Renouveau de Ciran

Aurelius se rendait comme à l'accoutumée à Ephyne la Belle. Il y avait déjà plusieurs saisons qu'il ne s'était pas rendu à l'Assemblée de Retrahant et il en avait profité pour oeuvrer pour Ciran, suite à son récent titre de Ministre de Commerce. Aurelius entra donc dans l'Assemblée étrangement calme. La vie de Retrahant s'écoulait paisiblement, ou alors personne ne faisait état des soubressauts dont il était la cible.

Aurelius gravit rapidement les marches de l'assemblée pour rejoindre sa place Il s'assit, sortit ses fiches et, comme personne ne prenait visiblement la parole, se leva et toussota pour que tous prennent conscience de sa présence.
"Messires de toutes contrées, gaëdiens ou non, je vous salue.

Je viens ici pour vous faire part de la nouvelle politique du royaume de Ciran. Comme vous le savez déjà tous, Ciran est dans une période de reconstruction. J'ai été recement nommé Ministre du Commerce, et notre Intendant, appuyé par ses sujets à jugé bon d'aligner son pays dans l'optique du commerce pour adoucir la crise dont il est victime.
Je suis donc ici pour parlementer au nom de Ciran avec de possibles interessés pour du commerce Ciran, Retrahant."

Aurelius sonda la salle, visiblement, personne ne semblait interessé sur le moment.

"Nous sommes, ou seront bientot en mesure de fournir un minimum de 1000 unités de fer, pierre ou bois par jour en vente. Nos taux sont très compétitifs et nos armes d'une qualité exemplaire. Par exemple, nous sommes en mesure de vous fournir des Gaëdienne, une épée à la qualité inégalée à des prix variant entre 10 à 20 retrahs pièce. Une affaire.

Y a t il des interessés dans la salle ?"

Aurelius resta debout, attendant des réponses.

Un jeune messager, qu'on pouvait dire Beilanais, sans pour autant préciser son appartenance à quelque région que ce soit, rit bruyamment.

"Dans mon beau royaume -le messager était chauvin comme tous les messagers- on raconte qu'un seigneur, celui-là même qui marierait sa fille à un de Fondblois, vendrait ses matières à un retrah pièce. Vous auriez donc une épée à 5 retrahs, plus la taxe que le bon Roi Gabriel mettrait... Soit moins de 10 retrahs l'arme! Tout le monde sait que les armes Ciranaises n'ont rien de mieux que les armes Beilanaises, Messire, avec tout le respect que je vous dois, vous dîtes des foutaises, la qualité n'est pas importante! Comme dirait ce seigneur, Bloudalir je crois, Gaëd vous a rendu aussi menteur que lui!"

Puis, criant :

"Contactez le Roy Gabriel pour acheter ces armes!"

Il s'enfuit, risquant de gros ennuis à débiter d'autres paroles aussi injurieuses.

Aurelius laissa partir le messager. Une outre pleine de vinasse, rien d'autre. Il se devait néanmoins de rassurer ces clients potentiels qu'étaient les seigneurs de l'Assemblée.

"Voyons voyons, la qualité n'est point importante ! Il est vrai que payer une épée en papier mâché a 5 retrahs et une vraie lame pour cinq piècettes de plus n'est qu'un détail ... Avez vous déjà éssayé de transpercer une armure une avec un metal de mauvaise qualité ? Non, vous ne risquez pas d'éssayer, vous ne le pourrez pas ! Alors que pour cinq pièces de plus, vous avez des armes de qualité et d'une précision hors normes !"

S'adressant à l'assemblée.

"Que preferez vous messires ? Des armes bon marchés qui l'on nomme "épée" en Beilan mais qui reviennent à taper avec un bout de metal contondant incapable de transperser un sac, ou une vraie lame de qualité, solide et tranchante à souhait ?"

Il se rassit, visiblement amusé par la réaction de la foule.

Le seigneur Thissan Ka arriva précipitamment.

