L'aube se levait sur les monts Aevenspirs, révélant les événements de la nuit à la vue de tous. De la fumée s'élevait encore du champs de bataille et le vent apportait avec lui l'odeur âcre des corps et des engins de siège carbonisés. Debout sur l'un des balcons d'Eskadner, Thralen observait le décors qui s'étalait sous ses yeux.
Une partie de la ville avait été détruite par les bombardements incessants, mais la vie semblait reprendre lentement son cours dans les rues de la capitale. La nouvelle circulait : la traitresse avait échoué, ses troupes étaient en déroute, et la dame, en exil.
Ainsi se finissait la tentative de rébellion en Aevenspir. Zoak triomphait, Andurinel et dame Melissandre avaient tout perdu, et le pays allait enfin pouvoir s'en remettre.
Passant une main sur son visage mal rasé, le jeune général ressera sa cape sur ses épaules et esquissa une grimace lorsque ses doigts passèrent sur une plaie profonde qu'il avait obtenu la veille. Il lui faudrait du repos maintenant, mais avant celà il devrait se rendre une dernière fois à Börm pour y expliquer la situation dans les monts.
Retournant à l'intérieur, son regard parcourut la pièce pour se poser sur un parchemin laissé sur la table. Ricannant, il le ramassa et en parcourut rapidement le contenu. L'auteur n'était autre que la traîtresse dont les machinations ne pouvaient se faire que depuis Ephyne, lieu où elle se savait à l'abris des représailles. La fin du message arrivait encore maintenant à lui arracher un sourire :
[quote]: Enfin, vous n'êtes pas en position de me menacer, de déclarer ma traîtrise ou mon exil.
Vous n'avez plus d'armée.
Vous n'avez plus de soutiens.
Vous n'avez même pas de cause légitime à défendre: vous n'êtes rien qu'un eksper émigré hargneux, qu'un trop long exercice du pouvoir a rendu aveugle et arrogant.
A présent, il est temps de mettre fin à tout ceci.
Il est temps de nourrir le peuple.
Il est temps d'instaurer une paix durable et un retour à nos valeurs de civilisation neutre de fiers guerriers mercenaires.
Rendez vous."
Roulant le parchemin en boule, il le jeta dans le feu non loin et sortit d'un pas rapide. Il lui restait bien des choses à faire et elles ne pouvaient pas attendre plus longtemps.