[Elderine] Fête Retrane

Attablé, le seigneur Gwalith observait tous les invités étrangers ; il était assez connu pour sa xénophobie et ne pouvait s'empêcher de s'indignait de la tenue des Fironkois dévorant leur repas, des accoutrements étrangers, de la peau sombre de certains invités "Orcumiens" , des hérétiques Gaediens. Il avait l'alcool mauvais et au fil des verres les remarques désopilantes étaient de plus en plus cru et sèches, heuresement l'arrivée des graméennes avaient attirer son attention avec leurs uniformes d'apparat et il en oublia pour quelques instants sa xénophobie et sa chère femme.

A l'extérieur des enceintes de la ville blanche, une nouvelle délégation arrivait. Elle s'était faite attendre, le Grand-Tiram ayant été retenu fort longtemps dans ses terres. Cela faisait près d'un siècle que des troupes Siâlenes n'avaient pas foulé le sol kandrasien, chose qui rappela à Rewal'd les événements antérieurs. Entouré par sa garde en formation serrée, chantant les très anciens textes sacrés, ils avaient ainsi, à dos de dromadaires.

Les cors tonnaient en même temps que les armes sur les armures, les Oblaths donnaient des directives, choisissaient le pas de marche et entonnaient d'une voix puissante les chants qui circulaient dans les rangs.

Lorsque la ville fut enfin en vue, l'ensemble de l'ost se tut. Lui qu'on entendait piailler à plusieurs lieues n'était plus qu'un silencieux fantôme. Un fantôme que l'on pouvait cependant voir avec aisance, les bannières claquant au vent, montrant quel clan venait se présenter aux portes d'Elderine.

Une fois arrivé non loin de la première enceinte, un petit groupe se détaché, mené par un homme paré d'or et de pierreries. Rewal'd aimait à montrer le passé glorieux de son peuple, et les nombreux trésors qu'ils avaient reçu de la part d'anciens alliés. Pour l'heure il portait une magnifique armure graméenne, cadeau d'un ancien ambassadeur des marais.

Sous les portes, ce même homme tonna d'une voix puissante.

" Ici le Grand-Tiram d'Orcum ! "

La xénophobie du seigneur Gwalith n'allait pas s'arranger, puisque l'on fit mander les diverses troupes appelées à l'animation de la fête - et que la première fut Aevenspeer. Une petite dizaine d'Askemets entrèrent dans la salle, encadrés par des gardes du palais Elderin - les artistes nordiques étant encore, pour la plupart, armés. De la troupe se détacha une jeune femme, laquelle vint au centre de la salle saluer le régent Calmanan. Elle avait de longs cheveux blancs, ornés de nombreux bijoux, qui descendaient jusqu'à ses genoux et ses yeux étaient rouges, ressortant clairement dans la pâleur de son visage. Il y eut des murmures dans l'assistance et la petite noblesse Kandrasienne se rapella de justesse que ces gens étaient invités par le Régent, évitant par là même de demander qu'on abatte le démon. La jeune Askemet albinos s'inclina en direction d'Alanor.

"Noble Régent, nous vous remercions de la fête que vous donnez, et de l'autorisation que vous nous avez donnée de venir. Soyez assuré que la qualité de notre représentation ne souillera l'éclat de votre fête par de quelconques erreurs."

Elle s'inclina à nouveau et s'en retourna vers ses compagnons, qui s'équipaient de divers instruments de musique, la plupart à cordes. La jeune femme ota sa cape Aevenspeer, dévoilant une jupe fendue aux deux jambes et un corset de cuir - du reste, elle allait nu pied, pieds presque aussi découverts que ses bras ornés de multiples bracelets. Elle se saisit de deux épées tandis que les musiciens commençaient à jouer et commença à suivre le rythme fluide de la musique, qui allait s'accélérant. Puis ces derniers commencèrent à casser le rythme par saccades irrégulières, et les mouvements de la danseuse suivirent, rapides, dangereux. Les gardes nerveux jetaient de fréquents regards au Régent qui leur fit un signe vague de la main, les yeux fixés sur le spectacle.