« Encore retenu par des affaires religieuses » pensa t il « L’Intendant a vraiment parfois des idées farfelues, m’enfin »

Il eut juste le temps d’entendre les paroles d’Aurelius de Freysac…et celles du messager beilannais avant que ce dernier le bouscule en s’enfuyant.
»Et maintenant ? Même le commerce amène la discorde » marmonna t il pour lui-même.
Il entra dans la salle en adressant un signe de tête aux Seigneur qu’il connaissait, ainsi qu’au Seigneur Aurelius, dont il approuvait les actes. Néanmoins Kheratis vit en autarcie…vendant seulement le surplus de production…

Thissan réfléchit aux manières de changer cette situation. Le commerce peut amener beaucoup de choses positives, en premier lieu un renforcement des liens entre les pays partenaires.

Lorsqu’il fut assis, il prit note de réfléchir sur ce point une fois de retour à sa ville.

Une voix dans le regroupement des gueux s'éleva. Tous les seigneurs se demandèrent si c'était le même messager, ou un de ses compagnons.

"Ce sire a raison! Que préférez vous? Avoir trois soldats très bien armés, avec l'impossibilité d'en armer plus faute de moyens, ou avoir des milliers de soldats, armés, et encore des sous dans votre trésor?"

Le parleur qui possédait une culture très vaste, -au point de savoir la qualité des épées, le cout des trébuchets, et autres renseignements tactiques- continua.

"Imaginez un peu les fiers soldats du seigneur assez naïf pour acheter les produits du sire Aurelius bloqués devant les portes d'une citadelle imprenable sans siège... Car ils sont dans l'incapacité d'acheter les trébuchets! Ne tombez pas dans le piège de ce Gaëdien fourbe et sournois."

La voix se tut, laissant le désordre dans la foule des gueux, qui ne voulaient pas qu'on les arrête pour avoir calomnier Gaëd.

Aurelius se releva et s'adressa aux gardes de l'Assemblée.

"Lex gueux envahissent l'Assemblée d'Ephyne maintenant ?! Mais que font les gardes ? Expulsez les d'ici voyons ! Vous n'allez tout de même pas laisser rentrer le moindre clochard en ces lieux tout de même ? Qu'elle désuétude !"

Il se calma un peu, puis reprit.

"Ces paroles prettent à sourire. A rire, plutot. Qui serait assez sot pour partir en guerre sans prevoir de quoi batir des trébuchets ? Surement pas des acheteurs, car les acheteurs sont intelligents. S'ils achètent des Gaëdiennes, c'est parce qu'ils ont vu que c'était le meilleur choix sur le marché ... Et preferez vous donc ? Des armes ayant prouvés leur efficacé, ayant conquit plus de la moitié de Retrahant a une somme maudique pour la qualité du produit, ou des épées bon marché, en nombre, laissant votre trésor "remplis" - pour 5 pieces de difference notons le - mais qui se révèlent incapable de défendre efficacement une cité ?"

Le Seigneur Thissan ka n’écoutait pas les allusions d’un gueux, même si celui-ci s’y connaissait en armement militaire, sûrement un ancien soldat déserteur. Il réfléchissait à ces propositions commerciales, finalement il prit la parole et s’adressa à l’Assemblée réunie.

Messires, ma ville Kheratis n’est pas la plus fortunée d’Empersiste, encore moins de Retrahant. Néanmoins, le commerce entre pays est quelque chose d’important, qui permet de tisser des relations et de créer des alliances. C’est pourquoi, avec les maigres ressources de Kheratis, j’ai décidé de montrer l’exemple en achetant quelques armes au Seigneur Aurelius, non pas pour enrichir le pays de Ciran, mais pour améliorer les relations entre nos deux pays. Ces armes seront destinées à armer les troupes d’élites de Kheratis. Même si leur nombre est ridicule, je montre l’exemple, en espérant que les échanges commerciaux se développent.

