Deces et mariage?

Ce jour là, un groupe important arriva à Ephyne. Il s’agissait d’Aevenspeer : nobles, militaires, diplomates, prêtres. Ils semblaient escorter un homme se détachant du reste du groupe. Monté sur un destrier blanc, il portait sur sa tête une couronne dépouillée, assez discrète et peu ornementée. Une armure finement ciselée protégeait son torse tandis que d’élégantes étoffes surplombée ses épaules, mélangeant tissus et fourrures. Accompagnés de la petit troupe, il pris la direction de l’assemblée d’Ephyne.

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« Messieurs, Mesdames, diplomates, intendants, je viens ici, en ce jour, pour interroger publiquement l’Intendant de Gramée, et, selon sa réponse, vous annoncer une nouvelle.
Tout d’abord, comme vous le savez, Komenor de Kawsr fut, et reste, pour le moment, Karsper d’Aevenspir. Lors de la guerre contre la Gramée il fut emmené avec ses sujets vers les mines graméenes pour passer une vie de servitude et d’esclavage, laissant à Eskadner une épouse et un enfant. Je pris donc la régence de l’Aevenspir…tandis que l’Ekspa tentait de consoler son chagrin tout en élevant l’héritier.
C’est pour cela, messieurs, que je viens demander, solennellement, à l’intendant de Gramée, s’il peut, ou non, nous dire si Komenor de Kawsr est encore en vie. »

L'Intendant Graméen s'était déplacé en personne à Ehpyne. Regardant le Régent Aevenspeer, il sourit :

"Komenor de Kawsr est en vie. Il travaille actuellement à défricher les alentours de ma cité, avec nombre de ses compatriotes qui n'ont pas encore péri sous notre climat "difficile"... Voyez-vous, il semblerait que l'Unique ait préservé les plus robustes de nos esclaves, les plus faibles sont morts depuis bien longtemps. On m'a même rapporté que certains esclaves Aevenspeers sont morts pendant le voyage vers Melit-Aend...
Vous devriez remercier l'Unique que votre Karsper ait survécu et que votre pays ait été purifié de sa vermine impotente. Votre économie ne peut que mieux s'en porter, il serait vain de le nier.
Confiez-nous votre héritier, lorsque nous vous le rendrons à ses seize ans, il sera devenu un homme..."
Il termina sa phrase sur un rictus.

"Mes hommes sont robustes, Régent, mais ont autre chose à faire que de s'occuper de l'entretien des marécages. Les Aevenspeers excellent pour cette besogne... pour ceux qui survivent à ces travaux, en tout cas."
L'Intendant fit un commentaire inaudible qui fit sourire ceux qui se trouvaient à ses côtés. Il reprit son sérieux et poursuivit :
"Komenor de Kawsr pourra rentrer chez lui mais seulement si vous en décidez ainsi. Je ne compte pas relâcher un homme que j'ai combattu et qui travaille gratuitement à aménager mon pays si je n'y trouve aucun profit. Votre Karsper vous sera restitué contre rançon."
Haenan commença à discuter à voix basse avec ses voisins, certains opinant de la tête lorsque l'Intendant parlait tandis que d'autres désapprouvaient en faisant la moue.
"Le montant de la rançon est fixé à 10 000 retrahs. Votre Kasper sera libéré lorsque la rançon sera intégralement versée au Trésor de Melit-Aend. Si le montant n'est pas versé en totalité, le Karsper restera en Gramée.
Je pense que son épouse répondra rapidement à notre offre. J'imagine la peine de l'héritier si il apprenait que son père a été victime d'un accident pendant son difficile travail... "

"Je n'amènerai pas le Karsper à Ephyne, le voyage est fort long et fatigant. Cela pourrait nuire à sa valeur marchande et je pense que vous préfèreriez récupérer un suzerain en pleine santé.
Je vous invite donc vous, votre suite et tout observateur étranger volontaire à venir à Melit-Aend pour étudier l'homme qui serait votre Karsper. Si vous ne désirez pas vous rendre à ma capitale, l'accord sera annulé avec les fâcheuses conséquences que nous connaissons tous...
Je puis de toute façon vous assurer que vous ne serez victimes d'aucune violence ou désagrément à Melit-Aend, vous ne courrez aucun risque. Si ce n'est la durée du voyage, vous n'avez aucune raison de ne pas vous rendre en personne auprès de votre Kasper.
Quelle réponse faites-vous à mon offre ?"