Après une longue danse au rythme accru, et alors que la danseuse avait miraculeusement survécu aux lames qu'elle manipulait en mouvement, elle fut rejointe sur "scène" par un de ses camarades qui, bien que fort bel homme, ne suscita pas autant d'intérêt qu'elle de la part des seigneurs présents - le Régent lui-même se renfrogna et marmonna quelque chose au sergent qui se tenait derrière lui. La danse tourna alors au duel artistique, les Askemets mélant danses traditionelles de divers pays et styles d'escrime d'autant d'écoles. Les cheveux immaculés de la danseuse entouraient son compagnon d'armes, contrastant avec les cheveux et vêtements de ce dernier, d'un noir de jais. Enfin la danse se termina et les instruments se turent en un dernier chuintement. Le danseur tenait sa compagne par la taille et lui chuchote quelques mots à l'oreille, avant que cette dernière ne s'avance à nouveau vers les tables et ne s'incline encore devant le Régent.

"Eksper Calmanan, sachez que nous avons été et sommes encore très honorés d'avoir pu effectuer notre représentation à Elderine. Nous vous remercions tous de votre bienveillance. Puisse les Scirjiis veiller sur la paix de votre peuple et nos lames ne jamais avoir à se tourner contre vous."

Les deux yeux rouges lancèrent une oeillade narquoise au chef de la garde, tandis que les Askemet se dirigeaient vers les portes de la Grande Salle, toujours encadrés des gardes et du sergent qui pris leur suite.

"-A vous Ona." cria alors l'Ephynois, dans le style le plus romantique qu'il lui était possible de faire.

"- Prenez un couteau de table, si vous voulez !" lanca à son tour Alanor, enjoué.

Et la suite de l'Ephynois de rire avec leur seigneur.

Ce dernier ajouta en direction d'Ilaak.

"-Je ne sais pas si vous avez choisi la bonne Aevenspeer!"

Et il but encore un peu de ce vin, pour faire passer le morceau de viande qu'il venait d'ingurgiter.

"Vous êtes toute excusée, Dame de l'Elbre. Et recevez, ce jour, les salutations d'une Khan de Gramée."

Oraganza remarqua alors près d'elle un homme étrangement habillé. D'ailleurs, n'étaient ils pas tous étrangement habillés ? Ils ne tiendraient pas une semaine, accoutrés ainsi, dans les marais. Sauf peût être cet homme qui, de par sa tenue, semblait habitué aux climats extrèmes. Comme il n'était pas graméen, Oraganza en conclut qu'il devait venir de la lointaine Orcum. L'homme s'adressa directement à elle, dans un empersois, teinté d'un fort accent et se présenta à elle comme étant l'Akatha... quelquechose. D'un signe de tête, elle salua de nouveau la dame de l'Elbre et porta son attention sur l'Orcumien qui se mettait à lui parler de sa réputation. Quelle réputation ? Puis, sans que rien n'ai trahi son geste auparavant, il saisit la main de Khiara, y déposa un baiser et tendis sa main vers Oraganza. La réaction de Khiara fut immédiate, à la hauteur de ce que l'on aurait pu attendre d'une Soeur de la Légion, et la lame de sa dague était déjà au contact de la poitrine de l'inconscient.

"Naut ghil, Khiara ! Put phor dosst velve, ussta Dalninil !" *

La réaction d'Oraganza avait été prompte, mais l'incident n'était certes pas passé inaperçu. Tant pis ! Khiara était Jabbress et Soeur de l'Ordre. Chacun devait savoir a quoi cela correspondait. Et l'orcumien, tétanisé devant elle, la main toujours tendue, s'en rappellerait certainement longtemps. Mais cet homme n'était pas venu là en ennemi. Oraganza lui prit alors la main.

"Veuillez pardonner la réaction de ma soeur Khiara, homme du sud. Mais son... "éducation" ne l'a pas habituée à de telles démonstrations. Khiara est Jabbress. Et si vous le souhaitez, je lui demanderai de vous expliquer ce que cela implique. Mais en attendant, je serais heureuse que vous m'appreniez quelle réputation m'a précédée."

* Pas ici, Khiara ! Rengaine ton arme, ma Soeur !

Ayant pris congé de la délégation grameenne, et après s'être suspendue un instant de crainte d'une situation délicate heureusement reprise très rapidement en main par la Khan, Ona avait rejoint a place.

L'ancienne Karspa n'avait pas été en reste pour féliciter les Askemets, et elle se promit d'échanger quelques mots avec la jeune meneuse, lorsqu'elle se serait remise de sa passionnante interprétation.

