Retrahant, Ere impériale
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Retrahant, Ere impériale


 
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 La Perle

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Khadija Bint Badiya

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MessageSujet: La Perle   La Perle EmptyMar 29 Aoû - 10:42

TAKKEL-ORCA _ L’AUBE

Le cavalier galopait à bride abattue dans le profond désert d’Orcum. Les sabots de son coursier semblaient caresser le sable. Les pans de son burnous, soulevés par le vent de sa course, laissaient entrevoir la longue lame courbe qui pendait à son côté. Il galopait vers l’est, vers la lumière de Zanaharyth. Il galopait droit vers le gros nuage de poussière qui venait en sens inverse.
Lorsqu’il parvint en vue de la caravane, il se mit à crier :


« Bint al Badiya ! Bint al Badiya »

Le chef nomade fit stopper la caravane. Le cavalier sauta de sa monture et mit un genou à terre devant son chef.

« Honneur à toi, bint al Badiya ! »
« Honneur à toi, Sélif ! Parle, je t’écoute ! »
« Bint al Badiya. Je l’ai trouvée... Une des plus grandes oasis que j’ai jamais vue…»
« Dans quelle direction ? »
« Droit vers le couchant ! »
« Et à quelle distance ? »
« Si la caravane ne s’arrête pas, bint al Badiya, nous y serons avant le sommeil de Zanaharyth. »
« Alors ne perdons pas de temps ! »

Le chef nomade se dressa sur ses étriers et donna l’ordre du départ. Lentement, la caravane s’ébroua et mit le cap droit vers l’ouest.
Zanaharyth embrassait presque la ligne d’horizon lorsque, du haut d’une colline, la caravane découvrit la vaste étendue verdoyante. Au milieu des dattiers, le point d’eau ressemblait à une perle dans son écrin. Au premier regard, bint al Badiya sut que leur vie de nomade se terminait ici.


« Mes amis ! C’est ici que nous nous arrêtons. C’est ici que nous fonderons notre village qui portera le nom de Takkel-Orca, la Perle du désert ! »

Des acclamations louant Zanaharyth et bint al Badiya fusèrent.

« Descendons maintenant établir notre campement. Nous commencerons la construction de Takkel-Orca dès le réveil de Zanaharyth. »


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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyMer 30 Aoû - 16:36

TAKKEL-ORCA - LA NAISSANCE

L'aube pointait à peine lorsque Khadija sortit de sa tente. Pourtant, le campement nomade était déjà en pleine effervescence. Son premier geste fut de se tourner vers l'oasis et d'observer cette vaste étendue boisée et giboyeuse qui s'étendait à ses pieds. Et au milieu de cette verdure, l'eau. Cette richesse tant convoitée dans le profond désert orcumien.
Enfin, sa quête semblait prendre fin et sa tribu allait pouvoir s'établir. Se sédentariser, tout comme l'étaient ses très lointains ancêtres...

Khadija bint al Badiya inspira profondément une longue goulée de l'air encore frais du matin et entreprit d'inspecter le campement. Tous les corps de métiers étaient déjà à l'ouvrage. Les éleveurs emmenaient les troupeaux paître près du point d'eau, les guerriers nettoyaient et affûtaient leurs armes, les artisans ressortaient leurs outils et l'on commençait à entendre le marteau du forgeron, la scie du menuisier ou le ciseau du tailleur de pierre.
Tous avaient de lourdes responsabilités et de chacun d'eux dépendait la survie de la tribu. Mais à cet instant présent, tout l'avenir reposait sur le travail des artisans. On attendait d'eux ce pour quoi ils avaient été formés depuis des générations... Fonder une nouvelle cité dans les sables du désert !

Khadija savait que la première demeure construite serait la sienne. Ses pas l'emmenèrent donc tout naturellement auprès des menuisiers et des charpentiers. Ils avaient déjà commencé a abattre les arbres nécessaires à la construction de la demeure, mais les poutres et autres montants peints et sculptés étaient arrivés avec la caravane. Ces pièces de bois, transmises de génération en génération retraçaient le vie de la tribu depuis le début de son nomadisme. Un véritable livre d'histoire, en quelque sorte.

Sur son chemin, des visages radieux s'affichaient, lui lançant des « Paix et prospérité, bint al Badiya » auxquel Khadija répondait « Paix et prospérité »

Repensant à ses parents, partis quelques saisons plus tôt, Khadija eut un serrement au coeur. Ils ont rejoint les nombreux messagers envoyés vers Zanaharyth. Ils n'ont pas pu voir l'oasis. Ils ne verront pas Takkel-Orca. Une pensée toute particulière pour son père... Ce père à qui son épouse n'a jamais pu donner un fils. Ce père si controversé, avec une gamine dans les pattes, et qui dut faire rouler quelques têtes pour montrer qu'il était toujours le chef de la tribu. Ce père qui, sur son lit de mort, n'avait plus honte de sa seule enfant, sa fille, Khadija bint al Badiya. Celle que ses compagnons d'arme avait surnommée : la Louve du Désert.


Dernière édition par le Mer 20 Sep - 10:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyJeu 31 Aoû - 14:15

HISTOIRE DE KHADIJA - 1

Automne 331 – Mummad ibn Kalyd chevauchait fièrement à la tête de la caravane. Voilà six jours que sa tribu avait quitté son dernier bivouac. Une minuscule oasis qui avait tout juste permis de soigner les troupeaux et de récolter quelque fourrage. Mummad avait donc décider d'emmener la tribu près de la prochaine grande ville qu'ils devraient atteindre dans un peu moins d'une trentaine de jours, si Dieu le veut. Là, il lui faudra marchander des vivres et du fourrage pour permettre à son peuple de subsister jusqu'au prochain bivouac. Heureusement, l'artisanat nomade était reconnu dans Retrahant et se négociait à bon prix. Et Mummad s'enorgueillissait d'avoir dans sa tribu quelques un des meilleurs artisans du désert.

En attendant, il lui faudrait négocier avec les Diospyrs et Mummad avait horreur de cela. Il n'aiamit pas ces gens (qui d'ailleurs le lui rendait bien). Ils étaient fourbes et cruels. Et, d'après Mummad, n'avaient aucun sens de l'honneur.

Pourtant, malgré tous ses soucis, Mummad avait le sourire aux lèvres. Djemma, son épouse était enceinte de leur premier enfant. Si tout se passait bien, elle devrait accoucher alors que le campement serait dressé près de la ville. Dans trente jours, il serait père. Ce sera un petit garçon vigoureux et fort, que Zanaharyth le bénisse. Il lui apprendra tout ce qu'il sait. Et un jour, il le remplacera à la tête de la tribu, comme Mummad avait succédé à son père, et au père de son père, et ceci depuis des générations. Il n'y a pas de raisons pour que cela change.

Un des mamelouks remontait la caravane en l'appelant :


« Ibn Kalyd ! Ibn Kalyd ! »

Mummad ralentit un peu l'allure, laissant le cavalier arriver à sa hauteur.

« Ibn Kalyd ! Il faut stopper la caravane ! »
« Pourquoi voudrais tu que je stoppe notre marche, Moussaf ? »
« Avec tout le respect que je te dois, ibn Kalyd, ce sont les femmes qui m'envoient. Jemma, ta bien aimée vient de perdre les eaux ! Elle va accoucher ! »
« QUOI ??? »

Mummad était devenu livide. Lui qui était fier de sa peau mate, on aurait presque pu le confondre avec un de ces nordiques des montagnes.

« Prend la tête de la caravane, Moussaf ! Et continue la marche. Je vais voir ce qu'il en est ! »

Mummad fit faire demi tour à sa monture et redescendit la colonne de nomades jusqu'à la roulotte dans laquelle son épouse se reposait. Une vielle femme, Fatim, l'interpella immédiatement.

« Arrête la caravane, ibn Khalyd ! »
« C'est vrai, ce que l'on vient de me rapporter ? »
« Oui, c'est vrai ! Et si tu tiens à la vie de ton enfant et à celle de ta femme, fais arrêter cette caravane ! »
« Mais, c'est impossible ! Les sages ont dit... »
« Eh bien, les sages se sont trompés ! Ce ne sera pas la première fois... Alors, Ibn Khalyd ! Ta décision ? »

Mummad était abasourdi. Comment les Sages avaient ils pu se tromper autant ? Non, impossible ! Pourtant, en provenance de la roulotte et à intervalle régulier, il entendait sa tendre épouse crier de douleur, signe que le travail était commencé. Il repartit donc au galop vers la tête de la caravane, maugréant contre le retard qu'allait engendrer cette naissance inattendue, et surtout contre le mauvais augure qu'elle représentait.
Il fit donc stopper la caravane et retourna vers sa femme au galop. Les hommes n'avaient pas perdu de temps et commençaient déjà à dresser la tente des sage-femmes tandis qu'elle s'occupaient de Jemma.
Dès que la tente fut montée, elles y transportèrent la future mère et l'allongèrent sur un matelas de fourrage et de fourrure, tandis qu'une marmite d'eau chauffait sur l'âtre. Mummad ronchonna en voyant toute cette eau qui allait partir en fumée. Ses grognements trahirent sa présence dans la tente et les sage-femmes le firent sortir manu militari.

