L'Honneur de tout un Peuple...

Nombre de messages : 77 Date d'inscription : 02/02/2007

Budja Khala appréciait ce moment si particuliers qui ne se répèterait peut être jamais... Ces moments où seuls les images, écrits et souvenirs peuvent rappeler au monde qu'Orcum est un peuple du sacrifice et de l'honneur.

Rem'Yshmes, Akras de la Souhnak, il dirigeait sa galère comme un Kandrasien maniait un destrier. Dans la tempête, à la fin de l'Hiver, Budja regardait l'horizon ou ce qu'il pouvait en voir, sous les battements réguliers des tambours permettant aux rames de garder le rythme. Le vent, la pluie, les insectes ayant mangés des réserves d'orge, le voyage n'avait pas été de tout repos, mais les images resteraient dans son esprit à jamais.

Pourfendant une vague avec l'éperon en bronze, le trirème ne faisait pas pâle figure dans la flotte Retrane. L'un des plus beaux fleurons jamais construit en Orcum. Les rameurs étaient trempés, les soldats tremblaient dans le froid du grand Nord.

Budja se retourna et regarda derrière la trière. Des centaines, des milliers peut être de galères s'alignaient dans la tempête gardant des distances acceptables afin d'éviter un drame d'envergure comme il y a de cela trois nuits. Orcum se déplaçait, Orcum reprendrait ce qui avait été pris, Orcum avait préparé ceci depuis bien trop longtemps...

Le bois craqua sous une déferlante qui fit basculer des rameurs de leurs bancs, les rames s'emmêlant partiellement. Un Rem'Yshme accrochait à une corde ordonna de reprendre immédiatement le rythme et de faire un effort pour ramer fort.

Les trières étaient toutes remplies à craquer : des hommes, des jarres, des cages de volailles, des bêtes, des galères d'orge, des chevaux, des armes et des feux grégeois.

Orcum avançait, Orcum pourfendrait...

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Les murs de Zulbiev étaient épais et hauts... Fironk avait appris de la dernière expédition Orcumienne sur leurs terres et l'on voyait les travaux colossaux pour tenir tête à une plausible invasion.

Orcum n'était pas impressionnée.
D'immenses tambours avaient été placés sur des chars tirés par d'innombrables chevaux de la Souhnak. Des hommes plus petits que la hauteur des immenses tambours battaient le rythme en frappant avec deux gourdins sur la peau tirée, faisant ressortir des bruits graves se répercutant sur plusieurs dizaines de lieux.

Autour de ces tambours, des femmes dansaient avec des chaînes-épées, telles les assassins d'Yshlé Lohas, montrant leur souplesse et la maîtrise de ces lames dévastatrices.

Marchant suivant les percussions, les troupes Orcumiennes, armées d'armures de cuir, de bronze, d'épées courbées et droites, d'arcs courts Rem'Yshmes et longs Siâliens, de lances aux lames agressives et des piques de très grandes tailles, avançaient sous les remparts de Zulbiev, sous les remparts de Fironk.

La Souhnak, Siâle... L'Armée d'Orcum venait reprendre leur dû.

Alors que les plaines environnantes étaient noires de soldats, de troupeaux de moutons, vaches et chariots de vivres et d'équipements, un assaut fut très rapidement lancé. Le bélier recouvert d'une rangée de boucliers de bois et de bronze permettait de garder les soldats en vie le temps de briser le bois des larges portes... Les flèches, huiles et rocs eurent tôt fait de mettre les choses au clair. Fironk savait défendre des murs.

Les troupes s'attelèrent donc à un nouveau labeur : Trébuchets, catapultes, tours de siège, échelles, béliers... L'Armée d'Orcum se transforma en un chantier immense, retournant la terre, construisant des fortins en bois à l'arrière du siège, creusant des fossés, plaçant des piques, délimitant de barrières les pâturages des bêtes, préparant un aqueduc en bois de fortune depuis les cours d'eau environnant et installant un campement immense de tentes et bivouacs devant tenir un long siège.

Orcum patienterait, Orcum pourfendrait.

Nombre de messages : 77 Date d'inscription : 02/02/2007

Alors qu'une saison était passée, les trébuchets, et tout le matériel fut préparé pour l'assaut.

Dés le levé du jour, les tambours battirent le rythme. Le bélier fut une fois de plus envoyé aux portes pour tenter de les fendre alors que le bélier précédent gisait devant les portes intactes, pourrissant et émettant une odeur âcre et nauséabonde avec les corps à présent presque entièrement os nus.

Le bélier ne revint jamais...