Enfin, elle se permit de répondre au Régent, arguant que son couteau de table kandrasien pouvait rester aux Kandrasiens, et que sa propre épée lui semblait de mise proprement incomparable. Puis elle laissa s'envoler une allusion à l'Ephynois, sous-entendant qu'elle et cette épée serait disposées à essayer telle manoeuvre si lui même était le danseur. Laissant le soin à Ilaak de répondre à la suite, ayant besoin de bouger un peu, elle se décida pour saluer la femme dont il semblait qu'elle était Ambassadrice kandrasienne.

- Dame, me tromperais-je en pensant trouver l'Ambassadrice ? En telle tenue, vous faites honneur à votre pays. Dans le mien de naissance, même une Karspa ne possède pas de robe aussi flamboyante que la vôtre... Mais il vrai que c'est la première fois que je viens moi même en Kandrasie, et je ne connais que peu vos us et coutumes.

Tout en attendant sa réponse, elle se demanda quelle opinion une Ambassadrice de Kandrasie pouvait bien avoir d'elle, et craignit fugitivement d'avoir été trop hardie, bien que n'ayant plus aucune raison d'inimitié avec le pays d'étincelante chevalerie s'étendant autour de la blanche Elderine.

Alanor était resté très discret durant tout ce temps Enfin aussi discret que peut l'être un maître de cérémonie.Il se servait raisonnablement en vin et mangeait normalement. Il n'avait ni l'envie ni l'intention de s'enivrer ce soir. Il n'avait pas relevé les paroles offensantes des Gaediens Non plus les erreurs ridicules d'une Ona Frun Sorkaspir qui sortait dont ne sait où. Il haussa les sourcils avec étonnement, mais laissa l'Empersois répondre à sa place. Il se permit tout de même une réplique.

"Je ne savais pas que l'Aevenspir préférait envoyer ses anciens notables cagoulés comme de vulgaires bandits à une fête, mais enfin... Les meurs et les cultures, je suppose ?"

Ilaak semblait quant à lui débordé. Non pas par le marchand Beilanais qui semblait ripailler copieusement à la tablée du Régent, non. Mais par sa femme. Et cela faisait beaucoup rire Alanor. Le pauvre homme, à la tête d'un des royaumes les plus influents de Retrahant, se faisait ridiculiser en public par sa tendre femme... Le clou du spectacle vint lors de l'apparition des Graméennes, ou la sensible Ona ne put s'empêcher de se lever brusquement - comme à chaque fois - comme prise d'une envie terrible, pour aller parler dans cette langue impie, non seulement sous un toit Kandrasien - et pas des moindres ! Mais aussi devant son mari, qui lui, Alanor était prêt à en prendre le pari ave le noble Dertil, allait bientôt manger sa serviette de table. C'est avec un immense sourire et en donnant un petit coup de coude au jeune Ilaak qu'Alanor lui chuchota.

"Votre père aurait pu faire plus attention tout de même. Je crains que Dame Ona ne vous soit fort nuisible si vous n'arrivez pas à la canaliser..."

Il passait encore une fois outre, cette fois ci que l'on parle Graméen sous son toit. Mais cela commençait à faire beaucoup pour la même personne, et Alanor faisait tout ce qu'il pouvait pour cacher son mécontentement. Les Graméennes prirent place, et voila que les Askemets arrivèrent... Enfin. Durant tout ce temps, Ona ne ferait pas de nouvelle annerie, pensa-t-il. Le spectacle lui fit le plus grand plaisir du monde. Il resta néanmoins de marbre à la fin du spectacle, et c'est avec un air préoccupé qu'il glissa quelques mots à l'oreille d'un de ses sergents. Encore une fois, Dertil de Crykas sauta sur l'occasion pour animer la fête, et Alanor suivit, enjoué.

"Ha Dertil ! Que serait le monde sans votre plume acérée ! Je dois avouer que..."

Un autre cri. Encore en Graméen. Tout le monde se figea et stoppèrent net leurs occupations. Les ménestrels cessèrent de jouer, et tous se braquèrent vers les deux Graméennes. L'une d'elle tendait une dague vers un des Orcumien. L'autre la rappela vivement à ce qu'il sembla, en Graméen, encore. Cette fois ci, Alanor devait agir. Il se leva, lentement, et quelques Fiera Erelian quittèrent leurs places pour se rapprocher.

