[Assemblée] Déclaration de guerre de la Kandrasie

Le seigneur de Lougevelles était entré en coup de vent au sein de l'assemblée d'Ephyne, il se tenait au devant de l'ensemble des émissaires présents et entonna d'une voix forte et aux oreilles de tous mécontente :

"Hommes de toutes les contrés, je viens à vous aujourd'hui pour dénoncer les horreurs amenées jusqu'à nous par ces peuplades qui nous accusent de trahison et d'oppression. Ces individus si "nobles" ont choisi de se rendre à quelques pas de cette assemblée et de l'assiéger, oui vous avez bien entendu, de l'assiéger. En tant qu'empersois je m'offusque de ce procédé, en tant qu'homme libre je dénonce ces actes de barbarie et de haine insensée.

Notre peuple continuera de se défendre derrière ses seigneurs et la noblesse de l'ensemble des terres gaediennes se dressera chaque fois qu'il sera nécessaire pour repousser les hordes ennemies."

Il se tourna vers la tribune kandrasienne et jeta un regard méprisant aux émissaires présents ; ces individus me méritaient rien d'autre que la mort et le dégoûtaient. Si cela ne tenait qu'à lui voilà bien longtemps qu'il aurait châtié cette engeance.

"Kandrasiens, je suis empersois et je n'ai jamais rien fait d'autre que me défendre contre vos invasions tout comme mes parents avant moi. Dylan Selden, Haut Représentant de Gaed est vieillissant, ne se présente que de moins en moins souvent à cette assemblée et vous sacrifiez onze mille de vos hommes pour tenter de l'abattre ?

Vous êtes complètement fous, votre royaume et votre peuple sont fous. Un homme vous a trahi et vous souhaitez ruiner, violer et abattre des terres desquelles il n'est même pas originaire ? Quelles seront vos excuses cette fois-ci ? Nous avons abattu une compagnie de marchands de Jilosia qui venaient commercer et vous désirez vous venger ? Vos dieux si pacifiques vous ont chuchotté de libérer le peuple empersois opprimé ? Nous n'avons nul besoin de guerres, d'armées et de vengeances ridicules ; gardez la destruction pour la Blanche, vous ne trouverez que la mort en vous rendant sur nos terres."

Un homme, qui devait se cacher dans l'assemblée puisqu'il ne se leva pas, cria à l'égard du jeune seigneur.

"Si l'honneur est considéré comme une folie par les Empersois, alors le peuple de Kandrasie est fou !"

Un homme se leva dans la tribune Kandrasienne. Il portait une tunique en velours rouge Bordeaux et tout laissait penser qu'il était de sang noble. Il parla en ayant un ton amusé

"Empersois… Allons calmez vous… Croyez vous réellement que nous aurions voulu vous envahir avec seulement 11 000 hommes ? Si un jour nous le faisons croyez bien que nos armées seront largement supérieures…
Non, c'est un acte isolé et nous ne savons pourquoi le seigneur Nidolius a envoyé son armée à Ephyne sans en avoir préalablement demandé le droit à notre Régent. Qui je pense aurait refusé…

Ceci dit Empersois, nous voyons que, nous, "les fous", nous vous faisons une telle peur que vous devez envoyer 4 fois plus de troupes pour vaincre une petite armée Kandrasienne…"

Des rires fusèrent dans les rangs Kandrasiens

"Vous parlez d'honneur ? Mais ou est l'honneur de vaincre une armée avec un rapport de force de 4 contre 1 ?"

Le seigneur Lotris semblait troublé par les dires du Kandrasien.
Il passa ses mots à son second; qui s'adressa à l'assemblé.

