Guerre Fironk/Souhnak

"Le fait que des Gaediens vous aient trahis ne veut pas dire que vous ne soyiez pas fourbe non plus, Ambassadeur. La fourberie ne passe pas que par la trahison la plus simple et la plus purement militaire, mais aussi par des manoeuvres politiques comme, par exemple, celle de votre Régent, interdisant à un pays faible, Orcum, le soutien de potentiel alliés. Oh, vous me direz bien que vousn 'empêchez personne d'intervenir... Vous vous contentez de menacer les gens de vos armées, comme les brutes que vous ne seriez pas, d'après vos propos."

La Karsper marqua une pause.

"Votre avidité existe bel et bien, Ambassadeur. Quand vos troupes dévastèrent l'Aevenspir pour des raisons que vous jugez idiotes quand elles s'appliquent à vous, c'était bien pour le pillage. Quand Argan et son allié revinrent, il en était de même. Et que dire du Tiram d'Orcum que vous avez vendu aux Fironkois contre menue monnaie ?"

"Enfin, votre foi aveugle me semble bien démontrée par le frère Enguerrand ici présent. C'est en votre sein que ce poison produit ses effets, et vous le savez vous-même, qui ne pouvez parvenir à un avis conforme à celui de l'Ordre d'Erelian."

"...Mais peut-être Erelian est-il devenu un dieu mineur, oublié, impotent de votre panthéon. Vous saurez surement éclairer ma lanterne, Ambassadeur."

Exaspéré et remonté devant le blasphème de l'Aevenspir, l'ambassadeur décida de terminer ces échanges stériles.

"Devant votre aveuglement, vos viles procédés et vos piques sans autre but que de tenter de nous entâcher, ce que votre peuple se contente de faire depuis la création, je ne puis que rester sourd. Continuez à agiter les bras et à crier de votre voix de pie, Kandrasie restera sourd à ces mensonges et ces vilénies.

Pendant que vous tentez vainement ne vous attaquer à nous, je me permets de vous rappeller que le sujet initial concerne Fironk et Orcum. De fait, je me permets une nouvelle fois de signaler à mon Régent mon avis personnel que je lui ai énnoncé, et de prendre congé."

L'ambassadeur se leva et sortit, après quelques mots glissés à l'oreille de son Régent.

"Il est intéressant, Ambassadeur, de vous voir ainsi quitter un champ de bataille en invoquant les valeurs Kandrasiennes. Tout comme il est inutile de nous annoncer à tous que vous allez "répeter à votre régent vos conseils". Nous voilà tous bien avancés, et comme vous le faites si bien remarquer, les deux principaux concernés doivent se trouver fort éclairés de vos lumières. Le problème est la déclaration de votre régent, injustifiée, déshonorable et plongeant Orcum dans une guerre sans soutien, tandis que Fironk voit ses arrières protégés par votre puissance militaire."

Moi un Reism ? Tenez votre langue Ambassadeur, car il se pourrait que l'inquisition la brûle… Nul est au dessus des Dieux. Nous croyons en notre régent mais encore plus aux Divins.

Alors regardez plutôt où sont vos ennemis, ils ne sont pas en Kandrasie mais devant vous dans les tribunes des sauvages paiens…

Vous n'avez pas entendu cette femme ? elle se prétend elle-même Thaneite !!! Par les Dieux n'y a-t-il que des faibles en Kandrasie pour ne pas voir la vérité ? Ou alors avez-vous peur de cette dernière…

Laisserez vous faire des moines plutôt que nos vaillants et honorables chevaliers ?

Et toi femme, cesse de parler de notre Dieu comme cela sinon tu verras ta belle et douce peau bruler sur un bucher."

Se tournant vers l'Ambassadeur qui partait
"Au lieu de fuir, vous devriez faire le necessaire très vite Ambassadeur car là je crains que la guerre recommence très vite en Aevenspeer…"

L'ambassadeur se contenta de lâcher à la volée.

"Le nécessaire consisterait à éradiquer votre Ordre de notre beau Royaume..."

Et il franchit les portes de l'assemblée.

Se tournant vers le frère Enguerrand.