"Je ne puis tolérer ceci sous mon toit, mesdames. Veuillez immédiatement remettre vos dagues à mes hommes, sans quoi je me verrai contraint de vous demander de sortir. Je ne tolèrerai aucun dérapage ici, est-ce clair ?"

Sarah sursauta lorsqu'elle vit le geste déplacé de la graméenne. Elle recula et regarda inquiète Alanor, étant homme de combat il n'allait pas laisser passer cela. Quand il etendit sa réponse et souffla un peu et remarqua la femme qui s'approchait d'elle et sourit.
"Oui effectivement je suis bien l'Ambassadrice, et il est normal que je soit là. C'est le meilleur moment pour montrer aux peuples de Retrahant que la Kandrasie est redevenue forte et souhaite entreprendre des avancées diplomatiques envers les autres pays. "
Regardant les Graméennes :"Enfin peut être pas tous…"
"Dame ona je présume. On m'a indiqué qui vous étiez tout à l'heure. Je suis ravie de vous rencontrer et vous félicite pour votre mariage. Tous mes vœux Ma Dame. Même si entre nous je ne comprend pas très bien pourquoi une femme telle que vous ai pû se marier avec un Gaedien. L'intérêt je présume ?"

Oraganza regarda l'intendant kandraque sans ciller. Elle lacha la main de l'orcumien qu'elle tenait toujours.

"Veuillez m'excuser quelques instants, homme du désert. Mais ne partez pas encore. J'ai des choses importantes à vous dire."

"Messire intendant ! Par l'ignorance de notre culture, l'homme du désert à gravement offensé ma soeur Khiara ! Par respect pour votre hospitalité, je l'ai empêchée de faire la seule chose qui puisse réparer l'affront. A l'offense, j'ai moi même rajouté l'humiliation ! Les seules personnes pouvant se permettre d'embrasser une soeur sont les autres soeurs. Khiara a désormais le sentiment d'être souillée. L'homme d'Orcum ne pouvait le savoir et je lui pardonne aisément. Il devra se débrouiller pour obtenir les excuses de Khiara. Et en cela, je l'aiderai. Mais le plus dur sera de laver l'humiliation que je viens de lui faire subir en l'empêchant de se rendre justice.
Dans l'immédiat, il n'y aura pas d'humiliations supplémentaires, et nos dagues resteront où elles sont. Dans leur fourreau ! Et je vous fait la promesse qu'elle y resteront, tant que la situation n'exigera pas qu'elles en ressortent.
Peut être ai je fait une erreur en amenant Khiara à cette réception. Elle ne parle pas l'empersois et n'est pas au courant des coutumes étrangères. Seulement, elle doit apprendre et elle est là pour cela. Si cela peut vous satisfaire, je vais la renvoyer au campement, en dehors de la ville. Cela évitera peut être d'autres incidents."

D'un geste, le Régent rappela les gardes à leurs places respectives. Il sembla soudain plus décontracté, mais soutint à son tour le regard de la Graméenne. Ses yeux gris fer ne la quittait pas.

"Qu'elles y restent alors. Il serait dommage qu'elle quitte une nouvelle fois leur fourreau, pour quelque raison que ce soit, car les épées de mes frères le seraient aussi, et cela, je ne le tiens pas."

Il marqua une pause, fixa ensuite ladite Khiara quelques instants, puis revint à Oraganza.

"Encore faut il comprendre pour apprendre. Qu'elle reste ici, elle est tout autant mon invitée que vous l'êtes tous ici présents."

et ils désigna toutes les personnes atablées.

"Mais qu'elle comprenne que ses coutumes n'ont pas lieu d'être en dehors des contrées qui les ont vu naitre. Je puis me sentir autant offensé qu'elle par son comportement, mais je ne lui en tiendrai pas griefs. Qu'elle se prenne en main. Si elle n'en est pas capable, alors renvoyez la dans les appartements qui vont sont alloués."

Puis, à l'Orcumien.

"Cela vient de vous apprendre à éviter les familiarités avec les inconnues, noble du désert."