Voici la voix du seigneur Lotris.
Mes seigneurs il n'est plus question d'honneur ou non dans ce cas.Je pense qu'il ne s'agit que d'une défense du peuple d'Empersiste suite à l'appel de l'intendant.
Nous ne pouvions pas prendre le risque de laisser ces troupes hostiles sur nos terres.
Que l'on est deployé 4 fois plus de personnes que votre confrere ne regarde que les seigneurs empersois apres tout.
Je suis toutefois soulagé de savoir que c'était un acte isolé sur Ephyne.

Je pense que vous en aurez fait pareil en cas d'intrusion sur votre territoire.

Lotris semblait satisfait assied dans son fauteil.

Le seigneur Hernander eut un sourire face aux paroles du kandrasien. Il écouta le discours du seigneur Lotris, par l'entremise de son second, et se leva de nouveau en ayant son regard clairement tourné vers l'émissaire de la Blanche.

"La Kandrasie a porté une fois de plus son regard sur des terres qui ne lui appartenaient pas ; vous semblez vous désengager des actions du seigneur de Jilosia mais le mal est fait et deux mille familles empersoises pleurent aujourd'hui, qui leur aîné, qui leur mari. Le monde n'est pas ce terrain de jeu militaire que vous semblez tant apprécier et vos actes ont des conséquences, parfois terribles. J'espère que vous appréciez à leur juste valeur les paroles que je vous assène, nous devons nous prémunir de toute espèce de vindique guerrière et vous en êtes une engeance toute symbolique."

Il tourna légèrement la tête vers le siège de l'intendant Dylan Selden, vide et s'autorisa un bref salut pour Asclepior de Bragancie avec qui il partageait de nombreuses convictions sur l'avenir que devrait prendre l'Empersiste. Un jeune seigneur se tenait à ses côtés, un certain Märkus de Tyrswöl qu'il lui plairait d'entendre exprimer son opinion sur ces évènements.

"Devant les récents évènements et en l'attente d'excuses publiques du seigneur Nidolius ou du régent Dinivan je considére n'avoir aucune garantie que cet acte était isolé et ne reproduira plus. Messires kandrasiens, mon influence est probablement faible sur nos terres mais sachez que je considère ma patrie en guerre contre le peuple de Kandrasie et que je ferai tout ce qu'il me sera possible de faire pour convaincre l'intendant Dylan Selden de prendre les mesures appropriées à votre encontre. De tels actes démontrent soit un profond désir de propager le mal soit une complète incompétence à surveiller votre propre armée."

L'ambassadeur de Kandrasie, pâle et affaibli se leva et se tourna vers la tribune Empersoise.

"Messires, je suis profondément désolé des tragiques évènements qui ont coûté la vie à de nombreux soldats, kandrasiens et empersois.
Les troupes ayant attaqué Ephyne furent conduites par le seigneur Nidolius qui n'avertit ses pairs kandrasiens de son funeste projet qu'une fois la bataille engagée.
Nous pensons aujourd'hui que le dirigeant de Jilosia fut frappé de folie et qu'il a attaqué la Belle pour provoquer une guerre entre l'Empersiste et la Kandrasie, certain de la victoire de ses compatriotes.

Contrairement à ce que nombre de personnes croient, il n'y a aucune noblesse dans les derniers actes du seigneur Nidolius.En tant qu'homme et kandrasien, je condamne sa décision de nuire à nos voisins et de provoquer un carnage. Quelle noblesse y a-t-il à envoyer treize mille âmes dans l'Autre Monde, qu'elles soient karéennes ou gaediennes ?"

Il regarda le Seigneur Hernander de ses yeux fatigués :
"Je comprends votre colère mais je vous prie de ne point vous emporter. Le seigneur Nidolius a certainement été tué durant la bataille et je pense que les autres kandrasiens n'accepteront pas de faire des excuses à un pays qui a tué onze mille des leurs, même s'il n'a fait que se défendre face à une odieuse invasion.
Une guerre ne résoudra rien, sacrifer des soldats pour en venger d'autres est une logique que je ne partage pas. Si la guerre ne peut être évitée, et si les Empersois choisissent de venir nous affronter, sachez que les kandrasiens se battront jusqu'à la mort, moi le premier.
Je vous prie de croire que je suis désolé de voir tant de morts...et tant de haine."