"Merci, sieur Enguerrand, de confirmer ainsi mes dires sur la foi aveugle des Kandrasiens. Je puis même vous assurer que je suis doublement Thanéite, puisque fille d'une démone Maakan et d'un Gaedien dont je n'ai pas gardé la religion mais bien le sang. Voilà sans doute pourquoi je mérite vos bûchers plus que tout, Erelianobio."

Interpellant l'ambassadeur qui partait.

"Voici donc, Ambassadeur, la face de votre Kandrasie. Un pays ou le plus fort se voit donner raison mais où la raison ne consiste souvent qu'en une utilisation de la force. Si c'est ainsi que sont prises vos décisions, alors je crains que nous ne revoyions trop vite sur un champ de bataille."

le prêtre se leva menacant, prit son marteau et suivi l'ambassadeur

"Tout Prism que tu es, tu as eu tort de parler comme ceci de notre Ordre..."

Parlant de sorte que seul la tribune Kandrasienne puisse l'entendre, Le régent déclara :

Seigneurs, veuillez cesser de vous contredire devant cette assemblée ! Nous devons rester unis !

Regardant l'inquisiteur, ce dernier savait qu'ils n'en avaient pas terminé. Dinivan n'était pas le genre d'homme à tolérer l'insubordination et il le savait... Se levant, l'intendant Kandrasien prit la parole :

Je ne souhaîte aucun conflit avec l'Aevenspir. L'insulte qui fut faîte à notre peuple a depuis été lavée dans le sang et il n'est nul besoin de remettre celà. (Son regard noir ce posa une nouvelle fois sur l'inquisiteur belliqueux qui cheminait jusqu'à la sortie de la salle.)

Eclairé par les conseils de chacun j'admet avoir mal jugé une partie du peuple Orcumien. Je rectifie ma position initiale et espère que ces derniers ne me tiendront pas rigueur de mon erreur : votre système d'états indépendants n'est pas dans ma façon de voir les choses et m'a abusé. Je m'en excuse. Cependant, la guerre reste de mise avec le siâle.

Ce tournant vers la Karsper d'Aevenspir, dinivan poursuivit :

Je vous prie, ma dame, de ne point insulter Erelian, sans quoi vous m'en répondrez. Si vous estimez qu'Orcum mérite votre soutien arrêtez de parler et agissez ! La vérité est que vous nous gardez rancoeur de votre récente défaite. Vous nous donnez tous les défauts imaginables mais nous n'avons jamais déguisé nos intentions. Vous parlez d'honneur mais vous en ignorez le sens ! Le seigneur Argan ne m'a pas manqué de respect puisque je n'étais pas encore intendant. Ce dernier m'a juré allégence tout comme les autres seigneurs Kandrasiens, et la Kandrasie restera unie tant que je serai sur le trône.

Une délégation d'environ trois cent hommes s'en alla pour Ephyne. Des tumultes avaient éclaté à l'assemblée empersoise, se disait-on entre gens bien informés du monde extérieur. Aussi Garwän le brun décida-t-il d'y envoyer quelques diplomates et un bon ami à lui qui le servait dans sa garde personnelle.

Après quelques jours de voyage, ils arrivèrent à Ephyne. On y introduisit quelques-uns des représentants des Salamandres qui, lorsqu'ils virent les Orcumiens, se retinrent de rire comme de cracher. L'homme que l'on connaissait proche de Garwän parla.

"Je suis la voix de mon maître. Orcumiens, soyez bénis, dit-il. Car vous, guerriers sans peur, vous avez détruit la dernière cité qui s'opposait au grand Commandeur Grabonweek. Votre colère fut telle que vous décidâtes de vous abaisser à des pratiques de Diospyrs, esclavageant les moins bons des Fironkois. Grâce vous soit rendue ! (Les vieux Fironkois qui se trouvaient derrière lui n'arrivaient pas à retenir un sourire voire à masquer sous un toussotement un rire.)