A ce moment, les portes de la grand'salle s'ouvrirent et quelques gardes Kandrasiens entrèrent. Non loin, suivait le grand Tiram d'Orcum. Alanor vint le saluer puis, lui indiquant sa place à la table haute, retourna lui aussi à son assiette. Les musiciens reprirent alors, et la soirée continua.

Cétait la deuxième fois qu’il se trouvait devant une telle situation. La première fois c’était l'Akathaïadah lui même qui avait collé sa lame non pas contre sa poitrine, mais contre sa gorge. Là aussi, il avait été tétanisé sachant pertinemment qu’il était trop tard pour réagir et que sa vie était entre les mains d’un autre. Surtout qu’à l’époque, il n’avait pas encore gagné la confiance du maître de la Souhnak et qu’il connaissait la réputation de ce dernier.

Cependant, malgré que cette situation n’ait pas été une première, il ne s’y était guère habitué et son visage était blême. Il n’avait pas eu le temps d’avoir peur, mais ressentait comme une sorte d’angoisse. Il espérait surtout qu’il n’y aurait pas de troisième, car elle pourrait être la dernière en se référant à un vieux proverbe de la Souhnak.

Il reprit néanmoins rapidement le contrôle de lui même et s’adressa en premier à l’intendant kandrasien.

Seigneur,

Je m’excuse d’avoir été à l’origine de cet malheureuse altercation dans votre demeure. Je retiendrais que les graméennes n’aiment pas les baises mains qui, en d’autres lieux, se pratiquent couramment…

Tentant ainsi de tourner la situation à la dérision, il adressa un sourire forcé avec une pointe de méchanceté à Khiara puis regarda sa "sœur"...

En ce qui me concerne l’incident est clos…

Pour votre réputation, l'Akathaïadah de la Souhnak, mon maître, qui a beaucoup voyagé avant de prendre la place de son père en tant que guide de mon peuple, m’avait juste entretenu à ce sujet…

Puis, voyant le Grand Tiram, entré dans la salle,

Il est d’ailleurs fort possible que l'Akathaïadah soit venu avec le Grand Tiram d’Orcum, car il était à Radadjathaïadah.

Il s’inclina devant la graméenne et alla à la rencontre de Waldzrit de Narc. L’Akathaïadah était drapé de noir de la tête au pied et son visage arborait les mêmes tatouages de couleur bleu noir représentant le SouhYshmeï que Brahar sauf que ceux-çi s’étendaient de la base de la joue et disparaissait sous le tissu qui recouvrait sa tête. Brahar lui expliqua les événements depuis son arrivée. Waldzrit de Narc afficha un air mauvais et le congédia.

Waldzrit de Narc se rendit en premier auprès d’Alanor où après s’être présenté, ses paroles furent brèves. Il ne voulait pas l’importuner sachant qu’il avait de nombreux invités à s’occuper. Il le félicita d’avoir organisé une telle fête où les différents peuples du Retrahant pouvaient apprendre à se connaître et resta évasif sur l’incident avec les graméennes, prononçant à demi mot des excuses.

Ensuite, il irait voir le Rem'Yshme de la cité de Yshlé Lohas, la graméenne nommé Oraganza Feld Brumacier et la kandrasienne Sarah, toutes deux, ayant semblent-ils avoir voulu parler avec Brahar avant son arrivée. Les deux avaient un charme différent selon Brahar, et il n'était pas insensible aux femmes...

Secouant la tête, l'ancienne Karspa répondit à l'Ambassadrice :

- Détrompez-vous... Je suis d'une lignée qui a toujours su allier gaedisme et culte scirjique, et plus encore que mes ancêtres le gaedisme représente beaucoup de choses pour moi. J'ai passé toute mon enfance cachée dans un couvent gaedien, et je me sens plus gaedienne qu'un certain nombre de seigneurs des pays de pur gaedisme.

Puis, soupirant, elle prit respectueusement congé et se rapprocha d'Ilaak d'Itoria, lui glissant à l'oreille :

- Vous serez mieux sans moi, je présume, et moi je serai mieux en d'autres lieux... Je vous retrouverai bien tôt à Osmad, car j'ai toutefois à vous parler.

Puis, prétextant un détour aux latrines, elle sortit prendre l'air, s'enfouissant de nouveau sous sa cape comme une simple invité de Trism sortant faire quelques courses. Deux hommes la précédèrent à quelques minutes d'intervalle, l'un portant une longue épée en son fourreau, l'autre un sac qui semblait assez lourd.