L'homme se rassit, fatigué par cette maladie qui le rongeait de l'intérieur et les tristes évènements de ces derniers jours. Le seigneur Hernander lui paraissait être un homme droit, bien que bouleversé par la colère, et il espérait qu'il n'aurait pas à occire l'un des derniers sages de cette Assemblée.

Une autre voix, qui désirait se cacher dans la masse seigneuriale cria :

Messires Empersois, pourquoi donc réclamez-vous vengeance? Ces onze mille hommes Kandrasiens venus pour prendre votre capitale étaient pétris d'Honneur, et c'est un acte vil que de les avoir égorger! Il aurait été plus courageux, plus honorable d'essayer de les désarmer, à ce moment là, vous auriez pu demander réparation... mais là, en tant que fautifs, je rejoins le culot Kandrasien, et je vous accuse de vous être défendu!

Cette pique se termina dans un ricanement moqueur, destiné aux Kandrasiens.

Hémor Varin était assis à siège, comme souvent. Bien que ses convictions le poussent à haïr Hernander, il était d'accord avec lui. L'arrivée de onze mille Kandrasiens sur le sol Empersois n'était pas un hasard. C'était un affront, point.

"Alors quoi, Kandrasiens? 11.000 de vos soldats s'en viennent périr chez nous, et c'est un hasard, une erreur? Quel est ce Royaume où les armées peuvent se balader ainsi à leur gré? L'autorité de votre Roi est-elle réelle?

Cessez vos bêtises. Vos hommes ont péri devant nos armées, et vous désirez tirer un trait sur cet affront? Prennez votre courage à deux mains, et assumez d'avoir provoqué l'Empersiste!!"

L'ambassadeur eut un petit rictus en entendant les dernières déclarations. "Ainsi donc, les Empersois veulent en découdre" pensa-t-il...

"Vous semblez décidés à ne pas entendre la voix de la raison. Je vous demande de reconsidérer votre décision de faire la guerre. Seuls nos dirigeants respectifs peuvent déclarer un conflit ouvert, les seigneurs ne pouvant l'imposer à leurs égaux. Il nous suffira d'attendre leurs décisions.
Je vous prie de ne point oublier que nous sommes toujours prêts à repousser un assaut, d'où qu'il vienne. Si des Empersois armés parcourent nos terres, ils risquent fort de se retrouver six pieds en dessous..."

Le prism répondit d'une voix claire

"Les deux très certainement messire, pour ne pas avoir éliminé quand nous en avions l'opportunité des gens comme vous...

Mais non notre code de l'honneur nous dictait de prendre Ephyne afin de faire tomber l'ancien intendant. Et c'est par une traitrise de la part des Gaediens que nous avons perdu des milliers d'hommes.

Alors ne venez pas me parler d'honneur cazr vous ne connaissez pas la signification de ce mot. Quant au mépris c'est tout ce que vous aurez de notre part !"

Toujours une voix, dans la salle.

Eh bien laissez moi vous dire que si vous aviez tant d'Honneur, vous auriez reconnu les fautes de votre pair, et vous seriez excusés. Mais il est trop tard, et l'affront que l'Empersiste a fait en défendant ses terres doit être lavé dans le sang. Oserez-vous envahir l'Empersiste comme il y a plusieurs années, même si votre défaite semblait vous avoir calmé?

Messires Kandrasiens, en plus d'être imbéciles, vous êtes pleutres, ce qui ne va assurément pas ensemble.

L'ancien Inquisiteur sourit en entendant les deux tirades empersoises.