Grâce vous soit rendu, hommes d'Orcum. Vous n'êtes pas seulement très courageux, vous êtes aussi généreux. Vous, homme valeureux, vous avez retenus vos armées vengeresses et épargné les guerriers de Börm. Nous vîmes bien que votre bonté ne résisterait pas à une seconde tentation, aussi vous mîtes-vous à courir loin des armées du Commandeur. Certains disent que vous avez fui comme des pleutres, mais cela sont des mauvaises langues. Non ! Si vous êtes partis si vite, c'est pour que vos armées ne se retournent pas et ne puissent vouloir nous balayer comme des fétus de paille !

Il a dû vous en coûter d'agir ainsi. Vous êtes revenus sans gloire, humiliés même. Là où vous deviez laver un honneur sali par l'échec, vous l'avez noyé dans l'opprobe. La honte est sur vous. Mais les Salamandres n'écoutent pas ces gens qui vous déclarent être des couards. Au contraire, en guise de reconnaissance, elles m'envoient vous apporter ce présent. (Il fit claquer ses doigts, et un hommes à l'air effacé apporta un gros cube scellé par des plaques de fer. Ce dernier posa le pesant fardeau aux pieds de la tribune d'Orcum.)

Il était dit, autrefois, que les Orcumiens étaient un peuple qui n'aimait pas les insultes et les fuyards. Que le monde sache à présent que cette réputation est erronée et que les Orcumiens, Siâliens comme Souhnakiens, aiment entendre les Fironkois les insulter sans vergogne, aiment fuir devant les soldats de Faörlihg. Qu'on se le dise, Orcum est le berceau d'une race qui ne sait racheter ni reprendre ses princes."

Une fois déclaration faite, le guerrier, s'en alla heureux de lui. Il n'écouta pas le reste de l'assemblée mais partit avec une part de la délégation. Sa destination était inconnue ; tout ce qu'on savait c'était qu'elle le menait ailleurs qu'à Ephyne.
Les diplomates prirent à leur tour la parole. Il fallait bien sauvegarder quelques apparences.

"Nous venons parler ici pour les Salamandres de Lihg, maîtres de Fironk.
Les accusations d'Orcum sont infondées. Jamais nous n'avons fait tuer la délégation du Prince L'Ham. Au contraire, nous lui avons offert le pain et le gîte, et celui-ci, en guise de remerciement, a été retrouvé à extorquer à un brave Fironkois ses montures. Cela ne peut être de la part d'un étranger. Aussi a-t-il goûté à la justice du Commandeur.

Je soulignerais le cynisme des paroles orcumiennes. Premièrement, le Siâle a suivi l'invasion qui a eu lieu contre Fironk. Ainsi, le Siâle lui aussi est lié à cette guerre. Secondement, notez que les diverses délégations que nous avons envoyés ne sont jamais revenues indemnes, pour la plupart. Je crois que vous prenez votre exemple pour notre exemple. Nous n'avons qu'à remarquer le sort de la délégation de Kandrasie ou la nôtre lorsque nous avons voulu débuté des négociations pour la libération du Grand Tiram du Siâle.

Enfin, nous n'en attendions pas moins d'un peuple de marchands. Il semblerait que vous préféreriez le lucre à l'honneur, le profit à la justice. Cela doit faire de nous des barbares, aussi nous vous présentons nos plus plates excuses."

Le même représentant prit la parole...

Fironkois soyez bénis,

Deratus ne fut point pillée ou asservie. Vous pourrez demander d'ailleurs à la population qui sembla étrangement rejoindre avec bienveillance les rangs des travailleurs des mines de souffres Fironkoises.

Les peuples de Deratus ont décidé de leur sort en se joignant à nous ou en restant dans la ville qui n'est plus... Mais pourquoi n'est elle plus ? Les Salamandres défendent vos frontières et les Orcumiens n'ont rapporté de Deratus que ses coffres, des peuples volontaires et non enchaînés et aussi la seule vérité qui soit en Retrahant : Fironk se pavoise dans la menterie depuis des saisons entières et ce depuis que votre divinité, Ligh, a instauré la "grandeur" de l'asservissement fraternelle.

L'homme faisait montre d'aisance dans ses mots, mais au fond de lui il rageait en se souvenant les rafles au sein même d'Orcum et aujourd'hui une Kandrasie protégeant un territoire décadent et sanguinaire.

