Le règne de Dylan Selden aura été un tournant dans l'histoire d'Ephyne la Belle. Les précédents intendants, fils d'une lignée au nom longtemps méprisé et haï avaient savouré leur puissance et leur pouvoir, dégusté l’enivrante sensation de s’asseoir sur le trône de l’Empersiste et de siéger à la tribune de l’Assemblée. Le Haut Archevêque d’Ostombe, lui, trouvait le repos de son âme dans l’adoration de Gaed et la prière. On racontait que ses rêves n’étaient que des voyages vers le divin et qu’il parlait, dans ses songes aux anciens prophètes et guides du monde gaedien mais tout cela n’était bien sûr qu’affabulation. Ce qui était certain c’était que le Haut Représentant de Gaed, intendant de la Belle et Grand Confesseur de l’Eglise lui aura donné une dimension, une rayonnance qu’elle n’avait jusqu’ici jamais égalée.
Le monde n’était probablement pas plus sûr ni plus juste qu’auparavant mais il était dans tous les cas plus pieu et le fanatisme qui régnait à cette époque en Empersiste témoignait de l’aura des prêtres, des confesseurs et des chapelains d’un territoire en pleine mouvance. Jamais avant tant de chapelles, d’églises ne s’étaient élevées et le peuple n’avait que rarement atteint de telles dimensions. Un peuple tourné vers les champs, les artisanats et vers la prière. Un peuple tourné vers les paroles d’Horacius premier prêtre de l’Ordre de Gaed, fondateur de l’écoute du divin et scribe de l’historie des premiers affrontements entre Méloï et les Justes.
Que retiendra-ton de ces quelques dix années de règne de l’Eglise ? La guerre qui aura duré quelques mois avec la Kandrasie ou les longues années de constructions qui auront façonné un nouveau visage à celle où tout a toujours recommencé, celle où tout recommencera toujours, la Belle, la gaedienne, la multiculturelle Ephyne. La grande œuvre de ces dernières années aura certainement été la cathédrale de Saint Horacius. Il s’agissait d’une volonté de Selden d’élever une signature derrière lui, une trace de son règne et de la dévotion qui accompagnait ses fidèles. Gaed méritait un sanctuaire à l’image de la puissance que ses fidèles avaient retrouvée pour Lui et pour ses valeurs. Une église, une cathédrale comme nulle autre, élevée au cœur même de la ville, prêt de l’Assemblée retrane, sur la Place du marché.
On y pénétrait par deux larges portes de quelques six mètres de hauteur sculptées dans un bois du Beilan : les Jumeaux d’Helkosis. Le bois formait de curieuses lézardes dessinant les images des attributs de la cathédrale qu’il protégeait : un aigle pour la puissance, , un sceptre pour la justice et un livre pour la foi. La structure qui entourait cette porte était taillée dans les pierres de l’Empersiste, ramenées par des esclaves des montagnes aevenspeer. On racontait que la cathédrale, à elle seule avait coûté plus en retrahs et en hommes que toutes les fortifications des seigneurs du territoire. L’œuvre était dédiée à Saint Horacius, sa vie défilant à l’intérieur du bâtiment sur les voûtes et piliers aux côtés de celles des autres saints, prophètes et guerriers saints ayant aidé à rendre le monde de Gaed si puissant, si juste et si pieu.
De l’extérieur d’Ephyne on pouvait déjà apercevoir la grandeur de la cathédrale qui dépassait toutes les autres constructions. Un aigle la survolant pourrait dévisager une structure en forme de triangle, trois branches sortant de chaque pointe du triangle pour former les ouvertures et points d’accès. Deux des points d’accès étaient inaccessibles de la simple population : l’un d’eux amenant aux quartiers des prêtres et officiels de l’Eglise, l’autre s’ouvrant sur les appartements du Haut Représentant de Gaed, parcourut uniquement par lui-même et gardé, à chaque extrémité par la Garde de Saint Horacius, troupes d’élite d’Ephyne. La dernière branche du triangle, probablement deux à trois fois plus large et plus longue que les deux autres se terminait par de hautes et lourdes portes, les jumeaux d’Helkosis.
Le point de croisement entre toutes ces portes formait le cœur de la cathédrale où se dressait l’autel ; autour de lui, quelques milliers de fidèles pouvaient aisément prendre place et suivre la messe tandis que l’intendant d’Ephyne prenait place sur un trône prêt de l’autel d’où il officiait lui-même à la cérémonie ou en laissait la charge à l’un de ses disciples. Au dessus de ce cœur, au centre du bâtiment, s’élevait la Tour des Sentinelles de Gaed, élevée au mérite et à la gloire de tous ceux qui étaient tombés sous les murs d’Elderine, qui étaient tombés sous ceux d’Ephyne à protéger les leurs. Un monument qui surplombait les environs et dépassait la plupart des bâtiments de la Belle. Il avait la particularité d’être creux et de ne s’asseoir que sur du vide, l’autel, le cœur de la structure qui voyait, à midi les jours de beau temps, des rayons de soleil éclairer le centre d’Ephyne, éclairer le centre de l’Emeprsiste, éclairer le centre du monde de Retrahant.
Ainsi avait été levée la Cathédrale de Saint Horacius, sur les lieux de l‘ancien lieu saint de pèlerinage d’Ephyne. Les catacombes regroupaient la plupart des reliques du monde de Retrahant et certains chuchotaient les bibliothèques secrètes de l’Eglise et de l’intendant, là où le monde tournerait à sa perte si les secrets en venaient à être dévoilés. Un édifice pour Gaed, pour la foi, la justice et la puissance, un lieu de prière pour les milliers de gaediens qui vivaient à la Belle, un lieu de pèlerinage pour els centaines de milleirs d’autres qui rêvaient de pouvoir, un jour, apercevoir la Tour des Sentinelles de Gaed, les Jumeaux d’Helkosis et le centre du monde de Retrahant, l’autel et le trône de l’intendant illuminé par la course du soleil, à Midi chaque jour ensoleillé.
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