Pour Mummad, ce fut alors le début d'une longue attente, ponctuée par les va et viens des sages femmes et le cris de douleur de Jemma. Mais cela n'en finirait donc jamais ?

Enfin, un cri ! Un cri de nourrisson ! L'enfant était né, et il était vivant ! Mummad entra en trombe dans la tente et se trouva nez à nez avec la vieille Fatim qui lui barrait le passage.


« Ou est-il ? Je veux le voir ! »
« Ibn Khalyd... »
« Ou est mon fils, vielle femme ! Montre le moi ! »
« Ibn Khalyd, il faut que... »
« Pousse toi, vieille femme ! Laisse passer le Chef de cette tribu ! Je veux voir mon héritier ! »

Joignant le geste à la parole, Mummad écarta la vieille femme et se saisit du nourrisson emmailloté qui reposait sur sa femme. Il débarrassa l'enfant de ses lange et le porta à bout de bras afin de le voir dans toute sa splendeur. Soudain, son visage se décomposa...

« Qu'est ce que c'est que ça ? »

Personne ne répondit. Le silence était juste brisé par les sanglots de Jemma qui gisait sur sa couche. Devant le mutisme des occupants de la tente, Mummad reposa sa question, un peu plus fort :

« Qu'est ce que c'est que ça ? »
« Ta fille, Ibn Khalyd, dit enfin la vieille Fatim. »
« Et mon fils ? Où est mon fils ? Où l'avez vous caché ? »
« Tu n'as pas de fils, reprit Fatim. Juste une fille. »
« MENTEUSE, cracha Mummad ! Je DOIS avoir un fils ! Zanaharyth doit me donner un fils ! »
« Eh bien, Zanaharyth t'a donné un fille, poursuivit calmement Fatim. Rend lui grâce que cette enfant soit en bonne santé malgré sa naissance précoce. »
« Je ne rendrais grâce à Dieu que lorsqu'il m'aura donné un fils ! »
« Fais comme bon te semble, Ibn Khalyd. Mais cette enfant est née et elle est vivante. Il faut lui donner un nom ! »
« FAITES COMME VOUS VOULEZ, hurla Mummad, rouge de colère ! NOMMEZ LA COMME VOUS VOULEZ ! MAIS JE REFUSE DE CONSIDERER CETTE... FILLE... COMME ETANT MON ENFANT ! »
« Alors c'est moi qui vais lui donner son nom, dit une voix faible. Puisque tu ne veux pas la reconnaître comme tienne, continua Jemma, elle ne portera pas ton nom. Je l'appellerai Khadija bint al Badiya. Mais que tu le veuille ou non, Mummad Ibn Khalyd, cette enfant est ton enfant. Et tout ce que tu pourra dire ou faire ne pourra rien changer à ce que Dieu à fait ! »

Ecarlate, Mummad ne répondit pas à sa femme et sortit de la tente comme une furie, bousculant au passage les nomades qui s'étaient attroupés, attirés par les cris de leur chef. A eux non plus, Mummad ne dit rien. Il se saisit d'un outre de lait fermenté, s'assit près du feu et commença à boire. Pour la première fois depuis qu'il était marié, Mummad ne passa pas la nuit avec sa femme. Il s'endormit près du feu de camp, maudissant Zanahryth de lui avoir joué ce mauvais tour, et maudissant Jemma, lui reprochant de n'avoir pas été capable de lui donner un héritier.
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyVen 1 Sep - 23:53

HISTOIRE DE KHADIJA - 2

Hiver 338 – L'hiver était tombé sur le désert. Oh, pas un de ces hivers nordiques, rigoureux, avec de la neige et tout, et tout... D'ailleurs, de la neige, on n'en avait jamais vu à Orcum. On en avait entendu parler dans les histoires de Retrahant narrées par les conteurs de passage, mais de l'eau, solide, qui tombe à n'en plus finr, en tant que nomade du désert, on a un peu de mal à y croire.
En hiver, dans le désert, le feu ne sert qu'a faire cuire les aliments et y voir clair la nuit. Tout comme en été d'ailleurs. Les températures étaient un petit peu plus fraiches, mais pas de quoi fouetter un chat.

Dans le désert, l'hiver était une saison presque comme les autres. Presque car c'était à cette saison que tombaient les larmes de Zanaryth. Une dizaine de jours de pluie, à peine, les seuls de toute l'année. Cette eau était recueillie précieusement et utilisée lors des rites religieux. Dans la tribu de Mummad, les larmes de Zanaryth étaient sacrées.

L'hiver avait également un autre avantage, la nuit tombait plus tôt. C'est de cela que profitait la petite silhouette qui se déplaçait en silence entre les tentes. Profitant de la pénombre, elle s'approcha de la tente du conseil et plaqua son oreille pour écouter ce qui se disait. Les chasseurs racontaient leus expéditions, Mummad, le chef de la tribu y rendait la justice et prenait toutes les décisions qu'il jugeaient bonne pour le bien être de la caravane. L'enfant aurait bien continué à écouter ce qu'ils se disait, mais une forte douleur à l'oreille le força à se relever.


« KHADIJA !!! Combien de fois t'ai je dis de ne pas venir ici ! »
« Mais, maman, implora la jeune fille... »
« Il n'y a pas de mais qui tiennent, jeune fille. La tente du conseil n'est pas une place pour une fille ! »
« J'en ai marre, bougonne Khadija. La place d'une fille, elle est où ? Je voudrais bien aller à la chasse, moi aussi, mais si je suis les chasseurs, on me renvoie. Lorsque je m'entraine à lancer la javeline, un homme me casse l'arme que j'ai taillée. Si je met un sarrouel, je me fais gronder par les autres femmes. Alors, c'est quoi, la place d'une fille? »

Jemma regardait la jeune enfant debout devant elle. Khadija n'avait que sept ans, mais déjà un caractère bien trempé. Elle n'hésitait pas à soutenir le regard des adultes et ce n'est pas tout le temps elle qui baissait les yeux.

« Une fille, répondit Jemma à Khadija, ça doit d'abord s'habiller en fille. Elle doit apprendre à cuisiner, à coudre, à s'occuper de son foyer. Une fille, ça doit prendre un époux lorsqu'elle est en age de se marier. Elle doit lui obéir, lui donner des enfants et les éléver. Mais une fille, ça ne s'habille pas en garçon, ça ne va pas à la chasse et ça ne se bat pas ! »

Cette dernière reflexion faisait allusion à un événement récent. Alors que Khadija jouait devant la tente de Jemma avec d'autres enfants de son age, le fils d'un mamelouk, un peu plus agé qu'elle, était venu la provoquer. Il lui avait dit que Mummad n'était pas un bon chef, qu'il n'était même pas capable de faire un garçon a sa femme,... Khadija n'avait pas réfléchi et s'était ruée sur le garçon, lui mettant une dérouillée comme il n'avait encore jamais reçu. Mummad dut dédommager le père du jeune garçon et Khadija fut punie.
Khadija prit la main de sa mère et elles se dirigèrent toutes les deux vers leur tente.


« Maman, j'aimerai bien que papa me parle quelquefois... »
« Moi aussi, mon trésor. Moi aussi... »
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyMar 5 Sep - 15:07

HISTOIRE DE KHADIJA - 3

Printemps348 – Khadija apercevait, au loin, le campement de sa tribu. Dans une heure, deux tout au plus, elle aurait rejoint sa mère dans sa tente. Elle allait avoir dix sept ans. Dix sept années partagées avec sa mère car, depuis sa naissance, son père, Mummad, le chef de clan, ne lui avait jamais adressé la parole. Chaque fois qu'elle entendait le son de sa voix, c'était pour reprocher à sà mère de n'avoir pas été capable de lui donner un fils. Depuis quelques années, d'ailleurs, Mummad ne partageait plus la même tente que Jemma et, bien qu'elle tente de le cacher, Khadija voyait bien que sa mère était très malheureuse.

Elle vérifia que ses proies, trois gros lapins des sables, étaient convenablement attachés à sa ceinture et elle reprit sa route. Lorsqu'elle avait commencé à chasser,vers 14 ans environ, elle s'était attiré les foudres des hommes. Une fille, ça ne chasse pas. D'ailleurs, à son age, on a autre chose à faire que de courir dans le désert. Prendre un époux, par exemple, et lui assurer sa descendance... Certaines mauvaises langues allant jusqu'à se demander si elle serait plus douée que sa mère pour faire des enfants. Mais d'enfants, Khadija n'en voulait pas. D'époux non plus d'ailleurs. Au début, les hommes qui la surprenait à chasser lui confisquait son arc et ses flèches et les brisaient. Mais il en fallait beaucoup plus pour dompter cette jeune fille. Elle se reconfectionnait aussitôt un arme et repartait chasser. Lassés, les hommes la laissèrent finalement faire. Finalement, le monde ne s'écroulerait peut être pas parce qu'une fille allait à la chasse.