"Ne vous donnez point la peine de chercher ma nature, seigneur Marküs. Si nous vous écoutions, tous les Kandrasiens seraient des mécréants fourbes et stupides qui déclencheraient des guerres futiles par seul goût du sang.
Je vous ferai remarquer que nous n'avons jamais réclamé quoi que ce soit et que seuls les Empersois veulent un conflit, on peut se demander qui sont les barbares assoiffés de mort.
Oserais-je par contre vous demander précisément ce que vous attendez de la Kandrasie ? Jusqu'à maintenant, avec vos compatriotes, vous n'avez fait que réclamer un conflit ouvert entre nos peuples. Je précise que la Kandrasie ne se considèrera en guerre contre l'Empersiste que si l'un de nos deux chefs d'état déclare une guerre ouverte ou si des Empersois viennent armés en notre contrée.

Si, néanmoins, quelques Empersois veulent venir chercher leurs réparations sur nos terres, nous avons de quoi les recevoir."

Märkus se sentit obliger de répondre à l'ambassadeur kandrasien, les dernières paroles de ce dernier lui étant tout particuliérement destinées.

Voyons mon ami, encore heureux que vous n'avez rien réclamé aux empersois dans cette affaire et j'ose espérer que cette idée ne vous à pas traversé la tête.

En ce qui concerne votre question, eh bien je répondrais simplement que si vous aviez plus de discernement, vous auriez compris tout seul ce que, à l'instar de nombreux empersois, j'attends de la Kandrasie.

Mais bon ne vous donnez pas tant de peine à chercher ce que j'attends, je ne pense pas que quelqu'un d'aussi kandrasien que vous puisse trouver.

En ce qui me concerne, je vais continuer à vous observer. Peut-être finirai-je par percer le secret de votre vrai nature...

Sur ce, il se rassit.

Fallait-il être vraiment sorcier pour comprendre que des excuses sincères de la part de l'intendant kandrasiens auraient sûrement suffi à calmer les empersois si elles avaient été présenté dès le début.

Visiblement les kandrasiens n'avait pas compris cela et les empersois, exacerbés par le mepris et la suffisance des kandrasiens, acceptaient de plus en plus le comportement de ces derniers...

Le seigneur Hernander était de plus en plus furieux contre les propos de l'ambassadeur, il changeait de ton comme de tunique et paraissait jouer admirablement de son statut de vieillard pour attirer la sympathie. Par moments le seigneur de Lougevelels éprouvait pour ce personnage sinon une réelle adhésion, du moins un certain respect mais... à d'autres il semblait tout simplement fermer les yeux et réciter ce que les prêtres de son culte lui assénaient depuis son enfance.

"Vous ne réclamez rien ? Nous sommes les seuls à l'origine de ce conflit ?

Allons, messire ambassadeur, remmémorez vous quelques instants vos paroles des dix dernières années. Nous n'avons eu de cesse de vous demander ce que vous recherchiez, que nous nous moquions royalement de votre avenir et vous n'avez eu de cesse de nous chercher noise en réclamant votre sacré veangeance.

Nous voulons toujours la paix mais nous ne parvenons pas à l'obtenir par la voix diplomatique. Vos paroles ont toujours été les mêmes : Ephyne tombera. Ont-elles changé ? Je ne crois pas aux vues de vos affirmations."

Asclepior était installé proche de Marküs, il fut comme d'habitude impressionné par ses tirades et son jeu d'opposition face à l'ambassadeur Kandrasien.
Cette exacerbation de dénonciation, de condamnation, d'accusation n'avait pour origine que l'insouciance d'un seigneur frustré, sans doute par l'absence de reconnaissance de ses pairs Kandrasiens ou de la tribune politique retrane. Un coup d'éclat malheureusement terni par la supériorité des forces Empersoises.
Un exemple flagrant de ce qui arriverait aux armées Kandrasiennes s’ils leur venaient la bonne idée de venir visiter le coin, pensait Asclepior.
Il avait salué à son tour Hernander d'un discret signe de la main, puis après avoir écouté les réactions des deux camps, il se dit qu'il serait peut être agréable de participer à la dispute comme tout à chacun, comme cela se fait traditionnellement quand une guerre se prépare.
Asclepior prit son air insolent comme il aimait tant:

"Ah la Kandrasie, vous savez que j'adore cette contrée ! Oui j'ai visité les parages à mon arrivée sur le continent. Je crois que j'y retournerais, j'inviterais quelques uns de mes amis Empersois pour faire une petite sauterie là bas. Et puis j'ai déjà repéré un joli emplacement pour une luxueuse résidence secondaire, pour mes vacances vous comprenez. C'est vrai que c'est magnifique la Kandrasie... mais sans les Kandrasiens.

Oui je crois qu'on va faire une petite virée en Kandrasie, ça nous détendra du stress quotidien de la politique et de la gestion urbaine et territoriale."

Asclepior bu un peu du vin de sa coupelle offerte devant lui, puis haussa le ton comme pour montrer un oubli en manquant de s'étouffer :

"Si vous le permettez bien sûr ! un sourire en coin.
Nous avons du savoir vivre" il inclina légèrement la tête

Il se désintéressa des Kandrasiens, ils l'ennuyaient au plus haut point. Mais il resta écouter la suite du débat.

"Je ne vous connait point messire mais sachez que si vous venez en armes chez nous vous serez bien recu...

Avec un peu de chances nous vous laisserons vivant, je suis sur que serez un parfait bouffon pour la plus grande joie de notre régent."

Après avoir écouté les débats qui agitaient l'assemblée d'Ephyne, un homme vêtu d'élégante manière s'avança afin de prendre la parole :

"Messeigneurs, je vous salue. Hélas, le sire Nidolius qui a occupé les postes de conseiller de l'intérieur, d'ambassadeur et enfin de général de la Kandrasie est décédé durant le combat devant les mures d'Ephyne, nous n'en avons eu la confirmation qu'il y a quelques heures.

Je comprends votre ire empersois, mais ce que je ne comprends pas c'est que vous n'ayez pas à un seul instant songé, que le seigneur Nidolius, très âgé, puisqu'il avait fondé la riche cité de Jilosia au printemps 333, c'est à dire que c'était une des premières cités à être construite après le grand cataclysme, que vous n'ayez pas songé donc, qu'il soit sénile. En effet, à son âge avancé, le sire Nidolius n'était plus gouverné par sa raison mais par ces sentiments. Et sa longue vie n'avait laissé comme trace dans son être, qu'une profonde haine envers le seigneur Selden, traître de son état. S'étant juré de laver cet affront, même s'il devait y perdre la vie, Nidolius emmena ses soldats dévoués devant les mures de la cité impie. Et il mourut en brave, au milieu de ces hommes, et non comme un lâche s'empoisonnant face à la défaite.
On peut critiquer certes, qu'il n'est pas prévenu le haut-conseil kandrasien, mais il savait pertinemment que le pouvoir en place n'était que peu enclin à une guerre, et cela le désolait grandement. Toute sa vie durant, il a servi la Kandrasie sans relâche, et dans sa mort il a continué à la servir ! Oui, un kandrasien a de l'honneur et ne peut supporter longtemps la traitrise qui caractérise si bien les membres de cette assemblée. On le voit bien d'ailleurs, quatre armées étaient réunies devant Ephyne. Ces quatre armées étaient de la même taille que celle de Nidolius, voire même plus grande, il suffit de penser aux 15000 archers de Selden qui noircirent le ciel de leurs traits. Est-ce cela l'honneur empersois ? Je crois bien que oui, hélas...Comment une si grande nation a-t-elle pu tomber si bas, où est passé l'Empersiste conté dans les livres de la bibliothèque de Jilosia, l'Empersiste, terre de culture, d'art ? Aujourd'hui,ce territoire en est réduit à être gouverné par un fanatique, un intégriste, un fondamentaliste !