Hors du palais blanc du Régent se trouvait une petite écurie qu'elle avait grassement payée pour prendre soin de sa jument, digne héritière des claires cavales de la lignée équine des Blanchelicorne, maintenant relativement âgée mais qui restait la prunelle de ses yeux

Ilaak, légèrement désorienté par l'attitude de son épouse, mit un peu de temps à répondre à la remarque de son hôte. Le regardant dans les yeux, il crut comprendre qu'au delà de la gentille moquerie de sa part, Alanor était au moins aussi dérangé que lui de l'attitude d'Ona.

"Certes, certes. Sa... gentillesse la perdra. Mais c'est une épouse fidèle et aimable, et une fervente gaedienne, je m'estime heureux d'un tel mariage politique." Se disant qu'il avait peut-être un peu trop parlé - le vin était décidément très agréable - il préféra changer de sujet :
"Mais dites moi Alanor, je ne vous ai point vu entamer ni votre pain ni votre viande, votre rôle d'hôte vous empecherait-il d'accompagner vos invités dans cet exquis banquet ?"

Alors que la discussion prenait une tournure plus agréable, son épouse vint lui glisser quelques mots. Ona partait, en plein banquet, sans dire un mot à son hôte. Ilaak, qui commençait à ne plus s'étonner de ces surprises, fronça les sourcils et lui répondit ces quelques mots :
"En effet, nous avons à parler... Je ne resterais point longtemps à Elderine, soyez rassurée."

Puis il la regarda s'en aller d'un pas léger.

Les deux graméennes se retirèrent quelques instants pour parler en tête à tête. Enfin, ce fut surtout Oraganza qui parla, Khiara se contentant d'aquiescer la plupart du temps. A un moment, elle mit un genou à terre devant Oraganza et lui tendit sa dague. Oraganza la prit et la glissa dans sa ceinture. Puis, elle releva Khiara, l'embrassa sur les deux joues et elles rejoinrent les autres invités, Khiara ne lâchant plus Oraganza d'une semelle.
Oraganza chercha la Dame de l'Elbre, celle qui parlait si bien le graméen, mais elle ne la vit nulle part. Dommage. Elle aurait aimé pouvoir lui demander un service. Tant pis !
Elle rechercha alors l'homme du désert, celui qui avait frôlé la mort il y a peu. Elle le repéra, en train de discuter avec un homme qu'elle ne conaissait pas. Una autre Orcumien, noble. Peut être le fameux Akata... quelque chose.... Décidément, elle ne se ferait jamais complètement aux langues exotiques...
Lorsqu'ils eurent terminé de parler, Oraganza s'approcha de l'orcumien imprudent.

"Pardonnez moi, messire. Pouvons nous dicuter un instant ? Mais tout d'abord, dites moi votre nom je vous prie."

Voyant les deux graméennes s'approchaient de son envoyé, l'Akathaïadah intervint avant qu'il est eu le temps d'ouvrir la bouche. Il faut dire que Brahar ne s'empressa pas de répondre, il avait pour ordre de quitter la fête et il savait que l'on ne passait pas outre les ordres du prince de Takkel-Yshma si on ne voulait pas avoir son espérance de vie se raccourcir de façon conséquente.

Son nom est Brahar, il doit se retirer. Que lui voulez-vous, Feld ?

Il regarda Oraganza de la tête au pied puis Khiara. Leurs accoutrements étaient peu communs, mais ils ne les trouvaient pas vulgaire. Au contraire, leurs tenues mettaient en valeur les formes des deux femmes, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Votre amie a eu de la chance que nous soyons en ces lieux et que je ne veuille pas offenser notre hôte kandrasien. Sinon, je l'aurais égorgé de mes propres mains. On ne menace pas ainsi un Rem'Yshme.

Oraganza soutint le regard de l'Akathaïadah. Impossible de dire lequel des deux avait le regard le plus froid... Et si cela avait été possible, l'air aurait gelé entre leurs deux visages.

"Apprenez, messire, qu'on insulte pas non plus une Soeur de la Légion, et Khiara s'est sentie insultée. Et votre ami a eu de la chance, lui aussi, que je sois présente car, contrairement à beaucoup, la lame de Khiara est plus rapide que sa langue... Et il ne reste malheureusement aucun survivant pour en témoigner..."