Repensant à cet épisode de sa vie, Khadija souriait la chasse n'était pas sa seule transgression. Khadija aimait porter les vêtement féminins. Les robes la rendait très belle disait sa mère. Mais pour chasser le lapin des sables, ce n'est pas très pratique. Une fois encore, elle eut à affronter la réprobation des hommes de sa tribu, et une fois encore, elle tint bon. Et c'est vêtue d'une tunique de lin blanc par dessus laquelle elle portait un gilet de peau, et d'un sarrouel, en lin également, dont les jambes étaient rentrées dans ses bottes de cuir souple que Khadija allait chasser.

D'ailleurs, cette attitude ne semblait pas déplaire à tout le monde car, un matin en sortant de sa tente, elle découvrit, posés juste devant l'entrée, un très bel arc de chasse ainsi qu'un carquois plein. Khadija prit l'arc en main. Il était parfaitement équilibré. Ne sachant pas qui remercier, elle adressa une courte prière à Zanaryth.

Alors qu'elle était presque arrivée au campement, elle entendit des éclats de voix parmi lesquelles elle n'eut aucun mal à reconnaître celle de son père. Ces altercations se faisaient de plus en plus fréquentes dans la tribu. Certains reprochaient à Mammud de ne pas être capable d'avoir un enfant mâle. Et puisqu'il n'était pas en mesure d'avoir un héritier, peut être devrait il passer la main à quelqu'un qui n'a pas de problèmes de descendances. Mammud était très susceptible sur ce point là, et ne supportait pas qu'on lui fit remarquer que son seul enfant était une fille. Et qui ne se comportait pas comme telle, qui plus est. Généralement, cette altercation s'arrêtait là, mais cette fois ci, cela semblait aller plus loin. Son père se querellait avec un homme qui s'appelait Imhad. Khadija ne le connaissait pas très bien, mais elle ne l'aimait pas. Elle savait simplement de lui qu'il était un fervent adorateur de Zanaryth et que son interprétation des textes sacrés lui avait déjà valu beaucoup de problèmes. Chassé de plusieurs clans, il avait rejoint la tribu de Mummad un peu après le naissance de Khadija. Cet homme, au nez crochu, tentait de rallier à lui et à sa vision des textes sacrés, le plus de monde possible. Mais impossible de savoir vraiment combien d'hommes il avait converti.

Mummad invectivait son adversaire. Une fois encore, on lui reprochait de ne pas avoir de descendance digne de ce nom. Que Zanaryth l'avait certainement puni pour des pêchés très graves qu'il ne voulait pas confesser. Mummad répondit qu'il n'avait pas de pêchés à confesser et que, vu son age, il pouvait encore avoir des enfants. L'autre lui répondit alors que s'il voulait avoir un enfant, il faudrait peut être qu'il retourne voir sa femme. Insinuant même que dans la tribu, il n'y avait plus que lui qui ne couchait plus avec elle, ce qui, bien entendu, était faux.
Furieux, Mummad allongea un coup de poing à Imhad qui chuta lourdement. Rouge de colère, Mummad laissa là son adversaire et reprit d'un pas rageur la direction de sa tente. Il s'arrêta brusquement, les yeux écarquillés. A une vingtaine de pas devant lui se tenait Khadija, l'arc bandé, prête à lui tirer dessus. Alors, Mummad eut l'impression que tout le reste se passa au ralenti. Il vit Khadija décocher sa flèche, le projectile venir droit sur lui pour finalement le frôler. Le sifflement de la flèche lui résonnait encore à l'oreille lorsqu'il se retourna pour voir jusqu'où elle irait.

Elle n'était pas allée très loin. La flèche était fichée dans l'oeil droit d'Imhad qui, s'étant relevé, s'apprêtait à poignarder Mummad. Stupéfait, il regardait tour à tour Khadija et le cadavre d'Imhad dont le sang commençait à imprégner le sable.
Un homme sortit de la foule, cimeterre au poing, et chargea Mummad en criant de rage. Les réflexes de guerrier du chef de tribu prirent le dessus. Il esquiva le coup de son adversaire et en un éclair, dégaina son propre sabre et frappa. L'homme tomba au sol, près de l'autre cadavre, mais sa tête roula un peu plus loin.
Ce fut le signal de la curée. Une dizaine de nomades, convertis par Imhad se jetèrent alors sur Mummad, mais les mamelouks étaient prêts, et Khadija aussi. Elle tua deux assassins avec son arc tandis que les guerriers achevaient les autres.

Mummad regarda le carnage, puis s'adressa au chef des mamelouks :


« Selif, enterre moi ces corps ! »

Donnant un coup de pied à la dépouille d'Imhad :

« Sauf celui ci. Laisse le aux charognards. C'est tout ce qu'il mérite. »
« Il en sera fait selon tes ordres, Ibn Khalyd »

Tout étant terminé, Khadija repartait vers sa tente, rejoindre sa mère, lorsque la voix de son père retentit derrière elle.

« Khadija ! »

La jeune femme s'immobilisa.

« Khadija, attend moi ! »

Elle se retourna et vit son père venir vers elle en courant.

« Khadija. Je voudrais... Enfin... Comment dire... Merci... Merci à toi... ma fille... »

Elle vit les yeux de son père, cet homme si dur, s'emplir de larmes. Et elle sentait qu'elle était en train de faire de même. Les premières paroles gentilles qu'elle lui entendait prononcer à son encontre en dix sept années. Emporté par l'émotion, Mummad prit Khadija dans ces bras et la serra sur son coeur, se laissant enfin emporter par ce que lui dictait son coeur.

« Oh, Kadija ! Oh, ma fille ! Pourras tu jamais me pardonner ? »
« Si je ne pouvais pardonner à mon père, quelle fille serais-je ? »
« Nous avons tant de retard à rattraper, mon enfant. Comment pourrais-je... »
« En commençant dès maintenant, père ! »
« Et par quoi veux tu commencer ? »
« Pourquoi ne pas commencer par une visite à ma mère,... ta femme ? »
« Oui, tu as raison. Allons y »

Et pour la première fois depuis dix sept ans, un père et sa fille rentrèrent ensemble dans leur foyer. Ce qu'ils ne virent pas, ce fut le sourire radieux de Selif qui, affairé à ensevelir les corps, n'avait pourtant rien perdu de la scène.
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyVen 8 Sep - 15:53

HISTOIRE DE KHADIJA - 4

Hiver 350 – Khadija, en sueur, partageait un peut de lait avec Sélif. Ils venaient de terminer leur entraînement et étaient épuisés. Cependant, Khadija était heureuse. Pour la première fois depuis deux ans, elle était parvenue à battre Sélif. Lorsqu'il fut battu, elle sauta de joie en criant, ce qui interrompit l'entraînement des autres mamelouks. Mais Sélif, en se relevant, l'apostropha :

« Eh, jeune fille ! Cette victoire ne peut être du qu'au hasard ! Recommençons, veux tu ? Nous verrons alors qui de nous deux Zanaryth choisira ! »

Vexée, Khadija se remit en garde, assurant sa prise sur la poignée de son cimeterre. Elle ne cèda cependant pas à sa colère et garda la tête froide lorsque l'engagement débuta. Et pour la seconde fois, Sélif fut désarmé. Il s'inclina alors devant Khadija.

« Cette fois ci, jeune fille, le hasard n'y est pour rien. Je n'ai plus rien à t'apprendre. Que dirais-tu de partager un pot de lait ? »

Elle accepta, et tous deux sortirent de l'arène sous les vivats des autres mamelouks. Alors su'elle buvait, Khadija se remémora les évènements d'il y a près de deux années. C'était peu après la révolte des fanatiques d'Imhad. Son père et sa mère s'étaient enfin réconciliés et Mammud l'avait acceptée comme sa fille. Sélif, le chef des mamelouks entra dans leur tente.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


« Tu m'a fait appeler, ibn Khalyd ? »
« Oui, Sélif ! Assieds toi ! Kadija, viens avec nous ! »

Surprise qu'on lui demande de participer à l'entrevue, elle rejoignit les deux hommes et prit place sur un des coussins posés sur le sol.

« Sélif, reprit Mummad ! Je voudrais te poser une question. Que penses tu d'elle ? De ma fille ? »

Le mamelouk prit quelques instants avant de répondre...

« Malgré tout le respect que je te dois, Mammud ibn Khalyd, je dirai que c'est une vraie tête de mule. Un peu comme un certain chef de tribu que je connais. »
« Merci pour ces compliments, Sélif... Mais ce n'est pas exactement ce que je t'ai demandé... »
« Alors, je dirais qu'elle est volontaire et obstinée. Qu'elle a une soif d'apprendre inextinguible. Elle à un caractère en acier trempé et ne se laissera jamais marcher sur les pieds. »

Khadija le regardait, les yeux agrandis de surprise. Comment pouvait il en savoir autant sur elle. Sélif remarqua son étonnement.

