Après la prise de pouvoir de l’ancien Fiera Erelian Alanor Calmanan, une période de paix et de reconstruction s’étendit sur la Kandrasie. Les nouvelles vers les plaines du Kandraques étaient pauvres en renseignements dans les autres contrées ; les frontières avaient été presque totalement fermées durant la période que le Régent Calmanan avait baptisé « Ytdheneo », la reconstruction, en Empersois. Peu de choses émanaient de Kandrasie donc, et tout semblait calme. Mais en son sein, l’agitation était grande, et colère et vengeance avaient plus que jamais leur place dans le cœur de ses soldats. On raconte une histoire, sur l’une des mise au pas qui suivit cette période. Cette histoire, la voici.
« … Adonc, il arriva que le Grand Régent de la noble Kandrasie appela à lui le fier et courageux chevalier Kalaedimila. Son cœur était pur et son bras puissant, et il s’élevait comme prometteur pour sa jeune lignée. Or donc, le Régent, voyant cette étoile montante, décida d’en éprouver les valeurs. L’Ennemi n’avait toujours pas quitté les terres, et la patience de notre dirigeant arrivait à son terme. Mais il avait fort à faire, et ne pouvait se permettre de quitter la Blanche en ces moments. C’est ainsi qu’il appela à lui Kalaedimila, et que celui-ci se rendit à Elderine. Là, le Régent lui tint un discours fort éloquent, si bien même que les personnes présentes crurent que Kara elle-même parlait par sa bouche et par sa voix. Parmi ce discours, voici ce qu’on put en répéter :
« Il y a, par le nord, nos plus dangereux ennemis. Il ne s’agit pas des peuplades rustres de l’Aevenspir, bien qu’elles nous aient éprouvé par le passé. Non, l’Ennemi est intérieur, et gangraine actuellement une vaste région. La paisible cité de Dilian tremble devant cet ennemi. De par sa proximité, et de par le danger qu’il représente. Toi, ô Kalaedimila ! Je t’ai choisi parmi tant d’autres pour mener nos hommes… à la bataille, s’il le faut. Tu prendras la tête de l’armée que je te donnerai, et marchera sur le duché d’Istria. Là bas, tente de donner raison aux occupants. Explique leur qu’il est folie de rester en ces lieux. S’ils refusent de quitter Kandrasie, alors sonne le cor de la bataille. Par la plume ou par le sang, cette graine de l’hérésie tombera. Ainsi cela sera fait, par ma présente volonté. »
Et c’est ainsi que le preux chevalier parti vers le nord, accompagné de plus de mille fiers chevaliers, ainsi que sept mille hommes d’armes. Ils marchèrent vite et long, profitant des routes nouvellement construites, et arrivèrent enfin aux alentours du duché. Là, le chevalier ordonna de dresser le camp a l’orée d’un bois, et envoya deux émissaires au duché. N’en revint qu’un seul, et percé de mille flèches. Il mourut l’instant après avoir délivré son message à son seigneur, et rejoignit les braves auprès d’Erus. Kalaedimila ordonna alors la levée du campement et la c’est une armée en formation qui s’approcha des murs du duché félon. De lourds engins de siège furent montés, mais l’ennemi préféra sortir de sa retraite avant de voir ses murs à bas. Kalaedimila, toujours en tête, prit le commandement des chevaliers, et ordonna la charge, tandis que les hommes d’armes avanceraient en couverture et que les archers prélèveraient leur lot de traîtres à distance. C’est alors que l’armée ennemie pivota comme un seul homme en direction des chevaliers de Kandrasie. Kalaedimila et ses hommes chargèrent, et combattirent a dix contre un. A chaque fois qu’un des leurs tombaient, c’est vingt autres qui étaient prélevés dans les rangs ennemis. C’est ainsi que la colère des preux de Kandrasie s’abattit sur les traîtres à la couronne. Une fois les hommes d’armes arrivés, il ne restait plus un seul homme debout entre Kalaedimila et les portes de la cité. Les pertes des chevaliers furent sévères, mais moins que celles de l’adversaire. A la fois heureux par la victoire et chagriné par la mort de ces braves qui combattirent à ses côtés, le chevalier entra dans les rues d’Istria, son armée derrière lui, et revendiqua ce fief au nom de la Kandrasie et de son Régent.
Désormais, les couleurs de Kandrasie flottaient sur les remparts de l’ancien duché d’Istria. »
Chapitre XII des contes et légendes de Kandrasie, La Chute d’Istria,
Par Theodorus Aednon.