Assez de toutes ces mesquineries qui caractérisent les hautes sphères du pouvoir, assez de bafouer l'honneur et la dignité de la Kandrasie ; Nidolius ne supportait plus ce comportement abjecte, il vomissait ces attitudes "diplomatiques" qui étaient sensées apporter la prospérité à la Kandrasie. Plutôt que de glorifier la richesse, Nidolius a glorifié l'Homme, Nidolius s'est battu pour les vraies valeurs ! Il s'attendait à ce jeu diplomatique, il s'attendait à ce que les Kandrasiens ne le soutiennent pas, il s'attendait à leur lâcheté, il s'attendait à ce qu'on s'empresse de le désavouer. Il le savait mais ne craignait pas cela, car depuis bien longtemps il avait constaté que les moeurs kandrasiennes étaient en déperdition, que le lien de sang chère à la Kandrasie n'avait plus sa place auprès de ces seigneurs arrivistes qui n'avaient connu que la richesse et la grandeur de la Kandrasie sans jamais se battre pour l'obtenir. Eux, n'ont jamais vécu le cataclysme, eux n'avaient pas de parents pendant le règne de Cadenwarr, gouverneur aevenspeer pour les terres kandrasiennes défaites...

Cet oubli de ce qu'ils sont et de ce qu'ils combattent excédait Nidolius, et loin de se morfondre sur cette évolution de la noblesse, et non pas de l'aristocratie car il estimait que ces sires ne faisaient pas partis de l'élite, constatant que ni ses discours, ni ses livres n'enrayaient ce phénomène, il décidait de mourir au champ d'honneur afin que l'on se souvienne à jamais, de ces valeurs ancestrales.

Alors oui cette attaque était une action personnelle mais nous savons tous ici, que cet argument ne peut tenir face au désir empersois d'en découdre. Car c'est bien de cela dont il s'agit, Nidolius n'a fait que révéler les plans empersois. Il savait que son action créerait un casus belli et il s'en réjouissait d'ailleurs car seule la guerre pouvait peut-être encore sauver les coeurs kandrasiens. Cessez ces discutions inutiles et combattez tant que votre courage ne s'est pas enfui, cela ne prendra que quelques jours, soit le temps à une prise de conscience.

Enfin, si quelques quidams s'inquiétaient du devenir de Jilosia, sachez que le conseil de la ville en a pris la gouvernance jusqu'à ce qu'un seigneur digne puisse en prendre le commandement. Par cette décision, Jilosia se retire donc de ce monde, elle rentre en autarcie pour mieux renaître, quand les temps seront propices."

Messire, les troupes de Nidolius étaient nombreuses, on en rapporte une dizaine de mille, voire plus.
Tous ces hommes pour capturer une ville de 3000 habitants? C'est ça l'honneur Kandrasien?
Voyons, votre argument ne tient pas debout, l'Honneur n'a rien à voir dans une bataille, sans quoi il est normal que les défaites s'accumulent.

Votre habile tirade n'a néanmoins donné aucune excuse au peuple Empersois et à ses dirigeants. Il est de bon ton, lorsqu'une erreur est faite par un seigneur de la réparer ou tout du moins de présenter des excuses. L'Honneur Kandrasien s'y refuse sûrement.

TOujours la même voix, toujours cachée.

Le confesseur de Dylan Selden se tourna vers le nouveau participant. On sentait à travers son discours poindre quelque amertume et il paraissait évident que l'individu avait autrefois été proche de ce Nidolius ayant marqué de son empreinte l'histoire de la Kandrasie. Il ne pouvait être dénié que le peuple des chevaliers avait perdu beaucoup de sa noblesse, de son honneur quand la guerre civile l'avait déchiré, rejetant les vieilles familles comme les d'Istria et leurs fidèles. Certains s'en étaient accomodés, on pensait aux virements de bords de la famille de Sarah, d'autres n'avaient pu se résoudre à tirer un trait sur la patrie qu'ils connaissaient et s'étaient apposés en défenseur des anciennes valeurs face à l'émergence du culte d'Erelian et d'Erus.