« Eh oui, petite fille... Cela fait un moment que je t'observe. Je sais beaucoup de choses sur toi. Peut être plus que tu ne le crois... Je continue donc. Khadija est fière, mais elle ne supporte pas l'injustice. Elle sait chasser et saura très bien se défendre. Elle est très adroite avec une javeline, et je crois, ibn Khalyd, qu'il est inutile de te vanter son habileté à l'arc... »

Mummad acquiesça d'un signe de tête. Il entendait encore le sifflement de la flèche qui frôlait son visage.

« Elle se débrouillait déjà très bien avec les arcs qu'elle se taillait elle même. Mais, curieux, je voulais voir ce qu'elle ferait avec une véritable arme de chasse. Je dois avouer que je n'ai pas été déçu. »

Khadija regardait tour à tour son arc, pendu dans un coin de la tente, et Sélif...

« Alors, c'était toi ? L'arc de chasse, c'est toi qui me l'a donné ? »
« Oui, c'est moi qui t'en ai fait cadeau. Et à l'époque, j'étais loin de penser qu'il serait d'en d'aussi bonnes mains. Voilà, ibn Khalyd, ce que je peux te dire sur ta fille... »
« Je t'en remercie Sélif. Merci de ta franchise. Maintenant, dis moi à ton avis, que lui manque-t-il pour être un vrai chef de clan ? »

Khadija écarquilla les yeux en entendant son père. Il avait bien dit « chef de clan » ? Elle n 'en crut pas ses oreilles. Pourtant, la suite de la conversation lui prouva qu'elle ne s'était pas trompée.

« Je crois, ibn Khalyd, qu'il lui faudrait apprendre la lecture et l'écriture. Cela est nécessaire pour représenter son clan lors des rencontres avec les autres tribus. Il faudrait aussi parfaire son entraînement militaire. Il lui manque encore l'apprentissage du cimeterre pour en faire un excellent mamelouk. »
« Tu te chargera de la partie militaire, Sélif. Je vais demander à Ibrahm de lui apprendre à lire et a écrire. »

En entendant ce nom, Sélif et Khadija sursautèrent. Ibrahm était le garçon que Khadija avait rossé alors qu'elle avait sept ans. Et son père avait rejoint les rangs des fanatiques d'Ihmad et avait été tué par Mummad lors de la révolte.

« Es tu sur, ibn Khalid, demanda Sélif, que ce soit la bonne personne ? »
« Ibrahm est le plus qualifié pour cette tache, Sélif. Il sait parfaitement lire et écrire. D'autre part, il n'est pas responsable des agissements de son père. Et je veux ainsi lui montrer que malgré cela, sa famille n'est pas discréditée. »
« Si tu le juges bon, ibn Khalyd... »
« Et moi, demanda Khadija ? Ai je mon mot à dire ? »
« A partir de maintenant, non, lui rétorqua son père ! La discussion que nous avons eue ici doit rester secrète tant que je n'en aurai pas fait l'annonce officielle. Khadija ! Tu me succédera à la tête de la tribu car j'en ai décidé ainsi. Mais, une femme chef de clan, ce n'est pas une chose qui passe facilement. Il me faudra donc préparer le conseil à cette petite révolution. Je te demande donc d'obéir. C'est tout. »
« Bien, père. »

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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyJeu 14 Sep - 9:19

HISTOIRE DE KHADIJA - 5

Hiver 350 – Ce fut vraiment deux très belles années que Khadija venait de vivre. Sélif lui avait enseigné l'art de la guerre, qui venait compléter celui de la chasse qu'elle avait découvert seule. Et, contre toute attente, Ibrahm se montra un excellent professeur, patient et attentionné. Elle savait maintenant lire et écrire. Oh, pas parfaitement, certes, mais elle saurait tenir sa place parmi le Akras et n'aurait pas l'air complètement idiote lorsqu'on lui montrerait un parchemin...

Elle était en conversation avec Sélif lorsqu'un des bédouins courut à leur rencontre.


« Bint al Badiya ! Venez vite, bint al Badiya ! Un grand malheur... Que Zanaryth nous protège... »

Khadija et Sélif coururent vers le bédouin

« Que se passe-t-il, demanda Khadija ? Parle ! »
« Oh, bint al Badiya... Ce sont vos parents... Mon dieu, c'est terrible... »

Khadija et Sélif laissèrent sur place le pauvre bédouin , toujours en train de se lamenter et coururent jusqu'à la tente de Mummad et Jemma. Plus rapide, Khadija arriva la première et entra dans la tente. Là, elle y découvrit ses parents, se tordant de douleur sur le sol, un plateau de friandises renversé près d'eux. Lorsque Sélif l'eut rejointe, elle l'envoya immédiatement chercher le soigneur de la tribu. Khadija essaya de parler à ses parents, mais la douler qui les tenaillait était si forte qu'ils ne pouvaient pas répondre.
Lorsque le médecin arriva, il prit tout de suite la mesure de la situation. Il sortit une petite fiole de sa besace et en fit immédiatement boire quelques gouttes à Mummad et Jemma. Lentement, la douleur s'estompa et leur respiration devint plus régulière.


« Père ! Que c'est il passé ? »
« Je... ne... sais pas, répondit difficilement Mummad. Ta mère... et moi... rentrions... et nous avons... trouvé... ce... plateau de... gâteaux... qui t'était... destiné.... Nous... nous sommes... dit... que si nous... en prenions... un... ou deux...., tu ne... le.... remarquerai... pas. Nous fumes... presque immédiatement.... pris de douleurs... insupportables... »

Le médecin se saisit d'une friandise, la sentit, puis en porta une miette à sa bouche qu'il recracha de suite.

« Kour Ahr ! Un poison violent ! Il vient d'une contrée perdue dans les marais. Je me demande comment on a bien pu se le procurer... »
« Pourra tu sauver mes parents, sage homme ? »
« Je ne sais pas... Ce poison est pratiquement toujours mortel, dit-il tout bas... Je te promet de faire tout mon possible. »
« Sélif, il faut retrouver celui ou celle qui a tenté d'assassiner mes parents ! »
« N'as tu pas entendu, Khadija ? Ce n'étaient pas tes parents qui étaient visés... C'était TOI ! »
« Raison de plus ! »

Une colère froide s'était emparée de la jeune femme. D'un pas décidé, elle sortit de la tente de ses parents et commença a interroger les nomades qui vivaient à côté. Elle eut très vite des témoignages concordants. Plusieurs d'entre eux avaient aperçu Ibrahm pénétrer dans la tente du chef avec un plateau de friandises. Khadija se précipita dans la tente de ce dernier... Vide ! En ressortant de la tente, elle percuta le gardien des troupeaux qui venait à sa rencontre.

« Bint al Badiya ! Deux chameaux ont disparus de l'enclos ! »

C'était lui ! Elle en était sûre. Elle devait le rattraper et lui faire payer son forfait.

« Prépare moi une monture, demanda-t-elle au gardien. Rapide et résistante. Je pars immédiatement ! »
« Que vas tu faire, Khadija, demanda Sélif ? »
« Je vais traquer cet assassin, Sélif. Et lui faire payer son forfait ! »
« Je viens avec toi ! »
« Non, Sélif ! Je veux que tu restes ici. Veilles sur mes parents. Et puis j'irai plus vite seule. »
« Je savais que l'on aurait du se méfier de cet Ibrahm. J'avais averti ton père. »
« Je sais, Sélif.... J'étais présente.... Décidément, la vermine n'engendrera que de la vermine ! »

Khadija rassembla quelques vivres, de l'eau, ses armes et se dirigea vers l'enclos des chameaux, toujours accompagnée de Sélif.

« J'essayerai de faire le plus vite possible, Sélif. Promets moi de veiller sur mes parents jusqu'à mon retour... »
« Je ferai tout mon possible, bint al Badiya... »
« Merci, mon ami ! »
« Que Zanaryth sois ton guide, jeune fille. »

Khadija enfourcha sa monture et la lança immédiatement au galop, droit vers le désert, dans la direction qu'était supposé avoir prise Ibrahm.
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyMer 20 Sep - 10:43

HISTOIRE DE KHADIJA - 6

Eté 351 – Deux saisons. Deux saisons qu'elle était partie traquer le lâche individu qui avait empoisonné son père et sa mère. Deux saisons à suivre une trace qui devenait parfois imperceptible, quand elle n'avait pas été complètement effacée par un vent de sable. Mais aidée de sa foi en Zanaryth et grâce à ses prières, elle avait toujours retrouvé la trace du félon. Aujourd'hui, elle était de retour. Une dernière dune à franchir et elle serait de retour au campement.