Il se rassit lorsqu’il eut fini

Aurelius se trouva vers Thissan Ka et le salua de la tête.

"Messire, je vous remercie de votre geste symbolique. Cela montre que vous voyez un Ciran sous son nouveau jour, celui du commerce, et non celui des croisades sanglantes et inutiles. Dites vous cela messires, si nous vendons nos armes, c'est que nos intentions sont passifiques. Dans l'autre cas, nous les garderions pour nous."

Il répondit à Aurelius.

En effet, messire de Freysac, je suis pour un retour de la paix, et que Ciran se mette au commerce me remplit d’une grande joie. J’espère que les autres pays vont adopter cette attitude.

Aurelle se murmura une fois de plus à lui même.

Mais vraiment, où vas t'on ?
Ce Messager est vraiment d'une sottise. La Gaedienne est vendu dans notre pays parce qu'elle surpasse notre epee et le voila à dire que nous avons des meilleurs armes.
Mentir pour faire de la reclame à son maitre..... vraiment......

Bien que tout ceci eut l'air sincère, le représentant d'Hugald (encore et toujours lui) restait méfiant...

"La Kandrasie est heureuse d'apprendre que Ciran change de politique.

Cependant Messire Hugald ne désire pas commercer avec le monde de Retrahant. Nos armes le satisfont amplement. Il n'ouvrira plus de liens commerciaux, mais ceux existant deja ne sont pas annulés. Bien sûr, les autres Seigneurs Kandrasiens sont tout à fait libres d'acheter les armes qui leur plaisent.

Ne voyez aucune forme d'insulte dans le comportement de mon Intendant. Seulement il a les idées claires vis à vis du commerce."

Aurelius se permit de répondre au conseiller Kandrasien.

"Certes messire kandrasien, il est vrai que votre pays est plus porté sur le commerce interieur qu'extérieur ... seriez vous des conservateurs ? Nous vous offrons là la possibilité d'equiper vos troupes avec le nec plus ultra des forges ciranaises, une offre à ne pas rater. Mais enfin, vous gerez votre politique économique comme bon vous semble ...

... Y a t ils d'autres acheteurs potentiels que ce noble empersois ?" dit il en se tournant vers Thissan Ka.

"Eh bien Messire, il est vrai que mon Intendant est quelque peu... conservateur. De plus il est de plus en plus méfiant... Je ne puis vous en dire plus.

Mais ne vous en faites pas, notre commerce intérieur est excellent, et les ressources abondent!" dit-il avec un grand sourire, avant de se rasseoir.

Un conseiller de la Karsperie Scirjique, pensif, ajouta

Il est certes bien agréable de découvrir cette nouvelle politique ciranaise, je l'avoue avec grand plaisir. La qualité des armes aevenspeers nous suffit amplement, cependant... Les Terres d'Aevenspir s'essayeront sans nul doute à tâter de la qualité de vos arcs si un lien commercial aussi avantageux s'établissait. Cela représenterait un petit écoulement de votre bois, puisque seule votre épée semble recevoir tout l'intérêt des autres territoires.

Aurelius répondit à l'aevenspeer.

"Messire aevenspeer, je suis ravi de votre décision. Je vais en parler avec mon Intendant mais je pense que la ligne commerciale sera belle et bien ouverte entre nos deux nations. Mais il nous faudra votre accord pour proteger nos convois marchands. En effet, ils ont la facheuse tendance à finir pillés dès qu'ils quittent des terres gaëdiennes."

Souriant

Voyez-vous, le bon bois n'ayant jamais vraiment donné dans nos montagnes, les Aevenspeers admirent les bons arcs des territoires aux climats plus cléments, et je puis vous assurer, Seigneur Aurelius, que si un convoi d'un arc aussi bon que vous le prétendez quittait vos contrées pour les nôtres, il serait surveillé et défendu jusqu'à bon port, et probablement de façon suffisante à décourager le plus hardi bandit de grand chemin à piller ne fut-ce que la moitié d'un de ces arcs...