Aujourd'hui était un sombre jour pour la Kandrasie, celui où le dernier des kandrasiens venait de tomber, s'était sacrifié pour ce qu'il croyait être juste. Suicide ou acte de bravoure, la différence n'avait que peu de valeurs face aux conséquences de ses actes. Elderine la Blanche n'était plus qu'un souvenir chéri par ceux qui l'avaient connue jadis. Un joyau dans un écrin, ses palais et ses jardins à la gloire des régents et de la Reine mais jamais avant un hymne à la guerre.

"Messire, l'Empersiste vous porte ses regrets de ne pas avoir su qu'il aurait été juste de ne point se défendre et d'abandonner Ephyne devant ses assiégeants. La douleur nous prend brusquement d'avoir souhaité défendre notre peuple et notre sang et nous nous inclinons devant vous bien bas.

Je suis heureux de vous apprendre une bonne nouvelle qui, j'en suis certain atténuera votre peine. Ce n'étaient que deux armées qui ont affronté vos frères et qui les ont vaincu. Même si il est vrai nous avons manqué d'honneur en ne déposant pas les armes. Le peuple kandrasien a des moeurs parfois si étranges que nous éprouvons des difficultés à nous adapter mais soyez certain que nous tâcherons de faire mieux la prochaine fois."

Il jeta un regard vers la tribune empersoise ; de nouvelles figures, des nobles fraîchement arrivés et qui réclamaient sans cesse plus de pouvoirs et de puissance. Il reconnaissait ça et là les représentants de Lougevelles, d'Auzance, de Bragancie, d'Ashter, de Krim et de Tyrswöl. Les cités fières du peuple, les familles de sang et de noblesse qui toujours avaient su guider les leurs sur les pas de l'intendant. Aujourd'hui ce dernier était malade, vieilli et usé et on le pressait de toute part de prendre une décision qu'il ne pouvait se résoudre à adopter. L'Eglise était puissante, oh ooui, bien puissante mais survivrait-elle à Dylan Selden ? Et à qui irait le pouvoir après son départ ?

"De même nous nous félicitons de votre sagacité et de celle de votre ancien maître. L'Empersiste effectivement, depuis dix ans ourdissait le désir de venir abattre la Kandrasie. Pourquoi ? Nous n'en avons aucune idée mais peut-être pourrez vous nous aider ; nous avons vaincu votre peuple et abattu votre intendant responsable de la mort de gaediens au Beilan, nous êtions donc heureux.

De votre part vous veniez d'être humiliés par notre intendant Dylan Selden et par la défaite de vos 50 000 soldats devant la Belle. Vous ne pensiez donc qu'à la paix et en dix ans vous n'avez eu de cesse de nous proposer le statut quo et de tenter de négocier une entente mutuelle et cordiale de part et d'autre, accueillant à bras ouverts nos ambassadeurs, grimaçant que nous châtions et castrions les vôtres. La Kandrasie est juste et bonne et vos actions ont révélé la noirceur de notre âme, nous vous en remercions.

Nous avons le désir de vous ressembler plus pour pouvoir comprendre vos coutumes et vous accepter à nos côtés sdur le chemin de la vie aussi nos conseillers ont tenté de comprendre quelle serait votre décision si vous vous trouviez à notre place ; il semble que nous n'ayons guère le choix et que notre honneur nous impose à vous faire un cadeau. Vous nous avez ouvert les yeux et nous nous devons d'ouvrir les votres en vous rendant la pareille. Pour la Kandrasie et pour l'Empersiste, ensemble."