L'Ham avait écouté avec attention les conversations et notamment les échanges "courtois" entre la Gramée et l'Akathaïadah. Alors même que les deux éminences d'Orcum entraient, il les salua à la Rem'Yshme, pliant genou et se courbant jusqu'au sol, après s'être écarté de la table pour honorer leur entrée.

Puis vint le moment où il distingua que la personne à la peau de lait et au regard de sang n'était pas celle qu'il pensait... Les femmes disposaient de lames tout comme les hommes, et ce partout dans ces contrées du Nord ; Le choc fut masqué par un bref regard vers les danseurs bourrus de Fironk, puis revint sur ce qu'il apprendrait plus tard, une jeune Askemet.
Décidément, les hommes ne savaient pas tenir leurs femmes dans ce monde septentrional... Quelle ingérence ou faiblesse de la part des nobles, mais qu'importe, il se devait d'être "respectueux" de générations et siècles de cultures étrangères. Après une brève moue, il décida de faire valoir du mieux qu'il le put la voix du Rem'Jadïadah, le conseiller de la Souhnak, le Prince Kenaha Harij.
Ainsi il reprit place à table alors que quelques visages joviaux reprenaient de ce vin âcre et de mets Kandrasiens. De nombreux regards étaient tournés vers Dame Sarah et il ne put s'empêcher d'entamer la conversation avec celle-ci... Du moins tenter...

Veuillez excuser ma personne de vous interrompre dans votre dégustation, mais je serais très enchanté de pouvoir discuter avec vous lors de ce repas.

Son accent était assez exotique même pour un Orcumien, et il espérait que la formulation de la phrase ne paraîtrait point impoli.

La graméenne soutenait son regard, il ne s’attendait guère à autre chose ayant eu connaissance de sa réputation. Par contre, il ne s’attendait pas à ce que cette dernière éveille en lui, un désir si fort. Il n’avait jamais copulé avec une noble de Gramée, avoir cette disciple d’Arm Cherk dans sa couche était plus qu’excitant. Il avait toujours été attiré par les femmes fortes et violentes, malheureusement peu communes voir inexistantes dans la Souhnak.

Avant de lâcher ses fauves dans la jungle retrane, il faut tout d’abord les éduquer. Je n’ai aucun doute sur les capacité à tuer de votre amie, mais sa présence en ces lieux requièrent d’autres qualités. Brahar, j’en suis persuadé, serais heureux de lui apprendre les us et coutumes de la bienséance. Quant à moi je pourrais...

Son regard changea et personne ne put avoir de doute sur ses pensées…

peut-être, vous êtes utiles.

Mais, voyez, je perds moi même les règles élémentaires de la courtoisie.

L’Akathaïadah s’inclina avec respect devant la graméenne comme tout Rem'Yshme le faisait fasse à une Dame lors de la première rencontre.

Je n’ose néanmoins tenter de baiser votre main, il serait regrettable de mettre à nouveau en spectacle un rem'Yshme et une graméenne devant les plus hauts représentants des peuples de Retrahant. Ne trouvez-vous pas ?

Mais, Dame Feld, dites moi, je suis surpris que votre "gentil" intendant empersois ait envoyé son vassal le moins représentatif de ce qu’est la Gramée de nos jours pour le représenter au fête retrane.

Il prononça ces dernières phrases sans aucun sourire ironique conservant un visage rigide, rigidité accentuée par ses tatouges bleus foncés, alors que ses yeux ne quittaient le regard de la graméeene que pour s'attarder succintement sur d'autres parties du corps.

Oraganza remarqua sans peine le manège de l'Orcumien, autant attiré par ses formes que par la discussion. Elle laissa faire. Elle aimait être admirée et cet homme lui plaisait. Et il plairait certainement à Amk Cherk. A la dernière remarque de Waldzrit, elle éclata de rire ce qui, une fois encore, attira quelque peu l'attention sur elle. Elle répondit, toujours froidement :