Tout semblait calme et elle commença a descendre de la dune lorsqu'un des guetteurs l'aperçut et se mit à crier son nom. Aussitôt, les nomades surgirent de leurs tentes pour venir à sa rencontre. Ils formèrent bientôt un rempart infranchissable pour les chameaux de Khadija. Une bousculade sembla se déclencher à l'arrière, et le nomades s'écartèrent pour laisser passer Sélif et quelques Athaos qui formèrent une haie pour ouvrir un passage jusqu'au camp. Lorsqu'elle arriva à sa hauteur, Sélif regarda Kahdija et demanda :


« Alors ? »

Pour toute réponse, elle lança un sac de toile qui s'ouvrit en tombant sur le sol, laissant échapper la tête d'Ibrahm.

« Et mes parents, demanda-t-elle ? »

Cette fois ci, ce fut Sélif qui ne répondit rien. Il baissa le tête, n'osant plus regarder la jeune femme dans les yeux. Khadija avait compris... Mammud et Jemma avaient rejoint Zanaryth. Elle emmena ses bêtes à l'enclos et, en silence, commença à les débarrasser de leurs bâts. Sélif lui posa la main sur le bras.

« Laisse nous faire, jeune fille. Va les voir. Ils sont dans leur tente. »

Elle fixa Sélif et lui répondit :

« Merci ! Rejoins moi lorsque tu auras terminé. »

Elle se dirigea alors vers la tente de ses parent tandis que Sélif donnait des ordres pour que l'on s'occupe de ses chameaux.

Il étaient là, tous les deux, comme endormis. Ils étaient partis pour leur dernier voyage. Partis pour rendre compte à Zanaryth de l'échec de leur mission sur terre. Ils lui manqueraient. Beaucoup ! Mais ainsi va la vie, sur le chemin tracé par Dieu. Le coupable avait été puni et leur âme avait ainsi été débarrassée du fardeau du meurtre. Le paradis de Zanaryth les attendait alors que pour Ibrahm, les tourments infernaux le consumeraient pour l'éternité. Elle entendit un pas de la tente se soulever.


« Kadija ? »
« Merci, Sélif ! Merci de t'être occupé d'eux... »
« Mummad était mon Akra, mais aussi mon ami... Je leur devais bien cela... »
« Il faut que je parle au clan ! »
« Es tu sûre de toi ? »
« Pourquoi ? »
« Malgré l'éradication de la branche fanatique, certains ne sont pas encore près à se voir diriger par une femme. Jeune, qui plus est... Il va te falloir affronter des hommes et des préjugés... »
« Et toi ? »
« Moi, quoi ? »
« Es tu prêt à servir une femme ? »
« Je suis le chef des Athaos... Mes hommes et moi nous mettrons au service de la personne la plus apte à diriger la tribu... Que ce soit un homme ou une femme ! »
« Merci de ta franchise, Sélif... Maintenant, laisse moi seule avec eux encore un instant. Et rassemble le clan devant le tente... »

Sans un mot, Sélif sortit de la tente et fit passer ses hommes dans tout le campement, chez tous les artisans et les gardiens de troupeaux afin de les rassembler devant la tente de Mummad. Lorsqu'il jugea que presque tous les nomades étaient présents, il alla en avertir Khadija. Il ressortit de la tente et fit face à la foule. Lorsque Khadija apparut, le brouhaha qui émanait du rassemblement se tut immédiatement. Chacun regardait la jeune femme, certains avec compassion, d'autres avec indifférence.

« La paix de Zanaryth soit sur vous, peuple du désert ! Mummad, Akra de cette tribu est mort, lâchement assassiné, en compagnie de son épouse, la douce Jemma. Mais la justice a été rendue et le meurtrier n'est plus, maudit soit il, pour l'éternité. Prêtres ! Sortez les larmes de Zanaryth afin de purifier leurs corps. Que cette eau soit utilisée pour les ensevelir et que leurs corps retourne au désert. Je veux également... »
« Qui es tu, pour parler ainsi, demanda un voix dans la foule ? »
« Et où te caches tu, toi qui parles ainsi ? N'oses tu donc te montrer ? »
« Je me nomme Alzian, prêtre de Zanaryth, répondit l'homme en s'avançant vers Khadija. Et je repose ma question : Qui es tu pour parler ainsi ? »
« Tu sais très bien qui je suis. Je suis Khadija bint al Badiya. Fille de Mumm... »
« FILLE ! Oui ! Tu es une fille ! Et en tant que tel, aucun droit ne t'es donné de nous parler ainsi ! »
« Je suis la fille de Mummad ibn Khalyd et de Jemma bint Koffa, continua Khadija, imperturbable. Et par mon sang, j'ai le droit de vous parler. »
« Seul le sang mâle à le droit de parole, femme ! Et apparemment, ce n'est pas ton cas, lança Alzian, ce qui fit rire quelques personnes. Mummad n'a pas eu de descendance mâle. Il faut donc réunir le conseil pour lui désigner un successeur. Quant à toi, femme, si tu veux rester parmi nous, comporte toi comme ce que tu es. Maintenant, tu nous a assez fait perdre notre temps. Tes parents auront droit à la sépulture que je jugerait digne d'eux, mais pas plus. »

Cette fois, Khadija ne répondit pas et resta interdite. Les membres du clan commençaient à se disperser lorsqu'une voix fort retentit :

« Mummad ibn Khalyd a choisi un successeur ! »
« Que dis tu, Sélif, demanda Alzian en se retournant ? »
« J'ai dit : Mummad ibn Khalyd à choisi un successeur ! »
« Comment ce fait il que le conseil ne soit pas au courant ? »
« Il n'avait tout simplement pas encore trouvé le moment opportun. »
« Et peut on connaître le nom de ce successeur ? Toi, peut être, grinça-t-il ? »
« Non, prêtre ! Il ne s'agit pas de moi ! »
« Ne me dis pas qu'il s'agit... d'ELLE ? »
« Si ! C'est elle ! »
« Mon pauvre ami ! Comment peux tu être assez fou pour dire chose pareille ? Une femme ne peut pas être chef de clan ! »
« Si, elle le peut. Et il y a eu des antécédents. Il y a même eu une femme Tiram. »
Alzian grommela quelque chose d'incompréhensible
« Et alors ! Ce fut la seule que je sache... L'expérience, certainement désastreuse ne fut jamais renouvelée. Je dis, réunissons le conseil et choisissons un nouvel Akra. »
« Et moi, je dis qu'il n'est nul besoin de réunir le conseil. Je suivrais celle que Mummad a désignée. L'Akré Khadija bint al Badiya ! »

A ces mots, les Athaos frappèrent leur boucliers avec la garde de leurs cimeterres, marquant ainsi leur approbation. Quand à Khadija, elle frissonna lorsqu'elle entendit Sélif lui donner le titre d'Akré. Ce mot raisonnait encore bizarrement dans ces oreilles.

« Y a-t-il 'autres fous prêts à suivre une femme vers la catastrophe, demanda Alzian ? »

Une bonne moitié des nomades, ceux qui étaient toujours restés fidèles à Mummad franchirent aussitôt le pas, d'autres, plus indécis, mais persuadés par ce que venaient d'accomplir la jeune femme, les suivirent. Il y eut enfin ceux qui s'aperçurent que leur frère, leur cousin, leur femme ou leurs enfants étaient déjà de l'autre côté et les rejoignirent.

« Bien, marmonna Alzian. Je vois que votre choix est fait, malheureux que vous êtes. Vous allez droit à la ruine. Une femme ne peut que vous guider vers le malheur et la mort. Je ne suivrais pas cette caravane de morts en sursis. Seul Zanaryth pourrait me faire changer d'avis... »

Le prêtre n'avait pas fini de prononcer sa phrase qu'un roulement de tonnerre retentit dans le désert. Et il se mit à pleuvoir. Oh, seulement quelques gouttes, tout juste de quoi laisser quelques traces éphémères sur le sable brûlant. Mais de la pluie tout de même. Phénomène météo inhabituel en cette saison ou véritable intervention divine ? Toujours est il que devant cette pluie inopinée, Alzian s'agenouilla et rendit grâce à Zanaryth.

« Zanaryth a parlé. Il a fait son choix, lui aussi et ce ne peut être que le bon. Pardonne moi d'avoir douté, Akré. Il sera fait selon ta demande et les Larmes de Zanaryth seront utilisées pour offrir une sépulture à tes parents. Je suis désomais à ton service, Akré Khadija bint al Badiya. Que la paix de Zanaryth soit sur toi et qu'il t'accorde sagesse, justice et longue vie. »

Ce fut le point de départ de vivats et d'acclamations. On entendait des « Longue vie à l'Akré Khadija », entrecoupés par le martèlement des cimeterres de Athaos sur leurs boucliers. Muette, Khadija regardait cette foula acclamer leur nouvel Akra, et elle sentit monter l'angoisse : serait elle à la hauteur ? Elle se tourna vers Sélif, tentant de maîtriser sa peur. Le guerrier la regarda et lui adressa un immense sourire.