Il affichait un sourire ironique tout au long de son discours et mimait ses paroles de manière à faire rire les empersois ciraniens et beilanais qui l'écoutaient. Il avait honte de ce qu'il faisait, honte de profiter de la mort d'un illustre kandrasien pour défendre son peuple des accusations éhontées venant de la nouvelle Elderine. Changeant brusquement de ton il coupa court aux rires et quolibets fusant des trois tribunes gaediennes.

"Il est assez pour aujourd'hui, le seigneur Nidolius était un brave, pour son peuple comme pour le nôtre et nous nous devons de lui rendre hommage. Ses frères le traîtent de vieillard fou et sénile, nous nous le traîtons comme un ennemi, un assaillant venu raser nos villes et nos coeurs mais il était plus que ça. Il représentait un monde aujourd'hui disparu où l'honneur trouvait sa place et où la parole donnée était inscrite non dans les actes, non dans les silences ou les discours mais dans les coeurs même des hommes.

Rendons hommage à ceux qui sont tombés, rendons hommage à ceux qui sont morts et respectons leur souvenir. Des heures sombres, bien sombres sont derrière nous et nous faisons tout notre possible pour repousser d'autres guerres, d'autres morts et d'autre tristesse. Kandrasiens, vos paroles ont parfois sonné juste dans ce débat et souvent ont revêtu le manteau de la duplicité et du trouble. Depuis dix ans vous projetez de ruiner notre monde et d'imposer vos valeurs sur notre peuple et notre sang. Nous ne voulons plus de tout cela, nous continuons de vouloir cette paix tant chérie et tant rêvée et de construire notre monde tel qu'il a été décrit par les Grands Prophètes de Gaed. Honorez vos morts qui sont sur les champs et plaines d'Ephyne, honorez leur mémoire et changez."

Le prism de la marche baissa les yeux et parla d'une faible voix

"Un preux est parti, nous l'aimions car il était un contemporain de l'ancien dirigeant de notre cité, le feu ambassadeur Colwyn. la Marche a été créée en même temps, au temps d'Aectelion. Mais ce furent tout de même de dures journées pour les Kandrasiens sous le joug Aevenspeer.

En sa mémoire, aucun ne fiel ne coulera de ma bouche contre les Empersois durant quleques jours. Il est temps de pleurer un brave."

L'homme se rassit et ne parla plus

Un noble quelconque reçut une missive venant tout droit d'Elderine. Après lecture, il b
pouffa.

"Tiens, les pleutres d'Empersiste marchent sur la Blanche. Veuillez m'excuser messeigneurs, mais j'ai des terres à défendre. J'ai l'impression que nos amis Empersois étaient particulièrement bien préparés à cet assaut..."

Et il quitta la salle.

Asclepior nargua la tribune Kandrasienne :
"Que voulez vous chers amis, nous aimons vous faire des surprises c'est dans notre nature, j'espère que vous apprécierez cette petite visite de courtoisie.
En espérant que vous êtes particulièrement bien préparés à vous défendre..."

Il s'apprêtait à partir, il était déjà debout mais il marqua son départ par ces quelques mots :
"Si vous le permettez, je vais rejoindre mes alliés, moi Asclepior de Bragancie ne manquerai pas de faire le bouffon devant votre Régent une fois la Blanche soumise"

Par provocation il s'inclina exagérément en faisant des mouvements de bras devant la tribune Empersoise qui faisait face à celle des Kandrasiens, ces derniers ayant le droit à une vue tout à fait insolite : "Pour l'Empersiste !"

Asclepior de Bragancie chuchota quelques mots à Marlingus qui l'avait accompagné, celui ci acquiesça. Il enfilait ses gants et accrochait sa cape autour de ses épaules tout en marchant à vive allure vers la sortie. On devinait qu'il s'apprêtait à partir en monture dans les plus brefs délais pour rejoindre les troupes en route. On aurait sans doute besoin de ses compétences de guérisseur et de médecin sur le champ de bataille.