Les délégations Fironkoises à Siâle subirent le sort que nous avons condamné par la suite. Celui de l'Oblath Abu et aussi l'impotence de vos envoyés, parlant de négocier la vie du Grand Tiram contre une pierre perdue depuis des siècles. Vous nous annonciez tout simplement la mort du Grand Tiram. Nous ne souhaitions pas la mort de cette délégation, quelques décisions trop rapides furent prises.

Il me semble que le Jadïadah Kenaha Harij a pris contact avec le seigneur Garwän à ce sujet...

Veuillez éviter de parler du Prince L'Ham comme d'un vulgaire voleur. C'était un Prince juste et son expérience en tant que diplomate l'empêchait d'être un vulgaire menteur, voleur ou extorqueur. Je soulignerais que la lettre envoyée au Prince Harij répondant à son inquiétude vis à vis du sort du Prince L'Ham ne sembla point correspondre à ce que vous dîtes ici même. Extorquer des montures ? Mais que le Souh'Yshmei soit contre nous, il en disposait d'une trentaine et d'un navire attendant son retour à niveau de l'Océan.

Maintenant si vous ne savez reconnaître la "victoire" devant Börm qu'en vous esclaffant pompeusement tel un enfant, je ne peux que refuser vos excuses.

Il demanda à ce que l'on ouvre la boîte de métal après avoir reçu l'aval de son supérieur.

Le diplomate voulut rétorquer quelque chose au représentant du Jadïadah, mais une estafette vint lui susurrer son message à l'oreille. Un grand sourire allongea le visage du vieillard, qui dit.

"Messires, je viens d'apprendre que les habitants d'Yshlé Lohas avaient pour la majeure partie embrassé le culte de Lihg et étaient en train d'ériger un temple en son honneur. Il semblerait que cet étrange événement vienne de la terrible tyrannie secrète qui dirigeait Yshlé Lohas et qui pesait par trop sur les gentils Souhnakiens. On vient aussi de m'informer que l'armada souhnakienne, en majeure partie Lihgoise, s'est détaché des deux chefs de la Souhnak et leur ont déclaré la guerre.

Que de drôles de choses, ma foi."

Le représentant écarquilla les yeux et cligna des yeux, craignat le pire. Il ne pouvait être au fait de la situation d'Orcum ni d'Yshlé Lohas à cette distance... Alors que le Fironkois peut être.

Qu'est ce que vous racontez ?

Les Rem'Yshmes n'ont aucuns dieux et seul Zanaryth reste dans le coeur de certains de nos plus anciens ou jeunes marchands. Pourquoi donc édifieraient ils des temples à Ligh à Yshlé Lohas ? Expliquez vous.

Un homme ouvrit la boîte... et...

La discussion depuis l’arrivée des fironkois lui semblait délirante.

Cependant, il prit la peine dans un premier temps de répondre au régent kandrasien.

Vos déclarations me conviennent. Il semble que la Souhnak ne puisse rien faire pour réconcilier le Siâle et votre territoire. Seule une discussion entre vos dirigeants pourront atténuer les tensions. Bien entendu, nous ne souhaitons pas que cela se termine dans un bain de sang…

Puis, il regarda avec mépris les fironkois.

Barbares, vous nagez en pleins délires. Je n’exclue pas la présence de sectes minoritaires ayant adopté votre dieu dans la Souhnak. L’absence de religion officielle favorise ce genre de chose, l’activité maritime également. Nous sommes d’ailleurs au courant de la présence de secte gaedienne à Takkel-Yshma que nous tentons d’ailleurs de canaliser. L’extermination, n’étant pas une bonne solution à nos yeux. Mais, les rem’yshmes sont fidèles à leur tradition où le SouhYshmei joue un rôle important ainsi que mon maître, l’Akathaïadah et dans une moindre mesure le Jadïadah, bien qu’à Yshlé Lohas ce dernier soit surement aussi respecté que mon maître.

Je vais revenir sur d’autres aspects de vos déclarations.

Pour vos délégations envoyées en Orcum, vos délégations furent malchanceuses et durent rencontrer quelques bandits dans le désert. Je me rappelle que l’Akathaïadah reccueuillit dans sa cité l’un des votres. Grace à nous, il eut la vie sauve. Pour notre délégation, l’absence de nouvelles et le cadeau consistant en la tête du Grand Tiram qui nous a été remis laisse penser qu’elle a été exterminée. Pour la délégation kandrasienne, nous venons d’en parler longuement et elle implique l’Oblath Abu.