« Longue vie à toi, Akré Khadija ! »
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyMar 10 Oct - 20:47

HISTOIRE DE KHADIJA - Fin

Eté 352 – Que tout cela lui semblait loin tout en étant pourtant si proche. Cela ne faisait qu'une année que ses parents étaient partis rejoindre la lumière de Zanaryth et ils lui manquaient encore terriblement. Une année depuis le jour où, parée des attributs d'Akra de son clan, en tête de la caravane, elle donnait le signal du départ. Sélif, l'ami de la première heure, était toujours à ses côtés. Il la guidait dans son rôle de chef, mais Khadija apprenait vite et il n'eut très bientôt plus de conseils à donner.
Cependant, la progression de la caravane n'était pas de tout repos. Il fallait régler maints petits problèmes, quelques litiges entre nomades, surveiller le partage de l'eau,... Plein de petites choses qui passaient inaperçues lorsque l'on se trouvait à l'intérieur. En plus de ces inconvénients quotidiens arrivaient parfois, de l'extérieur, des ennuis un peu plus sérieux.


~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Khadija était Akra depuis une bonne saison et la caravane avançait lentement dans la chaleur du désert. Soudain, les guetteurs aperçurent une forme qui semblait ramper dans le sable. Khadija, Sélif et quelques Athaos se séparèrent de la caravane pour aller à la rencontre de cette silhouette. Ils ne tardèrent pas à découvrir un pauvre homme, un arabite, manifestement assoiffé et totalement épuisé. Khadija mit pied à terre et s'approcha de l'homme.

« Sélif, apporte moi de l'eau ! »
« Tout de suite, Akré ! »

L'homme regarda alors Khadija, visiblement stupéfait.

« Tu es Akré ? »
« On le dirait bien... Mais ne te fatigues pas plus. Nous allons nous occuper de toi. »

Sélif donna une gourde à Khadja et elle en fit tomber quelques gouttes dans la bouche de l'homme. Ce dernier murmura un merci presque inaudible. Pendant ce temps, la caravane les avait rejoints et s'était arrêtée. Khadija venait de faire quérir la guérisseuse lorsque les événement se déclenchèrent. L'homme allongé sur le sable poussa un cri rauque et, de toutes parts surgirent des bandits, armés jusqu'aux dents, qui attendaient jusqu'alors patiemment, enfouis dans le sable. Cette bande hétéroclites étaient composée de Diospyrs, d'Arabites et même de quelques Orcoumiens. Des esclavagistes !
Ne souffrant visiblement plus de la soif, l'homme à qui ils avait porté secours se releva, un sourire sadique aux lèvres.


« Eh bien, ... Akré,fit l'homme en donnant une intonation méprisante au titre de Khadija. Vous ne faites pas preuve d'une grande maturité pour tomber dans un piège aussi grossier... »

L'homme qui semblait être le chef de ces brigands avait raison. En voulant lui porter secours, elle avait mit en veilleuse tous ses instincts de chasseur. Si elle les avait écoutés plutôt que d'écouter son coeur, peut être ne se serait elle pas fait piéger de la sorte. Quoi qu'il en soit, le mal était fait, et c'était à elle de sortir son clan du pétrin dans lequel elle l'avait fourré. Un rapide coup d'oeil lui permit de voir que les Athaos étaient disséminés tout le long de la colonne. Très bien ! Ils pourraient ainsi la défendre efficacement. Ignorant les mots sarcastiques de l'esclavagiste, elle s'adressa aux orcoumiens qui faisaient partie de la bande.

« Comment des fils du désert peuvent ils devenir esclavagistes ? »
« Depuis que les femmes deviennent Akra, répondit le chef. »
« Il ne faut avoir aucun honneur, continua Khadija, ignorant la réplique, pour tomber aussi bas. Je croyais que cela était juste bon pour la racaille Diospyr et quelques arabites vénaux... Mais des orcoumiens... Des enfants de Zanaryth.... »
« Les temps sont durs, femme, répondit l'un d'eux sur un ton arrogant, ignorant volontairement le titre de Khadija. Et la vente d'esclaves remplit plus facilement l'assiette que les prières... »

Le chef arabite se mit à rire, mais une fois encore, Khadija l'ignora. Elle fixa encore plus durement les orcoumiens et leur dit:

« Alors, craignez son courroux ! »

Tout alla alors très vite. Khadija cria : ZANARYTH. Dans le même temps, elle libéra sa lame courbe de son fourreau, pivota sur elle même et décapita le chef des esclavagistes. En roulant sur le sable, la tête de l'arabite riait encore du bon mot de ses hommes. Mais avant qu'elle touche le sol, Sélif et les Athaos étaient passés à l'assaut. En quelques minutes, tout fut terminé. Une vingtaine de brigands gisaient sur le sable et seulement deux Athaos avaient donné leur vie. Elle cracha sur les corps des brigands orcoumiens.

« Qu'on laisse ces cadavres aux charognards. La lumière de Zanaryth n'est pas pour eux. Par contre, je veux qu'on enterre dignement ces deux guerriers. »
« Il en sera fait selon ta volonté, Akré, répondit Sélif. »

Elle s'adressa ensuite a la tribu :

« Ecoutez moi tous ! Je jure devant Zanaryth d'être la protectrice de mon clan. Moi vivante, personne ne lèvera la main sur l'un d'entre vous sans en subir mon courroux. Que la lumière de Zanaryth me guide ! »

Des vivats fusèrent alors et Khadija qui remontait la colonne etait acclamée tout au long de son trajet.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


C'est à partir de ce jour qu'elle obtint son surnom : La louve du désert. Et ce surnom, jamais elle ne trahit, tout comme sa promesse. Elle défendit sa tribu « bec et ongles » chaque fois que cela s'avérait nécessaire, comme la louve protège sa meute, et cela était pour continuer si un des éclaireurs n'était arrivé, lui annonçant qu'il venait de trouver une immense oasis...
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyMer 11 Oct - 23:22

TAKKEL ORCA - L'APOGEE

La cité bruissait des mille activités quotidiennes qui contribuaient à son existence. Depuis sa fondation, Takkel-Orca n'avait cessé de croître. Plusieurs caravanes étaient venues grossir la population de la ville. D'abord surpris de voir une femme aux commandes de la ville, ils avaient en général une hésitation. Certains d'entre eux, enfermés dans leur carcan idéologique préfèraient repartir dans le désert, mais d'autres, plus tolérants décidaient de rester et tenter l'expérience.
Passer du nomadisme à la sédentarisation n'est pas chose aisée. surtout lorsque l'on a passé la majeure partie de son existence au sein d'une caravane. Mais la vie à Takkel-Orca était paisible et quelques saisons faisaient oublier les longues années de marche.
Les charpentiers avaient tout d'abord construit la demeure de l'Akra à l'aide des poutres et linteaux peints et sculptés qui suivaient la tribu depuis le début de son errance. Quelques bas reliefs avaient d'ailleurs été rajoutés, relatants les actes héroïques de la maitresse de lieux.
Puis, furent construits les ateliers. Dès que les artisans furent installés, il purent travailler plus efficacement. Les maisons de pierre et de bois furent construites, remplaçant progressivement les tentes qui furent soigneusement pliées et rangées. Puis vinrent les casernes et les enclos. Et enfin, la grosse muraille de pierre qui ceignait complètement la ville.
Dès que les premiers archers purent patrouiller sur le chemin de ronde, les agriculteurs défrichèrent la terre de l'oasis, construisirent des chadoufs et commencèrent à cultiver légumes et céréales. Les troupeaux de chèvres et de moutons paissaient tranquillement sous la surveillance des bergers.
Ce hâvre de paix, cette vision idyllique, c'est ce que regardait Khadija depuis le parvis de son "palais". Elle regarda Sélif, l'éternel Sélif, s'approcher d'elle. Ce brave homme semblait ne pas vieillir. Pourtant Khadja savait que le poids des années lui était de plus en plus lourd à porter. Il n'était plus ausi rapide dans un combat au cimeterre, mais son expérience lui permettait encore d'avoir le dessus sur tous les jeunôts de la caserne


"Akré, nous n'avons toujours pas de nouvelles de notre dernier messager."
"C'est le troisième Sélif ! Le troisième que nous envoyons à Radadjathaïadah et qui ne revient pas. Je suis inquiète."
"Moi aussi, Akré. Je pense que nous devrions envoyer quelques cavaliers voir de quoi il en retourne. Qu'en penses tu, Akré ?"
"Je pense que tu as raison, Sélif. Réunit une dizaine de tes meilleurs lanciers, et envoie les a Radadjathaïadah. Nous devons savoir ce qui s'y passe !"
"A tes ordres, Akré !"

Sélif sélectionna donc dix des meilleurs lanciers montés de sa garde et le envoya en reconnaissance vers la capitale. Deux saisons passèrent avant qu'un seul des chameaux ne revienne, et l'homme qui le montait était plus mort que vif. Khadija et Sélif durent se faire aider de quelques Athaos pour disperser l'attroupement qui encerclait le pauvre soldat.

