Servez-vous de votre tête plutot que de vos bras pour analyser la situation, que diable ! Le Sire Argan n'as pas été un bon chevalier. Il a désobéi aux ordres de son Régent et a mené sa vandetta seule. Et de fait, il fut puni pour ses actes. Ne revenez pas là dessus, et votre avis contraire sur la question nous indiffère.

L'Ordre écoutera la parole du Régent avant celle d'Erelian, car le Régent est représentant sur Retrahant du Panthéon, rentrez-vous cela dans le crâne ! Vos manigances politiques et vos besoins expentionnistes ne commenceront pas aujourd'hui. Maintenant taisez-vous, vos paroles ne vallent guère mieux que celle de la Karspa d'Aevenspir."

Voila que ce prêtre de l'Ordre venait à négliger ouvertement le pouvoir du Régent de Kandrasie, quel comble ! Que faisait-il de l'engagement qu'il avait prit envers la couronne ? Le Régent Dinivan se devrait de les surveiller s'il ne voulait pas que la félonie s'installe en Kandrasie.

Se tournant vers l'Inquisiteur Kandrasien.

"Mais j'en suis convaincue, Sieur Enguerrand. Tout autant que je suis convaincue de mon statut de femelle Thanéite, ce qui vous permet aisément de pallier les lacunes de votre soi-disant honneur qui vous forcerait à me montrer un minimum de respect. Et puis, après tout, nous sommes habitués, nous autres "chiens" d'Aevenspir, à voir vos divers religieux nous considérer comme démons, puis comme humains, puis comme démons à nouveau..."

La Karsper haussa les épaules et se rassit.

"Cependant, si vous me permettez, le seigneur Argan n'a pas fait son devoir puisqu'il a désobéi aux ordres de son régent, feu le seigneur Calmanan, que vous semblez pourtant respecter... Le respect Kandrasien n'est pas unique, semblerait-il, tout autant que votre honneur est trouble."

Enfin, la jeune femme s'adressa à l'ambassadeur Kandrasien, qui venait de reprendre son compatriote avec fermeté.

"Continuez à tous vous contredire, Kandrasiens, mais comme vous l'avez annoncé, ce prêtre comme vous appartenez au même pays. Devons-nous en conclure que vous n'êtes que des barbares, où prévaut la voix de celui qui beugle le plus fort ? Je pense que non. Vous n'êtes pas de sauvages barbares, Kandrasiens, dont l'état amène toujours à la franchise la plus pure. Vous êtes de ces êtres intelligents qui usent de sournoiserie en s'en cachant. De tous les peuples de Retrahant, vous avez, jusqu'à présent, fait preuve de plus de brutalité que les fiers Fironkois, de plus de fourberie que les craints Graméens, de plus de foi aveugle que les pieux Gaediens, de plus d'attrait pour l'argent que les mercenaires Aevenspeers... Félicitation, Kandrasiens, vous êtes la lie de cette terre. Je plains vos alliés Fironkois, leur peuple passe pour être sauvage et arriéré tandis que vous êtes visiblement les moins pacifiques de tous."

L'ambassadeur se contenta de ces quelques mots.

"Le dégoût que je ressens pour vous et votre peuple est en tout point égal au fiel que vous déversez sur ma patrie, Karsper. Je vois que la libération de notre royaume et sa juste vengeance vous est resté en travers de la gorge. Rien que cela peut nous souffir dans notre contentement.

Plus fourbe que des Graméens ? Certes, nous fûmes trahis par des Gaediens. Plus avides que des Aevenspeers ? Certes, nous gardâmes nos frontières et n'asservirent point vos contrées barbares. Plus brutaux que des Fironkois ? Votre peuple reconnait donc autre chose que cela ? Et enfin plus pieux que les Gaediens, qui brûlèrent par trois fois la Gramée pour des préjugés religieux et... Pour l'argent ?

Félicitations, Karsper, vous êtes la personne la moins renseignée de Retrahant, ou alors celle de plus mauvaise foi."