Pour le comportement de nos armées à Fironk, les ordres de l’Akathaïadah à ses généraux étaient clairs, piller n’importe quelle ville fironkoise, mais limiter les pertes humaines de notre coté. J’avoue avoir été surpris que nous ayons pu faire tomber les portes de votre capitale. Les généraux ont bien fait d’éviter un combat qui anéantirait les troupes sous leur commandement sinon l’Akathaïadah les aurait tué de ses propres mains. D’ailleurs, en ce qui nous concerne cette campagne ne fut pas aussi catastrophique que vous le laissez entendre. Nous essayerons d’ailleurs de renouveler une telle expédition étant donné que les enceintes de vos cités ne sont pas protégées.

Pour la cité de Deratus, en ce qui concerne les généraux de l’Akathaïadah, n’importe quelle cité fironkoise se ressemble. Il est malheureux que nous ayons par malchance éliminer un des opposants au culte obscure propagé par Garwan. Ces mêmes généraux ne m’ont pas fait de rapport sur le comportement des habitants de cette ville. Pour tout vous avouer, l’Akathaïadah ne porte pas dans son cœur le peuple fironkois et vous considère tous comme des barbares qu’il faut exterminer. La plupart des rem’yshmes pensent d’ailleurs la même chose. Etrangement, le nouveau Grand Tiram pense que seuls les dirigeants sont responsables. Bref, contrairement aux dires de mon compatriote, je pense que, oui, nos armées ont massacré la population, ont pris des esclaves, violés des femmes… La guerre est la guerre. Le comportement des hommes de troupe est le même dans toutes les nations. C’est regrettable, mais c’est ainsi. Les ordres de l’Akathaïadah étaient limpides : piller, massacrer et prener des esclaves, les armées ont dû le faire…

Le vieillard leva les yeux au ciel. Enfin on lui envoyait une personne semblant dotée d'un minimum de sens commun. Avec l'autre qui nous parlait de gentils Fironkois qui les avaient suivi pour l'amour de la liberté... On nageait dans le n'importe quoi. Il se détourna donc de son premier interlocuteur et dit à l'autre.

"Oui, les Salamandres vous l'accordent : la guerre est la guerre. Nous sommes heureux de voir que la cour d'Orcum n'est pas seulement emplie de nobles pompeux refusant la négociation de leur seigneur ou encore de drôles voyant la guerre comme de gentils villageois sauvés par de gentils soldats... Il semble aussi y avoir des gens de bien qui ordonnent même à leur chirurgien de couper les langues des émissaires fironkois, pour la survie de ces derniers. Ma foi, il semblerait que nous ayons le choix entre l'orgueil, la candeur et la malhonnêteté. Mon maître m'exhorterait à choisir la malhonnêteté, qui est un défaut plus humain que les deux autres.

Pour ce qu'il en est de nos délires, apprenez, homme civilisé, que les Barbares eux-mêmes connaissent la gouaille et en sont dotés. Nous aimons, faut-il croire, rendre la pareille au sujet des hallucinations de vos diplomates.

Enfin, au sujet des négociations, vous semblez être en retard sur nous ; chez nous, lorsque le but à atteindre est crucial, nous laissons de côté notre arrogance et n'essayons pas vainement de berner l'autre partie. Cela est le fait d'Abu, me direz-vous, vous ne le souhaitiez pas, nous rétorquerez-vous. Il semble que vous êtes plus aptes à souhaiter qu'à mettre en oeuvre. Ces massacres de délégations venues apporter les messages ne font que le prouver. Comprenez à présent pourquoi nous vous offrons la tête du voleur L'Ham. Un homme qui ne peut pas négocier ou reprendre un otage ne vaut pas la peine que l'on se fatigue en envoyant des diplomates vers une destination dangereuse et sans réelle importance.

