Pour la sauvegarde d'un royaume

Agenouillé devant un prêtre de d'Erus, Dinivan attendit que les prières sacrées soient prononcées. La bénédiction des dieux ne serait pas de refus pour le combat à venir. Une fois terminé, le prêtre saisit une flasque d'où sorti un épais liquide rouge. Il s'en servit pour tracer un symbole complexe sur l'avant bras gauche du régent. Cette marque était censée guider le bras de son porteur vers le coeur de ses ennemis.Pendant que le prêtre faisait son office, Dinivan regarda au dehors. Il pleuvait, un orage débutait... cela n'augurait rien de bon...

Depuis l'arrestation du Haut-prêtre d'Erelian pour fanatisme, la révolte grondait dans les campagnes de Kandrasie. Ses partisans avaient propagé la pensée selon laquelle le régent avait perdu toute raison. La garde d'Elderine avait fort à faire pour contenir les mécontents, et pour couronner le tout, la guerre avec les Gaediens devenait inévitable.Certains fiera s'opposaient ouvertement au régent et un illuminé avait même attenté à sa vie.

Cette opposition d'idéaux avait atteint jusqu'aux seigneurs de Kandrasie. De toute évidence la guerre civile pouvait éclater d'un jour à l'autre. Guillemont avait lui aussi remarqué le danger que représentaient pareils affrontements. Décidant qu'il n'y avait d'autres moyens pour éviter ceci, le haut-prêtre et Dinivan avaient décidé de s'en remettre à la justice divine : un duel devait avoir lieu entre ses deux hommes et le vainqueur serait désigné par Erelian. Ainsi, le conflit entre Kandrasiens serait évité...

Le duel devait avoir lieu le jour même et l'orage grondant au dehors ne faisait qu'ajouter au malaise du régent. Une fois la cérémonie finie, Dinivan se rendit à son armurerie où son épée avait été aiguisée toute la nuit. Les deux adversaires avaient disposé de deux jours pour se préparer et ce délais arrivait à son terme... Lentement Dinivan se plaça au centre de la salle et laissa ses hommes l'aider à revêtir son armure... Celle-ci était ornée du symbole d'Elderine sur le torse : le poing fermé d'Erelianentouré de la couronne de lauriers des rois. De fines gravures en or faisaient étinceler l'objet à la lumière des torches. D'un geste il demanda à un jeune page de reposer son casque. Il tenait à voir son ennemi dans le blanc des yeux lors du combat à venir. On attacha sur son avant bras mutilé par la guerre contre Ephyne, son bouclier, s'assurant que les lanières ne céderaient pas. Sur l'écu, un jeune chevalier était représenté entrain de pourfendre un démon. Une fois mise l'armure ne semblait présenter aucune faille. Les articulations parfaitement huillées n'émettaient pas le moindre bruit lorsque le régent se déplaçait. Sortant son épée de son fourreau, Dinivan se délecta du bruit de cette dernière fendant l'air. La lame était parfaitement équilibrée et la garde était sertie de joyaux. Rengainant son arme Dinivan regagna ses appartements. Il ne partirait pas avant d'avoir fait ses adieux à sa femme et son neveu. Après tout, c'est pour eux qu'il allait riquer sa vie aujourd'hui... Il était impératif de sauvegarder le royaume en prévision du jour où Elian prendrait la suite. Il espérait que son neveu n'aurait jamais à avoir à faire de telles choses...

Le haut prêtre regardait par la fenêtre l'orage. Il se parla tout bas à lui même.

"L'orage, c'est un signe des Dieux; Erelian sera avec moi. Il frappera ce jeune coq et je pourfendrais moi même sa femme..."
Il ricana
"Et tous imploreront mon pardon par la peur du courroux d'Erelian. Le grand Inquisiteur Shaab fera bruler les impies et nous partiront ensuite en croisade contre les infidèles. Et je me proclamerais moi même patriarche..."
Il ricana une nouvelle fois
"Pauvres petits chevaliers, pauvres petits êtres sans cervelle. Vous allez comprendre ce que veux dire le mot pouvoir lorsque je serais à Elderine. Vous comprendrez quand le régent sera écrasé et que sa femme impie sera brulée."

