Lettre à une intendante

Un coursier partit de Osmad, chargé d’un courrier pour Dame Cethern.

Citation :: Dame Cethern,

Il faut vraiment que je me confesse à vous. En effet mon cœur se meurt. Je ne peux plus supporter de vous cacher cet amour qui incendie mon cœur. Depuis que je vous ai aperçu à cette soirée à Edelis, mes nuits sont hantées par votre présence. Je ne peux m’empêcher de penser à vous… Chaque fois, que l’on se rencontrait, que ce soit pour les conseils de guerre entre nos deux villes, pour les nombreuses fêtes religieuses, la passion m’emportait. Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, mon être était balayé de plaisir. Je ne rêvais que de vous prendre dans mes bras, d’humer le parfum subtil qu’est le vôtre, de pouvoir faire glisser mes doigts le long de votre belle chevelure, de caresser votre peau. Mais la raison reprend chaque fois le dessus, et je joue mon rôle de chevalier.

Puis je suis parti à Osmad et la nos rencontres se sont faites plus rares. Mais je vous apercevais lors des réunions du conseil Cirannais. Et je continuais de me consumer. Puis nos conquêtes ont commencé, même quand je jouais le Chevalier Bélier, que les portes des citées tombaient, que nos intendants trônaient, que la liasse des victoires nous enhardissait, une ombre planait. Mon âme ne pouvait s’empêcher d’errer dans des pensées qui me pourfendaient le cœur. Je ne vous oubliais toujours pas. Les nuits blanches se chevauchaient. Enfin nos armées arrivèrent en Gramée et je vous plaçais sur le trône.

Pour mon grand désarroi, ce fut la chose la plus stupide que je fis. Car maintenant je ne vous vois plus du tout. Le proverbe loin des yeux, loin du cœur n’est qu’une utopie. En effet je continue de souffrir et encore plus qu’avant. En fait je croyais que j’avais mal en vous voyant, mais en fait j’ai encore plus mal lorsque que je ne vous aperçois pas. Il y a certain jour où je n’aimerai plus exister, mais l’espoir de vous entrevoir, me pousse à ne pas plonger dans ces idées erronées.

J’espère ne pas vous avoir choquée par mes propos, mais il est vrai que

Je vous aime.

Harald

Seule, ce mot était employé par tout les graméens. "LA seule".

Depuis déjà un an, Cethern occupait le trone de Melit Aend. Après quelques échauffourés ses amis ciranais étaient repartis dans leurs territoires respectifs.

Le seul fait de vivre dans les marais la répugnait et lui provoquait une fatigue constante. En rajoutant les campagnes contre de nombreux opposants dont le Grand prêtre d'Amk'Cherk, Mirthak, la petite gaédienne ne savait plus où donner de la tête et Gaed s'effaçait de son esprit. Seule sa conception du travail bien fait et sa volonté la poussait à avancer.

Elle qui avait passé sa vie dans le commerce et la diplomatie, elle supportait mal la vue de tout ces morts, ces esclaves morts pour leur Dieu.

Dans cet état de fatigue extrême et d'angoisse, elle reçut la lettre du seigneur Harald.

Prenant une journée de libre, elle lut et relut cette lettre, tous ses sentiments remontaient à la surface de ses pensés, perdue, elle rédigea la lettre suivante.

HRP: je poste la lettre dans peu de temps./HRP

Citation :: Harald...

Je n'osais plus espérer de vos nouvelles. Ici, au centre des marais, les seuls parchemins qui me servent de lecture sont des rapports de batailles... La majorité gagnées bien entendu, mais je n'en puis plus; tout ces morts me hantent ! La journée je me calfeutre dans le donjon de Melit-Aend, je ne veux plus en sortir. Mes journées ne pourraient être plus attroces auprès de Méloï... Et mes nuits sont pires encore...

Certes j'ai toujours obéit et agit selon Gaed, mais ce dernier ne m'est d'aucun secours en ces lieux ! Le premier habitant de ce donjon, le Grand Prêtre Sarenn a laissé d'horribles souvenirs enfouis ici... Tout ces graméens me voient morte, ou bien torturée !

Mais je ne lacherai pas ! Votre lettre sortie de nulle part, violente et pourtant si savoureuse, m'a retournée ! Jamais je ne vous aurez cru capable d'exprimer ainsi soudainement quelque chose que je pensais secret...
Durant toutes ces années où nous vécumes dans l'inscouciance à Edianis et Edelis, la protection du détroit nous avait réuni dans les deux villes jumelles. Depuis ce temps là je le sais, depuis que nos armées combattent ensembles, depuis nos conseils de guerre commun du temps de l'Intendant Acnar... Depuis tout ce temps je le savais... Je vous aime et vous m'aimez ! Mais, j'avais trop de respect pour vous pour oser m'afficher... Notre amour est impossible, vous avez surement du le sentir aussi. Et c'est ce qui m'a le plus perturber dans cette déclaration, y a t'il quelque chose que je devrais savoir ?