"Soit. Vous avez raison d'être prudent mais votre prétendue valeur marchande serait moins importante que celle de Komenor de Kawsr, même si ce dernier était mort. Je n'ai donc aucune raison de vous capturer car je n'arriverai probablement pas à vous faire racheter..."
Quelques Graméens plaisantèrent à voix basse, se moquant de l'Aevenspeer. Haenan marqua une pause puis reprit :

"Je réitère donc ma proposition : envoyez des émissaires ou venez en personne à Melit-Aend et versez dix mille retrahs à l'Intendance Graméenne. Le Kasper sera alors libre de repartir avec vous. Mais sachez que ma patience a des limites, je pourrai augmenter la rançon voire annuler les négociations sous peu... Admettez qu'il serait dommage de le voir rester dans notre "crasse" jusqu'à la fin de ses jours au lieu de lui permettre de retrouver sa famille.
Rappellez-vous aussi que vous êtes demandeurs dans cette affaire et que je ne serai pas affecté outre mesure si les négociations de libération échouaient... Pour moi, Komenor de Kawsr n'est plus qu'un homme corvéable parmi beaucoup d'autres et je ne le pleurerai pas plus que les autres Aevenspeers morts à mon service.
Je prie l'Unique qu'il ne lui arrive rien de fâcheux pendant que vous réfléchissez à mon offre."

Zoak était entré discrètement dans l'assemblée. Pendant que le graméen terminait son discours, ses scribes lui faisait un rapide résumé de la situation. A la fin de la dernière tirade du graméen, Zoak réfléchit quelques instants au bout desquels un sourire discret apparu sur ses lèvres. Il regarda Andurinel, et vit une tribune Aevenspir hésitante. Il prit alors l'initiative :

"Graméen, votre réputation et vos antécédents nous oblige bien évidemment à considérer le grave manque de confiance que vous inspirez. L'on dit parfois que même un graméen ne peut faire confiance à un graméen.
Nous sommes donc forcés de prendre diverses mesures de précaution.

Je vous propose une offre, graméen. Une délégation de ma cité va se rendre à Mélit-Aend, dirigé par un de mes plus fidèle serviteurs en la personne de mon maître d'arme qui, par le passé, à longtemps enseigné le combat au Karsper. Il sera donc parfaitement à même de reconnaître toute fourberie de votre part.

Si ma délégation revient saine et sauve, et porteuse de bonne nouvelle, alors je vous verserai votre rançon, et l'échange pourra s'effectuer dans des conditions plus... sereines.

Qu'en dites vous, Graméen ?"

L'Intendant jaugea son interlocuteur puis discuta un instant avec ses conseillers. Il reprit la parole :
"Fort bien, j'accepte votre proposition. Ne venez qu'en petit nombre et sans armes, il serait dommage qu'une partie de votre délégation doive rester hors des remparts... Sachez aussi qu'à la moindre tentative pour libérer le Kasper, Komenor de Kawsr sera éxécuté ainsi que votre délégation."
Se tournant vers le Régent :
"Vous semblez être un bien piêtre dirigeant pour que vos seigneurs se chargent de résoudre les problèmes à votre place. Mais baste, la seule chose qui compte est la résolution de cette affaire."

Zoak fut très surpris de cette réaction graméenne. Que pouvait donc penser cet Haenan ?.

"Vos paroles sont plus que surprenante. Ma délégation sera peu nombreuse certes, mais armée. Croyez vous qu'il existe au monde un homme assez stupide pour traverser vos marais sans armes ?"

Il lui jeta un regard mauvais, et continua :

"A moins qu'une vingtaine d'aevenspeers en armes vous fasse craindre une invasion ?
Quant à vos remparts, vous n'avez rien à craindre. Je n'ai aucune envie que l'un de mes diplomates soit retrouvé dans une ruelle sombre et étroite, la gorge tranchée.
Non. Les négociations se feront hors de Melit Aend.
Si vous craignez pour votre vie, elles se dérouleront en dessous des remparts, ou vous pourrez alors vous réfugiez derrière vos archers. Mes hommes ne se déplaceront pas pour combattre, mais ils ne craignent pas la mort.
Vos suspicions sont d'ailleurs ridicules, comment une vingtaine pourrait réussir à faire s'échapper un homme blessé et malade dans vos marais puants et inconnus de mes hommes, pourchassés par une armée ?"

Il finit son discours sur un ton plus agressif encore, ne quittant pas le graméen des yeux :

"Et ne vous croyez pas plus fort que vous ne l'êtes ! Je ne vous permets pas d'insulter ainsi le régent Andurinel, et sachez que j'ai déjà fait le deuil du Karsper Komenor de Kawsr. Sa capture me surprend, car l'homme que je connais aurais préféré mourir que de se livrer à des êtres puants la pourriture. Mais s'il s'agit bien de Komenor de Kawsr, alors
l'Aevenspir se doit de mettre en œuvre son retour, quelqu'en soit le prix."

"Bien. Vous serez peu nombreux et à portée de nos arcs. Je pense que nous ne risquerons rien. Nous vous signifierons sur place ce que vous aurez à faire devant nos murs, n'oubliez pas que la vie de votre Karsper dépend de vos actes. Vous serez de toute façon bien entourés, votre marge de manoeuvre et donc vos possibilités d'action seront limitées."

Haenan se demanda pourquoi l'Aevenspeer le dévisageait de cette manière ? Peut-être avait-il peur pour sa délégation et peut-être cherchait-il un moyen de savoir ce qui allait se passer. L'Intendant se retira, sortant de l'Assemblée, allant à Melit-Aend afin d'attendre la délégation Aevenspeer.