Mémoires théologiques du Saint Ordre

Le Saint Ordre Apostolique de Gaed existait depuis près de 40 ans. Simple institution modeste lors de son soulèvement, peut être même arrogante, le Saint Ordre avait réussi à se consolider et se hisser au rang d’institution religieuse universelle faisant preuve d’autorité dans l’ordre gaedien. Au commencement, cette grossière organisation ne regroupait que de vulgaires fanatiques religieux voire de pauvres exilés souhaitant se faire oublier. Mais lentement le Saint Ordre gagna ses lettres de noblesse.

Il se renforça tout d’abord sur le plan de son organisation : le regroupement de quelques milliers d’hommes fit place à une structure extrêmement hiérarchisée accentuant par là même l’aspect militaire du Saint Ordre. Les Gardiens, Doyens ainsi que le Saint Patron firent leur apparition dans la scène religieuse quotidienne mais aussi au niveau de Retrahant. Le Saint Ordre était en ce temps mal perçu, de vulgaires militaires toutefois extraordinairement entraînés au combat ou plutôt à mourir. Puis arriva la première Croisade Sainte au côté d’autres gaediens révélant au grand jour la force du Saint Ordre aux yeux de tous.

À partir de là, l’ascension du Saint Ordre se fit plus virulente, les Chapitres se multiplièrent et l’institution se diversifia : la volonté de Croisade et la protection des valeurs gardiennes avaient accueilli de nouveaux frères au sein des Chapitres, les guerriers se faisaient plus rares. C’est ainsi qu’une élite gaedienne émergea, des lettrés travaillant sur les œuvres religieuses. Dans le sillon du Saint Ordre comme ordre militaire, ces lettrés visèrent la préservation des écrits saints.

L’association de ces hommes et la pression exercée sur le Saint Ordre aboutit à la reconnaissance de l’Académie du Saint Ordre. La forme militaire n’était plus exclusive. Le travail le plus connu de cette Académie sont les écrits orange, mais après cette genèse l’Aureus Corpus, les gardiens des écrits entreprirent de rassembler tous les écrits saints de Retrahant pour assurer leur pérennité.

Quelle était la nature de l’admirable connaissance de Delacroix ou Desmarais ou Demogui ? D’où provenait cette véritable sagesse, clef du savoir ? Cette dernière fut offerte aux Hommes par Gaed. Non pas à tous, mais ceux qui voulaient poursuivre l’œuvre de leur Père, dans le plus grand respect de son travail. Elle eut une efficacité d’autant plus profonde dans les cœurs de ceux à qui elle fut donnée, que ces cœurs étaient plus purs et plus accomplis que n’importe quels autres sur Terre. Car ce sont les cœurs les plus accomplis que l’Esprit choisit toujours pour hôte. Néanmoins, ce don divin offert par Gaed à ses Fils a t’il été totalement mis de côté par ceux-ci ? Si cette clé, soit par la jalousie des patriarches, des prophètes et des apôtres, soit plutôt à cause du mutisme gardé par les Hommes d’où qu’il vinrent, n’a pas été cachée et ensevelie dans l’oublie des entrailles de la Création, puisqu’il est dit qu’à l’origine, Gaed remplit la terre d’Esprits Saints devant faire le Bien à chaque occasion, car c'est dans ce but que le monde avait été créé, alors non, ce don existe toujours. Il fit accoucher la Sagesse ici-bas, pour que, dès son éveil, l’Homme travaillât sous sa direction à savoir ce qui serait agréable son Père.

Je me demande si aujourd’hui, on peut encore douter que cet Esprit soit resté avec quelques hommes choisis au cœur pur et fervent ? Peut-on penser que ceux qui jouissent de cet Esprit Saint puissent se tromper ? Car l’Esprit, de par sa présence, les conduit inévitablement dans la voie de la Vérité. Il n’est point d’exemple qu’il y ait eu un siècle où, parmi les ténèbres générales, il ne se soit pas trouvé quelques élus qui aient vu la lumière et possédé la connaissance. La Vérité elle-même nous a promis, que tout ce qui est caché serait tôt ou tard manifesté, que tout ce qui est occulte serait livré à la connaissance de tous.

La Vérité, est selon moi gardée par une élite, qui doit être révélée avant que les ténèbres viennent à nouveau couvrir notre monde, par la permission et la volonté de notre Père Créateur, Gaed, ainsi que l’ont -de tout temps- annoncé les prophètes et patriarches. Ainsi que Théophilius, qui prépara et annonça la venue de notre Père, ainsi l’élite en qui demeure l’Esprit, prépare l’avènement de la Vérité, car elle est la première aube qui précède l’aurore.

Pourtant je m’attriste. Les Hommes jouissent de divins trésors et son miséreux et étrangers pour le monde, car le monde ne connaît pas les fils de Gaed, et parce que les fils de Gaed ne connaissent pas leur monde.

Concluez donc avec moi, ô Hommes de ce monde qu’aveugle un nuage d’ignorance, que la vertu et l’Esprit Saint sont vraiment avec nous autres, Autorités Gaediennes et croyez que leur retraite est située ou aux frontières de ce lieu même de volupté terrestre où voisinent les nuages ou aux sommets de certains monts, très haut, suivant la volonté de Gaed tout Puissant et où les habitants respirent et dégustent un air très suave et très subtil ou souffle de la Pensée, ou les effluves de l'Esprit de la vraie Sagesse.

Chapitre II – La vie, la Destiné

Gaed créa le monde en prenant de son corps. À partir de là, nous avons pu extraire le postulat selon lequel l'univers entier fait partie de Gaed. Or, celui-ci nous a doté des moyens de poursuivre son oeuvre, de l'améliorer, de la rendre plus vivante. Mais pour cela, il fallait l'émergence du libre-arbitre. S'est posé alors un problème : comment le libre arbitre pouvait-il exister si tout provenait de Gaed ? Il fallut pour cela que Gaed créé un vide en se retirant vers l'aether, ce que nous dit Demogui dans ses écrits. De là, la volonté de Gaed ayant quitté l'univers, la volonté de l'homme a pu être, et se développer.

Certains diront que se pose alors une difficulté : comment le monde pouvait-il évoluer vers le bien si Gaed s'en retirait ? La réponse est des plus simples. Si les hommes tendent vers le bien, c’est simplement car ils ont reçu les enseignements de Gaed, qui leur a appris à faire le bien en toute circonstance. Ainsi le monde selon Gaed, est-il.

Seulement, comme il n'y a pas en ce monde ''que'' les fils de Gaed, mais également les fils de Meloï, et comme Gaed n'a pas créé les justes ''parfaits'' afin qu'ils puissent continuer son oeuvre, il est nécessaire pour Gaed d'intervenir afin que ne se créé pas d'équilibre entre le bien et le mal, mais pour que le bien continue de mener la destinée du monde.

Cependant, comment Gaed peut-il intervenir puisqu'il s'est retiré de l'univers ? Il ne peut selon moi le réintégrer que via un réceptacle, étant obligé de devenir une partie de l'univers sous peine d'anéantir le libre-arbitre. J'en suis donc arrivé à la conclusion de la nécessité des avatars : des personnes, fils de Gaed, mais pas forcément gaediens, qui aient suffisamment de foi et d'abnégation pour faire le vide en eux et ainsi permettre à Gaed de les intégrer pour se manifester. Ces manifestations ne peuvent selon moi durer que brièvement, sous peine de voir l'avatar anéanti par la puissance de Gaed, mais celui-ci laisserait en eux une trace suffisante de son passage pour que l'avatar puisse et sache comment répandre l'influence de Gaed sur le monde.