... et le Siâle se fait remarquer.

Abu faisait les cents pas dans la vaste salle du trône, où étaient réunis les autres Oblaths de la région. Derrière lui se profilait déjà les immenses corps qui composaient l'armée du Grand Tiram dans sa majeure partie, alors en route vers l'Empersiste. Alors que les hommes recevaient leurs ordres, Abu, en remplaçant exemplaire, donna quelques consignes aux diplomates qui seraient détachés eux aussi.

Ainsi partirent plus de seize milles hommes en direction d'Ephyne, avec pour seul objectif, l'assistanat auprès du peuple empersois et de leur Intendant. A cet instant, l'issue de la guerre était incertaine, et le climat dans lequel était plongé le territoire ne laissait rien présager de bon. Les oracles n'avaient pas été consultées, Abu préférant se fier à l'art de la guerre que de la divination.

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[i]Le climat doux et tempéré de l'Empersiste ne réussissait pas réellement aux hommes, habitués à la chaleur. Cette armée du Grand Tiram, était la première a n'avoir jamais quitté le sol orcumien, et même les vétérans de la 'Grande Révolte' avaient du mal à s'acclimater. Mais tous les hommes savaient qu'ils étaient là dans un but précis, apporter leur soutien indirect au Grand Tiram Rewal'd, qui avait repris le territoire en main voilà trente ans.

Les colonnes suivaient le tracé des routes sur plusieurs kilomètres, alors qu'ils étaient non loin d'Auzance. Fort heureusement, les émissaires et diplomates avaient fait correctement leur travail, ce qui permit à l'ost d'arriver sans peine aux abords de la ville.

Tout était très étrange pour ces hommes habitués au désert. De la verdure jusqu'à l'architecture, tout était nouveau mais restait la propriété de l'étranger. Etranger d'ailleurs qu'ils venaient secourir voire sauver.

Ils restèrent là quelques jours, installant le campement devant les murailles de la ville. Ils recevaient quelques nouvelles d'Ephyne, bonnes à en voir l'air satisfait des Oblaths et des diplomates. L'armée désirait cependant se faire remarquer, ajouter un fait d'arme sur les étendards qui claquaient au vent, et Zanaryth leur rendit grâce.

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L'armée kandrasienne avait largement souffert de ses défaites consécutives devant les murs d'Ephyne et bon nombre de soldats encore valides avaient pensés à la désertion. Ce fut donc sur eux, ainsi que sur quelques barbares venus d'on-ne-sait-où, que l'armée s'entraîna, sécurisant ainsi le reste de la région empersoise et avertissant, le cas échéant, l'Intendant de toute intrusion.

Une fois cette mission remplie et quelques milliers de morts derrière eux, les orcumiens allaient pouvoir réellement débuter les pour-parler, devant Ephyne la Belle.

Quelques survivants, car il y en aurait toujours, s'étaient dispersés, ou étaient rentrés au pays. Bientot, dans les campagnes Kandrasiennes, l'annonce de la guerre se mêla à une toute autre rumeur. Leurs "amis" orcumiens, ceux qui voulaient tant se rapprocher d'eux, d'après ce qu'on pouvait en croire à Ephyne, s'étaient attaqués à eux. La rumeur enflait et se répendait partout dans le pays. Bientot, elle atteignit Elderine.

Il en était fait de la bonne entende demandée par les diplomates orcumiens entre le pouvoir de la couronne Kandrasienne et le peuple du Désert.

L'annonce de la victoire fut sans réelle surprise pour Abu, qui recevait tous les hommages de cette lointaine campagne. Ainsi donc, il avait su contrer les attaques internes au pays et mener avec brio la guerre loin de chez eux, pour la première fois depuis un siècle.

Il reçut quelques diplomates kandrasiens, à sa demande, et leur fit bien comprendre que la vente du Grand Tiram comme un simple bout de viande était la cause de ce soulèvement, et que si la Kandrasie, avec le peu qui lui restait en faisait rien en leur faveur, Elderine pourrait sans mal passer entre les mains gaediennes ou mieux, orcumiennes.

L'ultimatum laissé était presque sans appel, et déjà les troupes de tout le territoire et ces alliées à sa cause se levaient, prêtes à partir une nouvelle fois faire la guerre.

Ces ambassadeurs, représentants de leur nation, n'avaient que peu de choix devant eux.

"Votre menace grand sire, ne nous impressionne point. Vous êtes comme les chiens devant une caravane ; vous aboyez, elle passe. Elderine la Blanche est pure et le restera. Elle est gardée par nos dieux, elle est imprenable, et ce n'est pas vous qui nous ferez mentir. Fi donc ! Faites donc vos messes basses sous la table, cela ne pourra en rien entâcher la gloire de notre royaume. Un de nos grands dirigeants a dit un jour : Kandrasie est une, impériale et sans attache.

Rappellez vous en, Orcumiens."

Abu, lors de ces réunions souvent platoniques avait appris comment se gausser de tous ces hommes de parole qui avaient la mémoire vacillante, sans doute fusse le fait qu'ils vivaient au jour le jour, sans prendre en considération le passé.

" Si la Kandrasie est aujourd'hui Kandrasie et non pas une colonie Aevenspeer, c'est ni plus ni moins grâce à l'assistance des Grands Tirams, qui en leur temps, ont travaillé de concert avec votre peuple pour lui garantir sa souveraineté.

Peuple méprisant et méprisable, il va de soi, car à l'instant où le trône changea d'homme, les orcumiens furent traités comme des chiens. Nous vous rendrons la pareille et n'ayez crainte, nous avons tout notre temps. "

Suite à la menace proférée par les Orcumiens, la Kandrasie n'avait qu'une réponse à leur faire :

"Suite aux récents évènements, il est clair qu'Orcum est désormais de nos ennemis. Armez-vous grand sire et osez défier les enfants de Sérul ! Vos menaces sonnent creuses et Elderine est un bastion que vous seriez bien en peine de prendre d'assaut. Je vous suggère d'essayer de récupérer votre précédent "grand" Tiram au lieu d'être si prompt à en perdre un nouveau.

N'oubliez jamais mes paroles Orcumien."

"Vous devez parler de ces trois mille hommes, loin de chez eux, qui sont restés à Elderine plusieurs semaines dans l'attente d'une siège qui n'est pas venu ? Certes, sans vous, Elderine n'aurait eut que plus de réserves de nourriture. Peuple prétencieux et ignare ; vous flattez votre égo en surpesant vos actes qui ne furent que mineurs par le passé, en pensant que de fait, tous vous doivent une considération sans bornes."

Devant tout ceci les ambassadeurs Kandrasiens n'avaient plus rien à dire. Ils décidèrent donc de se retirer. Si l'on les laissaient partir sans encombre, il n'y aurait bientôt plus d'ambassadeur Kandrasien en Orcum. Rapidement, la frontière Sud serait fermée, bloquant ainsi les échanges commerciaux.

Les massacres commis par les Orcumiens ne firent que confirmer au seigneur Dinivan qu' Orcum avait sombré dans la barbarie. Leurs actes ne resteraient pas impunnis, les Kandrasiens réclamaient maintenant vengence.

Le peuple grondait et commençait à exiger la tête des responsables. Cet incident était loin d'être réglé...