Ah ! Oui, encore une chose. Vous semblez disposer de plus de bon sens que cet homme-là (Il montre le diplomate de Kenaha d'un geste du menton.) mais vos idées manquent encore de cohérence. Vos maîtres ne croient pas en l'extermination, mais ils veulent quand même exterminer Fironk. Voilà qui manque de raison. Enfin, nous ne doutons pas de vous ni de votre volonté à appliquer vos projets, même si, au vu de votre dernière campagne, vous ne semblez pas encore capables de vaincre les Salamandres, et encore moins d'exterminer les barbares que nous sommes...

L'intendant d'Ephyne, dans la tribune empersoise, suivait les débats avec une curiosité discrète. Non que l'issue des joutes orales l'intéresse mais il pouvait se révéler important d'être au courant de ce qui se tramait de part les contrées de Retrahant. Et puis, tout ce qui touchait de près ou de loin aux kandrasiens ne pouvait que le faire tilter.

Il se pencha discrètement versla tribune orcumienne.

"Loin de moi l'idée de lancer un nouveau débat, celui-ci me semble déjà suffisament compliqué mais je crois qu'il faudra que nous parlions de vos déclarations. Vous parlez de la religion de Gaed comme d'une secte et ces propos sont intolérables, surtout à Ephyne. Nous sommes heureux que l'idée d'extermination n'est fait qu'effleurer votre esprit mais la présence dans Takkel-Yshma d'un courant gaedien, bien qu'une totale surprise pour moi, sera appuyée de toutes nos forces politiques et financières.

Je rejette entièrement votre terme de "neutraliser" nos idées et les valeurs de notre Guide. Si certains des votres ont ouvert les yeux vous devriez en faire de même et ne pas tenter de les leur arracher."

Et ainsi l'homme qui avait ouvert la boîte se recula d'un pas, en mettant son avant-bras sous son nez. Il était intrigué, mais n'aimait guère l'odeur qui se dégageait.

S'approchant, il maudit sa place de simple conseiller au représentant et sortit par les cheveux la tête de ce qui avait été autrefois L'Ham, le front entièrement cerné d'une brûlure purulente de moisissures et de cloques immondes, les yeux révulsés et la bouche pendante, les muscles relâchés et semblant inexistant... Tous purent voir la tête avant qu'il ne la lâche à l'intérieur de la boîte avec un craquement et un bruit sourd et gluant assez grossier.

Le représentant d'Yshlé Lohas se leva et pointa du doigt la tribune Fironkoise.

Vous n'êtes que des barbares sans cervelles ! Le Jadïadah et Orcum ne pourront tolérer que vous humiliez Yshlé Lohas et Orcum ainsi ! Le Prince L'Ham était un diplomate et non un extorqueur quelconque !

Il continua, tourné vers Fironk, mais parla pour la Kandrasie.

Voyez les méthodes des Salamandres que vous protégez. La moindre once de respect ou d'honneur sont perdus dés lors que l'on envoie une délégation pacifique souhaitant renouer et négocier pour la vie du Grand Tiram... Voilà ce qui revient à ceux qui souhaitaient éclairer le terrain d'entente avant toutes négociations comme Fironk l'avait imposé !

Il mordit sa lèvre inférieure. Alors que le goût du sang emplissait son être, il s'assit sous le poids d'un de ses compatriotes l'invitant à s'assoir.

Le rem'yshme voulait évacuer le fironkois afin de répondre à l'intendant empersosis. Il lui répondit donc en premier.

Nous ne croyons pas en l'extermination des résidents de notre cité qui ont adopté une religion qui est étrangère à Orcum ni même pratiqué en Orcum. Certains siâliens pratiquent leur religion et vivent à Takkel-Yshma librement.

Par contre, je confirme que l’Akathaïadah considère qu'un bon fironkois est un fironkois mort. Pour l'opération nécessitant l'ablation de la langue, cet homme était un de vos émissaires, il fallait donc le sauver d'une mort certaine. Il n'est pas coutume de tuer un émissaire en nos terres même si ce dernier est un barbare et qu'il la mérite. Et puis cela était avant l'escalade de vos méfaits qui nous a obligé à mener cette expédition en vos terres.

Bien entendu, nous n'avons pas les moyens de vaincre les salamandres, sinon il y a longtemps que la cité de votre maître aurait été assiégé et rasé, cela tombe sous le sens.