Un éclair zebra le ciel. le haut prêtre eu un rictus de haine.
Il s'équipa de sa cotte de maille et pris son marteau.

Il franchit la porte et dit aux gardes qui l'attendaient
"Allons messieurs, je suis prêt."

Une fois ses adieux fait, Dinivan prit le chemin de la place d'Elderine. C'est là-bas, sous le regard de la population, que le combat aurait lieu. Tout en marchant et en faisant signe à la populace, il murmura à l'oreille de son ami d'enfance et bras droit, le nom de son éventuel sucesseur. Elian demeurait trop jeune pour prendre la suite.

Arrivant sur les lieux, le régent pu voir que son adversaire était déjà là. Des tribunes avaient été dressé à la hâte et la pluie battante ne dissuadée pas le peuple de se masser autour du lieu d'affrontement.

La foule s'ouvrit sur le passage des deux combattants, qui se placèrent face à face à l'intérieur du cercle de combat. Un jeune page vint débarasser son maître de son manteau bleu nuit. Le prêtre tenait déjà son marteau à la main et un large sourire fendait son visage. Tirant son épée, Dinivan approcha. Les hurlements d'encouragement de la foule ne permettaient pas d'entendre le crieur censé annoncer le début du combat.

Dévisageant son ennemi, Dinivan pointa son épée dans sa direction tandis que son regard s'enflammait. "Nulle victoire ne t'honnorera aujourd'hui ! Seul l'étreinte de la mort t'attends !"

Rouge de rage, ce dernier fit rouler ses muscles imposants avant d'annoncer qu'après le régent viendrait le tour de sa femme. Dans un hurlement de colère, les deux hommes chargèrent. Au même instant un éclair illumina la scène.

La rapidité et l'agilité du haut-prêtre surprenait chez un homme de sa carrure. Son poing toucha le régent à l'épaule qui accompagna sa chute d'une roulade. Il bondit, épée en main et ferailla d'abondance pour maintenir son adversaire à l'allonge impressionnante en arrière. Sans trahir la moindre fatigue, Guillemont revint à la charge avec une série de feintes précédant une frappe. S'il avait fait mouche, Dinivan aurait eu le crâne réduit en boullie. Il para sans mal l'attaque suivante feinta et attaqua avec une rage renouvelée, faisant décrire à son épée des angles impossible, opposant à son ennemi un assaut implacable.

Forcé de reculer, le haut-prêtre se laissa tomber au sol et d'un revers de marteau faucha le pied de son adversaire le faisant tomber à son tour. Saisissant son adversaire Guillemont se releva et chercha à le comprimer entre sa poitrine et le manche de son arme. Frappant du pied dans le genou du prêtre, Dinivan le fît lacher prise. D'un puissant coup ce dernier dévia la lame du régent avant de froler son épaule arrachant le métal et entammant la peau de son adversaire.

"A moi le premier sang régent !" s'exclama le prêtre avec un sourire...

Des cris de stupeur étaient partis de la foule lorsque le marteau avait frappé le Régent.

Dinivan ne broncha pas et serra les dents malgré la douleur à l'épaule. En face de lui, le Haut prêtre avait du mal à maitriser sa joie. Il lu vraiment pour la première fois dans les yeux du prêtre, la folie. Cet homme était fou à lier. Son extremisme l'avait rendu paranoiaque et la folie s'était peu à peu emparée de lui.