"Qu'on lui apporte à boire, ordonna Khadija ! Et qu'on aille quérir les guérisseurs. Vite !"

Alors que quelques hommes partaient en courant exécuter les ordres de Khadija, elle questionna le blessé.

"Que s'est il passé ?"
"Des fous, Akré !... Des fous... Leurs yeux... Des démons...."
"Calme toi. Explique moi depuis le commencement"
"Quand nous sommes arrivés... près de la capitale, il nous semblait... que quelque chose n'allait... pas. Pas de bruits... Rien... Pourtant, une ville de ... cette taille devait être très bruyante... Mais rien. Un silence de... mort planait sur la capitale. C'est en nous approchant encore que... nous les avons vus... Au moins un demi millier d'hommes.... Leurs yeux, Akré... Leurs yeux ! On aurait dit... des possédés. On aurait dit qu'ils surveillaient l'entrée de Radadjathaïadah... Comme les derniers gardiens d'une ville fantôme... C'est alors que, sans crier gare... ils chargèrent. A cinquante contre un... nous n'avions... aucune chance. J'ai donc fui... évitant leurs traits et leurs sabres le plus possible... J'ai fui... pour vous prévenir, Akté... Radadjathaïadah semble déserte..."

La voix du soldat s'éteignit alors qu'il sombrait dans l'inconscience. Khadija se leva et le laissa entre les mains des guérisseurs, priant Zanaryth pour le salut de cet homme.

"Tu as entendu, Sélif ?"
"Oui, Akré. Que faisons nous ?"
"Prépare notre armée. Radadjathaïadah est en danger. La lumière de Zanaryth ne la baigne plus. Nous devons la libérer et porter secours au Tiram. Fais vite, Sélif. Nous devons être partis dans trois jours."
"Il en sera fait selon tes ordres, Akré"
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MessageSujet: Re: La Perle   La Perle EmptyLun 16 Oct - 22:14

TAKKEL-ORCA – FIN ?

L'armée de Takkel-Orca arrivait en vie de Radadjathaïadah. Une fois encore, celle que l'on surnommait la louve chevauchait en tête, accompagnée du très fidèle Sélif. Le jeune soldat qui était parvenu à les avertir avait succombé à ses blessures. Mais Khadija ne doutait pas qu'il vivait heureux, aux côtés de Zanaryth. Maintenant, il n'était plus avec la lumière du Dieu. Il en faisait partie.
Immédiatement, la jeune femme ressentit la même inquiétude que lui avait décrite le soldat. Un silence oppressant régnait aux alentours de la ville. A l'heure ou tous auraient du s'affairer, les champs étaient déserts et les fermes abandonnées. Pas le moindre bruit non plus en provenance de la capitale. Pire, encore... Même la nature semblait s'être tue. On n'entendait pas un seul pépiement d'oiseaux. Khadija fit arrêter les Athaos et observa minutieusement les alentours. Rien ! Absolument rien ! Et toujours ce silence de mort... Elle sortit son cimeterre du fourreau, aussitôt imitée par les autres ptayzs*. Les kaets* encochèrent une flèche et les oratis* relevèrent leurs lances. Elle sentait le danger. Il était là, sournois, invisible, mais tellement présent... Elle donna l'ordre à la colonne de reprendre lentement sa progression. Les nerfs à vif et tous les sens en éveil, elle s'attendait au pire. Et bien lui en prit. Comme surgie de nulle part, une autre armée lui faisait face. Le jeune soldat avait parlé d'un demi millier d'hommes, mais là, ils étaient au moins trois fois plus nombreux. Et ceux ci n'avaient presque plus rien d'humains. Leurs uniformes étaient en lambeaux, ils étaient sales, hirsutes, grouillant de vermines. Pourtant, à la manière de se tenir, de tenir leurs armes, aucun doute n'était permis. Il s'agissait bien de soldats... Les soldats d'une armée de fantômes.
A la vue de ces hommes, un murmure commença à parcourir l'armée de Takkel-Orca. Certains récitaient déjà des prières destinées à les protéger des démons...


« Taisez-vous, ordonna Khadija ! »

Aussitôt, le rumeur fut réduite au silence.

« Ce ne sont ni des esprits, ni des démons qui sont devant nous. Ce sont des hommes. Des hommes perdus. Livrés à eux même depuis plusieurs saisons certainement. Mais des hommes, bon sang ! DES HOMMES ! »
« Je reconnais leurs couleurs, annonça Sélif. La cité d'où ils viennent est en quarantaine depuis très longtemps. Ils ont du fuir la peste et tenter de trouver refuge auprès du Tiram. Mais venant d'une cité pestiférée, celui ci a sûrement jugé bon de ne pas les laisser entrer... »

Khadija évalua la situation. Les deux armées étaient de force à peu près égale. Impossible de faire demi tour, ils seraient pris en chasse et étripés par ces hommes. Non ! Elle devait faire face à la situation.

« Je vais essayer de leur parler, dit-elle. »
« Je t'accompagne, répondit Sélif. »
« Non ! J'y vais seule. Reste ici et prépare nos hommes à la bataille. On ne sait jamais. »
« A tes ordres, Akré ! »

Khadija talonna sa monture et se dirigea vers l'armée adverse. Plus elle s'approchait, plus elle pouvait voir l'état de délabrement dans lequel se trouvait ses hommes. Des loques humaines. Mais des loques entraînées et armées. Des loques dangereuses. Puis elle se remémora les paroles du soldat mort : « Leurs yeux ». Elle les observa alors et elle comprit ! Leurs yeux... Hagards, qui vous fixaient sans vous voir. Des yeux vides de toute émotion... La lumière de Zanaryth avait quitté l'esprit de ces hommes. Ils avaient sombré dans la folie. Deux hommes lui barrèrent la route de leur lance et l'apostrophèrent :

« Qui tu es toi, demanda l'un des deux ? »
« Je suis Khadija bint al Badita, Akré de Takkel-Orca et je viens rendre visite à mon Tiram. »
« Toi, Akré, fit l'autre homme à qui il semblait rester une once d'esprit ? Orcum est tombé bien bas ! »
« Je ne te demande pas ton avis, répliqua Khadija ! Je viens voir le Tiram ! Me laisserez vous passer ? »
« Personne n'entre ni ne sort de Radadjathaïadah, femme ! »
« Appelez moi votre chef, répondit-elle, ravalant sa colère ! »
« Le chef, c'est moi, fit le premier homme. Et toi, tu vas mourir ! »

Il poussa alors un cri de guerre guttural et toute l'armée démente se mit à charger. Khadija tourna bride et repartit au triple galop vers son armée qui se préparait au choc. Et aucun mot ne put décrire la violence de ce dernier. Implacables, les kaets de Takkel-Orca décimaient les assaillants tandis que les oratis tentaient de les tenir à distance. Mais que peut faire une armée, aussi bien entraînée soit elle contre de telles hordes démentes... Les oratis de Khadija furent bientôt débordés et les assaillants chargèrent ptayzs et kaets Ce fut alors une véritable boucherie. Khadija, Sélif et tous les Athaos, cimeterre au poing taillaient et découpaient dans cette masse hurlante et grouillante qui ne semblait jamais s'affaiblir. Et, tout à coup, le silence revint. Les combats avaient cessés et il ne restait rien de l'armée ennemie. Leur folie les ayant poussé à se battre jusqu'à la mort. Mais, l'armée de Takkel Orca avait elle aussi payé un lourd tribut dans cette bataille. Seule un poignée de ptayzs, pour la plupart des vétérans restaient encore debout. Et aucun d'entre eux n'était indemne. Profondément émue, Khadija regardait le champ de bataille. Des centaines d'hommes gisant là ! Des hommes qui ne reverraient plus parents, enfants... Elle se laissa tomber à genoux et baissa la tête. La Louve pleurait !

« Quels sont tes ordres, Akré ? »

Khadija sursauta. Noyée dans le flot de ses émotions, elle n'avait pas entendu Sélif s' approcher. C'aurait aussi bien pu être un ennemi qui lui aurait planté une lance dans le dos. Après ce qu'elle venait de faire subir à son armée, cela aurait peut être mieux valu... Elle respira profondément, sécha ses larmes et se releva.

« Attendons la caravane logistique, Sélif. A leur arrivée, nous leur demanderons d'offrir une sépulture a ces morts. A TOUS les morts ! »
« A tes ordres, Akré ! »
« Pour l'instant, suis moi ! Nous allons jeter un coup d'oeil dans la ville. »

Les rues de la grande cité étaient désertes. Ils poussèrent le porte de quelques habitations, de ci, de là... Vides ! Ils se rendirent donc directement au palais.
Il était également vide. Khadija et Sélif appelèrent le Grand Tiram, mais en vain. Lorsqu'ils pénétrèrent dans la chapelle de Zanaryth, une ombre bougea. Khadija dégaina son arme, mais son geste fut arrête par Sélif. Ils s'approchèrent de l'ombre et découvrirent un prêtre, apeuré, recroquevillé contre l'autel du Dieu.


