Un souffle nouveau

Les guerriers de Rewal étaient postés sur les hauts plateaux des gorges asséchées du Keaz. Des troupes ennemies avaient été vues par des sentinelles stationnées le long de la frontière orcumienne, et celles-ci semblaient venir d’Aevenspir. Cependant, chose troublante, flottait à la fois la bannière aevenspeer, celle du beilan ainsi que l’icône de l’Ordre de la Sainte Flamme, mainte fois vue dans les temps anciens par les hommes envoyés combattre le gaediasnisme en Kandrasie.

D’après les comptes établis une semaine avant, l’ost complet semblait à présent faire route vers Al’Jeit, jeune cité des bords du Siâle. A en juger par le bruit des tambours et les chants de guerre, ils n’y allaient pas simplement pour une visite de courtoisie. Les troupes de Rewal étaient peut-être à une bonne demi-heure de marche de celles de l’aevenspeer, mais au moins, elle avait de l’eau en grande quantité et n’avaient pas de lourdes armures qui bloquaient leurs mouvements dans les sables.

« Tiram… » Un homme vêtu de capes multicolores s’était arrêté non loin d’un jeune homme regardant au loin une forme se déplacer au milieu du désert, immobile.

« Je t’écoute Kirat. »

« Il semblerait qu’ils fassent route comme nous l’avions pressenti vers Al’Jeit. Nous avons déjà donné l’ordre d’assécher les puits et de couper les cours d’eau en amont des gorges. Leurs troupes ne se sont pas arrêtées à un point d’eau depuis plus d’une journée maintenant, et nous avons vu de nombreux charognards les suivre. Je pense qu’ils sont exténués. »

« Bien, nous attaquerons à l’aube, dans deux jours. D’ici là, ils auront déjà attaqué la ville dans l’espoir d’y trouver de l’eau et de la nourriture. Fais donc vider les greniers au plus vite ! »

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La ville fut rapidement prise, seuls 250 miliciens assuraient la protection de ce qu’il restait de l’oasis. Les assaillants ne trouvèrent là aucune richesse, peu d’eau et presque rien en nourriture, ou du moins, rien que ne soit autre que des cadavres humains.

Rewal, en bon dirigeant, attendait que le moral des troupes ennemies soit au plus bas avant de passer à l’assaut. Il pourrait attendre le lendemain matin, lorsque les ventres se feraient entendre dans toute la valée. Il disposait de presque huit milles soldats, ce qui faisait de lui le plus puissant Chef de clan de tout le Siâle, et peut-être même le plus puissant Tiram de tout Orcum.

Et en effet, il ne se trompa pas. Alors que la moitié du camp ennemi somnolait sous des tentes ou des couvertures mal fourrées, une première charge d’un millier de cavalier vint à bout des gardes et des troupes les plus proches. L’archerie suivie, et sous la volée de flèche, la quasi-totalité des hommes périrent. Vinrent ensuite l’assaut des épéistes qui ne trouvèrent aucune résistance, tant les hommes en face furent affaiblis. Pourtant, les défenseurs bénéficiaient d’une chose que les orcumiens n’avaient pas, à savoir de bonnes armes. Rewal décida donc de prendre en signe de victoire sur l’ennemi toutes les épées, arcs et lances des troupes défaites, et de permettre ainsi à ses guerriers d’être convenalement équipés.

Peu de personnes eurent vent de cette guerre au cœur même du territoire, comme bien souvent d’ailleurs, mais elle fut à l’origine du retour des Rem’Orcum à la gouvernance du territoire !