Quoiqu'il en soit, je suis l'Intendante de Gramée et tout ce que j'ai accompli dans ce territoire me pousse à continuer. J'attends avec impatience votre réponse.

Amoureusement

Votre Dame Cethern

En cette soirée d’été 214, Harald fut retrouvé mort. Son domestique le trouva dans son fauteuil face à la route toute éclairée par le soleil couchant. Il s’en alla quérir le maître guérisseur. Quand celui-ci entra, il ne pu rien faire d’autre que constater le décès et le faire transporter sur son lit.

Le maître trouva sur le bureau de son intendant une lettre :

Citation :: A vous lecteurs,

Je sens que mes forces décroissent, la vieillesse me gagne, mes idées se brouillent… Je pense que d’ici peu de temps je vais mourir. Je vais essayer de mettre sur papier les quelques choses auxquelles j’arrive à penser.

Tout d’abord je suis content de ce que nous avons fait. Et je remercie mes frères Cirannais, pour leur aide. Grâce à eux, j’ai passé d’excellents moments. Ciran est devenu puissant, nos épées rayonnaient sur les champs de batailles, notre nom évoquait un puissant royaume, le pseudonyme que j’ai reçu de Chevalier Bélier. Et voilà la mémoire me manque et je ne sais plus.

Ha oui, j’ai appris que nos conquêtes avaient provoqué moult remous. Si vous saviez comme je suis fier, notre but de faire bouger le peuple de Retrahant a enfin été atteint. La seule chose que je trouve regrettable c’est le fait qu’il est fallut la prise de trois territoires pour que les seigneurs se réveillent. Mais mieux vaut tard que jamais.

Je tiens à rendre hommage une dernière fois aux ennemis combattus durant ma vie. Je vais essayer dans faire la liste, mais je vais en oublier. Commençons la liste : Marcus, Etklion, Nasip, Arthur des Verières, Eruksion, Azaroth, Fyork, et tous les autres que j’oublie.

Ensuite concernant ma succession je cède le trône au Seigneur Guillaume. Je vous prierai de ne pas en vouloir à Ciran pour ce que j’ai fait. Les Cirannais n’ont fait qu’obéir à mes ordres. Si je le nomme lui, c’est qu’il était opposé à nos prises de pouvoir. J’ai cru aussi entendre que certains seigneurs voulaient attaquer Ciran, donc je vous prierai de ne pas toucher au plus belles terres qui existent. Si vous voulez vous venger de se que j’ai fait, vous n’avez qu’a maudire mon nom, peu m’importe vu que je serai mort sous la protection de Gaëd.

J’espère que j’aurai le droit à une certaine reconnaissance pour ce que j’ai fait et non pas qu’au bannissement de toutes les langues du prénom Harald. Maintenant que ma vie est faite, je ne puis plus rien changer donc soyez indulgent.

Je sens que cette fois, c’est vraiment la fin, je vais bientôt rejoindre mon ami Acnar. Le soleil commence à se coucher et la nuit sera bientôt là. Je vais essayer d’attendre la réponse de mon amante Dame Cethern et continuer de regarder la route qui mène à Osmad. Mais si je devais mourir avant que je ne puisse la recevoir, dite-lui que je l’aime et que je regrette de ne lui avoir déclarer plus tôt.

Que Ciran prospère et Gaëd soit loué

Harald

PS. Veuillez transmettre cette lettre à tous les Seigneurs de Retrahant. Elle est mon testament.

Le maître après lecture fit recopier la lettre à plusieurs centaines d’exemplaires et des coursiers partirent d’Osmad dans toutes les régions que cette terre possède, pour porter la funèbre nouvelle.

Cethern avait reçu une terrible nouvelle... Envoyée à tous les seigneurs de Retrahant, son amant, Harald d'Osmad venait de mourrir !

Désespérée et à bout de force elle avait fait interdire toute entrée dans le donjon et préparait son suicide. Plus rien ne l'a retenait ici !

Néanmois, deux gardes vinrent la ralentir. Le premier, appeuré et ne sachant pour où commencer lui expliqua la présence de la jeune femme Milagrine. Nouvelle d'aucune importance, qu'est ce qu'un voyage bredouille vers la capitale comparé à la mort de son amour...

Le second quant à lui, lui annonça que les espions graméens avaient repérés une invasion Kandrasienne vers la Kandrasie.
Prise de pitié, Cethern ne put se résigner à se suicider et à abandonner ses armées.

Elle prit un papier et y écrivit:

Citation :: Citation:
Voici mon testament: ma seule volonté est qu'un graméen monte sur le trone de Melit-Aend avant l'arrivée des kandrasiens. Vous verrez leur définition de l'honneur...

Cethern d'Edianis

Elle remit ce plit aux gardes afin qu'ils l'apportent à Milagrine. Une fois seule, Cethern monta jusqu'au haut du donjon, d'où elle sauta sans prendre le temps d'admirer les marais...
Les gardes ne purent que constater que cette dépouille était bien celle de leur intendante.

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