« Ne crains rien, lui dit Khadija en remettant son arme au fourreau. Nous ne sommes pas tes ennemis. »
« Qui... Qui êtes vous ? »
« Je suis Khadija bint al Badiya, Akra de la cité de Takkel-Orca. Et voici Sélif, le commandant en chef de mes Athaos. »

Les yeux du prêtre s'agrandirent de surprise lorsque Khadija annonça son titre.

« Et toi, continua-t-elle ? Comment t'appelles tu ? »
« Je me nomme Khareem ibn Khareem, prêtre de Zanaryth »
« Que la paix de Zanaryth soit sur toi, Khareem ibn Khareem. »
« Qu'elle soit sur toi également, fem... Euh... Akré ? »

Un léger sourire effleura les lèvres de la jeune femme. Décidément, il était plus que temps de montrer a Orcum que si les femmes avaient des devoirs, elles avaient aussi des droits. Elle ne releva pas l'hésitation du prêtre et continua de lui parler.

« Tu dois être affamé. Viens dehors avec nous. Nous te donnerons à boire et à manger. »
« NON, hurla le prêtre, se recroquevillant d'avantage contre l'autel ! Les fous ! Ils tuent tout ceux qui essayent de sortir de la ville. »
« Raconte-moi ! »
« Il y a plusieurs années de cela, je ne sais plus exactement combien, ces hommes sont arrivés de la cité de Havine. Sachant que celle ci était pestiférée, et ne voulant prendre aucun risque, le Grand Tiram leur interdit d'entrer dans la cité. Les officiers assurèrent qu'aucun des hommes n'étaient victimes de la peste puisqu'il n'étaient pas à Havine lorsque l'épidémie s'est déclarée. Mais, soucieux de la santé des habitants, le Grand Tiram refusa tout de même de les laisser entrer, soutenu dans cette décision par la quasi totalité des résidents.
Fou de rage, l'officier de Havine décrète alors que puisqu'ucun de ses hommes ne pouvait entrer dans Radadjathaïadah, plus personne n'en sortirait. Ils établirent donc un siège tout autour de la cité, condamnant tous les accès. N'ayant plus aucun contact avec l'extérieur, nous commençâmes à nous nourrir des réserves de la ville, mais celles ci n'étant pas inépuisables, la population commença à mourir de faim. Alors, chaque jour, quelques uns tentaient de sortir de la ville malgré le siège pour apporter du ravitaillement. Mais aucun d'entre eux n'est jamais revenu vivant. Les assiégeant trouvant même un malin plaisir à nous renvoyer les têtes de ces hommes par dessus les murs avec leurs trébuchets. Nous brûlions bien évidemment tout de suite ces têtes afin d'éviter que se déclenche, en plus, une épidémie de peste.
La population continuait à mourir, inexorablement. Alors, dans une ultime tentative, le Grand Tiram réunit son armée et tous les volontaires voulant s'engager. Cette grande armée, hétéroclite, sortit alors de la ville sous les acclamations de la population, pour tenter de déloger les assiégeants. Ce qui se passa par la suite, personne ne le sait vraiment. Nous avons entendu le bruit d'une grande bataille, mais jamais aucun des hommes, Grand Tiram compris ne sont jamais revenus. Étrangement, cette fois, aucune tête ne fut projetée par dessus les murs de la ville. Tous les survivants, de plus en plus rares, se terraient dans leur maisons. Je décidai, au bout de quelques jours, de jeter un oeil à l'extérieur et je me rendis sur le chemin de ronde. Il n'y avait aucune trace de bataille. Tout avait été consciencieusement nettoyé. Seule, au loin, on apercevait une immense colonne de fumée montant vers le ciel. Comme celle d'un énorme bûcher.
Depuis, plus personne n'est sorti de la cité et chacun s'organisa comme il le pouvait pour survivre. Nous nous nourrissions de rats, mais le plus dur fut lorsque l'eau commença à manquer. La fin de la cité était proche et les quelques survivants périrent à leur tour. J'ai bien peur d'être le dernier...
Voilà toute l'histoire, fe... Akré. »

Khadija le regarda un long moment, silencieuse, puis elle reprit la parole :

« Comment t' en es tu sorti, toi ? »
« Comme les autres. J'ai mangé du rat... »
« Et pour l'eau ? »
« ... »
« Comment as tu fait pour boire ? »
« J'ai... Oh, Zanaryth, tout puissant, pardonne moi ! »
« Te pardonner de quoi ? »
« J'ai bu... Oh... Non, je ne peux pas... »
« Parle ! Je te l'ordonne ! »
« J'ai bu les larmes de Zanaryth ! »

Un grand silence s'abattit alors sur le temple. Boire les Larmes de Zanaryth était un sacrilège qui était puni de mort. Mais Khadija devait elle en vouloir à cet homme pour qui cette eau était le seul moyen de survie ? Et la conscience qu'il avait d'avoir commis un tel sacrilège le minait déjà terriblement. Il porterait ce fardeau toute sa vie et cela serait son châtiment. Mais après ce qu'il avait vécu, cet homme ne méritait certainement pas de mourir.

« Sélif et moi ne diront rien de cet épisode. Maintenant, sortons d'ici. »

Tous les trois prirent le chemin du campement, Sélif et Khadija soutenant le prêtre qui n'avait même plus la force de marcher. En chemin, Sélif prit la parole :

« Quelle tristesse de voir cette ville vide. »
« Je suis d'accord avec toi, Sélif. Surtout après avoir entendu ce qui s'est passé ici... »
« Oui ! Et c'est Radadjathaïadah! Orcum n'a plus de guide... »
« Ne t'inquiètes pas, Sélif. Je suis certaine qu'un Akra viendra bientôt en prendre possession. »
« Pourquoi attendre ? »
« Que veux tu dire par là ? »
« Je veux dire : pourquoi attendre ! Il me semble qu'il y a déjà un Akra dans la capitale, non ? »

Stupéfaite, Khadija s'arrêta, manquant de faire tomber le prêtre.

« Tu n'y penses pas ! Il faut que ce soit un fils du désert qui monte sur le trône. »
« Et pourquoi ? »
« Parce qu'il en a toujours été ainsi et... Et que c'est écrit dans les livres sacrés ! »
« C'est ce que l'on t'a dit. Mais en es tu sûre ? »
« Il suffit, Sélif ! Je ne veux plus entendre parler de cette histoire. »

Sélif se tut et ils rejoignirent le campement. Là, on prit soin du prêtre. On le lava, l'habilla et on lui donna a manger. Malgré la frugalité d'une cantine de campagne, il eut l'impression qu'on lui servait un festin.
Khadija mangea très peu ce soir là, et elle ne parvint pas à s'endormir. Elle s'habilla donc, sortit de sa tente et se dirigea vers la ville.


« Où vas tu, jeune fille ? »

Elle n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qui l'avait apostrophée. Il n'y avait qu'uns seule personne qui pouvait se permettre de l'appeler ainsi.

« Je vais prier, Sélif. Je ne veux pas que l'on me dérange. »
« Il en sera fait selon tes ordres, Akré ! »

Khadija rest absente pendant deux jours et deux nuits. Lorsqu'on lui demandait où était l'Akré, Sélif répondait invariablement : En conversation avec Zanaryth ! Enfin, sa silhouette se détacha de la porte d'enceinte et elle rejoint le camp. Elle semblait sereine et avait un sourire aux lèvres. Elle demanda à voir le jeune prêtre.

« Akheem. Il faut que tu saches que Zanaryth te pardonne. »
« Comment le sais tu Akré ? »
« J'ai prié, Akheem. Prié et lu. Pendant deux jours. Et là, j'ai été touchée par la lumière. Zanaryth m'a montré la voie. J'ai lu les textes sacré. Ils parlent bien du trône d'Orcum et de l'enfant du désert. »
« Et alors, demanda Sélif ? »
« Alors ? Tu n'a pas compris ? Il parlent d'un ENFANT du désert. PAS D'UN FILS ! »
« Ce qui veut dire, continua Sélif, un sourire aux lèvres, montrant qu'il avait parfaitement compris »
« Ce qui veut dire, espèce de vieil âne bâté, que tu va repartir à Takkel-Orka et remettre la caravane en route. Nous déménageons ! »
« A tes ordres, Tiram ! »

Khadija ne releva pas et se tourna vers le prêtre :

« Dis moi, Akheem ibn Akheem. Serais tu contre devenir le conseiller d'une Akré ? »
« Je te servira du mieux que je pourrais et aussi longtemps que Zanaryth me prêtera vie, Akré Khadija ! »
« Alors, rassemblons les hommes, et entrons... chez nous ! »




*ptayzs = épéistes
*kaets = archers
*oratis = lanciers
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