"Mon 'gentil' intendant ne m'a pas envoyée ici, seigneur du désert. Je suis venue ici de ma propre initiative car je pense être à même de juger de ce qui est bon pour la Gramée et de ce qui ne l'est pas. Amk Cherk me guide dans mes choix et je suis son enseignement. Je n'ai pas l'intention de rester terrée dans ma cité fortifiée à regarder de qui se passe au bord du fleuve Al Fered. Si j'ai un jour a combattre un des seigneurs ici présent, j'aurais au moins l'avantage de le connaître.
Concernant votre... Brahar, je crois que les choses pourraient s'arranger. Khiara ne connait pas encore les coutumes értrangères et elle est là pour apprendre. L'immersion est, me semble-t-il, le meilleur moyen d'y parvenir rapidement. Et je crois que ce soir, nos deux cultures ont reçu une leçon. Maintenant, s'il y tient, Brahar peut envoyer un petit cadeau à Khiara ainsi qu'une lettre d'excuses et qui sait ce qui peut arriver ensuite..."

Oraganza laissa volontairement planer le doute avant de reprendre, avec cette fois un peu plus de chaleur dans la voix :

"Quand à votre offre me concernant, Seigneur, si vous commenciez par m'offrir un verre de ce vin de l'Elbre qui semble être tant apprécié ?"

Sarah regarda l'Orcumien et lui fit un grand sourire

"Mais bien sûr Messire, cela fait un moment que je souhaite discuter avec un membre de votre territoire. Il fut un temps où nos deux nations étaient soudées. Vos armées nous ont aidées il y a des années à repousser l'envahisseur chez nous. Et la Kandrasie vous en sera à jamais reconnaissante. Il est cependant facheux que notre ancien intendant ai eu des mots blessant envers votre peuple… Cela je le regrette croyez le. Maintenant parlez moi de votre territoire que je rêve de découvrir et conversons ensemble voulez vous. Peut être penserez vous ensuite que les Kandrasiens ne sont pas tous ingrats envers vos compatriotes."

Le Grand Tiram se souvint de l'ambassadrice kandrasienne. Elle avait tenté d'une bien belle façon de rallier à nouveau Orcum à la cause Kandrasienne, celle d'aller piller le Delta, massacrant des héosiens. Posant un regard aussi noir que possible, il serrait avec force le poing et la mâchoire. Cette femme aurait mieux fait de rester chez elle, à élever la marmaille plutôt qu'à vouloir faire de la politique.

L'étiquette aurait voulu qu'on s'abstienne de tout commentaire, mais tant pis pour le protocole, il en avait gros sur le coeur et en ferait part à cette femme.

" Un peuple qui regrette ses actions le fait savoir publiquement, au lieu de s'excuser à mi-voix en espérant que personne n'entende. D'ailleurs, je salue une nouvelle fois votre tentative d'approche envers le peuple orcumien. Aller massacrer au Beilan des héosiens, les aïeux des orcumiens, voilà qui est fait pour arranger votre affaire, femme !

Quant-à Orcum. Je vous conseille fortement d'éviter de passer par le Siâle, on dit que les Diospyrs aiment bien la chair fraîche, si tant est que vous souhaitiez visiter notre charmant désert. "

Sarah se retourna et regarda le grand Tiram avec froideur. Les poings serrés elle gardait son sang froid malgré l'affront.
Elle se leva et d'un ton peu amène dit :

"Grand tiram, tout d'abord je parlais à votre compatriote et non à vous. Je ne sais pas ce que vous a dit notre ancien Intendant pour que vous ayez une telle haine mais soit devant tout le monde, moi, Sarah, Ambassadrice de Kandrasie, je vous présente mes excuses pour le mal qui a été fait ! Maintenant ne croyez pas que je vais me mettre à genoux, je suis Kandrasienne et fiere et non une de vos femelles du désert ! Si vous êtes capable de pardonner tant mieux sinon croyez que je ne ferais pas de geste supplémentaire en m'abaissant devant vous.

Quant à notre guerre dans le delta elle était dirigée contre les derniers représentants d'une famille qui mit a mal notre pays et non contre des ancètres de vos contrées.

Pour ce qui est du voyage vers Orcum, si vos compatriotes sont aussi agréables que vous, je peux m'en passer allègrement. Ceci dit je le doute fort car votre ami à l'air beaucoup plus civilisé que vous et sait se tenir devant une assemblée, lui …"

Sarah se rassit et regarda Alanor ainsi que les nobles Kandrasiens. Elle voulait maintenant se calmer et éviter de perturber la soirée.