Il su à cet instant que ce combat serait à mort, même blessé le Haut Prêtre ne demanderait jamais grace et en retour il n'accorderait pas la grace à son adversaire. Le régent serra fort son épée et repartit à ferailler de plus belle. Les coups pleuvaient en direction de Guillemont qui s'écartait à chaque fois ou parait avec son maillet.
Attaques… Contre attaques et ensuite ripostes. Les 2 hommes étaient désormais seuls. Plus rien n'existait pour eux que leur adversaire respectif. La foule n'avait jamais vu pareil duel depuis des années. Personne n'osait parler et les gens ne pouvaient détacher leur regard des deux duellistes.

Un autre éclair zebra le ciel et le tonnerre gronda comme jamais. C'est à cet instant que Guillemont choisi pour se ruer sur le Régent afin de lui porter le coup décisif.
"Meurs !!!!! Par Erelian !!!!"
L'immense marteau ne trouva pas sa cible. D'un mouvement tournant, Dinivan esquiva rapidement le coup et porta un coup circulaire avec son épée touchant le Haut Prêtre. La lame éventra Guillemont de gauche à droite. Les mailles métalliques éclatèrent et l'acier rentra dans la chair.

Des cris partirent une nouvelle fois de la foule.

Le Haut Prêtre regarda son ventre où le sang coulait. Comprimant la blessure avec sa main, il gardait le marteau avec son autre main. Il avait le gout du sang dans la bouche, son sang… le monde tournait autour de lui, il ferma les yeux et les rouvrit afin de combattre son adversaire.
"Il semblerait que vous m'ayez égratigné…" Il toussa et cracha du sang. "Vous allez payer Régent"

Sarah n'avait pas voulu assister au combat. Elle detestait la violence. De plus, l'homme qui était en train de se battre était son mari. L'autre, un prêtre qui lui vouait une haine qu'elle ne comprenait pas.
Elle regarda par la fenêtre afin de regarder la pluie tomber. Elle entendit la deuxième clameur et fondit en sanglots.

Fou de rage, Guillemont reprit son assaut. Abandonnant toute finesse, ce dernier laissa libre cours à sa fureur. Son marteau décrivait des arcs de cercle destructeurs. Abassourdie, la foule ne pouvait croire que l'homme trouve encore la volonté de combattre malgrés sa blessure. Reculant, Dinivan parait les attaques de son adversaire tout en lui suppliant de se rendre.

Un coup brutal fut arrêté in extremis par le bouclier du régent dont les lanières cédèrent sous l'impact. Sans protection, Dinivan n'avait aucune chance. Il fallait trouver une issue rapide à cet affrontement...

Les yeux exorbités le haut-prêtre, autrefois modèle pour tous, hurla le nom d'Erelian tout en chargeant, résolu à en finir. Allant à la rencontre de son adversaire, Dinivan fît mine de trébucher laissant son buste sans protection. Rapide comme l'éclair Guillemont se rua dans la faille de la défense adverse. Tout aussi rapide, le régent pivota au denier instant, évitant le coup et faisant décrire à son arme un nouvel arc mortel.

Après quelques pas, le haut-prêtre s'immobilisa. Pendant un instant la scène sembla s'être figée... Après un instant qui sembla interminable, un éclair illumina les lieux, révélant aux regards une entaille sanglante au cou du colosse. Ce dernier lança un regard étonné au régent qui reprenait son souffle. Lentement, il s'affaissa. Toute vie avait quitté ses yeux. Fauché par la mort, le haut-prêtre d'Erelian n'était plus.

Petit à petit, des hurlements de joie et de félicitation envahir les lieux. Sans un sourire, Dinivan rengaina son arme. Il lui répugnait d'avoir fait celà mais il n'y avait pas d'autres solutions... Rapidement, ses médecins envahir les lieux afin d'examiner l'intendant Kandrasien. Les repoussants, Dinivan demanda un cheval. Il ne désirait qu'une chose : revoir sa femme et son neveu qu'il considérait comme son fils. Pour l'instant rien d'autre n'avait d'importance.

Sous les acclamations de la foule, le régent se dirigea vers son palais laissant les prêtres s'occuper de la dépouille de Guillemont...