Concernant vos théories sur l'Ham, elles ne sont que mensonge et vous le savez. En bon barbare, vous les avez massacré comme vous avez décapité le Grand Tiram, à moins qu'il est perdu sa tête seul.

Il regarda le représentant du Jadïadah.

Cette boîte contient la tête du Prince l'Ham. Epargnez nous ce spectacle, je vous prie ne l'ouvrez pas et donner les restes de son corps au SouhYhsmei à moins que l’Akathaïadah veuille qu'il repose dans son mausolée.

Visiblement il ne fut pas assez rapide et secoua la tête de dépit avant de se retourner vers le fironkois

Les hommes du Jadïadah s'intéresse à votre peuple d'où ses propos. Nous ne comprenons d'ailleurs pas pourquoi. Nous n'avons aucun attrait pour la zoologie. Les singes ne sont pas présents en Orcum et nous ne tireront aucun bénéfice d'une telle étude.

Il marque une pause

Intendant empersois,

Je me suis mal exprimé, il me semble. Pour moi, le terme secte n'est pas péjoratif, mais il est possible que je me fourvoie. De plus, entendez canaliser au lieu de neutraliser. Nous craignons les extrémismes religions, donc lorsqu'un culte se propage à Takkel Yshma nous essayons d'en identifier les leaders de façon à avoir un dialogue avec eux. C'est la meilleure façon d'éviter les complots et de faire en sorte que notre culture soit respectée. Le culte est libre à Takkel Yshma tant que les valeurs fondatrices de notre civilisation sont respectées.

Concernant, les gaediens, bien que peu nombreux, nous pensions vous contacter afin qu'ils dépendent d'une autorité avec laquelle nous puissions dialoguer. Nous avions également pensé à ce courant gaedien au Beilan pour les prendre en charge...

"Que de bruit pour rien. Le Prince L'Ham a enfreint la loi du Commandeur sur ses terres. Nul n'est supérieur aux lois, surtout pas un étranger. Qu'on se le dise : si les Orcumiens coupent les langues des menteurs, les fils de Lihg décapitent les voleurs.

Notez que la tête est encore en bon état. Elle fut défaite du reste du corps après les attaques proférées par les Orcumiens. Quelqu'un dans cette pièce aurait-il accordé sa grâce au serviteur de ses ennemis ? Pas Grabonweek. Pas les Salamandres. Rappelez-vous, hommes du désert, que la pitié disparaît lors des guerres. Et sachez vous souvenir des paroles de votre comparse : la guerre n'est pas un beau poème. Pendant la guerre, on ne s'encombre pas de bouches inutiles."

Il se tourna ensuite vers le représentant de l'Akathaïadah, se caressant doucement son crâne rasé.

"Quelle humiliation ce doit être, pour un homme d'une nation policée tel que vous, que de ne pouvoir écraser de simples singes, aussi nombreux soient-ils.

Pour ce qui est des décapitations, nous ne goûtons pas au grain de sable. Aussi ne nous berçons-nous pas d'illusions sur la réalité. Des langues coupées pour sauver la vie à nos émissaires, une expédition engagée pour libérer de pauvres Fironkois qui travaillent à présent volontairement sur vos galères et dans vos mines... Pardonnez ce jeu de mots, mais toutes ces élucubrations expliquent pourquoi vos dirigeants perdent si facilement la tête."

Il se mit un sourire sinistrement, comme amusé par cet humour "barbare". Aussi cultivé que pouvait l'être un Fironkois, le vieillard repensa aux légendes des anciennes ères. Il était dit que les Barbares avaient écrasé les nations civilisées. Cette pensée fit frissonner d'amusement le diplomate.

Les dirigeants du Siâle pas de la Souhnak...

lança t'il avec un sourire.

J'avoue avoir une certaine frustration que mon peuple n'ait pas les moyens militaires nécessaires.

"Pardonnez, je ne savais pas que le titre de "prince" était purement honorifique en la Souhnak... Comme le dit votre homologue, quelle nation pompeuse sommes nous. Et j'avoue que mon peuple ressent une certaine jubilation à tenir les vantards que sont les Orcumiens en échec."