Les percussions se mêlèrent aux vrombissements des trébuchets géants et alors commença la destruction des murs... Petit à petit des pans se craquelaient et se brisaient, mais l'ingéniosité Fironkoise avait permis leur salut alors même que les Orcumiens avaient sous estimé la pierre utilisée. Forte et non frêle, le siège durerait et durerait...

L'assaut ne fut pas donné avec les tours de siège et les échelles étant donné l'hécatombe du bélier. Il fallait éviter le plus possible le bain de sang alors qu'ils estimaient déjà les troupes Fironkoises derrière les murs à plusieurs milliers de barbares.

Les campements commençaient à devenir boueux avec le temps et surtout les pluies. La maladie faisait son apparition et il avait fallu revoir entièrement et totalement l'aqueduc et la disposition d'une partie du campement. Creusant une rigole afin d'évacuer les impuretés du campement, le tout se jetait au loin et l'on désigna même des soldats pour "nettoyer" les camps. Un siège n'était pas un simple bivouac, le siège était une nouvelle vie, temporaire soit, mais il fallait s'occuper de ces détails qui pouvaient apporter la défaite comme la victoire. Combien de seigneurs étaient partis à cause de la maladie ou de la malnutrition ?

Yshlé Lohas convoqua un conseil avec les autres instances Orcumiennes et les discussions furent longues. Des décisions furent prises.

Orcum continuerait, Orcum pourfendrait...

Nombre de messages : 77 Date d'inscription : 02/02/2007

Une saison de plus était passée...

Les murs avaient tenu alors que les trébuchets faisaient voler en éclats des pans entiers de murs qui se décrochaient dans d'affreux fracas de rocs... mais la surprise fut de taille. Une couche affreusement opaque prit place derrière la pierre extérieure.

Les énormes trébuchets lançant de puissants projectiles n'arrivaient qu'à fissurer les murs qu'après des jours de travail. Des échardes de rochers volaient, sans jamais en casser le corps et les Fironkois coulaient d'arrache pied des ciments et colmatages de fortune afin de renforcer la pierre et la soutenir face aux monstres Orcumiens.

Il faudrait encore plus de temps, encore plus de trébuchets, encore plus de catapultes et engins de siège, mais aussi loin de la terre natale, les navires s'adonnant tout de même à apporter vivres et équipements, le coût était trop cher et l'on pouvait craindre toutes sortes de représailles de taille aujourd'hui, après tout ce temps...

Les Fironkois étaient puissants. Aussi faibles qu'ils pouvaient paraître, les fils du désert et du Souh'Yshmei avaient sous-estimé cet ennemi que l'on pensait encore rustre, aux murs de terres et de sang coagulé, ces petites fosses aux têtes humaines plantées sur les piques et les torches multiples donnant aux fortins l'aspect de camps de barbares fous.

Il n'en était plus rien... Fironk avait de la pierre, Fironk avait des meurtrières, Fironk avait des capacités adaptées à leurs volontées...

Le conseil de guerre Orcumien sortit de la tente principale, deux gardes Rem'Yshmes soulevant les pans lourds de leurs gros muscles saillant dans la fraîcheur matinale, faisant perler les gouttelettes d'eau sur les rigoles des plissures et couleurs de la Souhnak.

Les Princes du Souh'Yshmei sortirent le regard résigné vers la cité fortifiée et l'admirèrent avec non plus un dédain, mais du respect emprunt de jalousie.

Kenaha Harij fit un geste aux oblaths de l'armée et les ordres furent passés dans tous les campements environnants...

La vie temporaire, plus longue que prévue et se soldant par une déception se fermait devant ces murs. La vie Orcumienne en Fironk partait, sans la moindre pièce d'or ou trophé de guerre, mais avec l'honneur d'avoir livré ce siège et d'avoir fait montre de respect envers la supériorité Fironkoise et l'échec de leurs armées.

Alors qu'il fallut plus d'une semaine pour préparer le départ, le dernier jour, un chariot orné de pierreries et d'armes de valeurs fut chargé et laissé au centre du campement principal situé devant la grande porte de la cité. Des torches et des ombrelles avaient été postées tout autour et la vaste bâche de la tente recouvrait les chariot ainsi que l'herbe environnante. Alors que des mots en Fironkois traduisait le message d'Orcum du haut des remparts, l'on put entendre et sentir les derniers tremblements de la marche Orcumienne vers l'Océan, vers l'Armada Rem'Yshmes.

Ici nous avons livré ce long siège et ici nous avons été vaincus par la ténacité de nos adversaires. Nous saluons le peuple Fironkois et sa supériorité en ce jour.

Orcum partait, Orcum pourfendrait...

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